AUTOPSIE D’UN EPISODE DE LA GUERRE DES CLANS

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Dounia parc

Symptomatique encore une fois que cette affaire de Dounia Parc dans la guerre des clans. L’existence de ce projet fut rendu publique pour la première fois lors de la deuxième campagne présidentielle de Bouteflika en 2004. Relativement puissants, des opposants à un deuxième mandat dénonçaient à l’aide de fuites, savamment orchestrées en direction de la presse, l’attribution par le Président sortant du territoire nommé les Grands Vents à une société émiratie. Cette société disait-on projetait d’investir (ce que les mêmes opposants mettaient en doute) jusqu’à cinq milliards de dollars dans la réalisation d’un grand complexe comprenant entre autre un espace de convivialité familial nommé Dounia Parc.  Le président candidat était accusé  d’avoir cédé  les ‘’Grands Vents’’ d’une manière fort complaisante aux émiratis auxquels il serait nous disait-on redevable pour avoir été soutenu par ceux là lors de sa traversée du désert. Il  est alors très important de retenir, que le projet d’investissement fut, à la suite de cette campagne, abandonné par la société Emiratie. Acte I.

Aujourd’hui, nous apprenons par le biais du ministre du tourisme que 65 hectares, soit 650 000m2 de ce très bel espace furent attribués illégalement à 96 particuliers dont 40 d’entre eux réservaient cette attribution à la réalisation de fast-foods ce que le ministre qualifie de crime et c’est peu dire. Par contre, le ministre ne précise nullement les dates d’attributions des lots, ne nomme aucunement les bénéficiaires, encore moins les bienfaiteurs et les termes des marchés. Il se limite à dévoiler la teneur  d’une grande malversation et ignore encore superbement d’informer sur les suites légales à donner à l’affaire. Il devient alors important à ce stade de remarquer que cette ‘‘dénonciation partielle’’, œuvre du ministre du secteur en personne est très médiatisée, comme c’est  aussi publiquement que le ministre de la justice lui même demandait à son confrère ministre du tourisme de saisir la justice et de se constituer partie civile auprès du tribunal. Traitée publiquement, et à un niveau ministériel, l’affaire semble donc revêtir une importance toute particulière que ne justifie nullement la teneur du scandale de Dounia Parc. Acte II.

Pour mieux encore appréhender les tenants et aboutissants de l’histoire, il faut absolument  se rappeler qu’une chaine de télévision algérienne privée avait mis en scène en 2015 un des bénéficiaires d’une partie des fameux 65hectares. Ce dernier se plaignait alors d’avoir reçu des autorités locales l’ordre d’arrêter les travaux en cours sur son lot qu’il avait obtenu en toute légalité disait-il il y avait de cela trois ans. Acte III.

Pour autant, la dénonciation du ministre du tourisme (Aout 2016), qui arrive près d’une année après le fameux reportage de télévision sur le sujet (2015), ressemble à du don quichotisme caractérisé au même titre du reste que l’annonce du premier ministre qui disait que les correctifs nécessaires ont été apporté à l’affaire sachant que la correction en question n’est que l’interdiction signifiée aux attributaires de poursuivre les travaux sur ces lots ce que nous savions donc et aussi depuis déjà au moins 2015 à travers le même magazine. Acte IV.

Très vite donc, une première conclusion s’impose. En effet, et compte tenu du témoignage public de cet attributaire à la chaine de télévision privée, nous savons que le début des attributions des 96 lots remonte au moins à 2012 comme nous savons aussi à travers la même complainte, que les autorités avaient signifié l’arrêt des travaux (aux 96 bénéficiaires ?) au moins en 2015 date de la diffusion du reportage en question.

En définitif, ce qui précède conduit à penser que les Grands Vents étaient convoités au moins depuis 2004, ce qui justifiait la campagne de presse de l’époque destinée à faire pression et pousser aux retraits des investisseurs étrangers libérant les Grands Vents aux grands prédateurs. Mais qui pouvaient être ces grands prédateurs dont le ministre cache savamment l’identité et dont la puissance ou la position hiérarchique arrivait à l’époque à mettre en échec le ‘‘Pouvoir’’ du Président pour leur permettre de s’emparer de la proie, la dépecer et la répartir ensuite aux grés des équilibres du clan ? Le tout dernier des quidams algériens vous répondra forcément, à tord ou à raison du reste, que l’œuvre met en relief l’empreinte de véritables grands décideurs. Mais qui pouvaient être ces véritables décideurs en 2012 ? (le dépeçage des grands Vents remonte au moins à 2012)

Un observateur de la scène politique algérienne relevait à ce propos que l’intérêt de la déclaration du ministre du tourisme résidait moins dans son fond que dans sa forme. En effet, le coté solennel et public de la déclaration disait-il sonnait comme une menace et il l’était et le sens de son vecteur serait donc orienté en direction des supposés responsables ou commanditaires de la pollution, ou considérée comme telle, qui caractérise la scène politique actuelle à l’approche des législatives (Affaire des 19 qui sollicitaient une entrevue au chef de l’état, ou des 14 moujahids qui revendiquent la tête du secrétaire général du FLN, les actions de déstabilisation des partis politiques proches du pouvoir, les doutes et critiques formulés sur les actions des pouvoirs publics en général, etc…).

La déclaration tout aussi publique du ministre de la justice qui demande à ce que l’on confie à ses services le soin du traitement de cette affaire l’enveloppe  de l’habit de la légalité et se veut donner encore plus de crédit et de sérieux à la menace  note le même observateur.

En somme, les deux ministres  ne livrent point bataille à des moulins à vents comme ils ne défonceraient point des portes ouvertes dans cette affaire poursuivait notre observateur. Ils seraient engagés en avant-garde d’une véritable guerre de pouvoir à travers le traitement, même très superficiel, d’une affaire réchauffée et remise au gout du jour et qui sert ici comme une arme ‘‘légale’’. Détentrices de la force régalienne à travers le glaive de la justice, les autorités publiques se suffisent d’un avertissement devant un clan qui lui mène sa guerre à travers un travail de sape en direction des populations dévoilant ce faisant toute la faiblesse d’un pouvoir qui culpabilise et qui n’arrive point à se hisser au niveau du véritable débat à l’instar du Président Turc pour extraire radicalement le mal sans faux fuyants.  Le message des ministres, poursuivait notre observateur, signifie aussi et surtout que le ‘‘crime’’ des Grands Vents ne saurait trouver justice, même s’il fut rendu public pour les besoins de la cause, si ses auteurs (du très beau monde certainement) diminueraient de leurs nuisances politiques en direction des pouvoirs publics. La démonstration d’une justice à deux vitesses et de la classification de la population en deux collèges sont dans ce cas de figure établies et donc démontrés. Le Pouvoir semble superbement ignorer ou totalement négliger l’opinion publique qui ne s’explique pas que l’on se suffise de menaces en direction des auteurs d’un double crime (Celui du dépeçage illégal des grands Vents et celui responsable d’un climat politique délétère) lorsque l’on réprime avec force une manifestation de vieilles femmes appelant à plus de justice dans leurs revendications. Cette guerre des clans maltraite et use une Algérie au bord de la dépression, et c’est connu, le dépressif reste cependant hautement imprévisible.

Celena. D

2 Commentaires

  1. 65 HECTARES A L EQUIVALENT DE 400 EUROS LE M2 = 260 MILLIARDS DE DOLLARS !!!DE QUOI CREER UN AUTRE FONDS DE PEREQUATION QUI SAURAIT PRESERVER L ENSEMBLE DES PROJETS ANNULEES OU MIS EN VEILLEUSES !!!! l appel a l epargne deja lance et que l on veut encore relancer n a pas produit plus de 5 MILLIARDS DE DOLLARS ! MEME LES MEMBRES DU FCE QUI ONT PROMIS AU MOINS L EQUIVALENT DE 1 MILLIARDS D EUROS N ONT PAS PU TENIR LEURS PROMESSE EUX LES « ACTEURS »et BENEFICIAIRES DE LA RENTE !! ils NE FONT PAS CONFIANCE A CETTE OPERATION…ils EXPRIMENT PAR CETTE ATTITUDE sans le vouloir UN MANQUE DE CONFIANCE ..cette confiance qui manque dans tout ce qui est entrepris trouve son origine dans des problemes de legitimites …qui donnent libre cours a la corruption a l abus et a tous les exces…aucun secteur n est epargne par les derives ni la sante avec ses lots de drames et de crimes ni l education avec ses lots d erreurs ni les collectivites locales avec leurs lots de corruptions bien exhubees qui defient avec arrogance le code des marches publiques ne sont epargnes…cette guerre des clans n en est pas un car il n y a qu un clan c est comme le packaging c est toujours de la farine mais en la vendant sous ds conditionnements varies on a l impression que ce sont plusieurs produits alors que ce n est rien d autre qu une farine dans laquelle on nous fait rouler periodiquement!!!!

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