UN CADRE FÉDÉRAL POUR SAUVER L’ALGÉRIE[1]  

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drapeau3L’enjeu politique majeur de cette période cruciale que traverse l’Algérie est l’instauration de la démocratie. Comment faire respecter les valeurs démocratiques à un pouvoir totalitaire  qui règne sur le pays depuis 54 ans et pour qui l’unité est toujours assimilée à l’’’unicisme’’ et la diversité à la division?
La philosophe HANNA ARENDT, dont l’analyse du totalitarisme continue à faire autorité, a défini les caractéristiques propres de ce concept : ‘’Unité entre l’armée, la société et l’État. Aucune liberté individuelle ou collective. Les fonctionnaires de la police politique sont au-dessus des lois et de la justice légale mais illégitime. Le totalitarisme n’est pas un régime politique, mais une dynamique autodestructrice reposant sur une dissolution des structures sociales’’.[2]
C’est le duo Ben Bella/Colonel Boumediène, imposé du Maroc par la bande du colonel Boussouf, fortement soutenue sur les plans politique et militaire par l’Égypte du colonel Nasser, qui instaura le totalitarisme.  Il est ‘’légalisé’’ par Boumediène après le coup d’État de juin 1965. Il imposa l’idéologie ‘’l’arabo-islamisme’’ centrée d’abord et avant tout contre les Kabyles qu’il accusait de ‘’racistes’’ et de ‘’séparatistes’’ à cause, entre autres, du soulèvement de la Kabylie pour  la liberté et la démocratie (1963-1965) par le Front des Forces Socialistes (F.F.S.).
www.dailymotion.com/video/x645sb_boumediene-insulte-les-Kabyles-et-I_news
www.amazighworld.org/history/amazighophobia/algerie/boumdiene/index.php
KATEB YACINE intervint pour désamorcer cette emprise : ‘’Il serait absurde, déclara-t-il, de crier : Algérie arabe, Algérie kabyle ou Algérie française. Nous sommes trilingues, situation en vérité exceptionnelle. Nous devons donc développer parallèlement les trois cultures. Nous devons être ouverts à toutes les influences. Ce sera notre force dans l’avenir’’.[3]
Par ailleurs, des rumeurs circulaient à Alger (où j’étudiais) lors de la «Guerre des 6 jours » (juin 1967) qu’une grande partie des soldats algériens envoyés contre Israël étaient Kabyles.
Lors du ‘’Printemps Berbère’’ de 1980, le président de la ‘’République algérienne démocratique et populaire’’, le colonel Chadli, s’emporta contre la Kabylie en déclarant : ‘’Nous avons frappé le colonialisme à la tête, et voilà qu’il remue la queue’’. Il entama la ‘’dékabylisation’’ de l’armée algérienne en envoyant des officiers supérieurs kabyles soit à la retraite soit transférés dans le Sud.[4]
Le clivage historique demeure : Totalitarisme/Démocratie.
La seule alternative possible et crédible à un éventuel statut quo ‘’bien maquillé’’ du type de ‘’changement…dans la continuité ’’ ne peut émaner que d’une deuxième Révolution – la ‘’Révolution Démocratique’’ – qui permettrait une refondation totale de l’État policier en un État de Droit. Et cet État ne peut être que Fédéral parce que pour la première fois on aura reconnu les réalités objectives du pays, à savoir qu’en Algérie il y a des gens qui veulent vivre sous la loi coranique (la Charia); d’autres qui continuent de rêver au panarabisme; et enfin, il existe des gens qui croient profondément à la démocratie républicaine moderne. Comment peuvent coexister pacifiquement ces trois idéologies antagoniques en dehors d’un cadre fédéral? Malheureusement, l’espoir d’une ‘’Révolution démocratique’’ est très mince tout simplement parce que le peuple algérien est élevé depuis plus d’un demi-siècle dans l’ignorance, la peur, la terreur et le mensonge.  Que faire?
Mais comme la conjoncture internationale est positive pour faire avancer la démocratie, il y ‘ a de l’espoir qu’une élite de la nouvelle génération émerge et prend acte. Elle évitera la violence et poussera vers un débat démocratique que l’Algérie n’a jamais connu depuis l’indépendance.
Par ailleurs, la conjoncture internationale pousse vers le fédéralisme pour faire face aux revendications légitimes des ‘’minorités’’ et à la mondialisation du marché.
La question du développement, à l’échelle planétaire, est désormais posée en fonction de culture, raison pour laquelle l’ONU avait déclaré les années 90, la ‘’décennie de la culture’’ et ce, suite à la ‘’Déclaration Universelle des Droits des Minorités’’ issue de la
‘’Conférence internationale sur les droits des minorités’’ tenue à l’Université Laval à Québec du 5 au 8 mars 1985 et à laquelle j’avais participé comme président de l’Association des Berbères du Québec (A.B.Q.).  Après mon intervention, j’étais contacté par un éminent conférencier canadien, Me Jules DESCHÊNES, membre de la Sous- Commission de la lutte contre les mesures  discriminatoires et pour la protection des minorités à l’ONU. Auparavant, il était juge en chef de la Cour Supérieure du Québec. Il m’avait mis en contact avec le Secrétariat du Centre des Droits de l’Homme de l’ONU à Genève.
Dans sa lettre du 3 juin 1985, Salem Chaker me dit : ‘’Ton intervention aux ‘’Droits des minorités’’ a été remarquée et a été sue jusqu’ici : Aït (Ahmed) m’en a parlé récemment au téléphone’’. Et dans sa lettre du 14 octobre 1985, Salem Chaker m’écrit : ‘’Je reviens de Suisse où j’ai pu avoir une série de contacts très positifs avec les organisations internationales : Centre des Droits de l’Homme de l’ONU, Commission Internationale des Juristes, Conseil Œcuménique des Églises, Ligue Suisse des Droits de l’Homme… Partout, j’ai reçu le meilleur accueil et tous se sont déclarés solidaires de la Ligue algérienne de défense des droits de l’Homme (L.A.D.D.H.). Je m’aperçois du reste à posteriori que j’aurais dû suivre dès le printemps dernier la piste ONU que tu m’avais indiquée : ils sont très réceptifs’’.
Parallèlement à toutes nos activités, nous menions des démarches pour la libération des personnes arrêtées injustement et maltraitées auprès de ‘’Amnesty International’’ qui avait pris une ‘’Urgent Action’’ le 27 novembre 1985. Dossier : AI; Index : AFR 11/03/85; Dist.UA/SC
Lors de la conférence de presse tenue conjointement par l’Association des Berbères du Québec et la Fédération Internationale des Droits de l’Homme (F.I.D.H.) à Montréal, vendredi, le 3 juillet 1987, nous avons demandé la libération immédiate de tous les prisonniers politiques en Algérie et la reconnaissance officielle par les autorités algériennes de la première Ligue algérienne de défense des droits de l’Homme (L.A.D.D.H.) dont un des principaux initiateurs, Me Ali Mécili, venait d’être lâchement assassiné par le pouvoir algérien à Paris, le 7 avril 1987.  Voir le Communiqué de presse de la F.I.D.H. (FIDH/SQC/JCB/31) ‘’Les droits et liberté en Algérie – vingt-cinq ans après l’indépendance’’ – Voir aussi ma position personnelle dans le quotidien Le Devoir du 24 avril et du 6 juillet 1987.
Enfin, le Fédéralisme, c’est connu, est un concept ouvert, un système intégrateur. C’est le partage des pouvoirs constitutionnels entre un gouvernement central et les différentes régions ou collectivités.  Pour l’Algérie, les fondements de ces régions ou collectivités reposent sur la guerre de libération nationale qui avait imposé, avant son déclenchement, et ce, suite à des décennies de débats, la reconnaissance des six (6) régions naturelles, géographiques, historiques, socioculturelles et linguistiques  du pays : Les Aurès, le Constantinois, la Kabylie, l’Algérois, l’Oranie et le Sahara. En partant de ce postulat, les Algériens éviteront les faux débats.
‘’Ceux qui rendent une révolution pacifique impossible rendront une révolution
violente inévitable’’. John F. KENNEDY
______________________
Amar Ouerdane, Politologue,
[1] Ouerdane Amar, La Question berbère dans le mouvement national algérien 1926-1980, Québec, éd. Septentrion, 1990, 256p. Préface, Kateb Yacine)
[2] Hannah Arendt, Le système totalitaire, éd. Le Seuil, 1972 (Les Origines du totalitarisme, USA, 1951)
[3]T. M. Maschino et Fadéla M’Rabet, L’Algérie des illusions, Paris, éd. Robert Laffont, 1975, p. 243
[4] Mohammed Harbi, ‘’Nationalisme algérien et identité berbère’’ in ‘’Peuples Méditerranéens-
Mediterranean-Peoples’’ Numéro 11, avril-juin 1980, pp. 31-37

6 Commentaires

  1. A vous lire, monsieur le politologue, le noeud gordien de la crise c’est la kabylie. Je suis kabyle et je ne me reconnais pas dans votre texte. Il n’y a pas de minorité opprimée. Il y a un Peuple, le Peuple Algérien qui est opprimé.
    Sincèrement je suis surpris par cet esprit régionaliste très étriqué qui est le vôtre.
    Cordialement.

  2. Beau titre belle introduction belle argumentaire jusqu’au parole de Keteb yacine puis le khortologue pretendu politologue desbranche de son sujet
    Deja boussouf n’est plus en 62 dans la politique, les Kabyle n’ont jamais demandé quoi que ce soit c’est un peuple nationalite plus que la moyenne et n ont pas de probleme avec les langues

  3. « la reconnaissance des six (6) régions naturelles, géographiques, historiques, socioculturelles et linguistiques du pays : Les Aurès, le Constantinois, la Kabylie, l’Algérois, l’Oranie et le Sahara. En partant de ce postulat, les Algériens éviteront les faux débats. »
    En Algerie il y a plus que 6 regions. Un Chaoui de N’Gaous crois qu’il est different de celui de Batna. La petite Kabylie et la grande Kabylie. Un type de Mostaganeme pense qu’il est different de quelau’un de Mascara qui est le sujet de blagues des Oranais. Le Sahara est plus complexe il n’y a qu’a prendre comme echantillon uniquement le Nord du Mali avec les differentes tribus Targui.
    Cette idee’ est tres simpliste de par sa conception et ses fins non avouees. Elle ne regle pas le(s) probleme(s), elle les compliques avec une et/ou des interventions de force destructrice neo-coloniales. Une democratie directe a la Suisse, par exemple, n’est-elle pas une esquisse de solution(s)? Federalisme ne veut pas dire democratie, liberte’, droit, et son application impartial!

  4. Quand on n’a pas pu libérer tout un peuple opprimé(comme l’ont fait jadis,nos héros moudjahidine de la lutte de libération nationale des griffes du colonisateur).
    Nous voilà,parmi nous des REGIONALISTES, incapables de se libérer de leurs démons destructeurs des sociétés ,qui nous proposent: une SOLUTION MAGIQUE aux problèmes de la nation algérienne.
    A savoir:
    -UN REGIME FEDERATEUR basé sur le régionalisme qui pourrait ETRE UNE BOMBE A RETARDEMENT,qui,après avoir libérer sa région,pourquoi ne pas libérer son village,puis sa dèchra,et nous revoilà,sommes redevenus DES PEUPLADES FACILEMENT RE-COLONISABLES.

  5. Salam! Arretes! de nous devulguer « ma tafdahnach » !!!!
    Je vous rappel que: Ouyahya, Sellal, Sidhom Said, l actuelle ministre du Commerce, Khalida Toumi, ceux qui ont assasiner Maatoub, etc etc..ne sont pas du tout des « Touareg ». Ni d ailleur ceux qui se sont servit en millions de dollars quand les algeriens ne cherchaient qu a sauver leur peaux :type Rabrab, Haddad …et la liste set longue. Allez y voir qui maitrise Hassi Messaoud et la manne economique dans toute l´Algerie ce n est surtout pas des Ouarglis donc arretez…. Quand a la SM depuis l´independance et jusqu´a nos jours elle est majoritaire « MZABISTE???? » Alors mon ami laissez l´algerie appartenant au futur grand MAGHREB comme la veulent les grands Homme algeriens Tel el marhoum Ait Ahmed, Ibn Badis, Amirouche, Zabana, Lotfi, Benbouali….. et tous les chouhadas. Biensur vous avez raison on dois se battre pour une Algerie libre un etat de droit
    democratique
    Cordialement

  6. A voir tous vos commentaires à sens unique, je doute que le mien parraisse.
    Cet article n’en vous déplaise retrace une vérité que vous êtes trop raciste pour comprendre. Je me démarque de sa proposition de régionalisation telle que définie, mais tous ce qui se rapporte à l »hégémonie arbo-baathiste est une vérité.
    Les chaouis et kabyle ont libéré le pays pour se retrouver sous un autre colonialisme.
    Un colonialisme identitaire qui culturel, puisque les amazighs étaient niés et avez uniquement le choix entre se dire arabe ou être voué aux gémonie. C’est vrai qu »à part l’aspect identitaire et culturel le pouvoir se comportait en colon vis à vis de’ tous les algériens, même ceux qui ont nié leurs langues et cutures et se croaient plus arabe que les vrai arabe d’asie.
    Je comprend toutefois vos positions, c’étaient ceux des colons français qui ne comprenaient pas qu’on soit pas fiers de nos ancêtres gaulois.
    Enfin, ne me méprenaient pas j’ai le plus grand respect pour les vrais arabes et les quelques 5% d’algériens dont les ancêtres sont arabes, mais que mes frères arabisés qui nient leur race se comportent comme vous, ça me donne la nausée.

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