« Tanger-Danger »

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doctoir-freres-salmi-15243-d016e9cd46be9ec5ee1ff99c10add0e031f78eabpar Youcef L’Asnami

 

« Je vous déconseille cet hôtel très sale ! Moisissures visible un peu partout sur la moquette ! Tête de lits hyper sale ! Très usés ! Équipement vieux en état catastrophique ! La salle de bain … Il préférable que je m’arrête là parce que je suis dégouté !!!  Passez votre chemin et cherchez ailleurs.. »

C’est un des très nombreux avis que l’on peut lire sur les sites spécialisés et relatif à la qualité d’un des hôtels réputés près de l’aéroport d’Alger, photos à l’appui pour certains.

 

Comme pour tout, les avis sont partagés mais il n’en demeure pas moins que la majorité des clients des grandes chaines hôtelières situées à Alger se plaignent surtout pour la cherté de la prestation compte tenu de l’offre de service proposée en matière de confort, de restauration, d’hygiène et de sécurité. A plus de 150 euro la nuitée – prix minimum-, on est en droit de s’attendre à une qualité de service digne de ce prix.

 

Il est vraisemblable que la majorité de la clientèle de ces hôtels sont soit des hommes d’affaires, soit des familles aisées résidant ou non en Algérie. Et si, à ce prix, on arrive encore à se plaindre de la qualité du service – certains commentaires sont très virulents et reçoivent quasi systématiquement une réponse nominative du directeur de l’établissement- qu’en est-il des « petits et moyens hôtels » algérois ? Ou même des « dortoirs » qui pullulent surtout au mois de Ramadhan ?

 

En fait, les avis sur les hôtels ne sont visibles que si l’établissement est référencé sur internet, sinon il faut tomber sur des blogs de particuliers qui donnent un avis personnel sans trop s’attarder sur cet aspect. En revanche, un « dortoir », comme celui des « Frères Salmi » à Rouiba, peut recueillir des avis positifs, comme celui-ci « J’ai été en famille à cet hôtel et je ne le regrette pas du tout, il est très bien placé à côté de pas mal de restaurants et je m’y suis senti très bien, les chambres sont propres, confortables et surtout c’est calme. »

Mais ce n’est pas toujours le cas.

La description de ces dortoirs, que fait une journaliste du Soir d’Algérie, avec comme sous titre « Tanger, danger » relève des films d’Alfred Hitchcock  « Rue Tanger. Un dortoir sordide prétendument baptisé hôtel. En pénétrant dans l’hôtel El Hidhab, c’est son nom, on a l’impression d’être ensevelis vivants dans une tombe. Il est environ 10 h. La réception baigne dans une pénombre qui vous donne froid dans le dos. Deux banquettes brinquebalantes faisant office de salon ont la tête à l’envers. Des couvertures par-ci, des oreillers par-là… Bref, un vrai capharnaüm. Comme s’il fallait encore enfoncer davantage le clou de la laideur, un fatras d’objets hétéroclites encombre la réception. (…). Une fois dans les chambres, nous sommes pris d’une crise de claustrophobie. Pas de fenêtre, lumière blafarde, aucun mobilier, toilettes turques faisant office de douche, absence d’eau chaude, draps délavés, couvertures rescapées de la guerre 14-18… De quoi se payer une bonne dépression ! Et pourtant, ce dortoir affiche complet. Malgré les prix exagérés (1 000 DA la chambre double et 600 DA la chambre individuelle), les clients se pressent au portillon. »

 

En fait, la classification des hôtels en Algérie et le nombre d’étoiles attribuées relève plus des prix que du confort et la qualité du service proposés. Et il n’existe pas de corrélation absolue entre les prix pratiqués par ces établissements et la qualité de la prestation offerte.

 

Bien évidemment les propriétaires des établissements critiqués pointent à leur tour l’incivilité de certains clients indélicats qui dégradent tout sur leur passage. Et on ne peut que les comprendre.

 

Les connaisseurs et les grands voyageurs ont recours à  Airbnb cette plateforme américaine communautaire de location et de réservation de logements de particuliers dont le site Internet contiendrait « plus de 1,5 million d’annonces dans 34 000 villes et 192 pays », dont Alger bien sûr.

Et là on peut trouver des hébergements corrects chez des particuliers dès 16 € la nuitée, ou alors le grand confort d’une maison en bord de mer à 50 euros la nuitée. Avec cette plateforme, vous pouvez avoir un hébergement plus que confortable à 20 euros dans presque toutes les grandes villes du monde ! Mais pour cette formule de location il faut disposer d’une carte bancaire ; ce qui n’est pas le plus difficile à avoir même pour l’Algérien moyen qui a été capable de débourser 100 euro la nuitée dans un hôtel au confort douteux.

 

En réalité, le problème de l’hébergement touristique ou d’affaires en Algérie est national et ne date pas d’aujourd’hui. Même si des progrès ont été enregistrés dans ce domaine, il reste que l’Algérie a pris un retard considérable sur ces deux voisins immédiats. A l’exception de la clientèle étrangère ou émigrée ou des familles algériennes aisées, l’ « Algérien moyen » ne peut se permettre de louer à ces prix exorbitants surtout que la qualité de la prestation n’est pas toujours en rapport.

 

A ces problèmes d’hébergement que rencontrent les algériens, il faut rajouter celui de la restauration. Là aussi, il ne semble pas y avoir une corrélation entre les prix des plats proposés et leur qualité. La presse nationale a également fait état des rackets, cet été, de bandes organisées qui se sont accaparés des parkings et des plages pour les rendre payants.

 

C’est ce marasme qui explique encore une fois l’afflux des algériens vers la Tunisie ou la Turquie qui a été largement rapporté par nos médias.

 

Comme on l’écrivait l’an dernier à cette même époque, « L’Algérie vue du ciel » n’est pas à la portée de tout le monde. Mais beaucoup d’algériens savent ce que c’est « l’Algérie vue de terre ». La responsabilité des pouvoirs publics dans le retard pris dans le domaine de l’hébergement touristique est manifeste. Parce que pour une bonne partie de la caste au pouvoir, leurs vacances sont ailleurs qu’en Algérie et donc ce problème les concerne peu.
A un algérien qui déplorait sur un blog l’état de l’infrastructure hôtelière en Algérie malgré nos réserves de change, un autre bloggeur lui répondit : « On t’a dits qu’il y avait des réserves ? Tu les as vu ? Ou tu crois tout ce qu’on te dit ? C’est pas l’ALGERIE qui a des réserves ce sont nos dirigeants qui ont des réserves en SUISSE. » ! C’était en 2007 !

 

La vérité ne sort pas que de la bouche des enfants.

 

Je souhaite une bonne reprise à toutes celles et tous ceux qui ont pu prendre ou non des vacances.

 

Youcef L’Asnami

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3 Commentaires

  1. une enquete initiee par le ministere du commerce releve qu au niveau du commerce de detail 80% des commercants ne connaissent pas leur travail! alors d ici a admettre que le commerce est un metier ca devient un leurre!!! En algerie on devient commercant, hotelier ou meme PDG ou ministre parce que l on a tout simplement etait au bon moment au bon endroit et avec « les bons patrons ».
    l environnement economique de toutes les entreprises coutent tres chers et ne permet pas de maitriser les couts et d avoir surtout le choix de la qualite…l emergence de grandes centrales d achats specialisees ne voit pas encore le jours Le tourisme ou plutot l hotellerie fait partie de ce maillon et n arrive pas encore a s exprimer devant une bureaucratie tres envahissante…..Si ailleurs lorsqu on veut connaitre d ou viennent les gouvernants de tel ou tel pays LA reponse est tres simple! il n y a qu a jeter un cout d oeil du cote de leurs grandes ecoles! SCIENCES PO? POLYTEQUE, hec…du commercant a l hotelier ou au dirigeant c est l expression d une nation qui n arrive pas a faire sa mue et qui entretien des « specifites » que seules leurs auteurs comprennent!!! La societe est structuree par la volonte d une geroncratie fatiguee est usee par les viscicitudes de la vie et surtout de la rente…la qualite de la prestation hoteliere dans ses segments de marches n est pas encore entre de bonnes main d une part parce que au niveau local la plus importante demande exprimee provient d un seul donneur d ordre qui vit largement au dessus de ces moyens et qui est surtout tres genereux: l etat et ses demembrements…
    et si la demande n est pas exigeante forcement l offre demeurera mediocre et ne maitrisera pas ses couts!!!!Creer un dortoir , un hotel ou un complexe devrait normalement relever de la volonte de la societe loin tres loin de cette bureaucratie qui complique et decourrage les meilleures volontes et qui pousse parfois le ridicule jusqu a delivrer des etoiles alors que la qualite de ses propres prestations demeurent encore tres mediocre!!!

  2. Bonjour à tous,

    Lorsque l’on dispose d’un énorme potentiel financier et humain et que l’on débouche sur des ratés partout avec des zéros pointés partout et un chaos quasi certain, les explications sont triviales…Ou bien les gestionnaires sont tous des nullards et des incompétents, ou bien les gestionnaires sont tous malhonnêtes, ou bien c’est les deux en même temps et c’est ce qui semble être le plus probable. Bonne journée à tous.

  3. LE titre est trompeur «  »TANGER – DANGER » ».Tout de suite j’ai pensé au film «  »Le dernier été à TANGER » » et à l’hotel AL MINZAH PALACE et au casino de l’hotel MALABATA et au Night Club BLOW UP,au Bistro NEGRESCO lieu de chûte de TENNESSI William et Jean GENET et de Hamphrey BOGARD,bref,le Tanger mythique,finalement il s’agit d’hotels taudis de la rue de TANGER,pour améliorer le sérvice ,il n’ y a qu’a envoyer le personnel faire un stage DE PERFECTIONNEMENT à TANGER CITY

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