Par Saad ZIANE
En Algérie, les mots sont si galvaudés qu’il faut redoubler de prudence dans leur utilisation : faut-il parler du cinquième remaniement dans le gouvernement Sellal comme le font les journaux ? Comme s’ils avaient oublié que depuis 1999, Abdelaziz Bouteflika n’a jamais accepté qu’il puisse y avoir de gouvernement qui ne soit pas le «sien ».
Ce n’est donc pas le «gouvernement Sellal » qui a subi un nouveau « lifting » et pour des objectifs aussi peu «clairs » que ne l’est le fonctionnement des institutions sous le quatrième mandat et avant.
Ce n’est pas non plus le gouvernement de Saadani même si des ministres sur lesquels il a déversé sa bile ont été débarqués. Il ne faut pas inverser les choses : Amar Saadani est à la politique ce qu’Ennahar TV est à l’information. Ce sont des relayeurs, ils ne sont pas des concepteurs. Ils font leur triste boulot sans art, avec l’excès de ceux qui sont gonflés par le sentiment d’impunité que donne la proximité avec le clan dominant.
Silence dans les rangs et en dehors
Qui gouverne vraiment et qui décide ? Quand on est dans la sphère du pouvoir, poser une telle question est dangereux comme en témoigne la «disgrâce » de Louisa Hanoune, Khalida Toumi et Zohra Drif. Et c’est d’ailleurs, la seule question qui explique pourquoi on a décidé de légiférer sur le «devoir de réserve » des officiers de l’armée.
Le 23 mai dernier, sur le site que dirige son fils, le général à la retraite Khaled Nezzar, après avoir chargé le Canard Enchainé et un site d’information algérien avait promis qu’il ne se taira pas « lorsque l’Algérie est agressée par des voleurs et des faussaires de tous genres». Avis donc à Nezzar, Toufik et les autres. Qui l’ouvre…
Mais cela nous éloigne du remaniement même si en tant que «civils » sans pouvoir, ni citoyenneté, on a la liberté relative de continuer à poser la question du qui décide dans cette affaire comme dans d’autres.
Mais au fait à quoi sert un remaniement ? A sanctionner ? A changer de cap ? De politique ? Dans une gouvernance s’appuyant sur un jeu politique sérieux et institutionnalisé, cela est le cas. Mais dans le cas du fonctionnement informel, l’effort de décryptage comporte toujours le risque de donner une «rationalité » qui n’existe pas à des décisions dont on ne sait par quel mécanisme elles sont prises, ni dans quel but.
Jouer du football ou pas avec Toufik
Il reste toujours – et cela fait partie de l’ADN du régime – l’explication par la nécessité de créer de «l’animation » afin d’occuper les esprits, lancer de fausses pistes. Dans ses explications, plutôt vaseuses via canal Ennahar, l’ex-ministre de l’énergie, Chakib Khelil a attribué ses malheurs au fait qu’il ne jouait pas du football avec le général Toufik.
Amar Ghoul, après 17 ans à rendre la politique quelque chose de repoussant et de glauque, va peut-être dire que c’est parce qu’il a joué au football avec lui. Certains se sont félicités du départ de Ghoul… 17 ans après ? La satisfaction parait bien dérisoire pour ne pas dire ridicule.
Abderrahmane Benkhalfa, lui, ne pourra accuser personne. Les mêmes qui, à la surprise générale, l’ont fait ministre le renvoient. Il aura eu un passage funambulesque où après avoir proposé aux détenteurs de fonds gris de les blanchir moyennant une taxe de 7%, il lance un emprunt d’Etat où ils se voient proposer le même blanchiment avec une rémunération de 5%. On sait que la première proposition est un échec, la seconde, elle, est en train d’être «sauvée » par un forcing sur les institutions financières pour acheter des obligations. L’Etat qui s’endette auprès de lui-même, on est en train de faire un tour de passe-passe.
Benkhalfa, lui, dit partir avec “l’esprit du travail accompli” et le sentiment d’avoir apporté ” une valeur ajoutée”. Du vent, bien sûr, et, à la limite, la personne de Benkhalfa (ou de son successeur) n’est pas importante. Ce qu’il faut relever dans ce passage de la comète Benkhalfa est le fait que les tenants du pouvoir croient (encore) que les problèmes sont solubles par la parlotte et les artifices.
Des hommes pour une «NEP» opaque
Le départ de Laksaci de la Banque d’Algérie (avant le remaniement) et la désignation de Nourredine Bouterfa, à la tête du ministère de l’énergie (après avoir servi sous trois ministres) sont probablement les éléments les plus significatifs à relever.
Dans le cas de la Banque centrale, cela annonce, sur fond de baisse des recettes hydrocarbures, des mesures « d’ajustement » qui pourraient se traduire par un recours plus grand à la planche à billet ce qui équivaudra à plus d’inflation et donc à une baisse du pouvoir d’achat.
Bouterfa s’est fait, lui, une «image » en prônant régulièrement une hausse des tarifs de l’électricité. On peut pronostiquer qu’en 2017, – à moins d’un retournement spectaculaire du marché pétrolier – que les tarifs de l’électricité et des carburants vont augmenter de manière plus substantielle.
Dans l’absolu, ce sont des leviers appropriés pour s’attaquer à l’énorme gaspillage des ressources fossiles. C’est le remède que les libéraux – tout comme le FMI – prônent. Pas seulement pour les carburants mais à l’ensemble du système des subventions.
Avec l’argument qu’il vaut mieux donner une aide ciblée à ceux qui en ont besoin plutôt que de faire dans la subvention généralisée. En théorie, la solution est bonne mais elle présuppose, au moins, une administration performante, sérieuse et… éthique et des systèmes de contrôle efficace. A défaut, le système d’aide ciblé est perverti et détourné de sa vocation. Et l’histoire des politiques détournées est riche en Algérie.
Qui arbitre et au profit de qui ?
La question, n’en déplaise aux «techniciens », n’est pas technique, elle est politique. Le régime «gère » de manière antiéconomique, les périodes d’aisance financière, il croit pouvoir « revenir à l’économie » en période de vaches maigres. Pour ceux qui font de la politique sans en avoir l’air, les choses sont simples : il faut couper dans les dépenses publiques : les subventions, l’enseignement, la santé. Un Etat, disent-ils, comme un bon père de famille ne doit pas dépenser plus qu’il ne gagne.
En réalité, il n’est d’économie que politique. Il n’y a pas de recettes toute faites même s’il est clair qu’on ne doit pas dépenser plus que l’on gagne. Mais sortir d’un système qui a fossilisé le pays, empêché son auto-organisation et sa structuration grâce à la répression et à une redistribution inégalitaire de la rente ne passe pas une solution technique.
Quand on se lance dans une «nouvelle politique économique », cela signifie faire des nouveaux arbitrages. Et faire des arbitrages, c’est le plus souvent «choisir » qui va payer les frais de l’ajustement. Dans les années 90, sur fond de violences, des mesures d’ajustement ont été subies par la population sans pouvoir réagir. Avec des centaines de milliers d’emplois liquidés et un potentiel industriel abandonné à la dégradation avant d’être privatisé.
Ce n’était pas une solution purement technique, c’était un choix politique servi par «l’aubaine » de la décennie de violences. Les Algériens ajustés dans les années 90 n’accepteront probablement pas d’être, une fois de plus, la variable d’ajustement alors qu’ils observent la montée des appétits des oligarques et de leurs experts qui, élémentaire mon cher Watson, ne parlent que d’économie
Qui donc payera la facture de l’imprévision dans un pays qui a connu durant les années 2000 de substantielles recettes hydrocarbures ? Aujourd’hui, sans aucune forme d’explication, on veut en finir avec la règle du 51/49% pour les investissements et le droit de préemption.
Il était une fois le patriotisme économique
Cela avait été décidé en 2009 en grande pompe au nom du «nationalisme économique » après que nos «décideurs » aient découvert que Lafarge avait acheté des cimenteries de Sawiris sans leur demander leur «avis » par le simple effet des jeux boursiers. Concrètement, la règle du 51/49 et le droit de préemption vont bloquer l’investissement étranger.
Et qui étaient les gagnants de cette grande décision «patriotique » ? Les importateurs ! Car, dans l’arbitrage qui peut paraitre économique absurde, il y avait des intérêts qui ont été servis. Les entreprises étrangères ne pouvaient s’installer en Algérie mais rien n’empêchait que leurs produits y rentrent et se vendent.
Faut-il pleurer le 51/49 ? Non, absolument pas. Mais il faut juste se rappeler que c’était une décision politique et qui a fait un arbitrage qui desservait l’économie nationale mais a servi les importateurs. A l’heure, où il est question de «nouvelle politique économique », il ne faut pas l’oublier. Il y a l’arbitrage qui se fait par l’arbitraire et la répression.
Il reste l’option raisonnable d’un consensus politique global pour réhabiliter les institutions et donner une vraie gouvernance au pays et se donner des objectifs économiques. C’est la seule manière de rendre supportable les sacrifices inévitables pour sortir d’un système qui détruit de la valeur et menace la pérennité de la nation. C’est le seul remaniement qui a du sens. Et c’est le seul dont le régime ne veut pas entendre…
Et c’est pour cela que le remaniement annoncé est sans portée. On est toujours dans les leurres sur le mode « il faut que quelque chose bouge pour que tout reste en place ». Cela a mené aux années 90, celle où l’on a mis le pays dans une mécanique d’autodestruction.
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« Qui arbitre et au profit de qui ? »
Voilà la véritable question !
QUI ARBITRE ? Réponse : L’ARMÉE ! Par D.R.S. interposé… c.à.d. : le Général TARTAG. (Pardis!)
AU PROFIT DE QUI…? Devinez ? Mais… l’ARMÉE ! Bon sang de bon sang ! A QUI « d’autres » voulez-vous ?
Bien sûr, il y a aussi les larbins comme saâdani qui sera jeté comme un kleenex par chouakrou (hachakoum !) tout comme le fût ben el khadem… et les copains (d’abord) pour paraphraser le grand Brassens ! Allah yerahmou.
AZOUL MERRA
Bonsoir à tous, salut Ait Mohand,
L’arbitre c’est H’MIDA. Et c’est au profit du joueur H’MIDA aussi. On joue sur le terrain de H’MIDA également. C’est tout comme H’MIDA contre H’MIDA…ça ne devrait pas nous faire rappeler KRAMER contre KRAMER. Saha shourek l’ami.
Saha Rachid,
Saha Ramdankoum yal khawa !
C’est vrai Rachid que : laâb H’mida wa racham H’mida… hélas, dirai-je !
Mais ce que je ne comprends pas dans le drame que nous vivons, c’est pourquoi SI H’mida (l’armée !) laisse faire et ne bouge pas ! Elle ne fait rien pour sauver la Nation et Le Pays. Et cette attitude est vraiment incompréhensible de sa part. Elle est même suicidaire pour nous tous, sauf…. pour SI H’mida !
Est-elle… COMPLICE ???
Le peuple, le pense à présent.
Moi, désormais, je ne l’appellerai « La Grande Muette : L.G.M. Mais SI H’mida !!!
Alors, va pour SI H’mida a dit : assis ! SI H’mida a dit : debout ! Etc… etc…
C’est à n’y rien comprendre….
Saha f’tourek petit H’mida !
Salam 3alikoum Ait Mohand,
Comme c’est H’MIDA qui est aux commandes et sur toutes les manettes, il n y a que le peuple qui puisse lui ôter ces manettes de ses mains et se les réapproprier un instant pour les confier à d’autres légitimement. Mais toute cette opération demande du temps et sera surtout douloureuse. Saha ramdankoum.
L’Algérie existe grâce à dieu et continuera à exister aussi grâce à dieu
Le prochain remaniement, c’est Hamel qui va remplacer Gaid Salah, en tout cas c’es ce que dit Hichem Abboud dans ses videos ! la sortie de tahar missoum aurra ete spectaculaire, comme il a dit : allah yerham echouhada li ma chafou walou, ces creatures pratiquent l’hypocrisie de bonne foie, mais restons pieds sur terre, il n’ ya pas d’hommes dans notre bled et je ne pense pas qu’il se passera grand chose, tout est homogene, et tous les algeriens ont appris de par le temps a s’ajuster au systeme existant pour rester conforme a l’environnement aussi pourri soit il ! il ne faut pas rever !