Accusées d’avoir corrompu des responsables algériens: Rover Alcisa et Assignia devant la justice espagnole

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C3Moncef Wafi

Le Quotidien d’Oran

7 septembre 2016

José de la Mata, le juge anti-corruption de l’Audience nationale a cité à comparaitre, pour le 14 septembre prochain, Salvador Tordera, le DG du groupe espagnol de construction Rover Alcisa et Adolfo Lopez, le directeur du groupe Assignia, spécialisé dans les infrastructures, les services et les énergies renouvelables, pour leur implication dans le dossier de corruption où ont été cités nommément Gustavo de Arístegui, ancien ambassadeur d’Espagne en Inde, qui a démissionné après l’éclatement du scandale et Pedro Gomez de la Serna, l’ex-député du Parti Populaire espagnol, au pouvoir, soupçonnés d’avoir touché plusieurs millions d’euros de commission via leur société Voltar Lassen, suite à l’obtention de contrats publics par des sociétés espagnoles en Amérique Latine, en Moldavie et en Afrique, plus précisément en Algérie.

En principe, le juge accuse les deux directeurs de délits de corruption dans les transactions commerciales internationales, corruption, blanchiment d’argent dans le cadre d’une organisation criminelle. Salvador Tordera et Adolfo Lopez auraient eu recours aux bons auspices de l’ancien diplomate et de Pedro Gomez de la Serna en échange de commissions de 3%. Les sociétés ont payé au moins 2,4 millions de pots de vin en seulement neuf mois. Dans cette affaire qui remonte à fin juillet dernier, et révélée aujourd’hui, le juge constate l’existence de dizaines de contrats paraphés par les deux sociétés avec Voltar Lassen pour obtenir divers contrats dont la réalisation du tramway d’Ouargla. Ainsi, le parquet de Madrid soupçonne que sur les 230 millions d’euros, montant du projet, au moins 3% (7 millions d’euros) auraient été versés à de hauts responsables algériens par l’entremise d’une société de consulting «Unies Consultancy Services», dirigée par les autres responsables du PP, également dans le banc des accusés dans cette affaire, Lopetegui Suarez et Suarez Hermoso de Mendoza. Le rapport de José de la Mata indique également qu’une société néerlandaise, BV Castelino, aurait été utilisée pour payer des responsables gouvernementaux algériens. En outre, la presse ibérique indique que des sommes d’argent allant de 5.000 à 10.000 euros auraient été transférées à travers Western Union, par les entreprises espagnoles Elecnor, Assignia et Rover Alcisa à des proches de responsables algériens impliqués dans ce scandale et résidant en France. Selon le juge anti-corruption, les deux sociétés espagnoles ont versé à l’entreprise de Arístegui presque trois millions d’euros sur un compte bancaire en Espagne puis transférés vers un autre à Dubaï. Les paiements ont eu lieu entre juin 2014 et mars à 2015. Rappelons que cette affaire a éclaté au grand jour après des révélations faites sur un scandale de corruption impliquant des responsables de l’Algérienne des eaux (ADE) et des politiciens espagnols. Cristobal Tomé, intermédiaire espagnol présent en Algérie depuis 30 ans est l’homme par qui le scandale est arrivé, reconnaissant avoir effectué des transferts d’argent à travers Western Union aux proches de dirigeants de l’entreprise nationale. Deux lettres adressées aux services anticorruption espagnoles par cet ancien associé de Voltar Lassen ont révélé l’affaire impliquant des cadres de l’ADE. On apprend que Cristobal Tomé indique avoir versé de l’argent aux membres de la famille de responsables de l’Algérienne des Eaux pour l’obtention d’un contrat de construction et de montage d’une canalisation dans le cadre du projet de station de dessalement d’eau de mer à Souk Tleta, dans la wilaya de Tlemcen. Le contrat d’un montant de 250 millions d’euros permettait à Arístegui et De la Serna de toucher une commission de 1% via leur société Voltar Lassen. Dans ses écrits datant de mars 2012, l’intermédiaire espagnol indique explicitement avoir procédé à des versements, la plupart effectués par Western Union vers la France et «destinés aux familles des dirigeants de l’entreprise publique». Il explique pouvoir remettre les justificatifs des avances qu’il a lui-même versées pour faciliter l’obtention du contrat et demande ainsi que les sommes promises soient complétées par Elecnor. L’homme aurait d’abord payé avec son propre argent avant de réclamer à son entreprise 575 000 euros pour compléter les versements. Il a admis auprès des journalistes espagnols avoir payé «pour faciliter le succès de l’opération». D’après le journal, pas moins de 2,5 millions d’euros de commission ont été versés aux proches de dirigeants algériens pour remporter le contrat d’un montant de 250 millions d’euros desquels 1% était prélevé par les deux politiciens.

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