Le pouvoir échoue au Bac et impose à l’Algérie un 19 juin numérique

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 Journaliste www.huffpostmaghreb.com
Publication:19/06/2016 19h57

Ce pauvre 19 juin parait être condamné à entrer dans l’histoire de l’Algérie pour le pire plutôt que pour le meilleur. Il y a eu le coup d’Etat du 19 juin 1965, début d’une glaciation militaro-policière qui a été, malgré des promesses de justice sociale et de la mise en place d’un « Etat qui survive aux hommes », appauvrissante pour le pays.
Certes, il se trouve encore des gens qui font dans la Boumedienne-mania et opposent sa période à celles qui ont succédé alors qu’elles n’en sont que la continuation, l’effet d’entropie en plus.

Sur ce 19 juin numérique vécu par l’Algérie, il y aura sans doute INTERNET DESERTles éternels laudateurs pour affirmer que le black-out internet imposé aux Algériens pour cause d Baccalauréat est une prouesse. Le VPN ayant ridiculisé les mesures ciblant les réseaux sociaux, les autorités ont donc carrément coupé ‘internet pendant les heures des épreuves, chose inimaginable dans un pays «normal ».

Les laudateurs – il y en a toujours – vont sans doute mettre en avant la «fermeté » des autorités qui n’hésiteraient pas, face à une « menace grave » de prendre des « mesures radicales ». Le pouvoir montre ses « muscles » en organisant une censure grandeur nature, un 19 juin, ça ne pouvait mieux tomber. L’interdit faisant office de politique et de solution, cela fait partie de l’ADN du régime.

Ces laudateurs ne pourront pas faire oublier que cette solution où tout le pays à d’une manière ou d’une autre passé son bac Benghabrit II est un scandale absolu, un signe clinique de perte de sens. Instaurer le black-out n’est pas une démonstration de la «force » de l’Etat. C’est, il faut le redire, une démonstration éloquente de sa faiblesse.

De quoi donc ce black-out du 19 juin (qui va durer encore quelques jours) est-il le nom ? Ceux qui ont décidé cette mesure reconnaissent clairement que le net ne fait qu’amplifier les fuites. Ceux qui dirigeant le pays (et pas seulement le secteur de l’éducation) nous disent très clairement qu’ils ne maîtrisent pas leurs propres troupes.

Tous ceux qui sont dans les circuits, les nomenklaturistes qui ont la capacité d’avoir «l’information » (ici les sujets) avant tous les autres. Ils admettent que les fuites existent bel et bien depuis longtemps et que ce sont les enfants des nantis du système qui en profitaient.

La générosité de certains de ces jeunes nantis s’exprimant via les réseaux sociaux a entraîné une « fâcheuse démocratisation » de la fuite. La 3G, pourrait-on dire, est devenue l’instrument suprême de la démocratie par défaut. La mesure « radicale » démontre que le système est devenu si poreux qu’il ne sait même plus gérer un examen sans fuite.

Le net n’est pas responsable de la fuite et de la fraude. Il n’en est, par l’amplification qu’il permet, que le révélateur. Le mal est profond et se rapporte à la lutte contre toutes les formes de corruption en interrogeant (et en démantelant) les situations et le système qui le permet. On est au cœur du débat politique qui se pose depuis 1988 et dont l’absence de réponse efficiente fait le lit de toutes les régressions.

Mais en attendant cet aggiornamento moral et politique général, le secteur de l’éducation peut prendre les devants en réformant le baccalauréat. Il est possible d’en faire une épreuve moins anxiogène qui n’incite pas les parents à tricher ou à payer des fonctionnaires pour avoir accès aux sujets. Voilà un sujet plus sérieux que beaucoup de diversion inutile organisée par les fausses réformes dans le secteur de l’éducation.

13 Commentaires

  1. Bonsoir,

    On l’a déjà dit à maintes reprises, le régime de bananes n’hésitera à aucun moment à pratiquer la politique de la terre brûlée si besoin en est. Il n’hésitera pas à tirer sur la foule pour sauvegarder un minimum jusqu’à l’ultime seconde. Lorsqu’il s’agira de préserver ses intérêts et conserver le robinet de la rente entre ses mains, on ira jusqu’à liquider sa mère et son père si cela devenait incontournable et sans hésitation aucune. Avec cela, faites tous les scénarii possibles, vous connaissez certainement le devenir du pays à court et moyen terme. Bonne soirée à tous.

    • @ Rachid

      Saha siamkoum

      Quand les réseaux ‘fuitent »,il faut les « couper » ,c’est la règle dans la petite hydraulique et internet est « coupée » plusieurs fois par jour(c’est une exception ailleurs ) ,alors quand la coupure se prolonge ,il y a arithmétiquement mois de coupures ,un progrès dans l’absolu.

      Question : Y’a-t-il une différence entre un fluide ,un signal et un astéroïde ?

      • Saha siamkoum khouya Ali,

        Théoriquement il y a moins de coupures quand la coupure est prolongée ou très longue. Et donc tu as raison de dire que le progrès passe par là. Il suffit du black out pour s’élever au rang supérieur et entonner les cris de la victoire et de la totale réussite. Sauf qu’en s’élevant trop haut en vapeur on finit par retomber en grêlons ou en gouttes en gros débit. Et là il y a du fluide dont le débit ne sera pas coupé car il n y a pas de fuites mais du progrès à l’envers et à contre sens. Reste à savoir si l’astéroïde émet un signal ce qui serait un non sens, mais le débit d’un fluide se mesure mais il n y a pas d’écoulement d’astéroïde et la question reste vraiment compliquée et je n’ai pas de réponse. Saha Ftourek.

  2. Il est clair que la fuite a été provoquée pour mettre en place ce muselage de l’internet. L’avenir ne s’annoce pas radieux, en conséquence quoi de plus naturel que de mettre de l’huile dans la machine à boucler. Les grandes manoeuvres ont commencé et l’arme cybérique est mise à l’épreuve pour la mettre en exécution le moment voulu.

  3. Bonsoir, évidement dans le passé on a déjà vu des coupures d’électricité au moment des Urnes des divers votation, donc c’est un pays des coupures électricité et gaz…

  4. @ Rachid

    Reste que le temps et la gravité seront toujours déterminants .

    Cette grossière manipulation du net est dans les mœurs de la gouvernance ,une version moderne de la « gestion de la pénurie » un vieux truc de dictateurs pour occuper et donner à réfléchir aux masses .

    D’après les initiés ,c’est un vrai/faux bide d’A.T et son DG devra répondre de sa « maladresse » ;le postulat « il y a toujours un coupable » va jouer à fond alors il faut le livrer à la vox populi ce qui sauvera les apparences et restituera la crédibilité du pouvoir-état et l’histoire du bacc 2016 sera « formatée ».

    Dommage de rester sans le point de vue de @Dria .

    Saha souhourak

    • Bonjour cher Ali,

      Aux dernières nouvelles il y a un grand pas d’accompli dans les techniques d’élevage de troupeaux. Le temps faisant et la gravité aidant ont contribué à l’engraissement des unités de moutons de panurge. Des boucs émissaires de bonne fabrication locale. On a dénombré en conséquence tous les chiens bergers, mais on n’a jamais pu localiser les bergers. Ceux entrevus ne sont pas reconnaissables dans leurs djellabas. Toujours aux dernières nouvelles ce n’est pas la bête la plus engraissée qui va au sacrifice, histoire de garder un équilibre dans tous les troupeaux. Saha ramdanek.

  5. voilà comme ça toute l’Algérie a passé son bac!, reste à savoir si le gouvernement va amplifier les résultats pour justifier sa dérive.La fraude, est devenu un sport national, si les ainés, les hauts et les petits responsables s’y adonnent toute honte bue, qu’attendons -nous des jeunes qui n’ont que ce modèle?.notre plus grand problème n’est pas la rente mais l’éthique

  6. Bonjour a toutes et a tous,

    Vous savez ce qui m’étonne a plus d’un titre est que personne ici n’a critiqué l’attitude des étudiants et leur choix de faire de la triche.
    On a critiqué la gouvernance mais pas les gouvernés.
    Vous me direz certainement que c’est la faute a la gouvernance qui a poussé les gouvernés a user de la triche.
    Dites moi alors pourquoi a notre époque il n’y avait pas autant de triche et que le(la)(les) tricheur(s)(se)(ses) a l’époque était(ent) pointé(s)(es) du doigt et que de nos jours être honnête est considéré comme une tare, un pestiféré…comme quoi l’échelle des valeurs est bel et bien inversée.
    Je crois mes chers compatriotes sans vouloir créer une polémique (étant donné je suis un abonné) le problème c’est NOUS pas la gouvernance mais bien NOUS.

    Alilou

  7. Bonsoir et saha ftourkoum

    La fuite des sujets a existé depuis longtemps mais seulement pour les fils des nantis pour garder génétiquement le pouvoir et puis il y a internet cette malédiction pour le système en place et une arme redoutable mise entre les mains des peuples malheureux comme nous grâce à l’avancée technologique et la science que le Bon Dieu nous a gratifié, et grâce à elle, la démocratie va s’imposer d’elle même dans les pays à caractère dictatorial comme le nôtre. Donc patiente chers compatriotes, rien n’arrêtera la bonne marche de la science et de la technologie garantes de l’avancée victorieuse de la démocratie.

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