Fiabilité du logiciel et conformité du fonctionnement

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islamophobieAbdelhamid Charif

Le Premier Ministre canadien a tenu à rompre le jeûne avec ses compatriotes musulmans le premier jour du Ramadhan ; et un de ses ministres est allé plus loin, en décidant, pour la deuxième année consécutive, de jeûner tout le mois. En fait, tous les leaders politiques du monde ont présenté leurs vœux à leurs concitoyens musulmans. Sauf en France. Le politiquement correct hexagonal ne permet plus de telles bagatelles, en dépit de la plus grande communauté musulmane d’Europe. Ou peut-être à cause d’elle, et des mélancolies associées, insoupçonnables ou inavouables.

Même si la prière, principal pilier de l’Islam, semble poser plus de problèmes à certains croyants, et même si le jeûne fait partie des préceptes du Judaïsme et Christianisme, le rite du Ramadhan constitue, aux yeux des non-musulmans, une des plus rudes épreuves de l’Islam. Il ne suffit pas à un responsable politique de se débarrasser des préjugés pour pouvoir se livrer noblement à de tels exercices. Il faut aussi une dose exceptionnelle de courage et de dignité, reléguant l’ambition et le carriérisme au second plan. Cette défiante et résiliente audace politique contre les idées préconçues et les œillères culturelles, est à même de façonner et diriger l’opinion publique au lieu de la subir. Et bien plus encore, elle éclaire tout le chemin de la vie et peut mener très loin.

Ces aspects seront approfondis à travers les itinéraires de deux intellectuels convertis à l’Islam, dans deux milieux tout aussi proches que différents, après avoir essayé de comprendre cette religion en s’exerçant discrètement au jeûne durant le mois de Ramadhan.

Informatique, fiabilité et robustesse de l’OS, Operating System

Michel Dardenne, est belge francophone, de parents aisés, ayant eu une éducation stricte et suivi une formation de qualité (1,2). Il se retrouve, très jeune, manager informatique d’une grande entreprise, donnant des cours à l’université. Marié, des enfants, une réussite totale, qui n’arrive toutefois pas à le combler. Depuis son terrible accident de voiture à l’âge de 18 ans, qui lui a valu une semaine de coma suite à une commotion cérébrale, Michel s’est mis à tout réapprendre sur le fonctionnement humain, en observant et en remettant en cause le conditionnement social prévalant, plein de contradictions. Même l’école catholique n’est pas épargnée, puisque ni le directeur, ni les maîtres, ni les élèves, ne croient en Dieu. C’est en fin de compte valable juste pour l’innocence enfantine, comme le père Noel. En parallèle, Michel commence à observer les musulmans, parmi ses employés, clients, et étudiants, démolissant là aussi des clichés établis. Il finit ainsi par adopter une attitude d’ouverture envers toutes les cultures et se mit à étudier. Un jour il demande au père d’un étudiant musulman de lui recommander un livre sur l’Islam. Ce dernier lui répond que ce n’est pas en lisant qu’on découvre la senteur d’un parfum ou qu’on apprend à nager. Michel accepte ainsi le jeu proposé de jeûner quelques jours du Ramadhan. Il doit le faire très discrètement car dans son entourage immédiat et sa culture francophone, c’est « haram » de ressembler à un musulman. Michel continue de jeûner parce que ça lui fait du bien, sans se sentir musulman. Pour ne pas choquer sa famille, il invoque des prétextes professionnels pour se lever tôt pour le s’hour, et rentrer après le coucher du soleil. Le weekend, il est obligé de rompre en projetant de rattraper plus tard. Michel se sent comme un chrétien apprenant de nouvelles règles annoncées par Jésus (Paix sur lui), lesquelles se révèlent comme d’excellents logiciels, stables, et permettant d’entretenir l’hygiène de l’esprit et du corps. En informaticien méticuleux, Michel découvre une nouvelle façon de vivre et de programmer sa vie, en apprenant et adoptant de nouvelles techniques.

En fait, ses employés vont découvrir et comprendre avant lui qu’il est devenu musulman. Ses proches ne tardent pas l’apprendre, et commence alors son calvaire. Une règle efficace qu’il a apprise et qui lui sera très utile est : « Merci mon Dieu », face à toute épreuve. Sa famille, ses parents, ses amis, ses partenaires, tous réagissent de manière répulsive, voire violente, et il est rejeté par les siens et mis sous embargo. En transférant de l’argent pour payer des vacances au Maroc, il est accusé de financer Al-Qaida. Michel perd son travail, ses amis, sa femme. Il est même déshérité par son père, qui refuse de le voir. Il expérimente et vérifie alors, dans la douleur mais avec rassurance, les nouvelles règles qu’il a apprises, telle celle de demeurer toujours gentil envers les parents. Son nouveau système d’exploitation ne plante pas, il est harmonieux, certes parfois éprouvant, mais mène toujours aux bonnes issues à long terme. Et pour lui, ce nouveau mode de fonctionnement humain vaut tous les sacrifices. Michel gère actuellement une école au Maroc, il gagne dix fois moins d’argent qu’avant, mais il est infiniment plus heureux. Il a écrit un excellent livre « L’Islam dévoilé », où sa richesse culturelle lui a permis de démonter les différentes attaques contre l’Islam, en apportant des réponses subtiles et pertinentes.

Certains chemins mènent à Rome, juste pour un transit

Idris Tawfiq est un anglais, diplômé en langues et théologie, ayant grimpé les échelons de l’Eglise Romaine pour se retrouver prêtre au Vatican (3-5). Il fut même pressenti pour devenir un adjoint du Pape. Il considère que si Dieu attire les êtres humains à travers différentes voies – la science, la nature, un verset, ou une personne – pour lui, c’est la sensibilité de son cœur qui a lancé son voyage vers l’Islam. En effet, Idris est très heureux de sa situation de prêtre et des bonnes œuvres qu’il accomplit au quotidien. Seulement, il trouve la solitude insupportable, et décide donc, non sans amertume, d’abandonner sa position et de quitter Rome. Décision déchirante sur le double plan moral et matériel. Avant de chercher un nouvel emploi, il veut prendre une semaine de vacances pour se reposer et évacuer le chagrin et le stress des derniers développements. Son modeste budget ne lui offre pas un large choix et la seule destination qu’il peut se permettre, c’est l’Egypte. Les pyramides, le sable, les chameaux, cela l’enchante, mais l’Islam, point du tout ! Idris n’a jamais rencontré un musulman. Ce qu’il sait d’eux, c’est qu’ils coupent les mains, frappent les femmes, posent des bombes, et commettent des attentats suicides. En un mot, infréquentables ! La crainte d’être kidnappé et égorgé le fait hésiter, mais son malaise l’oblige à s’accrocher à ces vacances. Il décide donc de risquer un départ en Egypte. Une semaine qui changera toute sa vie !

Ce n’est ni la sagesse d’un Sheikh, ni l’éloquence d’un prédicateur, ni la lecture du Coran, qui lui font rencontrer l’Islam. C’est un jeune cireur de chaussures dans les rues, de condition sociale précaire, qui se charge de cette noble mission, sans le savoir.

« Assalamou ‘Alaykoum ! », c’est ainsi que l’accueille le gamin qui reconnait son teint occidental. « Que la paix soit sur vous ! ». Idris scrute le visage de son jeune interlocuteur et est persuadé que l’enfant pense parfaitement ce qu’il dit. Il décide d’apprendre quelque chose en Arabe pour communiquer avec son nouvel ami. « Ezzayek ya habibi ? » (Comment vas-tu cher ami ?). « Al-hamdou lillah » (Merci mon Dieu). Idris est profondément marqué par ces deux petites phrases régulièrement répétées par le jeune cireur des chaussures. C’est d’ailleurs cette même recette « Merci mon Dieu » qui a permis à notre premier héros, Michel, d’affronter et traverser les rudes épreuves. Idris sait désormais que l’Islam et les musulmans, ce n’est pas ce qu’on voit à la télévision. En adoptant cette posture positive et en manifestant ces signes réceptifs, il ne devra pas manquer de bénéficier de la bienveillance divine pour la poursuite du chemin.

De retour chez lui, Idris se met à chercher du travail. Il offre ses services à un lycée, et il est recruté pour enseigner les six religions communautaires (Christianisme, Judaïsme, Islam, Bouddhisme, Hindouisme, Sikhisme). Ses connaissances étant limitées aux deux premières, il se met donc à étudier les autres religions pour pouvoir les enseigner. Dans sa classe, il y a des musulmans et des arabes. Arrive le mois de Ramadhan. Il informe ses élèves que par solidarité et pour les encourager à pratiquer leur rite, il va jeûner avec eux. Ces derniers lui demandent l’autorisation d’utiliser sa classe pour faire la prière. Etrangement, c’est la seule salle tapissée et disposant d’un lavabo. Pourquoi ? Bonne question ! En les regardant faire la prière et en consultant l’internet, il finit par apprendre comment prier en Arabe. Ses études sur l’Islam continuent d’avancer. Peu de temps après, il se surprend à verser des larmes embarrassantes et incontrôlables, à chaque fois qu’il évoque ou prononce le nom du Prophète Mohamed (Prière et paix sur lui). Idris décide de se rendre à la mosquée centrale de Londres. Il trouve Yusuf Islam (ex-pop-star Cat Stevens) en train de donner une conférence. A la fin, il va à sa rencontre et lui demande :

« Si quelqu’un, ce n’est pas moi, veut devenir musulman, que doit-il faire ? ».

La réponse est claire : « Un musulman croit en un seul Dieu, fait la prière cinq fois par jour, jeûne tout le mois de Ramadhan … ».

« J’ai toujours cru en un Dieu unique, je sais comment prier en Arabe, et j’ai jeûné tout le mois de Ramadhan ».

Le regardant droit dans les yeux, Yusuf lui dit : « Cher frère, tu es déjà musulman ! Qui cherches-tu à tromper ? ».

A ce moment-là, commence l’appel à la prière du Maghreb, suivi par l’arrivée des fidèles par centaines. Adossé au mur arrière, Idris suit la prière et la récitation du Coran en versant des flots continus de larmes. Il a enfin compris ! A la fin de la prière, il se précipite vers Yusuf Islam : « Frère, je veux devenir musulman ». Yusuf lui fait prononcer la chahada en présence de plusieurs fidèles enthousiastes, et lui dit : « Maintenant tu es meilleur que nous tous ici, tu viens d’être purifié de tous tes péchés. Va prendre une douche et tu sentiras cette purification ».

Contrairement à Michel, la famille d’Idris et ses amis ont été très compréhensifs et ont accueilli positivement sa conversion. Il a gardé des liens étroits avec les autorités religieuses chrétiennes et tous ses amis, et a ému, par sa sincérité et sa spontanéité, des milliers de personnes, toutes confessions confondues. Idris a continué à étudier sa nouvelle religion et a donné des conférences à l’université Al-Azhar. Il a publié huit livres sur l’Islam. Et son chemin vers Allah est arrivé à destination récemment, puisque Idris a rejoint son Créateur en Février 2016. Rahimahou Allah.

Liberté de culte et discordance Franco-British

Outre les leçons particulières à tirer de chaque cas de conversion, les deux exemples sélectionnés livrent d’autres enseignements importants, sur les attitudes et approches francophone et anglo-saxonne, foncièrement différentes, vis-à-vis de l’Islam, même si les exceptions ne manquent pas.

Notre ami Michel est en fait belge, mais originaire de la partie francophone, où on parle et pense Français. La réaction d’hostilité en chaine déclenchée par sa conversion à l’Islam est aux antipodes de la compréhension et l’affection générales dont a bénéficié Idris en Angleterre. Quand ce dernier annonça la nouvelle à ses collègues du lycée, ces derniers l’informèrent en souriant qu’ils le savaient déjà et l’avaient anticipé depuis longtemps. L’histoire de sa conversion a même ému des milliers de compatriotes chrétiens. Michel quant à lui a perdu énormément sur le plan social et matériel. Il continue d’être dénigré comme « un pantin au service du radicalisme islamique ».

L’Islam gagne du terrain en Occident et partout ailleurs. Et c’est légitime qu’il y ait des soucis culturels. L’islamophobie francophone est toutefois très singulière, et les signes de cette spécificité se manifestent à plusieurs niveaux. Les politiciens français n’ont désormais aucun intérêt électoral à présenter des vœux aux musulmans. Heureusement pour le Canada et ses musulmans, que la francophonie est confinée au Québec. En Angleterre, Idris a été chargé de l’enseignement de toutes les religions communautaires du pays. En France, en revanche, l’équidistance par rapport aux religions signifie désormais l’irréligion, voire la guerre contre les religions. Pourquoi ?

La colonisation française s’est singularisée par des campagnes d’évangélisation coûteuses et sanglantes. Après s’être débarrassée des millions d’indigènes incivilisables, la France « laïque, tolérante et séduisante », s’est mise à démanteler le système éducatif algérien, basé principalement sur les écoles coraniques et arrivant en 1830 à un taux d’alphabétisation de 40 %, un des plus élevés au monde (6), pour le remplacer par un processus d’évangélisation. Dans la seule Kabylie, il y avait une vingtaine d’écoles de Pères Blancs au début du 20ème siècle.

Mais le bilan final de cette dé-islamisation et évangélisation est très maigre, pour ne pas dire quasi-nul, à l’exception de quelques germes d’influence. Il ne s’agit pas d’un échec de la puissante France coloniale. C’est le Christianisme qui est devenu hors course. Michel a bien relevé que même dans les écoles catholiques, on ne croit plus en Dieu. Contrairement aux autres nations, la France semble subir, par ailleurs, comme un terrible retour de manivelle, l’islamisation graduelle sur son territoire, qu’aucune stratégie ne peut juguler. La radicalisation de la laïcité vers l’irréligion devient le seul bouclier aux yeux des stratèges francophones. Même si elle agace les minorités, cette politique semble porter ses fruits électoraux, et même auprès d’élites éloignées sous influence. Des responsables algériens musulmans sont hélas charmés par cette stratégie radicale de transcendance intellectuelle fallacieuse, prétendant libérer l’école de tout formatage culturel et religieux ; comme si la liberté débridée et permissive n’en est pas un. Si le merveilleux salut du cireur des chaussures, « Assalmou ‘Alaykoum », constitue pour Idris le coup de starter de son chemin vers la lumière de l’Islam, des élites musulmanes, peu fières de leur héritage, semblent ne pas l’entendre ainsi, préférant d’autres formes de salut, afin sans doute de se démarquer d’un je ne sais quel obscurantisme. Et cet acharnement de démarcation est hélas très coûteux, et gâche une énergie intellectuelle considérable. Que d’analyses, réflexions, dissections, constats, expertises, diagnostics, tous aussi pertinents les uns que les autres, finissent, à cause de cette obsession de démarcation, entretenue par l’actualité et son lot d’influence, par dévier vers des prescriptions de traitements laudatifs confortant le statu quo, pourtant si déploré et critiqué. Stratégie incompréhensible consolidant, sans doute à leur surprise, mais certainement pour leur plus grand plaisir, les gouvernants et prédateurs en place, dans leur statut de sauveurs permanents de la nation, jusqu’à justifier et bénir tous les écarts de butinage et d’accaparement.

C’est dans la nature humaine, un bien précieux est toujours d’autant plus valorisé qu’il a été âprement acquis. Et ceux qui, à tort ou à raison, doutent de la religion qu’ils ont héritée, jusqu’à la méfiance, doivent chercher la vérité autour d’eux ou même ailleurs, et non choisir la négation ou se risquer dans la philosophie débridée de l’incrédulité. Respecter toutes les croyances est important, mais une personne, mettant toutes les religions sur un même pied d’égalité, sous prétexte d’une prétendue neutralité universelle, finit par les mépriser toutes, et s’embarquer dans l’irréligion. Il n’y a qu’un seul mode opératoire authentique et fiable pour les créatures humaines, n’appartenant à aucune race spécifique ; et la fiabilité d’un logiciel n’est significative et fructueuse que si l’utilisation est conforme au mode de fonctionnement. N’est-il pas familier de voir de mauvais utilisateurs se ridiculiser en rejetant la responsabilité sur la qualité du logiciel ?

Références :

(1) http://widyom.com/goster/PPACLWYn2_g

(2) http://widyom.com/goster/c_sIa4B4lso

(3) http://widyom.com/goster/iB_R525Nt_w

(4) https://www.youtube.com/watch?v=wKz6n_vmdhY

(5) http://www.irishtimes.com/news/on-the-road-from-the-vaticanto-al-azhar-1.1036836

(6) http://countrystudies.us/algeria/53.htm     (Source: U.S. Library of Congress)

4 Commentaires

  1. Mais qu’est ce qu’on s’en fout de cette France de M…, je sais je sais ils ont besoin des musulmans seulement dans les guerre, au delà c’est de l’hypocrisie totale, mais bon avec l’arrivé de la turquie les musulmans du monde entier vont se rallier a l’empire Turque pour construire une grande civilisation et faire bloc au autres car si on prends des pays comme : la Malaisie, l’indonisie, la turquie le turkmanistan le tadjikstan l’iran éventuellement l’algérie tous ses pays constitue déjà une civilisation et vont s’unir pour aller de l’avant, le Monde va mal et les autres font que accuser les musulmans sans avoir des preuve où parfois douteuses, les musulmans on a assez de cette coléra.

  2. Malheureusement l’islamisation de l’occident n’est pas le fait des musulmans dans leur ensemble mais le fait de quelques individualités. C’est comme à l’époque de l’entrée de l’islam en chine qui est due au comportement des commerçants musulmans qui se rendaient dans ces territoires lointains pour commercer. Je dirais que si en Algérie par exemple les mosquées sont pleines les comportements des gens qui s’y rendent ne sont pas «rentables» pour la religion musulmane. La France est de ce fait victime de notre comportement (islamique) qui n’a rien à voir avec l’islam bien-sûr. Il faut ajouter à cela l’esprit colonisateur qui persiste dans la mémoire des français. Pour les français à force de vouloir effacer la religion musulmane dans les contrées qu’ils ont colonisée ils ont perdus la leur. L’islam en occident est de la responsabilité des musulmans d’abord, donc commençons à nous comporter en musulmans ches nous en premier pour prétendre «exporter» l’islam.

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