Requiem pour une époque révolue

1
1861

cause noble et méthodes vicieusesSalim METREF
Lorsque vous remportez le premier tour des élections législatives, quelques années après avoir remporté les municipales, et que le second qui vous donne gagnant est interrompu par la force, les vainqueurs mis en prison et que par la même vous enclenchez un processus destructeur qui se transforme en guerre civile avec à la clé plus de 200000 morts, des dizaines de milliards de dollars de dégâts matériels et une régression inouïe sur tous les plans, ceci ne peut être assimilé qu’à un coup de force que le défunt visionnaire  Ait-Ahmed a bien eu raison de qualifier de coup d’état.
Lorsque un processus de paix et de réconciliation nationale qui a le mérite d’exister se déploie pour mettre fin au conflit civil sans nécessairement emprunter les processus explorés avec succès sous d’autres cieux comme ceux de justice dite transitionnelle et que de nombreuses personnes ne font toujours pas le deuil de leurs proches morts ou disparus, faut-il continuer pour autant de remuer le couteau dans la plaie et de présenter cette séquence de l’histoire contemporaine de notre pays comme un événement important voire fondateur d’on ne sait quoi ?
Et lorsque l’éminent sociologue Lahouari ADDI pariait à l’époque sur la régression féconde en suscitant sans le savoir l’ire de ses pourfendeurs,  une extraordinaire levée de boucliers et l’hystérie de ceux qui croyant être les seuls détenteurs de la vérité n’ont pu empêcher notre pays de régresser comme il ne l’a jamais fait depuis son indépendance.
Tout cela ne peut hélas constituer qu’une situation qui ne peut que nous faire perdre encore du temps, nous qui en manquons désormais terriblement et qui avons plus que jamais besoin de nous reconstruire.
Et si des acteurs majeurs de cette page noire de notre histoire affirment une chose et son contraire, cela n’ébranlera sans doute en rien la conviction profonde et largement partagée que ceux qui appartiennent à cette race de seigneurs, comme sait si bien les enfanter notre pays, ne marchande jamais les principes qui ont forgé  parcours et  itinéraires.
Il faut donc vite et pour l’instant évacuer de notre mémoire collective, sans pour autant l’oublier,  cette étape tragique de l’histoire contemporaine de notre pays. Et les éclairages récurrents des acteurs de cette séquence n’apportent pas de plus-value à la construction de l’Algérie nouvelle.
Le peuple algérien est un peuple libre, décidé à le demeurer.
Cette entame de l’avant-projet de révision de la constitution est tout un programme. Elle est en tous les cas, une vérité forgée par les épreuves d’une histoire millénaire.
Cet avant-projet de révision de la constitution qui vient d’être dévoilé et porté à la connaissance des médias et des citoyens comporte certaines nouveautés qui auront surpris plus d’un et laissé indifférent personne.
Le texte proposé contient-il de véritables avancées démocratiques ? En somme, une lecture lucide de son contenu permet-elle de prétendre objectivement qu’il est sans intérêt ? Ou plutôt qu’il peut être meilleur. La question est pertinente et mérite d’être posée et la différence de lecture est de taille. Elle révèle en tous les cas que la posture d’opposant sans pragmatisme et pédagogie renverrait à celle de l’exercice du pouvoir sans partage et sans alternance. La question sensible de la langue Amazigh qui se voit propulsée au statut de langue officielle, malgré certaines contorsions sémantiques que seuls les spécialistes en droit constitutionnel pourront nous expliquer, semble aboutir enfin au consensus tant attendu. Cette disposition constitutionnelle à coté de celle relative à la limitation à 2 des mandats présidentiels bénéficiera de la vague porteuse d’immenses espoirs, d’attentes et d’ambitions légitimes que les obsèques de Hocine Ait Ahmed auront révélé.
La protection des libertés, de l’intégrité morale et physique des personnes constitutionalisée devra trouver vite son prolongement dans la vie publique et politique de notre pays. L’expression pacifique des différences, de la colère et de la contestation évitera toutes les dérives et toutes les aventures et permettra de comprendre grâce à un sain apprentissage que la différence est source de richesse et non pas de conflits. La question de la traduction par l’exercice du pouvoir des rapports de force politiques révélés par le suffrage universel semble ne pas faire l’unanimité. Beaucoup s’y opposent mais d’autres pourront expliquer que conférer dans ce cadre d’importants pouvoirs au Président de la République est inspirée par un monde devenu extrêmement turbulent et complexe et que des garde-fous et non pas des verrous sont peut-être nécessaires.
Si les attentes sont immenses parce que les luttes menées ont été ardues, la raison doit prévaloir et même si l’embellie financière n’est certes pour l’instant plus au rendez-vous,  les intentions sincères des uns et des autres commencent à converger vers l’essentiel. Et s’il ne s’agit pas de disculper un régime dont la responsabilité dans la manière d’avoir gérer l’opulence est indiscutable, ni de plaider pour cette opposition  qui devra aussi comprendre que la représentativité et donc la légitimité ne s’acquiert que par les sanctions de l’urne et qu’à ce filtre seul l’ex FIS peut  prétendre être détenteur de l’onction démocratique, il faut aussi dire que les révélations tardives des uns et des autres ne contribuent pas à l’amélioration de notre situation actuelle qui plus que jamais a besoin de clairvoyance, de raison et d’engagement sincère au profit de l’Algérie, de la pérennité de ses institutions et de sa prospérité.
Et l’on ne devra plus spéculer encore  sur ces supposés bienfaits de l’interruption d’un processus électoral quand on sait aujourd’hui quels en ont en été les véritables éléments inducteurs et quel en a été le tragique bilan.  La quête a été morbide et la régression féconde qu’on a si bien su jeter à la vindicte populaire aura été sans doute moins nocive que tout ce que l’on a prétendu.
Mais comme dans toutes les analyses des processus de changement contrariés parfois violemment par la tragique condition humaine, l’histoire apportera plus tard la lumière nécessaire pour mieux comprendre et appréhender une séquence majeure de la construction de notre pays.
 

1 COMMENTAIRE

  1. APRES L ADOPTION DE LA PREMIERE CONSTITUTION DE 1989 QUI CONSACRAIT L OUVERTURE DEMOCRATIQUE
    LE SYSTEME RENTIER A SENTI ET EVALUER SES NOMBREUSES PERTES DE PRIVILEGES IL ETOUFFAIT DANS UN ENVIRONNEMENT OU TOUT D UN COUPS UNE PRESSE LIBRE PARFOIS ARROGANTE S INVITAIT DANS DES AFFAIRES QUI NE LE CONCERNAIT QUE LUI… UNE JUSTICE QUI MONTRAIT SOUVENT DES SIGNES DE TENTATIVES D EMANCPATION …UNE ADMINISTRATION DEVENUE TOUT D UN COUP COMPTABLE DE SES ACTES…BREF LE SYSTEME RENTIER ETTOUFFAIT VRAIMENT ET IL NE S AGIT PAS LA D EMPECHER UN « mouvement fondamentaliste » de prendre le pouvoir! meme si c etait le RCD il aurait subit le meme sort! le systeme rentier REFUSAIT L ALTERNANCE! l arret du processus etait pense et reflechi ! meme le minister de la communication a ete mis a contribution pour solliciter l aide et le soutien de la presse dans cette oeuvre MACCABRE QU IL NE DISSIMULAIT PAS! d ailleurs ils ont avance PUDIQUEMENT que ca va COUTER 60 000 MORTS! donc leurs etudes maccabres savait que ca va couter des centaines de milliers de morts! LA PREVISION D UN VERITABLE GENOCIDE! ca a dure plus d une decennie avec en sus ses lots de la regression des pensees de la culture du syteme educatif.. la perte de l elite ..et toutes les conseconses sociologiques et culturelles d une propagande…………
    la lassitude et la resignation ont eu le dessus et il fallait des tentatives de reconcilliations avec un packaging plus soft pour les regards exterieurs… c etait surtout pour …LEGITIMER UN POUVOIR DEVENU PRESQUE INFREQUENTABLE….
    MAINTENANT ON NOUS AVANCE UN NOUVEAU PROJET DE CONSTITUTION: est il meilleurs que celui de 1989? CHICHE RETOURNONS A CETTE EPOQUE 27ANS PLUTOT ET SOYONS SUR QUE CA VA ETRE UNE « REGRESSION VRAIMENT FECONDE »!

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici