Ce pourquoi l’Algérie n’est pas encore une démocratie.

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dictateur et systèmeMême si la question paraît compliquée, la démonstration n’est pas pour autant difficile à faire. En effet, la condition sine qua non pour que l’Algérie se rapproche du modèle démocratique consiste à instaurer une culture de débat contradictoire et réunir les conditions nécessaires pour que l’alternance au pouvoir ne menace pas la stabilité des institutions.
Or, la polémique récente, enclenchée par Khaled Nezzar, démontre que la société n’est pas prête à accueillir un tel débat. D’ailleurs, le débat sur les questions douloureuses échappe entièrement au contrôle du peuple. Bien qu’on puisse commenter les déclarations des uns et des autres, personne ne sait comment le débat va évoluer, ni qui donne le ton et surtout à quel moment on siffle la fin de la récréation. Et pourtant, s’il y a une chose dont le pays a vraiment besoin, c’est de crever l’abcès.
De toute évidence, comme tous les pays qui ont vécu des périodes agitées de leur histoire, l’Algérie n’échappe pas à la règle. Et c’est justement là où intervient l’utilité du débat. Ainsi, pour ne pas tomber dans les erreurs du passé, les Algériens doivent savoir, par exemple, dans quelle condition a été sabordé le processus démocratique ?
De la même manière, une autre question aussi pertinente que la première doit se poser : pourquoi le pays qui a payé sa libération au prix du sang de ses meilleurs fils est spolié de sa victoire ? Bien évidemment, les tenants du régime vont assimiler toute quête de vérité à une entreprise de déstabilisation. Mais, si cette quête a pour but de connaître la vérité et ne s’accompagne d’aucune velléité de règlement de comptes, cela contribuera, au contraire, à réconcilier les Algériens avec leurs dirigeants et avec la politique.
Quoi qu’il en soit, la connaissance des faits marquants de notre histoire ne peut être qu’un atout. En effet, on ne peut pas remonter le temps jusqu’à 1962 pour empêcher les putschistes de prendre le pouvoir, mais une telle connaissance sensibilisera les Algériens  sur les procédés à bannir en vue de parvenir au pouvoir. Pour cela, il faudrait que le débat soit encadré et ne débouche pas sur des dérapages.
En France, par exemple, lors des débats sur la déchéance de la nationalité pour les binationaux impliqués dans des actes terroristes, les spécialistes, invités sur les plateaux de télévision, expliquent que cette loi était en vigueur sous le régime de Vichy. Il parait que le général de Gaulle a même été déchu de sa nationalité. Et si on interroge les Français sur cette période, ils la qualifieront de la pire période de leur histoire. Mais, cela n’empêche pas le débat. Au contraire, en éclairant le citoyen sur les enjeux du moment, son choix ne peut-être qu’une adhésion au projet.
Or, en Algérie, ceux qui veillent à ce que la vérité ne voie pas le jour –il parait que les généraux Nezzar et Betchine  sont sommés de se taire –protègent avant tout leurs postes. La seule fois où il devait y avoir une alternance en 1992 –cela dit, comme l’a démontré Lahouari Addi dans son livre « l’Algérie et la démocratie », le parti vainqueur ne remettait pas en cause le modèle, mais il voulait le supplanter –, il y a eu l’interruption du processus démocratique. Et le moins que l’on puisse dire, c’est qu’avec ce coup de force disparaît tout l’espoir de toute alternance.
Quel est le bilan de ses 24 dernières années ? L’Algérie est évidemment passée par des moments difficiles, mais elle a connu une conjoncture financière très favorable. En 15 ans, sous la présidence de Bouteflika, l’Algérie a engrangé près de 1000M$. Hélas, une année après l’effondrement des prix du pétrole, les dirigeants recourent à l’austérité. Au lieu de rendre le tablier en avouant son échec, le régime se croit l’unique alternative. Et c’est justement cette conception du pouvoir qui  est le véritable problème politique en Algérie.
Pour conclure, il va de soi que les sociétés démocratiques se jaugent à leur capacité à organiser le débat contradictoire. Au jour d’aujourd’hui, l’Algérie est loin de répondre à cette exigence démocratique. Pour corroborer cette thèse, il faut rappeler le climat dans lequel s’est déroulé le vote de la loi de finances 2016.  En effet, l’opposition cherche par tous les moyens à empêcher le vote de la loi.
Or, dans un régime démocratique, la minorité d’aujourd’hui n’empêche pas, car il sait qu’elle pourra devenir la majorité de demain. Mais, étant donné que la majorité en Algérie est appelée à gouverner indéfiniment, l’opposition tente de sauver certains acquis en essayant de constituer un rempart contre une politique pénalisante pour les plus démunis.
Aït Benali Boubekeur
 
 
 

10 Commentaires

  1. CE QUI EST DESESPERANT C EST SURTOUT LES RICHESSES DU PAYS QUI PERMETTENT AU SYSTEME RENTIER DE SE REDEPLOYER….MEME SI L ES COURS S EFFONDRENT LA CAPACITE D ENDETTEMENT DU PAYS PERMET AU SYSTEME RENTIER DE TENIR…LE SYSTEME A SES SUPPLETIFS ET SES BALTAGUIS PARTOUT IL ENCERCLE ET ETTOUFFE L INITIATIVE CITOYENNE ….LA FORCE D UNE SOCIETE C EST SES SYNDICATS…LA CLASSE MOYENNE L ORDRE DES AVOCATS DES MEDECINS…A PART ROUIBA LA CNAPEST….Y A PAS ENCORE GRAND MONDE…POUR L ORDRE DES MEDECINS PAR EXEMPLE ADMIREZ LE COMPORTEMENT DU CHEF DE SERVICE DES GRANDS BRULES D ANNABA…IL A REFUSE DE SOIGNER UN GRAND BRULE QUI A RENDU L AME EN COURS DE ROUTE LORS DE SON RENVOI DANS UNE SOCIETE NORMALE L ORDRE DES MEDECINS LE RADIERA DE TOUTES FONCTIONS ET SE PORTERA PARIE CIVILE EN LE TRADUISANT EN JUSTICE POUR NON ASSISTANCE A PERSONNE EN DANGER DE MORT….MAIS L ENCANAILLEMENT DE LA SOCIETE EST TEL QUE TOUT S ACHETE….TOUT SE VEND……COMMENT UN CHACAL PEUT T IL ETRE UN JOUR A LA TETE D UN TROUPEAU DE LYONS ? CHEZ LES ANIMAUX CE N EST PAS POSSIBLE!!! mais chez nous vous trouverez partout de hauts responsables meme dans les institutions chargees du savoir vous trouverez des intrus qui commandent et parfois infligent de la misere a des gens milles fois mieux formes de veritables lions que des hyenes affamees veulent domminer………..

  2. Je suis désolé d’intervenir d’une manière forte, car j’en ai marre d’attendre dire qu’il faut attendre que la démocratie et l’alternance viennent d’elles même progressivement au peuple algérien ! Cela fait 53 ans que je me dis çà va venir d’année en année, qu’il ne faut pas utiliser la violence, qu’il faut laisser le peuple apprendre ce que démocratie veut dire mais là j’en ai marre ! Je chance de discours: la violence est neceesaire car le pouvoir ne veut rien entendre ! Pour moi la violence c’est descendre dans la rue et énergiquement !
    Moi j’en ai marre d’entendre que le peuple algérien n’est pas prêt pour la démocratie et l’alternance ! J’en ai marre d’entendre que la violence n’est pas une solution ! Eh bien moi je dis au peuple ou bien on descend dans la rue pour chasser ses dinosaures, ses hyènes, ses troglodytes qui nous gouverne, ou bien on ferme notre gueule définitivement ! Plus on se la joue « peace and love » avec ces requins, plus on enfonce le pays dans un « point de non retour » !
    Je suis désolé, mais il y en a marre, et trè sérieusment il y a en marre !

    • Bonjour Mokhtar Ben Lahbib,
      On va chanter CHAB HASNI (que dieu ait son âme) j’aime la vie mais j’en ai marre et je n’ai pas de chance. En gros c’est ce qui se passe un peu chez nous, enfin pour le peuple d’en bas. Il en a marre, y a pas de chance, tout est fermé, rien ne bouge, tout est obscure, aucune lueur d’espoir…etc…et on attend la démocratie. Viendra? Viendra pas? En attendant, les moins intelligents ont fait leur beurre un peu partout, et ils n’avaient pas besoin de démocratie pour cela. Ils ont juste tiré quelques ficelles ci et là et Hop ils assouvissent leurs désirs. Mais c’est la bonne histoire que l’on raconte depuis l’indépendance à nos jours. Ma mère grand l’a aussi racontée voila quelques dizaines d’années. En somme, ce n’est plus la démocratie que le peuple attend, c’est le temps du renversement, le temps des grosses vagues et de la terrible explosion. Celle là, elle viendra naturellement, lorsque les esprits naturellement se seront convertis. Et il faut du temps pour cela…la mutation prend du temps, et les effets de l’environnement sur ce peuple agissent doucement mais surement. Bonne Journée.

  3. L’algerie ne sera jamais une democratie comme tous les pays arabes parce que des militaires sans etat d’ ame ,ambitieux et opportunistes, ont compris que pour faire fortune sans effort et de s’ octroyer des passe droits, des privileges faramineux, etc, il suffit de se servir de l’ institution militaire.Tout le reste n ‘est qu’imposture.

  4. Le peuple a le choix entre vivre dans la soumission et la dignité. Malheursement une grande majorité ont choisi la première comme option et ceci n’est pas un jugement mais un constat. Takhti rassi n’est elle pas la recette d’une grande majorité des algériens durant la guerre de libération. Je crois qu’elle est toujours appliquée.

  5. @ MOKHTAR BEN LAHBIB
    pas de « PEACE AND LOVE » certes, mais surtout pas de « VIOLENCE » non plus , car se système pourri en tirera profit, ne voyez vous pas qu’ils essayent de nous traîner vers le « CHAOS » des scénario à la pelle,mettant dos à dos des islamistes et des laïcs, le film el wahrani de fetwas de hammadache , aux scoop de KD des Sansal, les kidnapping et actes terroristes en Kabylie, les répressions au sud, le maintient du gaz de schiste, l’approbation de la loi de finance , le passage forcé de la constitution et j’en passe chaque jour nous amène son lot d’ingrédients pour déclencher le détonateur, le peuple n’est pas dupe et comme on dit chez nous « likarso lahnech ikhaf men lahbila  » ce qui équivaut « celui qui a été mordu par un serpent, deviendra vigilant devant une corde ».
    ce n’est pas une peur, mais un manque de confiance, les jeux et les eaux sont troubles, se sacrifiez sans savoir qui prendra le relais, refaire l’erreur de 1962, et permettre à d’autre loubard de la trompe du groupe d’oudjda de reprendre les rennes du pouvoir , non et non …
    Tu en a marre , t’est pas le seul , descendre dans la rue et d’une manière énergique , primo je vous le déconseille vivement car ce n’est point une solution pour le moment et secundo qui va le faire , ce n’est certainement pas vous, ni moi et nous raisonnons tous de la même manière, sachant que des NEZZAR il en existe encore malheureusement sinon le pays ne serait pas dans cette situation.
    Avez vous pensé à ceux qui sont incarcérés injustement et dont les photos de certains embellissent l’arrière plan de ce site, il n’ y a qu’eux qui ont vraiment MARRE et qui connaissent ce que nous valons nous autres algériens, oui nous sommes complices quelque part , par notre mutisme , par notre égoïsme, par notre lâcheté au point de nous faire gouverner par des musiciens moches, des ministres , des députés , des wali qui se remplissent les poches … et nous on subi, on souffre sois disant pour le bien être de nos enfants,de nos proches,foutaise et hypocrisie
    S’ il faut que sa change autant le faire PACIFIQUEMENT et c’est possible à une condition que tout le peuple s’y met c’est la seule solution plausible et réalisable d’après moi,une ou des journées de GRÉVES GÉNÉRALES. mais pour faire passer le mot d’ordre à tout le peuple QUI VA LE FAIRE , l’opposition ne veut pas se mettre autour d’une table , elle ne vise apparemment que la CHAISE, alors il ne reste que cette solution à mon humble avis ,il faut la fructifier et la rendre viable, en faisant des propositions pour sa réalisation.Alors si vous connaissez des volontaires ou si vous y croyez à la réalisation d’une telle action PARTAGER.
    Si on ne fait rien, d’autres algériens vont crier leur désarroi petit à petit et alors ce ne sera plus des j’en ai MARRE qu’on va entendre ,après la génération de Harraga qui préfère se faire dévorer les yeux par des poissons (mer) que d’être manger par des vers (terre) , en entendra des déflagrations à la pelle de jeunes et moins jeunes qui vont se faire péter le corps en criant ALLAH AKBAR en y pensant à leur délivrance et le paradis au bout de leur ceinture d’explosif, ils vont emmener d’autres algériens dans un monde meilleur, et ce ne sera point l’oeuvre de DAECH , mais l’oeuvre de nos B3A3ECH du FLN ,RND ,HAMAS et PT pour continuez à militer au sein de leur …,ce qui fait mal c’est qu’ en ces jours le drabki suivra le RYTHME des déflagrations de son appartement du XVII.
    Ce n’est qu’une une fiction alors vivement the PEACE AND LOVE mais ca risque de se réaliser si on continu d’écrire à longueur de journée ou lieu d’AGIR……

  6. Monsieur @Mokhtar Ben Lahbib
    Je suis d’accord avec vous, cher internaute @ Ben Lahbib. On ne doit pas attendre plus longtemps ! On peut comprendre ceux qui veulent un changement ou une transition sans violence, mais ils oublient qu’en face, on n’a pas affaire à des être humains normaux mais un pouvoir sourd, à des bêtes féroces, des mafieux sans foi ni loi. Donc je suis d’accord avec vous pour dire : Il y en a marre, il faut sortir dans la rue pour protester énergiquement sinon même …. en 2085 çà ne changera pas !
    Ce matin j’ai relevé sur un journal algérien cette phrase très parlante de George Orwell, écrivain et journaliste anglais (1903-1950) : «Un peuple qui élit des corrompus, des renégats, des imposteurs, des voleurs et des traîtres n’est pas victime ! Il est complice.»
    Ce qui m’amène à dire que si la partie du peuple qui n’a pas voté pour « nos » faux représentants aux chambres d’enregistrements que sont le Sénat et l’APN ou qui n’ont pas voté pour le fauteuil roulant(je parle donc des abstentionnistes qui sont largement majoritaires), si cette partie du peuple ne sort pas dans la rue, eh bien elle sera elle-aussi … complice !!
    Reveillons-nous ! En tout cas, si demain les forces du changement appellent à une manifestation de rue ,nous sommes déjà un bon groupe de notre quartier à être présents !

  7. Il est vraiment étrange qu’on ait peur de descendre dans la rue en masse ( le terme « masse » est le plus indiqué à mon avis par rapport au terme « énergique » utilisé par un internaute ) ! Même manifester dans la rue en masse nous fait peur, ya bou rab ! C’est dire le traumatisme qui nous habite avec la répression policière et politique qu’on subit depuis 1962 !
    J’ai juste envie de vous dire que lors d’une des manifestations de rue organisée durant la guerre dans certaines grandes villes d’Algérie contre le colonialisme français (au cours de l’année 1960 ou dans ses environs), je me souviens encore enfant que c’était les femmes qui étaient toujours devant ! J’ai même une tante qui a perdu une partie de son pied gauche (les phalanges du pied) parce qu’elle a marché sur une grenade lacrymogène !
    Conclusion : les femmes sont plus courageuses que nous les hommes, et moi-même j’en ai honte quand je dis cela car dans notre culture arabo-islamique, en principe c’est l’homme qui est toujours élevé au haut de la « pyramide » sociale et du courage ! Walou !!!

  8. @Yahyaoui Boualem
    c’est plus étrange de savoir qu’on prend pour des INVISIBLES ceux qui sont descendus au sud depuis prés de trois mois,les sympathisants de Barakat, ces parents de disparu qui descendent souvent dans nos rues, ces piquets sporadiques de protestations devant le ministère de la justice,de l’habitat, ceux qui brûlent les pneus ici et la…
    Maintenant c’est bien d’attendre que les gens descendent en Masse, en ce jour la MASSE n’aura pas besoin de vous , ni de moi car elle n’obéira plus à la loi de la pesanteur, ni a aucune loi, ce jour la se sera a la CHASSE comme à la CHASSE….
    Notre problème c’est qu’on veut que ça change , sans qu’on bouge le petit doigt, prouvant par la que le régime à gagné quelque part en faisant de nous des assistés, ne pouvant prendre l’initiative par nous même , une évolution quand même on nous laisse disserter en toutes quiétude alors continuons , d’écrire en passant de Kant à Hasni ….ALLAH YAHCENE AL3OUN

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