Pas de pot pour Kamel Daoud: Hambourg relaxe les « violeurs ».

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Kamal Daoudhttps://blogs.mediapart.fr/jacques-marie-bourget/blog

Dieu sait si tous les racistes et ceux qui se sont sentis libérés par l’info se sont lâchés: les musulmans sont des frustrés qui attaquent les femmes à Cologne le soir du réveillon. Allons bon, voilà que la justice nous dit que cela était une rumeur. Merde alors. BHL s’est encore trompé!

Le tribunal de Hambourg relaxe les accusés de la nuit du Nouvel An à Cologne

Par Dietmar Henning
8 novembre 2016

Rarement des événements de l’histoire récente ont provoqué une controverse aussi intense en Allemagne que ceux survenus à Cologne, à Hambourg et dans d’autres grandes villes, le soir du Nouvel An 2015-2016, où des étrangers et des réfugiés auraient harcelé et violé des femmes en masse.

L’indignation exprimée par les médias et les politiciens avaient fait partie d’une politique délibérée visant à saper la solidarité manifestée par de vastes couches de la population à l’égard des réfugiés originaires de Syrie et d’autres pays où une guerre civile fait rage, et à transformer la culture de l’accueil en une culture de l’hostilité.

Le WSWS avait prévenu à l’époque que les événements étaient démesurément exagérés. (Voir : « Les agressions de Cologne et l’appel à un État fort », «Nouvel An à Cologne : de plus en plus d’incohérences» et « Les médias allemands incitent à l’hystérie raciste »).

La décision du tribunal de Hambourg vient maintenant confirmer que les accusations et les preuves avancées avaient été trafiquées par la police. En plus du petit nombre de ceux condamnés pour agression, la décision du tribunal laisse entendre que les « événements survenus la nuit de la Saint-Sylvestre » ont été en grande partie une invention des médias.

Le tribunal de Hambourg a acquitté les trois derniers auteurs présumés de la nuit de la Saint-Sylvestre. La juge Anne Meier-Göring a décidé qu’il avait été prouvé qu’Alireza N., Abidi A. et Aydub B. n’avaient pas commis les délits dont ils étaient accusés. Le ministère public avait lui aussi préconisé l’acquittement.

La juge a porté de graves accusations contre l’enquête menée par la police et le ministère public pour avoir maintenu les trois hommes en détention pendant près de six mois durant le temps de l’enquête. Les prévenus furent accusés d’avoir commis ensemble des attouchements sur des femmes dans la rue Große Freiheit dans le quartier de St Pauli à Hambourg. Ils auraient commis des attouchements sur l’étudiante Merle N. en lui touchant les fesses, l’entrejambe et la poitrine.

La jeune femme n’avait signalé l’incident à la police que plusieurs jours après la veille du Nouvel An, une fois parus les premiers articles des médias faisant état d’agressions sexuelles. Le soir des prétendues agressions, elle avait continué à participer aux festivités jusqu’à 4h30 du matin. Par conséquent, la victime n’avait pu subir le traumatisme allégué lors du procès.

La jeune femme avait dit par téléphone au policier ne pouvoir décrire aucun des auteurs. La seule chose dont elle se souvenait était une veste noire et une bague. Au tribunal, elle relata l’interrogatoire de la police. Elle eut d’abord l’occasion d’examiner toute seule et en toute tranquillité des photos prises par un photographe lors de la soirée du Nouvel An.

La commissaire en charge de l’enquête était alors assise dans une autre pièce. Zeit Online a indiqué que cette procédure allait à l’encontre des règles du code de déontologie des enquêteurs. « Au moment de visualiser des photos d’identité judiciaire au commissariat de police, c’est le tout premier instant qui importe. Comment la jeune femme témoin réagit ? La mémoire revient-elle rapidement ou bien est-elle en train d’affabuler quelque chose ? » Au tribunal, la commissaire a admis après coup que son comportement « manquait de professionnalisme ».

La juge a reproché à une autre femme policier d’avoir posé des questions pendant l’interrogatoire de façon suggestive en fournissant des « prétextes fallacieux », communément appelés mensonges. C’est ainsi qu’elle avait par exemple demandé à une jeune femme ce que les hommes qui se trouvaient sur la photo avaient fait. Elle n’a pas demandé si, ils avaient vraiment fait quelque chose. Elle avait aussi omis de dire à la jeune femme que les photos n’avaient pas été prises au moment où se seraient déroulés les faits.

Durant l’interrogatoire, elle a trompé l’accusé par de « fausses preuves ». Selon les documents, la policière a prétendu savoir durant l’interrogatoire que l’accusé avait fait des attouchements aux femmes dans la rue Große Freiheit. C’était un mensonge. En réponse à la question de la juge de savoir comment elle justifiait le recours à de telles méthodes d’interrogatoire interdites, la policière a répondu : « Je ne partage pas ce sentiment d’indignation et je n’estime pas que c’est une méthode d’interrogation interdite ».

Le seul « crime » commis par les trois accusés a été de célébrer le réveillon du Nouvel An à St Pauli. Ils ont pourtant passé, avec seulement une brève interruption, près de six mois en garde à vue en raison de soupçons. Un avocat a qualifié cet état de fait de privation de liberté.

Au bout d’environ trois mois, le tribunal régional de Hambourg leva les mandats d’arrêt émis contre les trois jeunes gens faute de preuves suffisantes contre eux. Le tribunal régional supérieur de Hambourg les renouvela pour trois mois après une plainte formulée par le ministère public.

La juge Meier-Göring qualifie à présent cette décision de « bizarre » et de « faute flagrante ». « Cela a coûté aux accusés trois mois [additionnels] de leur vie et à Hambourg beaucoup d’argent ».

Les trois personnes mises en cause furent indemnisées pour le temps passé en prison en recevant chacun 4500 euros (25 euros par jour). Outre les trois jeunes gens maintenant acquittés, d’autres innocents furent placés en détention préventive, dont certains pendant plusieurs mois.

Les accusations qui, pour des raisons de propagande, avaient été portées en début d’année contre des étrangers et des réfugiés par la police, les médias et les politiciens, se sont volatilisées.

À l’origine, il avait été allégué que 400 femmes avaient subi des attouchements le soir de la Saint Sylvestre à Hambourg. Il y eut 243 plaintes pénales et 21 suspects mis en examen. Dans l’affaire qui vient maintenant d’être tranchée, l’on peut voir comment une suspicion de crime a été créée : au moyen de mensonges et de manipulation par la police et les autorités chargées de l’enquête. À Hambourg, un seul accusé fut reconnu coupable de délit de nature sexuelle et condamné.

À Cologne, où la campagne contre les réfugiés et les étrangers avait débuté après le soir du Nouvel An, le parquet recensa près de 1300 victimes supposées. 1182 plaintes pénales furent déposées, dont 497 pour agressions sexuelles et cinq pour viols. Sur un total de 183 prévenus, seuls 22 furent accusés, le plus souvent de délits de vol. Un seul procès seulement se solda par une condamnation pour insulte sexuelle.

Les événements survenus la veille du Nouvel An furent grossièrement exagérés et utilisés comme prétexte pour faire basculer le climat politique vers la droite. D’une manière raciste, les médias et les politiciens ont dépeint une image de hordes criminelles et dangereuses d’étrangers harcelant les femmes les jeunes filles allemandes. Cette propagande servit alors à renforcer l’appareil policier, à étendre la surveillance de la population et à durcir les lois visant les étrangers et les réfugiés dans le but de pouvoir expulser aussi rapidement que possible les réfugiés du pays. Tous ceux qui ont participé à cette campagne de propagande doivent en assumer les conséquences.

Et pourtant, l’État et les médias ne se contentent pas du résultat. Le journal Hamburger Abendblatt a critiqué ce récent acquittement parce que le tribunal avait défendu les principes fondamentaux de l’État. Ces jugements ont un sens lorsqu’ils sont prononcés individuellement, a écrit le journal. Toutefois, conformément à la logique grossière du commentaire, « dans leur totalité » les jugements sapent la « confiance » dans l’État de droit. Finalement, insiste le journal, cela profiterait à l’Alternative pour l’Allemagne (AfD).

L’auteur de l’article, Matthias Iken, s’en prend vigoureusement à la décision prise par le tribunal à l’égard de la police : « Incontestablement, de sérieuses erreurs ont été commises. Mais, comment appréhender des coupables qui commettent collectivement des crimes en faisant partie d’un grand groupe ? Comment une victime peut-elle reconnaître dans une situation exceptionnelle des visages individuels au bout de plusieurs mois ? »

Il ne répond pas à sa propre question mais la réponse est pourtant claire : pour lui, des auteurs présumés doivent être appréhendés même sur la base de « prétextes fallacieux ». Des préjugés racistes en lieu et place de faits – telle est en vérité la vision du monde défendue par l’AfD.

(Article original paru le 5 novembre 2016)

11 Commentaires

  1. Nuit de Cologne : « Kamel Daoud recycle les clichés orientalistes les plus éculés »

    Le Monde | 11.02.2016 |

    http://www.lemonde.fr/idees/article/2016/02/11/les-fantasmes-de-kamel-daoud_4863096_3232.html#LSOdZSjwPizDIBCd.99

    Collectif

    Dans une tribune publiée par le journal Le Monde le 31 janvier 2016, le journaliste et écrivain Kamel Daoud propose d’analyser « ce qui s’est passé à Cologne la nuit de la Saint-Sylvestre ». Pourtant, en lieu et place d’une analyse, cet humaniste autoproclamé livre une série de lieux communs navrants sur les réfugiés originaires de pays musulmans.

    Tout en déclarant vouloir déconstruire les caricatures promues par « la droite et l’extrême droite », l’auteur recycle les clichés orientalistes les plus éculés, de l’islam religion de mort cher à Ernest Renan (1823-1892) à la psychologie des foules arabes de Gustave Le Bon (1841-1931). Loin d’ouvrir sur le débat apaisé et approfondi que requiert la gravité des faits, l’argumentation de Daoud ne fait qu’alimenter les fantasmes islamophobes d’une partie croissante du public européen, sous le prétexte de refuser tout angélisme.

    Essentialisme

    Le texte repose sur trois logiques qui, pour être typiques d’une approche culturaliste que de nombreux chercheurs critiquent depuis quarante ans, n’en restent pas moins dangereuses. Pour commencer, Daoud réduit dans ce texte un espace regroupant plus d’un milliard d’habitants et s’étendant sur plusieurs milliers de kilomètres à une entité homogène, définie par son seul rapport à la religion, « le monde d’Allah ». Tous les hommes y sont prisonniers de Dieu et leurs actes déterminés par un rapport pathologique à la sexualité. Le « monde d’Allah » est celui de la douleur et de la frustration.

    Certainement marqué par son expérience durant la guerre civile algérienne (1992-1999), Daoud ne s’embarrasse pas de nuances et fait des islamistes les promoteurs de cette logique de mort. En miroir de cette vision asociologique qui crée de toutes pièces un espace inexistant, l’Occident apparaît comme le foyer d’une modernité heureuse et émancipatrice. La réalité des multiples formes d’inégalité et de violences faites aux femmes en Europe et en Amérique du Nord n’est bien sûr pas évoquée. Cet essentialisme radical produit une géographie fantasmée qui oppose un monde de la soumission et de l’aliénation au monde de la libération et de l’éducation.

    Psychologisation

    Kamel Daoud prétend en outre poser un diagnostic sur l’état psychologique des masses musulmanes. Ce faisant, il impute la responsabilité des violences sexuelles à des individus jugés déviants, tout en refusant à ces individus la moindre autonomie, puisque leurs actes sont entièrement déterminés par la religion.

    Les musulmans apparaissent prisonniers des discours islamistes et réduits à un état de passivité suicidaire (ils sont « zombies » et « kamikazes »). C’est pourquoi selon Daoud, une fois arrivés en Europe, les réfugiés n’ont comme choix que le repli culturel face au déracinement. Et c’est alors que se produit immanquablement le « retour du grégaire », tourné contre la femme, à la fois objet de haine et de désir, et particulièrement contre la femme libérée.

    Psychologiser de la sorte les violences sexuelles est doublement problématique. D’une part, c’est effacer les conditions sociales, politiques et économiques qui favorisent ces actes (parlons de l’hébergement des réfugiés ou des conditions d’émigration qui encouragent la prédominance des jeunes hommes). D’autre part, cela contribue à produire l’image d’un flot de prédateurs sexuels potentiels, car tous atteints des mêmes maux psychologiques. Pegida n’en demandait pas tant.

    Discipline

    « Le réfugié est-il donc sauvage ? », se demande Daoud. S’il répond par la négative, le seul fait de poser une telle question renforce l’idée d’une irréductible altérité. L’amalgame vient peser sur tous les demandeurs d’asile, assimilés à une masse exogène de frustrés et de morts-vivants. N’ayant rien à offrir collectivement auxsociétés occidentales, ils perdent dans le même temps le droit à revendiquer des parcours individuels, des expériences extrêmement diverses et riches.

    Culturellement inadaptés et psychologiquement déviants, les réfugiés doivent avant toute chose être rééduqués. Car Daoud ne se contente pas de diagnostiquer, il franchit le pas en proposant une recette familière. Selon lui, il faut « offrir l’asile au corps mais aussi convaincre l’âme de changer ». C’est ainsi bien unprojet disciplinaire, aux visées à la fois culturelles et psychologiques, qui se dessine. Des valeurs doivent être« imposées » à cette masse malade, à commencer par le respect des femmes.

    Ce projet est scandaleux, non pas seulement du fait de l’insupportable routine de la mission civilisatrice et de la supériorité des valeurs occidentales qu’il évoque. Au-delà de ce paternaliste colonial, il revient aussi àaffirmer, contre « l’angélisme qui va tuer », que la culture déviante de cette masse de musulmans est un danger pour l’Europe. Il équivaut à conditionner l’accueil de personnes qui fuient la guerre et la dévastation. En cela, c’est un discours proprement anti-humaniste, quoi qu’en dise Daoud.

    De quoi Daoud est-il le nom ?

    Après d’autres écrivains algériens comme Rachid Boudjedra ou Boualem Sansal, Kamel Daoud intervient en tant qu’intellectuel laïque minoritaire dans son pays, en lutte quotidienne contre un puritanisme parfois violent. Dans le contexte européen, il épouse toutefois une islamophobie devenue majoritaire. Derrière son cas, nous nous alarmons de la tendance généralisée dans les sociétés européennes à racialiser ces violences sexuelles.

    Nous nous alarmons de la banalisation des discours racistes affublés des oripeaux d’une pensée humaniste qui ne s’est jamais si mal portée. Nous nous alarmons de voir un fait divers gravissime servir d’excuse à des propos et des projets gravissimes. Face à l’ampleur de violences inédites, il faut sans aucun doute se penchersur les faits, comme le suggère Kamel Daoud. Encore faudrait-il pouvoir le faire sans réactualiser les mêmes sempiternels clichés islamophobes. Le fond de l’air semble l’interdire.

    Noureddine Amara (historien), Joel Beinin (historien), Houda Ben Hamouda (historienne), Benoît Challand (sociologue), Jocelyne Dakhlia (historienne), Sonia Dayan-Herzbrun (sociologue), Muriam Haleh Davis (historienne), Giulia Fabbiano (anthropologue), Darcie Fontaine (historienne), David Theo Goldberg (philosophe), Ghassan Hage (anthropologue), Laleh Khalili (anthropologue), Tristan Leperlier (sociologue), Nadia Marzouki (politiste), Pascal Ménoret (anthropologue), Stéphanie Pouessel (anthropologue), Elizabeth Shakman Hurd (politiste), Thomas Serres (politiste), Seif Soudani (journaliste).

  2. Cologne ou «le tartuffe féministe»
    Par Olivier ROY, politologue — Libération, le 9 mars 2016
    La polémique autour de l’analyse culturaliste de Kamel Daoud des agressions de Cologne continue. Pour le spécialiste de l’islam, Olivier Roy, le machisme et le harcèlement sexuel existent partout, alors pourquoi isoler ce phénomène chez les musulmans ?

    Cologne ou «le tartuffe féministe»

    La cause semble entendue : si de jeunes Maghrébins se sont livrés à des agressions sexuelles à Cologne, c’est qu’ils sont «agis» par un logiciel «culturel» qui vient de la religion musulmane (mépris des femmes en général et plus particulièrement des femmes libres).Evidemment, c’est un peu difficile d’expliquer comment un salafiste qui refuse de tendre sa main à une femme la lui mettrait aux fesses, mais Molière a écrit Tartuffe, lequel n’était pas salafiste, justement pour explorer le rapport entre un saint et une paire de seins.

    Prenons acte et tentons de voir les conséquences. Si le harcèlement sexuel est avant tout «musulman» que dire alors des Européens qui s’y adonnent ? La bonne nouvelle serait que justement c’est fini : aujourd’hui, nous sommes dans une ère postféministe. Certes, les mâles européens ne tiennent plus les portes ouvertes aux dames (ce serait ringard), mais ils les respectent, les considèrent comme leurs égales, ne les touchent qu’après leur avoir fait signer une lettre de consentement (renouvelable à chaque étape de l’acte sexuel, ce que n’avait pas compris le pauvre Assange – sans doute un reste de sa culture australienne – ou bien Dominique Strauss-Kahn). Puisque, désormais (ignorons le sombre passé), le respect de la femme est une valeur occidentale, alors tous les Occidentaux respectent les femmes. Maintenant, il faut défendre cet acquis de l’Occident chrétien, dénoncer et combattre tous ensemble le machisme musulman. Les Femen peuvent sans état d’âme rejoindre le FN ou la Fraternité sacerdotale Saint-Pie X et participer à des troisièmes mi-temps.

    Cependant, les chiffres sont moins optimistes. Dans toute l’Europe, les procès pour harcèlement sexuel se multiplient et visent très souvent la loi du silence propre à l’establishment. On apprend aussi que «l’Eglise belge a reçu plus de 400 plaintes pour pédophilie» (le Point du 22 février). Non, il ne s’agit pas de ma part d’une basse attaque christianophobe. L’école laïque a eu son lot, mais on en parle moins, comme si le marqueur religieux rendait le crime sexuel plus insupportable ou plus visible, ou comme si le religieux était toujours un collectif alors que l’instituteur n’était qu’un individu.

    Les campagnes en Europe contre le harcèlement sexuel au travail, dans les universités ou dans la rue sont aujourd’hui, à juste titre, virulentes (or, peu de supérieurs hiérarchiques sont musulmans). Les violences conjugales (souvent à connotation sexuelle) sont considérées comme endémiques et mal reconnues (et tous les maris violents ne s’appellent pas Ahmed). Les Etats-Unis connaissent un grand scandale de harcèlement sexuel et de viols dans les campus universitaires (ce sont plutôt des Blancs de bonne famille qui sont en cause, comme les victimes d’ailleurs). Le plus drôle, si je peux dire, c’est que les campus américains ont mis sur pied la même campagne d’information envers leurs étudiants mâles (et blancs) que celle échafaudée par les autorités allemandes envers ces immigrés un peu bestiaux qui n’ont rien compris aux valeurs occidentales (des affichettes où une main qui se tend vers une paire de fesses est barrée d’un grand «Nein» rouge, remplacé aux Etats-Unis par un «No» ou un «Don’t»). Si on glisse du côté des fantasmes, John et Ahmed sont au-delà de la différence culturelle.

    Mais si, dans le fond, le machisme et le harcèlement sexuel existent partout, alors pourquoi isoler ce phénomène chez les musulmans, au lieu de le combattre sous toutes ses formes ? Parce qu’ils sont musulmans justement. Le Blanc européen ou américain n’est jamais chrétien ou s’il l’est, c’est un simple pécheur égaré que le pasteur va prendre par la main pour le ramener dans le troupeau bêlant de toutes ses clochettes. Le Blanc qui viole n’appartient jamais à une collectivité (sauf le prêtre) : c’est un individu qui a une libido qu’il ne contrôle pas (un «queutard», terme dont la vulgarité vaut presque excuse), un homme qui a des problèmes psychologiques, qui a été violé quand il était petit, qui a trop bu «ce jour-là», ou bien, pour l’étudiant américain, c’est un naïf qui a malheureusement manqué le crash-course organisé la veille par son université sur «pourquoi et comment ne pas violer les filles». Car on peut supposer que, s’il y a des cours de «sexuellement correct», c’est que cela ne fait partie ni de la culture ni de la nature de ces chères têtes blondes. Par contre, on dénie à Ahmed la possibilité (je ne dis pas le droit) d’être un queutard bourré et mal élevé. Lui, il est musulman, et c’est pour ça, comme dirait Molière, que votre fille est muette.

    La culture a bon dos, la nature aussi

  3. Islamophobie – Comment les élites françaises fabriquent le « problème musulman »
    Abdellali Hajjat, Marwan Mohammed

    Editions La Découverte
    Alors que l’hostilité à l’encontre des musulmans se traduit presque quotidiennement par des discours stigmatisants, des pratiques discriminatoires ou des agressions physiques, Abdellali Hajjat et Marwan Mohammed font ici œuvre salutaire : ils expliquent comment l’islam a peu à peu été construit comme un « problème » et comment l’islamophobie est devenue l’arme favorite d’un racisme qui ne dit pas son nom.
    Ce livre propose un bilan critique des recherches menées, en France et à l’étranger, sur ce phénomène. Faisant le point sur les débats autour du concept d’islamophobie, il offre une description rigoureuse des discours et actes islamophobes, en les inscrivant dans l’histoire longue du racisme colonial et dans leur articulation avec l’antisémitisme. En insistant sur l’importance des stratégies des acteurs, les auteurs décortiquent le processus d’altérisation des « musulmans » qui, expliquant la réalité sociale par le facteur religieux, se diffuse dans les médias et ailleurs. Ils analysent enfin la réception du discours islamophobe par les musulmans et les formes de contestation de l’islamophobie par l’action collective et la mobilisation du droit antidiscrimination.

    Introduction. Pour une sociologie de l’islamophobie
    L’islamophobie de plume
    L’islamophobie comme « fait social total »
    I / Réalités de l’islamophobie
    1. L’islamophobie comme épreuve sociale
    Expériences et étendue de l’islamophobie
    L’épreuve intime du rejet
    2. Chiffrer l’islamophobie
    Les « opinions » islamophobes
    Opinions constatées ou opinions construites ?
    Prégnance et progression des opinions islamophobes
    3. Des opinions négatives aux actes discriminatoires
    Renvois et saisines : la mobilisation des victimes
    Les discriminations à raison de l’appartenance réelle ou supposée à l’islam
    Le ressenti des discriminations islamophobes
    Islamophobie et condition musulmane en France
    L’islamité comme pénalité sur le marché de l’emploi
    II / Histoire du concept d’islamophobie
    4. De l’anti-orientalisme au Runnymede Trust
    Une critique orientaliste de l’orientalisme
    Une critique postcoloniale de l’orientalisme
    Le temps des mobilisations : de Londres aux Nations unies
    5. Le temps de la recherche scientifique
    Les lacunes du rapport Runnymede 1997
    Un concept contesté
    Approches plurielles de l’islamophobie
    III / La construction du « problème musulman »
    6. Le « problème » de l’immigration post-coloniale
    Grèves de l’automobile et disqualification des ouvriers immigrés
    Le « problème » des enfants d’immigrés
    7. (Mé)connaissances de l’islam
    Logiques médiatiques de la stigmatisation des musulmans
    Savants, demi-savants et experts
    Vulgarisation et réception
    8. La cause islamophobe
    Politisation de la question musulmane
    Espace des mobilisations islamophobes
    9. Discrimination légale par capillarité
    Haut conseil à l’intégration et la « nouvelle laïcité »
    « Il n’existe pas de laïcité sans discipline » : extension du domaine de la lutte laïque
    Islamophobie et régime juridique d’exception
    IV / La formation d’une archive antimusulmane
    10. Construction et circulations des représentations européennes de l’islam et des musulmans
    Premiers discours chrétiens au Moyen Âge
    Philosophie des Lumières et orientalisme
    Le « néo-orientalisme » à l’âge des médias de masse
    11. Antisémitisme et islamophobie
    Des formes symboliques similaires
    L’hypothèse sémite
    Des réactions des majoritaires à l’intégration d’une minorité
    V / L’islamophobie entre déni et reconnaissance
    12. Le déni de l’islamophobie
    Déni structurel de l’islamophobie : la question de la discrimination « religieuse »
    La disqualification de la lutte contre l’islamophobie : le soupçon d’intégrisme
    Un mouvement antiraciste divisé sur l’islamophobie
    Tensions au MRAP
    Contre-mobilisations dans les milieux institutionnels juifs
    Ambiguïtés et paradoxes de la CNCDH
    Une faible pénétration du champ politique
    13. La lutte pour la reconnaissance de l’islamophobie
    Prudence des acteurs du culte : une fracture générationnelle ?
    La construction extracommunautaire de la lutte anti-islamophobie
    Du FSE à « Mamans Toutes Égales »
    Un courant féministe contre l’islamophobie
    Une nouvelle vague ?
    Conclusion. Contre l’unanimisme islamophobe
    Le consensus de l’hostilité
    Sortir de l’essentialisme
    Postface. Vers le point de non-retour ?
    Recrudescence des actes islamophobes et intense médiatisation
    Rentrée éditoriale 2013 : un tournant symbolique
    Mobilisations éclatées et reconnaissance institutionnelle
    Reconnaissance ou dénégation ? Les limites de la lutte anti-« radicailisation »
    Notes.

  4. L’islam imaginaire. La construction médiatique de l’islamophobie en France, 1975-2005
    Thomas DELTOMBE, Editions La Découverte

    « Péril islamiste » ou « menace terroriste », « dérives communautaristes » ou « menaces sur la République » : le « problème de l’islam » est aujourd’hui au cœur des débats publics en France. Mais quel est donc le « problème » ? Pourquoi les « musulmans » sont-ils constamment sur la sellette ? Et, surtout, comment les médias ont-ils progressivement construit une véritable islamophobie ?
    Pour comprendre cette évolution, Thomas Deltombe s’est plongé dans les archives de la télévision française : il a passé au crible les journaux télévisés du 20 heures et les principales émissions consacrées à l’islam sur les grandes chaînes nationales depuis… trente ans. De la révolution iranienne de 1979 aux suites du 11 septembre 2001 et aux derniers débats sur le « foulard », le récit qu’il rapporte ici de ce voyage au cœur de la machine à façonner l’imaginaire est aussi sidérant que passionnant.
    Décortiquant dérapages et manipulations, Thomas Deltombe montre comment le petit écran a progressivement fabriqué un « islam imaginaire », sous l’effet conjoint de la course à l’audience et d’une idéologie pernicieuse de stigmatisation de l’« Autre » musulman.
    Sommaire :
    Remerciements – Introduction : La République, la télévision et leurs « musulmans » – Des images et des mots – Une médiatisation dictée par son contexte – Les trois étapes de la construction d’un « islam imaginaire » – I. / L’islamisation des regards – 1. Iran, 1979 : le retour de l’islam – Une image fragmentée de l’islam – L’Iran, enjeu géostratégique – Une « révolution islamique » ? – Khomeyni, pape de l’islam ? – Un regard essentialiste – Le poids des symboles – La menace – 2. 1975-1983 : ambivalences postcoloniales – 1974-1979 : la naissance de l’« immigration » – 1979, le sacre de la Mosquée de Paris – 1979-1983, l’immigration devient « problème » – Le syndrome algérien – 3. Années 1980 : le retour de l’ennemi intime – La gauche et les médias convertis au « réalisme » – La découverte des Beurs – Intégration et racisme : le double langage médiatique – La télévision au secours des « beurettes »… – …ou la colonisation par d’autres moyens ? – Les convertis désintégrés dans l’« islam pur » – Face à l’invasion musulmane – 4. 1989 : les Versets sataniques, ou la naissance de la « communauté musulmane » – La télévision sonne la mobilisation – De quel côté sont les musulmans en France ? – Une manifestation « musulmane » ou « intégriste » ? – Distinguer les « bons » musulmans… – …et édicter le « vrai » islam – Quelle autorité pour l’islam en France ? – Les intellectuels contre-attaquent – Les « martyrs du combat » dépassés – 5. 1989, la guerre des « tchadors » – Le voile, une vieille obsession – La naissance d’une « affaire » – Les voiles gonflés par la concurrence – Hystérie politico-médiatique – Les opposants bâillonnés – Islam, intégration ou immigration ? – Universalisme ou colonialisme ? – Le Pen rafle la mise -L’effet de souffle – II. Cadrer la « communauté musulmane » – 6. Le choc des civilisations ? – 1990 : du « diable » iranien à la « menace islamiste » – Algérie et Irak : nouvelles menaces – L’émergence médiatique des experts de l’islam – TF1 se lance dans l’« information spectacle » – « Choc des civilisations »… – …ou « guerre au cœur de l’islam » ? – L’islamisme contre l’islam ? – 7. 1990-1992 : musulmans… français ? – L’« intégration » contre l’« immigration » – Le CORIF, vers un « islam français » ? – L’« Intifada des banlieues » – Guerre du Golfe : la télévision française dorlote les musulmans – L’« intelligente bonne volonté » de Jean-Marie Cavada – Discours « autocritique » et promotion de l’« intégration » – Jean-Claude Barreau et les « briseurs de tabous » – Démasquer le « double langage » de l’UOIF – 8. 1992-1993 : désinformation ? – Pasqua et TF1 : main dans la main ? – Idéologie et mise en scène : « Le Droit de savoir » du 6 février 1992 – Les Hauts-de-Seine à l’avant-garde des chasses « intégristes » anti-drogue – Les amis de David Pujadas : « Le Droit de savoir » du 20 octobre 1993 – 9. 1993-1994 : l’importation de la « seconde guerre d’Algérie » – Étranges infiltrations – L’ombre des services secrets algériens – Novembre 1993 : l’opération « Chrysanthème » – Août 1994 : le feuilleton de Folembray – 10. Automne 1994, l’explosion des amalgames – Le piège de l’« islamisme » – Du côté des « bons musulmans » – Septembre 1994 : le retour du voile – L’antiterrorisme ostentatoire de Charles Pasqua – Voile islamique : la subversion clandestine ? – « Comment les islamistes nous infiltrent » – La « contamination » électorale ? ; « Le Droit de savoir » du 21 décembre 1994 – La « propagande » islamiste – 11. 1995-2001, les bombes et le silence – Les attentats de 1995 – Islam ou banlieue ? – Traquer Khaled Kelkal… – …et chasser les « amalgames » – Un islamisme sans islam – Le doute sur l’implication des services secrets algériens – 1997-2000 : le temps du rachat – Islamophobie – III. Cerner l’« ennemi invisible » – 12. Le 11 septembre et les obsessions sécuritaires – La nouvelle « ligne de front » – L’ennemi invisible – Une vision policière – Des « dérapages » médiatiques… – …aux « dérives » de l’islam – De la psychose sécuritaire aux angoisses identitaires – Service public : la contamination ? – 13. Le 21 avril et les passions identitaires – Les musulmans antisémites ? – Islam, ce que l’on n’ose pas dire ? – « Territoires perdus » – Sexisme : les « territoires occupés » – Islamophobie, « islamistophobie » – 14. Quel défi islamiste ? – Mohamed Sifaoui, ou Tintin au pays des islamistes – « Éradiquer » le mal islamiste – Recherche ennemi pour soirée exceptionnelle – Tariq Ramadan dans la ligne de mire – L’aubaine des imams salafistes – 15. 2003-2004 : foulards et « intégration », suite et fin ? – L’équilibrisme médiatique du « pour » et du « contre » – L’islam branché – Foulards : l’éternel retour – Un voile très politique – Une laïcité très stricte… et très floue – Chahdortt Djavann, la nouvelle star – La guerre des symboles – De l’essence et de l’eau sur le feu médiatique -Conclusion: l’islam imaginaire et la « fracture coloniale » – Le clocher et les minarets – Dilemme républicain, culture coloniale – Bibliographie sélective – Index .

  5. Laissons Kamel Daoud sombrer dans l’oubli et l’anonymat définitif,je crois qu’il a déjà brûlé ses dernières cartouches.
    Pour en revenir au problème du harcèlement des femmes!,une étude française a établi que 100°/° des françaises en sont victimes dans le métro! Alors qu’au pays, je n’ai pas encore observé le moindre faux pas en paroles ou en actes dans les transport en commun que je prends tous les jours depuis plus de quinze ans! Ah les musulmans!

    • 25 novembre 2016 journée international contre la violence contre les femmes…50% des jeunes filles algériennes disent que c`est normale qu`on frappe la femme…

      come on give me a break…

      novembre 2015…j`étais a Alger en vacances 3 semaines foire du livre, j`ai pris le trame avec mon frère aîné 70 ans…un homme la trentaine..cartable a la main..a agressé de la manière la plus abjecte une femme de même age…personne n`est intervenu first et tant mieux car la femme a qui il ne manquait qu`une paire de c…. la remit a sa place avec une classe qu`il n`est pas prés de l`oublier…

      Juin 2007 La foire parc d`attraction…jeune fille 17-18 ans agressée par une bande de petite frappe au point ou ils ont déchiré son khimar et même le soutient gorge..rouée de coups et personne n`est intervenu….ils ont pris la fuite…le crime de la fille est qu`elle a refusé de répondre a leur vulgarités

      pas d`agression contre les femmes en Algérie !!!!! laissez-moi rire…

      ce qui me blesse le plus est: quand on lève la main pour frapper une femme on oublis:

      1- qu`on sort du ventre d`une femme
      2- qu`on a une mère
      3- qu`on a une sœur
      4- qu`on a une fille,
      4- qu`on a une épouse.
      6- qu`on a une grand mère

      et surtout sans la femme on serait pas la a débattre du sort réservé a la femme algérienne qui en prend plein la gueule tous les jours….

      je ne sais pas dans quel pays ou vous vivez….

      etes-vous aveugle ou bien vous ne voulez pas voir !

  6. Le problème dans le lequel sont affrontés les algérien en europe c’est le manque de la défense de cette communauté, les autorités algériens sont préaucupés par le panama papers, n’ont pas la compétence et le temps de défendre les algériens qui sont en allemagne en belgique ou en Suisse, les pauvres sont confrontés a eux même devant les coups montés « contre l’arabe en france et « contre l’étranger en belgique et en suisse » nous devons mener notre combat en algérie contre ses gens qui nous gouvernent et qui ont clochardisés notre société sur tous les points, prenons ‘exemple des paraboles et posons cette question ; Pourquoi les autres pays Musulmans tels que L’iran la malaisie l’indonisie turkmistan Turquie etc…ont une commission qui surveille les chaine satélitaire et pourquoi en algérie on permet la diffusion du Porno quelque chose qu’on ne peut faire dans se pays musulman; on a donc devant une seule solution ; demandons le départ de tous le staff de l’état suite a des multiples trahisons dont sont victime le peuple musulman algérien.

    • pourquoi nos consulat ne font rien pour les algériens …!!!!

      regardez comment se comportent les algériens dans nos consulats quand ils vont chercher un document…comme des animaux

  7. @Alilou;
    je ne mets pas le moins du monde votre témoignage en doute. Je vous prie donc de faire de Même avec moi.Je passe mon temps à observer le comportement des miens, par curiosité intellectuelle disons…Et personne ne laisserait une femme se faire battre en publix,du moins dans la ville oû je réside depuis ma naissance.

  8. Si
    – Le port de la burka, du nikab, du djelbad, du voile, du foulard, etc…d’une façon générale de tous ce qui contribue à cacher le corps de la femme.
    – La séparation des hommes et des femmes dans beaucoup de lieux publics.
    _ Les palabres et milles et une fetwas entre « exegètes » sur le rouge à ongles, le maquillage, la teinture des cheveux…
    – Les agressions et paroles désobligeantes à l’égard des femmes habillées à l’occidental
    – La chosification, la violence,la soumission, la diabolisation de la femme.
    – les promesses de récompenses sexuelles « houris et coïts de 99 ans » aux martyrs et autres heureux élus etc.

    Si tout cela et bien d’autres choses n’existe pas et n’interpelle pas sur le problème du rapport du musulman au corps et celui de la femme en particulier et donc la nécessité d’une clarification, alors oui : tous ceux qui en parlent sont des islamophobes.

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