Qui a dit que la police boulitique a été dissoute et que le sinistre centre de Antar n’est plus « fonctionnel »??

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DRS4Après avoir été malmené dans une caserne à Hydra

Wahid Bouabdellah se plaint au Président

El Watan, 14 juillet 2016

L’affaire du député Wahid Bouabdellah ne semble pas prendre fin.

Après sa convocation, par téléphone, à la caserne Antar, à Hydra, où il a devait répondre à une cascade de questions brutales d’un colonel, c’est au tour de son fils de faire l’objet de pressions à travers des missions de contrôle fiscal et de blocage des comptes de sa société.

Terrorisé, Bouabdellah ne veut pas aborder les détails de son passage à la caserne de Antar, à Hydra, qu’il dit avoir relaté dans une lettre adressée au président de la République et à certains de ses proches, des députés. C’est grâce à ces derniers que nous avons pu reconstituer le film de cette dérive, vécue douloureusement par le député. Tout commence avec un coup de téléphone.

«C’était le colonel Smaïl, de la DSI (Direction de la sécurité intérieure, ndlr). Il demande à Bouabdellah de se présenter à la caserne Antar, à Hydra. Ce dernier tente de savoir de quoi il s’agit, mais son correspondant le somme, d’un ton sec, de passer le lendemain.

Ce qu’il fait. Dans la salle d’attente, il reconnait un officier, mais pas le colonel Smaïl, qu’il n’a jamais vu. La main sur le colt, il passe devant lui et lui demande de le suivre à son bureau.

La discussion commence par cette phrase : ‘Ne me parlez surtout pas de l’immunité parlementaire… ici, elle n’existe pas, vous la laissez dehors.’ L’officier se lance dans une série de questions sur le contenu de l’entretien publié quelques jours avant.

‘De quel droit vous traitez un homme comme Chakib Khelil de voleur ? Comment osez-vous remettre en cause la décision du Président de mettre à la retraite le général Toufik ? C’est lui qui vous dicte vos écrits ? Comment osez-vous dire que le Maroc est mieux que l’Algérie et que le roi Mohammed VI est quelqu’un de bien ? Vous comptez avoir un retour d’ascenseur ? Je peux vous créer des problèmes.

Vous étiez à Air Algérie, nous avons le dossier.’ Bouabdellah ne s’est pas laissé faire. Il leur a dit : ‘Faites-le, présentez-moi devant un tribunal si vous avez des preuves.’

Le colonel lui a répondu : ‘Nous sommes un service de renseignement. Lorsqu’on cherche, on trouve.’ Le député s’est emporté. Il lui a répliqué : ‘Voulez-vous dire que vous fabriquez des dossiers ?’ Les échanges de propos se poursuivent dans une ambiance électrique et tendue.

L’officier va jusqu’à évoquer la famille révolutionnaire en lançant au député : ‘Ne vous targuez pas d’être de la famille révolutionnaire, qu’elle aille au diable (idezzou maahoum).’ Remarquant la nervosité de Bouabdellah à la suite de ces propos, l’officier se ressaisit et précise : ‘Je ne voulais pas dire qu’elle aille au diable. C’est juste une façon de parler’…

Après trois heures d’interrogatoire, le député quitte la caserne très affecté. Se sentant mal, il s’est dirigé droit vers l’hôpital, où un malaise cardiovasculaire est diagnostiqué», racontent nos interlocuteurs, auxquels Bouabdellah s’est confié oralement mais aussi par écrit, à travers un récit détaillé de l’interrogatoire.

Ne pouvant taire ce que nos sources qualifient de «bavure», le député s’est plaint par écrit au président de la République. Le rapport de deux pages a été transmis, avant qu’il parte en voyage pour un contrôle médical.

Comptes bloqués et contrôle fiscal du fils du député en représailles

L’interrogatoire de Bouabdellah fait le tour des députés, mais aussi de son entourage. Après deux semaines, il rentre au pays. Ses déboires n’en finissent pas. Cette fois, c’est son fils qui est visé. «On lui a envoyé une équipe des services des impôts qui ne quittent pas les bureaux de son entreprise, alors que ses comptes ont été bloqués, sous prétexte qu’il aurait loué à la chaîne El Khabar une régie mobile pour la transmission en direct.

Or, cette régie n’est pas faite pour le direct. Les experts l’ont affirmé», expliquent nos sources, qui précisent que si le député s’est confiné dans le silence, «c’est uniquement à cause de son fils qui fait l’objet de représailles». «Le député attend la réponse à la lettre qu’il a transmise au Président. Il attend que l’affaire de son fils soit éclaircie pour répondre à ses détracteurs de la manière la plus solennelle.»

Mais qui sont les détracteurs de Bouabdellah ? Certains de nos interlocuteurs affirment que le colonel Smaïl ne peut recevoir des instructions que de deux responsables : le premier est le vice-ministre de la Défense, Gaïd Salah, artisan du démantèlement du DRS, qui voit l’ombre du général Toufik, dont il a précipité le départ, derrière tous ceux qui critiquent la gestion du clan présidentiel et surtout son ambition politique criante.

Sa campagne de «détoufikisation» au sein l’armée a conduit à la mise à la retraite d’office de nombreux officiers, même supérieurs parfois des plus émérites ; le deuxième responsable n’est autre que le général Tartag, chargé de la coordination des services de sécurité : la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI), la Direction générale de la documentation et de la sécurité extérieure (DGDSE) et la Direction générale du renseignement technique (DGRT), qui dépendent de la Présidence, alors qu’elles étaient, avant la restructuration, sous la coupe du ministère de la Défense. Qu’elle émane de Gaïd Salah ou de Tartag, la décision de malmener un député, de l’intimider et de le menacer est très grave.

Elle n’est pas la première, puisque des personnalités politiques, ayant fait partie du «groupe des 19», avaient fait l’objet de chantage et de menace d’enlèvement de leurs proches par des officiers, reconnus comme appartenant à la Direction centrale de la sécurité de l’armée (DCSA), rattachée directement à l’état-major de l’armée, alors que les officiers de la DSI ont bien arrêté le journaliste freelance Mohamed Tamalt, qu’ils ont interrogé à la caserne Antar, à Hydra, avant de le présenter au tribunal qui l’a placé sous mandat de dépôt, pour des faits n’ayant comme sanction que des amendes.

Tandis que l’on pensait qu’elles étaient révolues, ces pratiques de barbouzes sont en train de s’installer dans la durée, sans que les autorités, notamment la justice, réagissent. L’affaire du député Wahid Bouabdellah est grave. Elle interpelle la classe politique, mais surtout les parlementaires.

En se taisant sur le cas du député Missoum qui a été interdit de six plénières pour avoir critiqué un ministre, les députés ont ouvert la porte à des dérives qui risquent de toucher les plus protégés d’entre eux. Dans un pays où la police politique fait la loi, il n’y a point d’immunité et encore moins de justice.

Salima Tlemçani

6 Commentaires

  1. Voilà que nous retournons aux années noires. En fait nous les avons jamais quitté ces années de peur et d’injustice. Alors Saidani c’est ça ton fameux état civil ?

  2. Nous avons des Députés je ne savais pas encore un épisode de la guerre des clans par presse interposé Pauvre Algérie et surtout pauvre de nous

  3. Voilà que nous retournons aux années noires. En fait nous ne les avons jamais quitté ces années de peur et d’injustice. Alors Saidani c’est ça ton fameux état civil ? Lorsqu’un député avec son immunité parlementaire est convoqué par téléphone par une police qui n’a pas lieu d’exister, est insulté et humilié qu’en est-il d’un simple citoyen ?

  4. Salam 3alikoum

    Le loup n’a que la force de la meute.

    Encore une autre épisode triste (après son parcours mythique à Air Algérie)pour ce ce Monsieur.

      • @Rachid

        Entre l’alpha et l’omega ……….

        Mr R.Rezagui vient de publier un recueil de poèmes intitulé « sur le chemin des loups » ,ce n’est pas de la politique fiction mais la démarche sensée d’un lettré qui aborde les choses sous le bon angle.

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