L’Algérie de l’oligarchie et l’Algérie du « ghachi » !

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Club des pins3CLUB DES PINS. MORETTI. BOIS DE BOULOGNE…
Alger, cartographie des zones interdites au public

17:13 jeudi 12 mai 2016 | Par Samira Hadj Amar | Actualité
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Il est des lieux qui loin des regards, portent une histoire, un moment de vie arraché. Des lieux chargés d’émotions pour beaucoup en particulier parce que l’accès leur y est désormais interdit. La jetée du port d’Alger, la crique et la plage du Club des Pins, le village de Moretti, la Pinède, le Palais du Peuple ou encore le « Bois de l’Atlas », plus connu par le bois de Boulogne au Golf… sont autant d’espaces inaccessibles aujourd’hui au public.

« Ya hasra ala Zman »

Mustapha Si Chaib est retraité. Depuis toujours, il a habité le Golf. Avec beaucoup d’émotion, il évoque ses souvenirs d’enfance dans le bois de Boulogne, situé derrière la présidence, surnommé depuis l’Indépendance « le bois de l’Atlas ». « En 1969, j’avais 17 ans. J’étais membre du club sportif d’El Mouradia, le RAMA. On allait régulièrement s’oxygéner dans le bois. Cette forêt était le point de chute privilégié des familles d’Alger. En comparaison, c’était probablement, notre Bouchaoui de maintenant. Très souvent en fin de semaine, des familles s’y installaient pour pique-niquer et se reposer. D’autres venaient pour leur footing quotidien », nous dit M. Si Chaib.

Mustapha se rappelle : dans un coin de ce bois qui s’étend sur 23 hectares, il y avait des aires de jeux mais également une petite caserne militaire. « Il y avait un boulodrome mitoyen à la villa de Cheikh Taleb Ibrahimi à proximité du commissariat de police. D’ailleurs, à un certain moment, une partie de la bâtisse a fait office de bar géré par le fils Ibrahim. Mais, lui aussi, a fermé depuis très longtemps », raconte le retraité.

Mustapha a vu la caserne s’étendre peu à peu pour occuper l’ensemble du bois, devenu interdit au public. Durant la décennie noire, les autorités ont fermé la route qui mène vers l’ancien siège du ministère des Affaires étrangères. « Il n’y a pas eu que la forêt, il y a le cinéma et le terrain de foot qui ont disparu aussi. Ce dernier est utilisé par le ministère des Affaires étrangères », affirme Mustapha.

 

« Je n’oublierai jamais le Rolling à l’Amirauté »

Ramdan se souvient avec nostalgie de l’époque, ou il était encore possible de s’amuser sur les quais du port d’Alger. Ce sexagénaire était accro à la voile et c’est au Rolling club qu’il avait choisi d’adhérer. « C’est une autre époque. Tout ça me parait loin maintenant. Mais je garde en mémoire, intacts, ces moments extraordinaires, ou tous les accès étaient encore libres. J’étais jeune et j’adorais me rendre au Rolling avec mes amis sur la jetée de l’amirauté, aujourd’hui, ce n’est malheureusement plus possible », confie Ramdan.
Peu avant le début des années 1980, le club favori des amateurs de voile et d’aviron a été fermé et interdit au public. L’endroit est devenu « une zone militaire ».

 

Moretti et Club des Pins, tout un symbole

De tous les endroits interdits aux Algériens, Club des Pins et Moretti sont sans doute les plus célèbres. À eux deux, ils symbolisent beaucoup de choses, notamment cette Algérie fermée réservée à ceux qui détiennent le pouvoir.

Issam, 40 ans, se souvient des années où les plages de Club des Pins et de Moretti étaient accessibles à tout le monde, sans distinction. « On y allait à l’aventure. Tout le monde se connaissait et puis l’eau était si claire et tellement limpide ». Issam précise qu’il y avait du beau monde. Des « ouled flen » (les fils de…) mais aussi des enfants du peuple. Mais au début des années 1990, le pouvoir, prétextant les problèmes de terrorisme, a confisqué ces deux endroits pour en faire une résidence d’État dont le périmètre ne cesse de s’étendre. L’accès y est interdit sauf pour les résidents et quelques privilégiés qui possèdent « un badge d’accès ».

 

Du palais du peuple au bureau du président

Amel Benghazala est artiste peintre. Le palais du peuple, elle l’a connu quand elle était encore étudiante à l’Ecole nationale des beaux-arts d’Alger. C’était entre la fin des années 1980 jusqu’à 1993. « Il suffisait de traverser la route pour respirer. Le palais du peuple, c’était le poumon d’Alger. Les arbres y sont centenaires. Il y avait des bassins où des poissons de toutes couleurs nageaient et puis un musée d’histoire nationale ou l’on pouvait s’interroger sur les animaux empaillés », détaille Amel.

Elle et ses camarades allaient peindre au pied des arbres. « On peignait là-bas. On s’y promenait en amoureux… On pouvait aussi assister à des spectacles artistiques et des défilés organisés par la direction de l’ex Palais d’été. L’édifice a été réquisitionné par l’État en 1992. Depuis, il est interdit au public.

 

« ‘La Pinède’, c’était très funky »

« La Pinède, c’était les années 1980 » s’exclame Farid. Un saut dans le passé, il y a plus de 30 ans. Autant dire un voyage dans le temps. « C’était au milieu de la forêt, à la frontière entre Club des Pins et Moretti. Quel souvenir ! On s’asseyait sur des troncs d’arbres et on avait le fils de Chadli Bendjedid comme voisin de table dans la boite de nuit la plus tendance de l’époque », se souvient-il.

Farid était devenu un habitué de cette discothèque très prisée par la jeunesse algérienne. Farid garde en tête les rythmes de la funk et des tubes signés Mickael Jackson ou encore Prince. Pour lui, c’est une perte énorme pour les riverains comme pour les Algérois que ce haut lieu touristique ne soit plus accessible qu’à une frange de la société.

« Le public, s’est de l’autre côté du mur officiel »

Mohamed, bientôt la cinquantaine, est fonctionnaire à Alger. Natif d’Oran, il s’est installé dans la capitale dans les années 1980. Il ne ratait aucune occasion pour aller se baigner. Il se souvient très bien de cette époque. « J’allais le plus souvent possible à la mer. Je garde en mémoire les plages de Sidi Fredj et Zeralda. On les a divisés en deux parties. Aujourd’hui, la meilleure est devenue le centre de repos familial pour l’armée (CRF). À l’époque, je crois que c’était le ministère du Tourisme qui a octroyé ces parcelles de plages publiques aux militaires. Depuis on est obligé de se serrer de l’autre côté du mur officiel », déplore t-il.

Le CRF de sidi Fredj se situe du côté de la plage ouest dont le périmètre a sensiblement rétréci puisque le président Bouteflika y possède également une résidence familiale. Il y a ensuite, entre Palm Beach et le CRF, un petit lot de plage avec fronton qui sert à accoster les bateaux de certaines personnalités. Evidemment, ces lieux restent strictement interdits au public.

À Zeralda, la plage réservée aux militaires se trouve à proximité de l’hôtel « Sables d’or ». « Il est impossible d’y accéder sans une carte militaire ! », conclut Mohamed.

6 Commentaires

  1. Il n’y a pas qu’à Alger que des zones entières ont été militarisée et interdites aux algériens. A Bejaia, l’ancien tribunal situé dans la vieille ville a été pris par les militaires avant qu’il n’y ai un mouvement populaire contre ce fait accompli pour qu’il soit reversé au civil. La pêcherie ou le port de pêche est interdit aux bejaouis depuis quelques années, alors qu’on avait l’habitude d’aller voir les chalutiers et autres barques débarquer le poisson. La caserne situé au centre ville que l’armée devait liberer une fois la nouvelle caserne construite sur la route de tichi est toujours occupée par l’anp pire un important investissement est realise, ce qui veut dire qu’ils y sont pour l’éternité. Une jolie villa au coeur de la vieille ville est transformée en caserne alors qu’elle aurait pu faire office de bibliothèque ou de musée, Bejaia qui comptait deux musées au debut de l’indépendance elle n’en compte aucun aujourd’hui. Le cap bouac est devenu zone militaire alors qu’on allait admirer le golfe de Bejaia. Le cap carbon est interdit aux visiteurs et quoi encore ?

  2. Le peuple a refuse de lutter avec Ait-Ahmed et Chaabani contre Boukharouba et ses troupes en 62-63. Medeghri, ministre de l’ineterieur, disait « … l’Algerie est independante, les casernes doivent etre en dehors des villes…. ». Il a ete assassine. En 1962 le pays avait besoin d’une discipline militaire pour se construire et non d’un pouvoir militaire.

  3. Bonjour à tous,

    Bah, au train où sont allées les choses, au rythme du « changement » observé depuis jusqu’à maintenant, et surtout au point où on est devenu passif laissant faire les choses en les regardant avec amusement pour certains, dépit pour d’autres et regrets pour d’autres encore, espérons qu’il y aura toujours à l’avenir un peu d’oxygène algérien à respirer pour le peuple. Car enfin, au vu de la vélocité avec laquelle on supprime au fur et à mesure des choses en peuple et en toute « légalité » sans que ce dernier ne puisse broncher, la mise à mort ne sera qu’une simple formalité quand le temps sera venu…bonne journée à tous.

  4. a constantine pareille ils ont construit une nouvelle caserne de gendarmerie a Zouaghi afin qu’ils démenage de celle qui ettoufe le centre ville et faire un jardin d’espace pour les famille de cette ville mais en fin de compte une fois la caserne de Zouahi est fini, ils ont prit les deux…chawkar taâ lbalde

  5. bonjour à tous,

    Comme tous les jours je reste baba et on apprend encore tous les jours. Visez donc ce qui ets rapportée dans la chronique de Mustapha Hammouche sur liberté.

    Farouk Ksentini planche donc sur un projet d’amnistie des responsables corrompus. Non, le président de la Commission nationale des droits de l’Homme “ne prône pas l’impunité”, mais il trouve que “cette situation”, marquée par des scandales en série, “peut nous coûter très cher”; nous devons donc blanchir les corrompus pour ne pas “devenir la risée du monde”, dit-il. Et pour convaincre de la nécessité d’une “paix des braves” avec les corrompus, il affine ses arguments ; il en a avancé deux qu’il juge probants devant notre consœur du Soir d’Algérie (édition du jeudi 12 mai).
    Le premier stipule que cette amnistie est salutaire pour le pays : maintenant que la “boîte de Pandore a été ouverte”, nous assistons “périodiquement” à la publication de noms de personnes dans “les” Panama Papers. Il y a madame Chakib Khelil et le fils de l’ancien président Chadli… “Il y en a eu d’autres et il y en aura encore… cela ne se terminera pas” !… Mais il ne faudrait pas les poursuivre car cela nuirait à “la réputation de notre pays” et cela “va faire fuir les investisseurs et porter un coup fatal pour le pays”.
    Ksentini ne peut pas penser que c’est plutôt la corruption qui ferait fuir les investisseurs et qu’il faudra justement sévir contre les pourris, les chasser de la gestion des affaires du pays pour attirer ces investisseurs ! Non, ce qui le désole, ce n’est pas tant que ces gens aient pu piller le pays, mais que leurs noms “apparaissent dans les Panama Papers” ! Un peu comme si le régime corrompu était une fatalité qui s’impose à la nation et que celle-ci doive couvrir les frasques de ce régime pour défendre sa réputation !
    Le second argument de l’avocat amnistiant prône l’élargissement du principe de “réconciliation nationale”. “Si des personnes ayant commis des crimes comme le terrorisme ont pu être amnistiées, pourquoi ne pas le faire avec celles qui se sont rendues responsables de faits moins lourds ?”, explique-t-il. Si l’Algérie a pu innocenter des terroristes, elle peut bien le faire pour “de simples voleurs”. Voici un usage imprévu de la logique “réconciliation nationale” ! Sauf que le raisonnement de Ksentini montre à quel point “la réconciliation nationale”, parce qu’elle a dispensé en masse des assassins de répondre de leurs crimes, est, elle-même, un crime contre l’idéal de justice.
    Il ne dit, d’ailleurs, rien moins que ceci : le crime absolu ayant pu être absous, que reste-t-il de la justice ? Et avec cette logique de “qui peut le plus, peut le moins”, plus aucun crime ne devrait être jugé dans notre pays.
    Le régime ayant trouvé dans la “réconciliation” et l’impunité le moyen de s’aliéner les forces à capacité de nuisance, on ne jugera plus que les crimes des faibles. Cela nuit à “la réputation de notre pays” et “va faire fuir les investisseurs et porter un coup fatal pour le pays”.
    Que ne peut-on faire pour assurer “la paix” et la longévité au régime !

  6. Quel gâchis nous sommes perdu entre:

    -l’OLIGARCHIE et le GHACHI,
    – ERRACHI الراشي et le MURTACHI المرتشي ,
    – chkun ELMACHI chkun RRACHI

    tout à été dit tout à été écrit, ifuk awal , que faut il faire un verset (النساء 114) m’interpelle a chaque fois que je suis dans nos forums.

    لاَّ خَيْرَ فِي كَثِيرٍ مِّن نَّجْوَاهُمْ إِلاَّ مَنْ أَمَرَ بِصَدَقَةٍ أَوْ مَعْرُوفٍ أَوْ إِصْلاَحٍ بَيْنَ النَّاسِ
    وَمَن يَفْعَلْ ذَلِكَ ابْتَغَاء مَرْضَاتِ اللّهِ فَسَوْفَ نُؤْتِيهِ أَجْرًا عَظِيمًا
    « Il n’y a rien de bon dans la plus grande partie de leurs conversations secrètes, sauf si l’un d’eux ordonne une charité, une bonne action, ou une conciliation entre les gens. Et quiconque le fait, cherchant l’agrément d’Allah, à celui-là Nous donnerons bientôt une récompense énorme »

    Jِe ne veux nullement faire un discours religieux, mais juste pour interpeller Chacun d’entre nous a se posez la question « qu’attendez -vous par vos écrits , vos dires , vos pensées, parler pour parler , émettre des mots dans l’espoir de guérir des maux , ou juste discuter, échanger pour avoir le dernier mot .

    N’est -il pas temps d’agir, désolé je ne vois plus ce moyen d’expression comme une THÉRAPIE, on ne fait que ruminer des mots à longueur de journée, sans rien changer à la situation,que l’on soit croyant ou non , que l’on soit laïc ou islamiste , que l’on soit instruit ou analphabètes on rendra compte un jour… si ce n’est pas à dieu , se sera à nos semblable ou a nos enfants. qu’avons nous fait de CONCRET , honte à nous ….écrire pour écrire jusqu’à quand. Le mal est circonscris , il avance sous nos yeux , on souffre et a force de subir on s’y fait.

    Est-il possible de faire quelque chose répondez moi simplement par OUI ou par NON si vous pensez détenir une réponse. merci d’avance

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