Le vingt-sixième anniversaire de la grande manifestation du 25 janvier 1990.

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Marche FFSContrairement à ce qui se dit ça et là, cette manifestation est avant tout le refus de la récupération du sigle MCB à des fins politiques. D’ailleurs, beaucoup de personnes considèrent à tort que la marche du 25 janvier 1990 est une démonstration du MCB unifié. C’est faux ! Il s’agit plutôt d’une action engagée par des militants se battant pour le maintien du mouvement culturel berbère, décrété mort par les initiateurs du nouveau parti, le RCD (rassemblement pour la culture et la démocratie).
En effet, pour les fondateurs du nouveau parti, il ne peut y avoir d’existence concomitante entre les deux entités. « Les 9 et 10 février 1989, les assises de ce qu’il faut bien appeler le MCB/RCD, se déroulent dans ce contexte. Mais le Mouvement culturel berbère n’eut même pas le temps de se figer dans le sigle MCB que les initiateurs de ses assises prononçaient son oraison funèbre et sa résurrection sous la forme d’un parti politique », écrit l’anthropologue et spécialiste de l’histoire de la Grande Kabylie, Alain Mahé.
Ainsi, en voulant transformer un mouvement horizontal, dans lequel s’identifie chaque militant de la cause berbère, en un mouvement politique, les fondateurs du nouveau parti mettent les militants devant le fait accompli. Mais, tout de suite, la résistance s’organise. En mars-avril 1989, un groupe de militants porte à la connaissance publique les divergences au sein du MCB. Ce groupe (Ramdane Achab, Arab Aknine, Lounis Aggoun et Ahcene Taleb) est connu plus tard pour avoir réussi à réunir un million de signatures pour le maintien du sigle MCB.
Fort de ce soutien populaire, le groupe élargit, dans la foulée, sa base. Du 16 au 24 juillet 1989, le MCB survivant à la tentative de sa transformation en parti politique tient un séminaire à la maison de la culture. Pour plus d’efficacité, les participants s’organisent en commissions. « D’où le nom MCB-commissions nationales qui permettra ensuite de les distinguer de deux autres MCB. Ce n’est qu’après que le RCD a suscité la création d’un MCB-coordination nationale, en janvier 1994, que l’on a commencé à désigner le MCB qui avait survécu aux assises du RCD sous le nom MCB-commissions nationales », écrit encore Alain Mahé.
Parmi les actions prévues par les commissions du séminaire, il y a le rassemblement devant le siège de l’APN, le 25 janvier 1990, une façon sans doute de renouer avec les mobilisations d’antan. En outre, après leur rencontre avec Hocine Ait Ahmed, revenu au pays le 15 décembre 1989, les animateurs du MCB reçoivent un soutien de taille. Bien que certains d’entre eux souhaitent garder une certaine autonomie –c’est aussi la conception de Hocine Ait Ahmed sur le partenariat, et ce, pour que les associations puissent se développer –, le chef historique accompagne avec la plus grande intelligence cette dynamique.
Enfin, pour couronner le tout, les organisateurs de la manifestation désignent Matoub  Lounès  pour qu’il remette leur document aux responsables du parlement. Pour les nostalgiques de cette période, un événement a prolongé, pendant quelques jours, l’ambiance de cette marche historique : la recherche de la canne de Matoub Lounès, perdue lors de la marche. Heureuse fin, puisque le célèbre chanteur a récupéré sa canne quelques jours plus tard.
Aït Benali Boubekeur
 
 

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