Il y a 19 ans, l’horrible massacre de Bentalha.

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Bentalha4Bentalha: Autopsie d’un massacre

Jean-Baptiste Rivoire et Jean-Paul Billault
Temps Présent, TSR 1, 8 avril 1999, Envoyé Spécial, France 2, 23 septembre 1999
Transcription: algeria-watch

Le 8 avril 1999 la télévision suisse romande TSR 1 a diffusé le reportage « Bentalha: Autopsie d’un massacre » de Jean-Baptiste Rivoire et Jean-Paul Billault. Ce reportage a été rediffusé le 23 septembre 1999 dans le cadre de l’émission, Envoyé Spécial.

algeria-watch (aw): Le film relate les faits qui se sont déroulés dans la nuit du 22 au 23 septembre 1997 lors d’un massacre aux portes d’Alger qui a fait selon les sources officielles 85 victimes et selon les témoins au moins 200 morts. Une horde d’assaillants avait pénétré dans un quartier de Bentalha et égorgé pendant près de cinq heures hommes, femmes et enfants, pour enfin quitter le lieu sans être inquiétée. Après le bain de sang, toute information à ce sujet ne pouvait être qu’officielle, les survivants sont sévèrement contrôlés tandis que les journalistes étrangers ne sont autorisés à se rendre sur le lieu qu’accompagnés des forces de sécurité. Officiellement il est dit que des islamistes (GIA) auraient commis ces crimes mais de nombreux doutes persistent quant à cette version autorisée et colportée à travers le monde. Jusqu’à ce jour il n’a pas été enquêté sur les motifs, les responsabilités et les conditions de ce massacre. Cependant grâce à l’engagement courageux de certains journalistes et surtout des témoins, la lumière a pu être jetée sur certains aspects de cette nuit d’horreur. Le film est le fruit des recherches des deux journalistes Rivoire et Billault (et d’autres tels Saira Shah qui début 1998 a fait un film impressionnant sur les dessous du massacre de Bentalha) qui se sont appuyés sur du matériel produit peu après le massacre par des collègues. Ce film est un rappel que ce crime n’a toujours pas été élucidé.

Nous rapportons ici les passages les plus importants du film qui s’appuie notamment sur le témoignage d’un rescapé du massacre de Bentalha ayant trouvé refuge à Paris. A certains endroits nous avons résumé les commentaires et expliqué ce que les images du film montrent.

Nes: Je m’appelle Youss Nesrullah (Nes). Je suis algérien. Je suis né à Marseille mais je suis retourné avec toute ma famille en Algérie en 1966. J’ai habité Bentalha, j’ai commencé à construire à partir de 1988. J’avais une petite entreprise de bâtiments, de travaux publics. Je travaillais avec les écoles, les casernes.
En 1991, quand j’ai compris que les partis islamiques prenaient de l’ampleur et que tout le monde les soutenait, j’étais horrifié, j’avais peur. Moi, j’avais voté pour le FFS (Front des Forces Socialistes), mais c’est vrai que les gens avaient voté FIS, ils ont cru à plus de justice, ils voulaient punir un parti qui a mené le pays à la ruine. Ils ont plus voté contre le FLN que voté FIS.

Commentateur: Le 11 janvier 1992, l’armée algérienne refuse la sanction des urnes, c’est le coup d’état.

Nes: J’avais la rage car toute la population frappait du pilon: à Alger, à la casbah, à Baraki, tout le monde à 23h frappait du pilon, une façon de se révolter contre la décision des militaires d’avoir interrompu le processus électoral…
Dès 1992, quand l’Europe a aidé les militaires, ceux-ci ont repris confiance, ils ont eu des budgets et ont pu acheter du matériel pour mater la population. Ils ont mis tout le monde dans le même sac. Du moment que tout le monde avait voté FIS, ils ont tout mélangé: ceux qui habitaient Baraki, il n’y avait personne de propre parmi eux, c’étaient tous des salauds, tous des fanatiques, alors que c’était une population mélangée comme à Baraki, Hydra, Alger, à Bentalha. Certains étaient pour le FIS, d’autres non.

aw: Un autre témoin, interrogé en octobre 1997 par Saira Shah, est introduit à cet endroit du film. Ses déclarations concernent la période suivant l’interruption des élections.

Témoin: Pour eux [les militaires, les gouvernants] on était tous des terroristes. Il y avait beaucoup de barrages. A chaque fois, on levait les mains sur la tête, ils nous fouillaient . Parfois il y avait jusqu’à 6 barrages entre Bentalha et Hussein-Dey. Ils frappaient les gens parfois. Un jour, un officier avait sorti une liste de personnes recherchées. Avec une certaine agressivité il a dit: « si j’en trouve un, je le liquiderai sur place ».

Commentateur: A cette époque le régime annonce officiellement son intention d’éradiquer l’opposition islamiste. A Bentalha, beaucoup de jeunes prennent les armes contre l’état. Au début la population les soutient.

Témoignage d’une habitante: Au début toute l’Algérie les a soutenus, ensuite lorsqu’on a vu leurs frasques, leurs horreurs, on a fait marche arrière. Au premier vote, les islamistes ont remporté la mise… Mais on leur a supprimé l’élection. Alors ils ont commencé à s’en prendre aux gens de l’armée, du gouvernement. (…) Maintenant, on comprend plus très bien. Avant c’était le FIS qui tuait, maintenant, on nous parle de GIA.

Commentateur: GIA: groupes islamiques armés. Une organisation apparue en 1994 et rapidement soupçonnée d’être infiltrée par les services secrets algériens. Ancien diplomate algérien en Libye, Mohamed Larbi Zitout connaît parfaitement les rouages de l’armée algérienne. Dissident, réfugié à Londres, il prépare une thèse de doctorat sur l’histoire des GIA.

Mohamed Larbi Zitout: A partir de 1995, ce ne sont plus simplement des groupes infiltrés, mais des groupes complètement retournés: on est devant un phénomène de contre-guerilla, de contre-révolution. Le GIA devient un autre bras armé, théoriquement islamiste, en pratique, il fait le travail de la sécurité militaire, du régime algérien…

Commentateur: Dans le secteur de Bentalha en tous cas, certains groupes terroristes semblent effectivement tolérés par les autorités.

Nes: Les terros à Bentalha se promenaient librement sans être inquiétés. C’est vrai qu’il y avait de temps en temps des ratissages, mais c’était bidon: ils savaient la veille qu’un ratissage aurait lieu le lendemain. Les terros, ils avaient des complices partout.

Commentateur: Un mois après le massacre, une journaliste de radio britannique recueille à Bentalha un témoignage qui confirme que l’armée tolérait certains groupes terroristes du secteur.

Témoin (femme): Ils vivaient parmi nous, personne ne peut vous dire le contraire. Dès la tombée de la nuit, l’armée partait et eux, ils arrivaient avec leurs tenues afghanes et ils se baladaient dans le village. Mais l’armée ne leur a rien fait. Nous, tout ce qu’on pouvait faire, c’était de prévenir l’armée, mais elle ne faisait rien.

aw: Dans le reportage, la question est posée, si l’armée n’aurait pas pu empêcher les groupes terroristes de circuler librement dans ces quartiers. Nes, qui a travaillé pour l’armée, montre sur un plan dessiné à la main les emplacements des casernes aux alentours du lieu du massacre.

Nes: Il y avait la plus importante, celle de Baraki. Avec les événements, il y avait plein de militaires, des vrais, chargés de combattre le terrorisme. Et des relais; celui de l’ENEMA, avant Haouch Boukadoum, une autre à l’entrée de Bentalha et une autre à Kaid Gassem. Il y avait aussi la garde communale. Ce sont des gens armés, avec des tenues de combat bleues, un peu comme des « Ninjas ».

aw: Dans le commentaire, on explique plus précisément où sont ces caserne: celle de Baraki se trouve à 3,5 km de Bentalha, le poste militaire de l’ENEMA à 1,5 km, comme l’hospice de Kaid Gassem, où étaient également stationnés des militaires. A l’intérieur même de Bentalha se trouvent un poste militaire et un relais de la garde communale, à moins d’un km de Hai Djilali, le quartier le plus touché par le massacre.

Commentateur: C’est donc dans ce secteur, quadrillé par les forces de sécurité, que de mystérieux « groupes armés » officiellement islamistes ont longtemps terrorisé la population. Les a-t-on laissé agir?

En tous cas, de 1994 à 1996, leur violence a directement servi les intérêts du régime, en incitant les habitants à se retourner contre les islamistes.

Nes: A partir de 1996, ils ne pouvaient plus pénétrer à Hai Djilali. Les gens en avaient marre, ils ne voulaient plus entendre parler de tueries, de massacres. Il y avait trop d’injustices, on ne comprenait pas pourquoi on tuait les gens, pourquoi on enlevait les femmes. On trouvait des gens sans tête, c’était de la charcuterie, c’était des malades…

Commentateur: Ecourés par cette violence, Nesrullah et quelques voisins vont tenter de s’enrôler dans les rangs des patriotes, ces civils armés par le pouvoir pour organiser la défense des villages. Dans le secteur, beaucoup de patriotes sont d’anciens islamistes reconvertis en miliciens du régime. Nesrullah, lui, veut simplement défendre son quartier et sa famille, il va avoir bien du mal à obtenir des armes des autorités.

Nes: Avant le massacre de Rais, on avait demandé des armes aux militaires. Au début, ils nous avaient dit qu’on pourrait les avoir rapidement. Mais de jour en jour, avec la pression, on comprenait qu’ils se foutaient de notre gueule… Cela a duré des jours, des semaines, des mois…

aw: Même après le massacre de Rais le 29 août où près de 400 personnes ont été égorgées par un mystérieux groupe armé, les gens de Bentalha n’ont obtenu que de vagues promesses d’armes. Nes comprit que ces promesses n’étaient pas à prendre au sérieux. Ce n’est que le jour même du massacre de Bentalha, qu’ils apprirent qu’on leur remettrait des armes le 25 septembre. Le massacre de Bentalha devait avoir lieu le 22 septembre!

Larbi Zitout, ancien diplomate algérien: quand on entend votre témoin qui dit qu’on lui refusait les armes et qu’on lui a donné deux ou trois jours après, cela veut dire qu’on ne donne pas les armes à n’importe qui. On les donne après avoir massacré une partie du village, pour qu’ils soient sincèrement convaincus de la lutte anti-terroriste.

Commentateur: Quelques jours après ce massacre de Rais, d’importants renforts militaires se déploient dans les casernes de Baraki et de Kaid Gassem. Bizarrement, les militaires demandent aux habitants de ne plus monter la garde la nuit sur leurs terrasses.

Le soir du 22 septembre, à cause de l’insécurité, la femme et les enfants de Nesrullah sont réfugiés à Baraki. Lui s’apprête à passer la nuit à Bentalha dans sa maison.

Nous sommes à moins de deux heures du massacre, une étrange patrouille pénètre dans le village…

Nes: J’ai vu un groupe d’au moins une quarantaine de militaires. C’était bizarre car c’était la première fois qu’on voyait ces militaires là… Moi, j’ai cru que c’était les militaires de Kaid Gassem… C’était la même tenue de combat, avec des casques, bien habillés, des tenues neuves, des gilets pare-balles…
Ils avaient emprunté le chemin allant vers les orangeraies, vers Kaid Gassem. Ils ont pris ce boulevard, ils sont passés devant ma maison, ils nous ont bien regardés… ce qui est bizarre, c’est que mes amis Abdelkader,… ils sont venus me dire que les militaires ont dit: « ils sont en train de jouer aux dominos, les salauds… » Je me demande encore pourquoi ils ont dit cela? Et ils sont repartis par là, où sont arrivés les assaillants. Il était entre 21h et 21h30.

aw: Les militaires disparaissent donc dans l’orangeraie, une surface agricole, par laquelle on peut rejoindre à pied la caserne de Kaid Gassem. Nesrullah va connaître une autre surprise lorsqu’une demi-heure plus tard, la garde communale quitte son relais du boulevard de Bentalha pour venir inspecter son quartier Hai Djilali et le quitter ensuite. A 23h apparaissent alors les assaillants, venant des orangeraies. Très vite, ils investissent les premières maisons de Hai Djilali. Nes raconte:

Nes: Je me prépare à manger, je descends chez moi, c’était vers 23h / 23h 15, j’entends les premières bombes… C’était les cris, la peur, la panique, les enfants criaient, les femmes… déchiraient la nuit, c’était des cris horribles… J’ai essayé de comprendre, j’ai appelé Fouad.

Commentateur: Nesrullah appelle donc son voisin Fouad, dont la maison est cernée par une cinquantaine de tueurs.

Fouad dit à Saira Shah lors de l’interview menée en 1997: Ils étaient habillés avec des cachabias, vous connaissez? des jeans, des baskets blanches, des chechs noirs et des barbes… Des fusils de chasse à 2 canons et des klashs…
On a passé la murette, quand on a vu les militaires en train de venir. Oui, les militaires venus nous aider, on est monté dans une grande maison, mais ils ont stoppé. Ils ne sont pas venus… ils ont cessé d’avancer. Et les terros, ils ont encerclé tout notre quartier. Ils ont commencé à encercler notre quartier à minuit, ils ont égorgé les garçons, les femmes, les vieux. Et nous, c’était chacun pour soi, on a tenté de fuir…

aw: Les militaires se trouvaient à 300 m de la maison de Fouad sur le boulevard de Bentalha. De nombreuses personnes ont observé qu’avant le massacre des blindés avaient été postés sur le boulevard. Il y avait aussi des ambulances, comme si on s’attendait à de nombreux blessés. Les personnes qui essayaient de fuir furent retenues dans leur quartier. Ceux qui néanmoins réussirent à le quitter se rendirent chez les soldats pour demander de l’aide. Ces derniers leur répondirent qu’ils n’avaient pas reçu l’ordre de tirer.

Nes: J’ai vu deux BTR (blindés), après j’ai su qu’il y en avait 6. On croyait réellement que les militaires étaient venus pour nous secourir. On a crié: « Les militaires arrivent », mais les assaillants s’en foutaient, comme s’ils savaient que les militaires n’interviendraient pas.
C’est là que Abdelkader a pris la parole et leur a dit: « allez vers les militaires, nous, on ne vous a rien fait! » Et là, c’est comme s’il avait pressé sur un bouton, c’était un flux d’insultes, de blasphèmes… j’en croyais pas mes oreilles. Ils nous ont dit: « on va vous renvoyer chez votre bon Dieu ». C’est fou. ça c’est grave. Tous les musulmans savent qu’il n’y a qu’un seul Dieu et c’est le leur. Généralement, ceux qui blasphèment comme cela, c’est les militaires. Pas une seule minute, j’ai cru que c’était des islamistes.

aw: De nombreux survivants partagent les doutes de Nesrullah. Ahmed Aitar fait partie de ceux qui osent se poser des questions devant les caméras étrangères. Il raconte au journaliste de France 3:

Ahmed Aitar: Je suis resté 3 heures à me défendre avec des briques. C’est tout ce que j’avais. (…) On a tué ma femme et mes 3 enfants. Il y a 33 personnes qui sont mortes dans ma maison. Ils ont commencé à égorger devant le barrage et ils sont venus jusqu’ici. Ils ont massacré au moins 300 personnes. (… ) Il y avait un hélicoptère qui survolait le quartier lorsque le massacre a commencé, quand il y a eu les premières bombes. Cela a commencé vers 23h 30 et les tueurs sont restés chez moi de 1h 30 jusqu’à 5h moins le quart.

Commentateur: Le témoignage d’Ahmed est accablant pour les autorités. Le gendarme et les patriotes s’inquiètent, ils vont présenter à l’équipe de France 3 un autre témoin qui prétend qu’il avait été impossible de combattre les assaillants car le village avaient été miné. Nesrullah réplique à ceci:

Nes: Vous prenez tous les plans, vous verrez qu’il y a de nombreux accès! sans parler des militaires qui ont patrouillé, des gardes communaux, qui sont venus, de mon voisin qui s’est échappé en voiture, rien n’a pété! pourquoi ont ils voulu faire croire que le terrain était miné?
Moi, je sais de quoi est capable l’armée algérienne. On a voulu faire croire que c’était une armée mal entraînée. Moi, j’ai fait mon service, je sais de quoi est capable l’armée.
En 1994, il y a eu un ratissage et les paras sont descendus avec leurs hélicos sur les maisons de Bentalha. Boufarik, leur base, est à 10 minutes! pourquoi cette fois, les paras ne sont ils pas venus nous secourir?

aw: Des pilotes d’hélicoptères se posent les mêmes questions. L’agence CAPA interrogea l’un d’entre eux qui avait fui avec son hélicoptère l’Algérie au printemps 1998 pour se rendre en Espagne. Il explique:

Allili Messaoud, Pilote militaire: Là où il y avait les massacres, c’est à dix minutes, pas moins, de ma base. S’ils nous avaient appelés, en 10 minutes, nous serions là. Pour moi, c’est une… complicité.

Commentateur: Les assaillants prennent donc le temps d’emmener des femmes, et même de piller des maisons. Ils sont d’autant plus tranquilles que ce soir là, la plupart des patriotes de Bentalha ont été bizarrement invités à dîner par un militaire du secteur.

aw: Sur la terrasse où se trouve Nesrullah, un voisin après l’autre est fauché à la kalashnikov. Pour sauver sa vie, il saute du deuxième étage et se casse une jambe. Il essaie d’arriver jusque la maison de son voisin Ahmed Aitar qui le laisse rentrer. Il monte avec les autres à la terrasse et soudainement ils sont éblouis par des projecteurs qui s’allument dans la zone où sont stationnés les blindés.

Nes: Tout le monde a crié « les militaires arrivent ». Pendant 5 minutes, les terroristes ne voulaient plus attaquer. Les émirs leur ont dit en les insultant: « continuez, l’armée ne viendra pas ». On déduisait que c’était les émirs parce qu’ils étaient cagoulés. Ils savaient que les militaires n’allaient pas intervenir. On l’avait compris. Cela nous faisait encore plus peur. On était encerclés, les militaires étaient là, mais ils n’interviendraient pas. Pire, ils ont empêché les patriotes de Baraki d’intervenir. Ils ont chassé les policiers d’El-Harrach. Ils ont frappé les patriotes…

Mohamed Larbi Zitout regarde les images et commente:

Larbi Zitout: Ce ne sont que les forces spéciales qui peuvent traiter de cette façon les autres forces de sécurité algériennes. Pourquoi elles ne sont pas intervenues? Car leur rôle est de protéger les massacreurs, qu’ils soient des collègues ou des islamistes retournés qu’on appelle GIA. Si vous regardez les zones de massacres, ce sont souvent les bastions de l’islamisme. Dans ces bastions islamistes, on veut terrifier, terroriser les populations pour les retourner, pour les forcer à abandonner leurs convictions.

Commentateur: Le massacre s’est il donc déroulé sous protection militaire? c’est ce que laisse également penser certains témoignages de survivants:

Un témoin raconte: J’ai même entendu un [des assaillants] qui a dit: « Talha, continue d’égorger, travaille tranquillement, l’armée nous couvre, on a réglé cela ».

Commentateur: Le 23 septembre, vers 5 heures du matin, les assaillants quittent tranquillement Bentalha par le sud, sans être inquiétés. Pourtant, presqu’au même moment, d’importantes forces de sécurité se déploient dans le secteur pour en interdire l’accès à la presse. Une course contre la montre s’engage pour enterrer le plus vite possible et loin des objectifs les cadavres des victimes.

Un témoin relate: le lendemain de la boucherie, notre ministre de la santé est venu, Guidoum. Quelqu’un dont toute la famille avait été tuée lui a dit que les services de sécurité n’étaient même pas intervenus. Il lui a répondu: « mais c’est vous qui leur donniez à boire et à manger, aux terros. »

Une femme dit: Il nous a dit: « vous êtes les racines du terrorisme, vous le nourrissez, alors il faut assumer. »

aw: Officiellement le chiffre de 85 morts est avancé. Un journaliste qui se trouvait au cimetière rapporte avoir compté 147 tombes. La presse internationale est invitée mais ne peut se déplacer que sous un contrôle sévère. En février 1998 une délégation parlementaire se rend à Alger. Une parlementaire, Anne-André Léonard, rapporte qu’avant ce voyage en Algérie, une partie de la délégation voulait se rendre à Bentalha.

Anne-André Léonard: « Alger dit non, c’est clair et net. Pas question qu’on mette notre nez dans les affaires algériennes. C’était ca: L’enjeu, c’était « si vous insistez sur les massacres, vous n’entrerez pas en Algérie ». Oui, il faut reconnaître qu’on n’a pas voulu prendre ce risque là ».

Commentateur: Un an et demi après les faits, aucune enquête indépendante n’a été menée en Algérie sur ce qui restera l’un des plus graves crimes commis dans le pays depuis 1992.
esrullah, lui, vit toujours à Paris, en attendant que la lumière soit faite officiellement sur les massacres de 1997, il milite avec sa sour en faveur des 3 500 personnes portées disparues en Algérie après avoir été arrêtées par les forces de sécurité…

 

 

3 Commentaires

  1. Je ne trouve pas les mots pour exprimer mon indignation. Que peut-on dire en effet devant l’horreur et la lâcheté ? Des citoyens pris au piège et exécutés de sang froid par les services de sécurité de leur propre pays, cela ne s’est produit dans aucun autre pays au monde. Le pire c’est qu’ils ont fait passer une loi qui gracie et réhabilite tous les criminels sans qu’ils ne soient obligés de se justifier et encore moins de demander pardon au peuple.
    De braves citoyens engagés ont tenté et tentent toujours et au risque de leur vie de dénoncer le silence qui entoure cette affaire et tant d’autres affaires similaires, mais malheureusement ils sont de moins en moins nombreux et nous les fuyant comme des pestiférés, il n’y a qu’à voir ce qu’il est advenu de Benyoucef Mellouk (les faux moudjahidine/Magistrats faussaires) abandonné à lui même. Ce génocide date déjà de 18 ans, avec le temps et l’oubli organisé, il devient un simple fait divers.

  2. Moi j’accuse la France derrière sa…et tout ce qui s’est passé en algérie durant cette désceie, Mhea se trouva dans l’avion d’air France pendant la prise d’otage??!!! il et opposant actuellement, l’avion a quitté alger pour marseille???!!!ona pas des gendarme a alger???! on a jamis vi la tête de preneurs d’otages etc?!.

  3. Sans la france le pays aurait pu etre debarrasse a jamais de ces tueurs ! c est la france qui a impose sa politique d infiltration de la societe et c est avec l aide logistique et securitaire qu ils ont commence le massacre !!!! une politique d extermination de tout opposants y compris femmes et enfants….l histoire s ecrira d une maniere ou l autre et les langues se delieront et les criminels ordonnateurs de cette situation seront jetes dans les poubelles de l histoire!

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