Michel Onfray : penser ou assombrir l’islam ?

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Histoire« Des explications existent; elles ont existé de tout temps; il existe toujours une solution bien connue à chaque problème humain, une solution élégante, plausible, mais erronée.» Henry Mencken

De prime abord, je dois vous informer que je ne suis ni islamologue, ni théologien, mais un simple musulman qui s’intéresse à sa religion. Je ne suis pas de ceux qui ont des croyances par héritage, mais de ceux qui cherchent à comprendre. Cependant, je peux vous garantir une chose très importante: je connais certainement l’islam mieux que Michel Onfray, qui a essayé de « penser l’islam » dans son dernier ouvrage.

Ceux qui ont lu le livre ont constaté que Michel Onfray répète souvent cette phrase : « Oui, bien sûr que j’ai lu le Coran, les hadiths et la Sîra avant d’écrire ce livre.» Pour ma part, je doute qu’il a compris ce qu’il a lu et j’en suis certain qu’il est de mauvaise foi quand il parle du Coran. Avant d’écrire ce texte j’ai dû lire ce livre de dont le titre est « Penser l’islam ». D’ailleurs, c’est pour cette raison que je ne parle que de la partie où il aborde le Coran. Il s’agit d’un entretien avec la journaliste Asma Kaouar. Les autres parties du livre ne m’intéressent pas ici. Elles requièrent un autre article!

 

Dans cette humble contribution, je ne citerai pas des versets coraniques pour contredire Onfray. Ce n’est pas nécessaire. La simple lecture des versets qu’il a utilisés est suffisante. Il voulait noircir  l’image de l’islam mais avec versets déformés et bricolés. Cela dit, c’est un petit livre qui ne demande pas d’effort considérable. Il est plein de raccourcis dignes d’un journaliste stagiaire, qui écrit juste pour remplir son papier ! Avec des procédés très dangereux en matière de méthodologie.

 

Ce livre, à 17 euros, se vend comme des gâteaux, dit-on ! C’est là où réside son danger d’ailleurs. La majorité des lecteurs profanes (passifs surtout) va prendre les dires de Michel Onfray comme véridiques et ça risque, par  voie de conséquence, de nuire à l’image de l’islam. On ne peut blâmer des lecteurs qui font confiance à un philosophe (j’en parle dans l’article: « Pourquoi certains Français comprennent mal l’islam ? »). Faut-il rappeler que nous sommes sous le dictat des experts qui façonnent les pensées ? À notre époque, dur est de penser par soi-même, surtout quand on fait face à cette armée d’experts (de nouveaux « prophètes » ?)

En réalité, le livre est une compilation d’articles. La partie la plus importante est intitulée Entretien. Je peux résumer ce livre en trois points:

 

  • Il y a un islam de paix et un islam qui prône la violence. Les sourates de violence dominent. Donc, pour résumer, le Coran est un livre de violence. L’auteur écrit: « Un grand nombre de sourates légitiment les actions violentes au nom de l’islam. D’autres, moins nombreuses, mais elles existent aussi, invitent à l’amour, à la miséricorde, au refus de la contrainte. On peut se réclamer des unes ou des autres. On obtiendra dès lors deux façons d’être musulman. Deux façons contradictoires même. » ;
  • « [Dans le Coran], il existe des textes hétérogènes dont les uns disent certaines choses et d’autres des choses contraires à ce qui a été dit quelques versets avant», écrit Onfray ;
  • On trouve chaque dix pages que la France et l’Occident sont fautifs de la guerre contre les musulmans. Donc ils récoltent ce qu’ils sèment ! Pour Onfray, si les « musulmans » (de qui parle-t-il au juste ?) réagissent, c’est parce qu’ils sont agressés par l’Occident !

 

Une fois la dernière page du livre est tournée, un constat amer tombe. Rien d’intéressant ! Je n’ai pas trouvé de nouvelles idées, si ce n’est de la rhétorique ! Des opinions, des préjugés et des stéréotypes qu’on trouve un peu partout dans des livres, vidéo et  articles qui abordent ce sujet, avec de mauvaises intentions. L’argumentaire, quand il en a, est souvent médiocre. Il fait du recyclage sans y prendre la peine de citer ses sources. Mais c’est un philosophe, donc ce livre est le produit de sa propre réflexion ! Comme peut-être les livres de Jacques Attali ?!

Notre philosophe hédoniste, Onfray en l’occurrence, n’a pas cessé de dire qu’il est lynché par les médias qui veulent sa peau… Sauf qu’on sait que lui-même est un pur produit médiatique. Sans passer par eux, ses livres ne seraient pas vendus comme des romans de gare ! Il baigne dans une attitude victimaire pour faire le dissident, alors qu’il est le pur produit de cette société du spectacle.

Par ailleurs, il y a un passage frappant dans ce livre où Onfray dit qu’un membre du GIA algérien est l’auteur des attentats dans le RER à la station Saint-Michel. Chose qu’il a déjà dite en 1995 (selon lui !). Or, l’implication du DRS dans ces attentats est un secret de polichinelle. Ce n’est pas tout, quelques pages après il ajoute que [dans les années 90] « le GIA faisait des centaines de milliers de morts – 500 000, dit-on.»  D’où sort ce chiffre ?

Dans ce fameux livre, notamment dans l’entretien, dont les médias parlent beaucoup, j’ai trouvé des choses hallucinantes de la part de ce philosophe. D’ailleurs, le problème des philosophes français est qu’ils ont un avis sur tout, y compris sur la composante chimique dominante de la planète Mars ! Parfois, il faut savoir dire «  je ne sais pas », voire ne rien dire !

Au fait, Onfray commence son livre, après une citation de Nietzsche, par un verset coranique qu’il bricole à sa façon pour lui faire dire une chose qui n’a rien avoir avec son vrai sens. Il écrit ceci: « Petit est le nombre de ceux qui réfléchissent.» Coran, XL.58.

Allons maintenant voir ce verset. Dans la sourate 40, verset 58, on lit : « L’aveugle et le voyant ne sont pas égaux, et ceux qui croient et accomplissent les bonnes œuvres ne peuvent être comparés à celui qui fait le mal. C’est rare que vous vous rappeliez ! »

On voit que c’est trop loin de ce qu’on a pu lire dans « Penser l’islam« . L’auteur voulait peut-être écrire le verset 57 ? Dans ce dernier, Dieu dit : « La création des cieux et de la terre est quelque chose de plus grand que la création des gens. Mais la plupart des gens ne savent pas. »

J’ai commencé par cette citation parce qu’elle est utilisée pour dire que le Coran est destiné à une petite élite, donc incompris par la majorité des musulmans. Comment ?  Lisons Onfray (l’expert !) : «On imagine bien volontiers que les hommes intelligents, ceux qui disposent de la science et du savoir, feront confiance à la science, à l’intelligence et au savoir. Mais, le Coran le dit aussi : «Petit est le nombre de ceux qui réfléchissent » (XL.58) ! Que faire avec le plus grand nombre, privé de sagesse, d’intelligence, de science et de raison ? » »

Mais l’auteur ne s’arrête pas ici. Il a fait avec ce bricolage du Texte coranique un livre. Avec le titre « Penser l’islam », Onfray fait vraiment de la concurrence déloyale à G. Musso. Et ce en prenant un verset et le deviser en plusieurs phrases qui n’ont aucun sens quand elles sont lues séparément. Il devait savoir pourtant avant de s’élancer dans l’écriture de son livre qu’un verset coranique doit être indivisible et jamais pris seul pour l’interpréter.

Pour une illustration, il faut imaginer une première lecture de ce verset 4 de la sourate 107: « Malheur donc, à ceux qui prient.» La majorité des musulmans connait la suite de ce verset ! Sans lire le verset 108, la compréhension devient une chose qui n’a rien avoir avec le vrai sens de ladite sourate, qui dit ceci : « Malheur donc, à ceux qui prient tout en négligeant leur Salât (prières). » 

Il y a également un autre exemple avec plus de nuance, dans l’épisode où Dieu créa Adam. Il demanda aux anges de se prosterner : « Et lorsque Nous avons dit aux Anges : « Prosternez-vous devant Adam », ils se prosternèrent, à l’exception d’Iblis …» (Sourate 17 verset 61). À la lecture de ce verset et en utilisant la méthodologie d’écolier qu’utilise Onfray, on peut conclure que Iblis (Satan) est un « ange ». Cependant, si on lit le verset 50 de la sourate 18, où Dieu nous parle du même épisode, on comprend autre chose: « Et lorsque Nous dîmes aux Anges : « Prosternez-vous devant Adam », ils se prosternèrent, excepté Iblis qui était du nombre des djinns et qui se révolta contre le commandement de son Seigneur… »

En lisant « Penser l’islam », force est de constater que l’auteur coupe et déforme à sa guise de nombreux versets. Pour les besoins de cet article je vais prendre trois exemples, qui risquent de vous heurter. Le plus frappant est qu’Onfray a toujours confondu entre une sourate (chapitre) et une Âyat (verset). Chose qu’on peut lui faire passer, volontiers !

  1. Michel Onfray écrit : « Pour éviter que vous me disiez que le Coran n’interdit rien de tout cela, je vous rappelle les sourates en questions. Sur l’antisémitisme : les juifs « s’efforcent à corrompre la terre » (V.64) » ; c’est « un peuple criminel » (VII.133)

Pour bien comprendre, il faut décortiquer cette phrase. Lisez en premier lieu le verset 64.

Sourate 5, verset 64 : « Et les Juifs disent : « La main d’Allah est fermée !  » Que leurs propres mains soient fermées, et maudits soient-ils pour l’avoir dit. Au contraire, Ses deux mains sont largement ouvertes : Il distribue Ses dons comme Il veut. Et certes, ce qui a été descendu vers toi de la part de ton Seigneur va faire beaucoup croître parmi eux la rébellion et la mécréance. Nous avons jeté parmi eux l’inimité et la haine jusqu’au Jour de la Résurrection. Toutes les fois qu’ils allument un feu pour la guerre, Allah l’éteint. Et ils s’efforcent de semer le désordre sur la terre, alors qu’Allah n’aime pas les semeurs de désordre. »

Dans ce verset Dieu répond à un juif qui dit que « La main d’Allah est fermée ». Dieu a bien spécifié les juifs visés dans ce verset. Il ne s’agit pas de tous les juifs, comme le dit Onfray, mais de ceux qui « s’efforcent de semer le désordre sur la terre ». ! Pour plus d’explications, je vous renvoie vers Tafsîr Ibn Kathîr, tome 3, page 146.

Et pour la partie  où l’auteur évoque « c’est « un peuple criminel » (VII.133) » ? Il a peut-être raison cette fois-ci ? On ne sait jamais ! C’est un philosophe avant tout !

Le Coran dit, dans le chapitre 7, verset 133 : « Et Nous avons alors envoyé sur eux l’inondation, les sauterelles, les poux (ou la calandre), les grenouilles et le sang, comme signes explicites, Mais ils s’enflèrent d’orgueil et demeurèrent un peuple criminel. »

Même en lisant ce verset le sens reste incompris ! Donc il faut lire le verset d’avant, qui dit ceci : « Et ils dirent : « Quel que soit le miracle que tu nous apportes pour nous fasciner, nous ne croirons pas en toi ».» (Sourate 7, verset 132)

Mais on ne sait pas encore qui sont ces  » ILS «  ? Pas d’inquiétude, c’est normal. L’explication se trouve dans le verset 130 où Dieu cite explicitement les gens de Pharaon: « Nous avons éprouvé les gens de Pharaon par des années de disette et par une diminution des fruits afin qu’ils se rappellent.»

En réalité, le verset 133 lui-même confirme bien que Dieu ne parle pas des juifs, mais de leurs persécuteurs. Parce qu’on sait que ce sont les gens de Pharaon qui ont subi la colère divine (les inondations, les poux, grenouilles…). C’est même un fait adapté dans des films sur le Prophète Moïse.

Je profite pour rappeler que dans le Coran on trouve plusieurs sourates où Dieu raconte les Histoires des peuples d’avant l’Islam. En effet, le Coran aborde l’Histoire de plusieurs civilisations. Il s’agit avant tout d’un appel à la sagesse en invitant le musulman à tirer les moralités et les leçons nécessaires à travers ce qu’avaient connu ces différents peuples (croyants ou non).

Mais Michel Onfray n’a pas compris cette nuance, lui qui a ne cesse de dire qu’il a lu et compris le Coran ! L’exemple suivant illustre également cette compréhension tordue du Texte coranique.

  1. Sur la soi-disant misogyne du Coran, il argumente avec le verset suivant: « Lorsqu’on annonce à l’un d’eux la naissance d’une fille, son visage s’assombrit, il suffoque, il se tient à l’écart, loin des gens, à cause du malheur qui lui a été annoncé. Va-t-il conserver cet enfant malgré sa honte, ou bien s’enfuira-t-il dans la poussière ? » (XVI.58)

Est-ce vrai ? On sait que des musulmans ont un problème avec la notion de la femme, est-ce le cas du Coran aussi ? Moi qui pensait que cet état d’esprit était celui d’avant l’islam ! Regardons alors ce verset, peut-être qu’Onfray, le « théologien », va nous apprendre des choses intéressantes !

Sourate 16, versets 57,58 et 59 : « Et ils assignent à Allah des filles. Gloire et pureté à Lui ! Et à eux-mêmes, cependant, (ils assignent) ce qu’ils désirent (des fils). Et lorsqu’on annonce à l’un d’eux une fille, son visage s’assombrit et une rage profonde [l’envahit]. Il se cache des gens, à cause du malheur qu’on lui a annoncé. Doit-il la garder malgré la honte ou l’enfouira-t-il dans la terre ? Combien est mauvais leur jugement ! »

A travers ces versets le Coran dit une chose, et Onfray leur fait dire toute une autre, abominable, et loin du vrai message. J’ai souligné  « Combien est mauvais leur jugement ! » parce que c’est vraiment dans le même verset, 59. Dans ces versets Dieu parle des polythéistes, qui préfèrent les garçons aux filles. Quand une fille naisse chez eux, ils rejettent la « faute » sur Dieu et pensent à l’enfouir sous la terre ! C’était une « pratique » connue chez certaines tribus arabes d’avant l’islam. Le Coran nous dit aussi qu’Ils assignent à Dieu des filles, en disant que les anges sont ses filles. Cela dit, pour plus de détails, je vous invite à lire Tafsîr Ibn Kathîr, tome 4, pages 577 et 578.

Onfray n’a pas dit la vérité à ses lecteurs en citant un verset incomplet. Il va couper le verset tout en sachant que la suite (le souligné) dément ses dires. Est-ce vraiment honnête de sa part d’opérer ce genre de bricolage, digne d’un faussaire ? Je ne le pense pas. Peut-être que Pascal Boniface va le démystifier dans son prochain livre.

Il faut vraiment lire ce livre pour comprendre que ce philosophe n’a rien compris ou/et intellectuellement malhonnête. Mais notre philosophe n’a pas tout dit.

  1. Toujours dans le même livre, Onfray écrit : « Il [le Prophète] déclare que tous les hommes de la tribu des Qorayza seront décapités et leurs femmes vendues en même temps que leurs enfants. Presque un millier de juifs sont ligotés et décapités les uns après les autres au bord d’une fosse commune: « Le cataclysme fondit sur eux et le matin suivant ils gisaient dans leurs demeures. » (VII.78)»

Maintenant lisez ce que dit le Coran, sourate 7, versets 77 et 78 : « Ils tuèrent la chamelle, désobéirent au commandement de leur Seigneur et dirent : « ô Salih, fais nous venir ce dont tu nous menaces, si tu es du nombre des Envoyés ». Le cataclysme les saisit; et les voilà étendus gisant dans leurs demeures. »

On comprend facilement que le Coran parle de Thamud, qui a fait du mal à la chamelle de leur prophète Sâlih. Il ne s’agit pas du tout de juifs comme le prétend Onfray. A la simple lecture du Coran, on peut le savoir dans la sourate 17, verset 59 : « […] Nous avions apporté aux Thamud la chamelle qui était un [miracle] visible : mais ils lui firent du tort. »

Par ailleurs, après tous ces versets déformés, on peut dire que l’auteur n’a pas vraiment lu le Coran. Il écrit : « hormis de rares exceptions, toutes les sourates du Coran s’ouvrent en invoquant la miséricorde divine : « Au nom de Dieu, celui qui fait miséricorde, le Miséricordieux ! » » Or, tous ceux qui ont lu le Coran peuvent remarquer qu’il n’y a que la sourate 9 qui fait l’exception en la matière, pour de raisons que je ne peux évoquer ici.

Après avoir lu ce que j’ai écrit, le lecteur est certainement frappé par la malhonnêteté intellectuelle de Michel Onfray. Cependant, Onfray va essayer de justifier son bricolage :

« Que faites-vous de mes citations du Coran et de la Sîra ? Des faux ? Des insultes ? Des mensonges ? Des propos malveillants ? Des prises de position islamophobes ? Pour que nous puissions échanger il faut au moins, d’abord, qu’on ne méprise pas celui qui a lu en disant qu’il prétend avoir lu, ensuite lire ce qu’il a lu, enfin connaître la validité des textes sacrés de la religion musulmane. Sinon, rien n’est possible… Question de méthode… »

Attendez, il n’a pas fini. Il ajoute après : « Oui ou non, ces sourates se trouvent-elles dans le Coran ? Si oui, que faut-il en faire ? Sinon, comment expliquez-vous qu’on les trouve dans toutes les traductions et toutes les éditions françaises de ce livre ? De la propagande sioniste ? Des inventions de mécréants, de chrétiens et de juifs, d’infidèles et d’athées pour nuire à l’islam ? […] Est-ce être islamophobe que de dire ce qu’on trouve dans le Coran quand on le lit ? »

Non, Mr Onfray ! Votre travail est une arnaque intellectuelle. Une imposture. Si la journaliste connaissait, tant soit peu, les versets coraniques que vous avez cités, elle vous aurait fait savoir que vous dites des âneries dans un langage éloquent. Et elle aurait due citer Henry Mencken pour vous clouer le bec !

En effet, ce que fait Onfray dans ce livre avec les versets n’est pas autre chose qu’un bricolage d’amateur ou d’écolier. Ça n’a rien d’une démarche scientifique sérieuse et objective. La combine avec laquelle il traite les versets est médiocre. Chaque musulman sait qu’il ne devrait pas comprendre les versets selon ses désirs individuels. Et c’est pour cette raison il y a des références en la matière. Des grands juristes musulmans que suivent les musulmans. Les quatre grandes écoles juridiques (et d’autres moins importantes) ne sont pas le fruit du hasard, mais de réflexions poussées. Des savants se sont spécialisés dans l’exploitation et l’explication du Coran, comme Ibn Kathîr, Tabarî

Ils passent toutes leurs vies à essayer de comprendre le Coran et ses messages subliminaux, qu’on ne peut pas comprendre lors d’une simple lecture. Cela dit, ils n’y arrivent pas tous d’ailleurs, mais d’autres réussissent à voir et interpréter de nouvelles choses qu’on avait du mal à expliquer en fonction d’évènements historiques ou de découvertes scientifiques de l’époque.

Il y a des savants musulmans qui connaissent le Coran par cœur et dans ses moindres détails, sans prétendre sa totale maîtrise. Ce n’est pas le travail de profanes, mais d’initiés qui ont des acquis considérables (linguistiques, historiques, et connaissance profonde en science du hadîth.…) et nécessaires pour penser l’islam. Même avec un bagage intellectuel approprié, ils sont toujours humbles devant la grandeur du Coran, qui n’arrête pas de les étonner d’ailleurs. C’est est un océan sans limites. Cette phrase « Seul Allah sait » n’est pas anodine. Au contraire. Elle reflète, en effet, l’état d’esprit de ces savants musulmans qui cherchent le Savoir, sans aucune prétention et avec beaucoup d’humilité.

Par ailleurs, si on ajoute au Coran les hadîth (une science à part entière et très complexe), alors la tâche du savant musulman devient énorme. Car on ne parle pas d’un livre écrit par un mortel, tels que les Évangiles, le Talmud… On ne parle pas de Platon, d’Aristote, de Marx… Mais d’un Livre divin, un miracle en soi, et d’un Prophète dont la tâche était de transmettre ce Livre sacré à l’humanité entière.

Alors avant de parler et de jouer les savants, Onfray devrait commencer à lire ce qu’on a écrit au sujet de l’islam, une tâche très difficile d’ailleurs. On ne peut pas réduire l’Islam au Coran et aux hadîth. Il ne s’agit pas des dizaines de livres de Freud, de Camus… Non, c’est un autre niveau. Pendant ces 14 siècles passés, les musulmans ont produit des millions de livres, traitant tous les sujets, qui ne peuvent pas être résumés avec les paroles d’un profane inculte et arrogant.

C’est vrai que pour penser l’islam il faut être parmi les doués d’intelligence. Et j’ai du mal à imaginer Michel Onfray parmi ces gens, surtout après avoir lu son livre. Je vous laisse décortiquer, entre autres, cette phrase: « […] le ramadan est obligatoire, les cinq prières aussi, le pèlerinage également, sans oublier l’aumône et le jeûne. »

S’il vous faut une citation pour résumer ce livre-entretien, je ferais appel au grand juriste Al Shafî’i, qui disait : « Je n’ai jamais débattu avec un savant sans gagner et je n’ai jamais débattu avec un ignorant sans que je perds. »

En lisant et écoutant Michel Onfray, j’ai constaté qu’il ne fait pas du tout le distinguo entre l’islam et l’islam politique. Pour lui, c’est la même chose. C’est très étrange au regard de nombreuses études qui ont été publiées sur ce sujet. Pour élargir ses horizons je lui conseille, comme introduction à ce sujet, l’indispensable livre d’AL-ASHMAWY, « L’islamisme contre l’islam ».

Pour finir. Finalement, ce qu’il reproche au Coran c’est qu’il contient des phrases qui, une fois prises hors de leur contexte et bricolées à sa sauce, sont utilisées pour justifier la violence. Dans la même optique, il reproche à la Bible le fait qu’Hitler s’en est inspiré d’un passage où le Christ chasse les marchands du Temple (juifs) ! Avec ce procédé, peut-on reprocher à K. Marx son livre Capital ? À Smith son livre sur la richesse des nations ? Deux auteurs avec deux Bibles, pour certaines personnes.

Cette démarche n’est pas du tout scientifique! Il faut expliquer à Michel Onfray que le Coran n’est pas un Traité de l’amour ! Non, c’est un livre unique en son genre, qu’on ne peut classifier à l’aide des sciences profanes. Évidemment que les scientifiques et philosophes honnêtes savent que le Coran est un livre éternellement et universellement applicable.

 

Nabil de S’BIHA

Universitaires Algérien

25/06/2016

 

PS: Je n’ai pas cité les numéros de pages parce que j’ai eu la version électronique (EPUB), dont la numérotation est différente. Toutes mes excuses pour cette gêne !

 

1 COMMENTAIRE

  1. Qu’est-ce que vous attendez d’un « philosophe » qui promeut l’hédonisme, l’athéisme,et l’anarchisme selon Wikipédia?Heureusement,a l’heure de l’Internet personne n’est contraint a une seule source du savoir.Ce philosophe est d’ailleurs quasi inconnu dans le monde anglo-saxon a cause de son ignorance de la langue anglaise.

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