Rappel au régime et à ses oligarques : Les enfants du 8 mai 1945 ont une Histoire, ils feront des histoires

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eldjoubanaPar SAAD ZIANE

Dans le 03 mai 2016

On n’y échappera sans doute pas en cette veille de l’anniversaire du 8 mai 1945, le pouvoir algérien est « fâché » avec ses amis français et il y aura probablement des « animateurs » de la scène pour relancer « l’exigence » de repentance à l’égard de l’ancienne puissance coloniale.

Photo DRCela fait partie de ces rituels officiels sur fond de marchandage politique qui finissent par vider l’histoire de son sens, de son sang vital. Et ce sont ces rituels, creux, qui permettent aussi à des révisionnistes qui s’ignorent – et d’autres qui le sont beaucoup moins – de s’attaquer aux symboles.

Un niveau très Tliba

Et de mener un inlassable et pernicieux travail de dénigrement visant à faire croire aux Algériens qu’ils sont des incapables voire même des « lâches ». Cette semaine d’ailleurs dans l’étrange trip des zaouïas que mène « l’enfant du clan », Chakib Khelil, nous avons vu les images pénibles du dernier des « 22 » dans une mise en scène affligeante.

On ne se contente pas de faire si violemment sortir les zaouïas de leur rôle… On joue avec les symboles. On cherche, pour des raisons sordides, à perturber les repères. A tenter de vider une histoire de son énergie. C’est d’un niveau très bas, d’un niveau très « Tliba », pour reprendre la formule d’un militant.

Mais, il faut le souligner et s’en réjouir, la grossière appropriation de l’histoire par le régime a causé bien des dégâts mais elle n’est pas parvenue à la dévitaliser. Les livres – et les articles de presse – qui donnent un récit véridique sont les plus lus.

C’est un signe que même chez les plus jeunes on pressent que l’histoire de leur pays et de leurs parents est riche et que c’est le discours officiel qui est pauvre et pompeux. Creux. Cet appétit pour l’histoire est un mouvement de réappropriation contre une confiscation de l’histoire et de l’Etat.

Ni l’instrumentalisation grossière de l’histoire par le régime, ni les révisionnistes qui blanchissent l’oppression coloniale, n’arrivent à avoir raison du legs lumineux d’une histoire de combat.

Une mémoire non polluée

Les Algériens n’ont pas encore l’Etat voulu par les pères fondateurs, c’est un fait. L’histoire a été outrageusement manipulée par les officiels et leurs pendants révisionnistes, cela est également un fait.

Comme si on mettait en application, inconsciemment ou non, une autre variante du mot d’ordre de Bugeaud appelant à empêcher, à coup de razzia, les Algériens de « semer, de récolter, de pâturer ». Et donc à accumuler, à tirer des leçons de leurs échecs et de leurs réussites.

Le régime en place avec ses devantures variées a dilapidé un immense capital des valeurs accumulé dans un combat durement mené par des générations de militants de la cause nationale et a entravé son élan vers le progrès.

Pourtant, cette histoire consubstantielle à l’idée de nation, cette énergie vitale, a continué, à être entretenue de manière intime, dans les foyers, mais aussi par l’abnégation de ceux qui n’ont pas renoncé et ont continué à se battre.

Les Algériens ne sont pas amnésiques. Beaucoup ont gardé (et reçu) dans l’intimité familiale une mémoire non polluée du combat mené par des hommes et des femmes pour résister et construire. Cette mémoire se transmet encore, contre tous les négationnismes, comme quelque chose précieux, comme une arme ultime pour défendre la pérennité d’une nation menacée par un régime obsolète et dont la fin, irrémédiable, est porteuse de grands risques.

L’histoire, notre arme

Cette histoire n’a pas été ossifiée ou fossilisée par les cérémonies rituelles qui agacent les Algériens par leur insincérité et surtout par leur côté langue de bois. Une histoire de héros, de combattants et d’organisation de tout un peuple que l’on tente d’appauvrir dans des discours convenus, compassés, cela ne passe pas.

C’est donc hors de ces circuits officiels que les Algériens ont forgé leur conscience historique. Et, aujourd’hui que les risques s’accumulent du fait d’un régime à l’état d’impotence avancée dans un contexte régional et mondial pesant, cette histoire vivante est notre arme à tous. C’est elle qui nous ramène aux fondamentaux : construire un Etat souverain démocratique et social.

Et les mots des fondateurs ne sont pas creux : souverain, signifie un Etat où c’est la population qui décide librement, à travers des représentants librement choisis, de sa politique, de ses alliances et de ses options économiques. La démocratie n’est pas un système parfait.

Mais on sait que la dictature d’un petit nombre ou des groupes informels est une plus grande menace. Les grandes puissances n’aiment pas la démocratie dans les pays du sud, cela implique un niveau de transparence dans les relations incompatibles avec les «assignations» qu’elles ont l’habitude de fixer aux régimes.

Des transmissions indues

Un Etat démocratique et social, cela signifie que l’Algérie ne peut pas être léguée par un régime, qui a été sous contrôle direct ou indirect des militaires, aux oligarques qu’il a créés. Les Algériens qui tiennent, au-delà des « chefs », à leur armée nationale ne pourront l’accepter.  C’est leur histoire qui est exigeante et qui ne le permet pas.

Et c’est pour cela que l’appel à un « consensus » pour sortir de l’impasse du régime dans la préservation des intérêts du plus grand nombre des Algériens et de la paix civile est profondément patriotique. Les « transmissions » et autres «transferts » qui tentent de s’opérer dans des modalités affairistes voire dans des arrangements avec l’extérieur ne peuvent pas passer sans encombres.

Les tenants du régime – qu’ils soient cyniques ou simplement en plein désarroi – ne doivent pas trop compter sur l’infinie patience des Algériens. Ils ne sont dupes ni des tournées mystiques, ni des mystifications des affairistes qui veulent partager « ce qui reste ».  Ces Algériens sont patients… mais ils observent.

Certains sont dans des logiques négatives, mais l’écrasante majorité n’attend qu’une seule chose : qu’un processus vertueux s’engage, que les normes élémentaires soient rétablies, que l’Etat se mette à exister pour que le pays sorte d’une gestion informelle à grand risques.

Le sursaut vital du 8 mai 1945

Les appels à la raison qui sont envoyés par ceux qui prônent un consensus destiné à recréer les conditions d’une osmose entre l’Etat et les Algériens ne sont pas des supplications mais des avertissements.  L’Algérie ne peut pas être contre son histoire, la vraie, pas celle avec laquelle joue de manière inconsidérée le régime.

Dans cette histoire que nous avons conservée et qui nous a préservés malgré les terribles méfaits du système mis en place dans le pays, le 8 mai 1945, est notre acte de naissance en tant que nation. Un sursaut de survie d’une société exténuée, réduite à l’indigence.

Une société clochardisée, à l’article de la mort qui a trouvé, au plus profond d’elle-même, les ultimes ressorts pour renaître et se battre. Le 1er Novembre est né le 8 mai 1945. Il est le deuxième acte du sursaut national.

Ces deux moments lourds sont les produits du combat des Algériens, ils sont des dates d’une histoire dont on est légitimement fier. C’est cette histoire qui permet aux Algériens de rester stoïques face à ceux qui cherchent à la fausser, à les flétrir, à ressasser le fameux « ils sont incapables de fabriquer une aiguille, comment vaincront-ils la France ».

Cette histoire ne s’enferme pas dans un musée ou un régime. Elle est ce qui nous avons été et ce que nous continuons à vouloir être. Cette histoire nous rend fier, elle nous oblige : nous continuons à être les enfants d’une nation que ces fondateurs ont voulu libre et juste.  C’est bien pour cela que les Algériens ne pourront accepter que l’échec d’un régime se transforme en une sorte de partage des dépouilles entre oligarques sur la base de tractations opaques.

L’armée algérienne que les Algériens continuent vaille que vaille de soutenir pourrait elles protéger un tel ordre qui serait une rupture brutale avec l’histoire ?  Les Algériens sont les enfants du 8 mai 1945, du 1er novembre 1954. Ils ont une Histoire. Et ils feront des «histoires » à ceux qui seraient tentés par le grand effacement, par un « erase » funeste.

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2 Commentaires

  1. Salut tout le monde,
    Oui,c’est cela le Problème de l’Algérie d’Aujourd’hui;
    Ce sont les Défaitistes,les Écrasés, les Faibles,les Révisionnistes de l’Histoire Coloniale,sans oublier l’Opportunisme et la Roublardise de « nos »Politiciens.
    Des gens qui ne pensent qu’à Remplir leurs Anses tout en Courbant leurs échines plusieurs fois par jour aux Forces du Mal Esclavagistes des Temps Modernes.Pour dire ,enfin,à leur Peuple « pas la peine de Bouger » puisque « vous êtes Incapables de Fabriquer une aiguille,comment vaincrez-vous les Forces du Mal »??
    Donc Attendre et Subir,Attendre et Subir…
    Ces Gens là,Mr,jamais au grand jamais, ne Pourraient être les Éclaireurs de la Conscience du Peuple!!
    Et là le Peuple,notre Peuple est Conscient des Dangers qui le Guettent,il n’Abandonnera Jamais la Résistance..
    La Preuve après 115 ans,124 ans de Colonisation Subie par les Algériens;le Peuple Se Souleva un certain 08 Mai 1945 et le 1er Novembre 1954 pour Dire:BASTA aux Colonisateurs,et à Ses Détracteurs qui le considèrent et jusqu’au jour d’Aujourd’hui comme « mineur » ..
    Alors que,finalement,c’est eux les »mineurs »,les Amnésiques..
    Et l’Histoire Finira par Donner Raison au Peuple Algérien!!
    PS: Merci Mr Saad Ziane pour cette Contribution.
    Je Pense que c’est çà l’Histoire qu’il faut Inculquer aux Jeunes et à notre Future Génération,car « l’Amour de la Patrie Relève,aussi,de la Foi ».
    Mes Respects,

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