IL Y A 17 ans, ÉTAIT LÂCHEMENT ASSASSINÉ ABDELKADER HACHANI.

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HachaniSalah-Eddine SIDHOUM

Le lundi 22 novembre 1999, à 10h 45 fut lâchement assassiné Abdelkader Hachani dans un cabinet dentaire, par un individu armé d’un silencieux. Deux balles dans la tête et une autre dans le thorax ôteront la vie à cet homme politique. Un véritable travail de professionnel.

Abdelkader Hachani, 44 ans, était ingénieur en pétrochimie. Connu pour sa sagesse et sa pondération, il mènera le FIS, dont il était responsable au lendemain de l’arrestation de ses chefs historiques, vers la victoire électorale lors des premières élections législatives libres de décembre 1991.

Au lendemain du coup d’Etat du 11 janvier 1992, il publiera un appel dans la presse demandant à l’armée de respecter le choix populaire issu des urnes. Il sera alors arrêté le 23 janvier par les factieux d’Alger pour « appel à la désertion » ( ! ! ! ?). Il sera gardé arbitrairement en détention préventive durant cinq années et demie dans des conditions lamentables au bagne de Serkadji, soumis à un régime inhumain (isolement total, privation de promenade dans la cour, privation de parloir rapproché et de lecture de journaux).

Au lendemain du massacre survenu dans cette prison (21-22 février 1995 avec plus de 100 morts), il sera sauvagement agressé par ses geôliers qui tenteront de lui arracher sa barbe et sera soumis au cachot durant plusieurs jours. Il adressera au général Zeroual une lettre-témoignage sur le drame carcéral qu’il avait vécu.  Il entamera plus d’une quinzaine de grèves de la faim pour réclamer un statut de prisonnier politique et son jugement.

Le 7 juillet 1997, il sera jugé lors d’une parodie de justice par le tribunal d’exception d’Alger et condamné à cinq années de prison et trois années de privation de ses droits civiques. Il est à noter pour l’Histoire que le matin de son procès, il fut sauvagement tabassé dans sa cellule par deux hommes armés de la police politique et qu’à son arrivée au tribunal, il fut à nouveau sauvagement frappé par ces mêmes hommes dans l’enceinte même du tribunal, alors qu’il venait de sortir d’une grève de la faim de plus de vingt jours et d’une hospitalisation.

A sa libération le 8 juillet 1997, il sera soumis à une surveillance stricte et à des intimidations de la police politique. Cela ne l’empêchera pas de reprendre les contacts politiques avec toutes les personnalités représentatives pour tenter de trouver une solution pacifique à la tragédie que traversait son pays. Il sera peu de temps après convoqué par la « justice » aux ordres pour avoir donné une interview à un quotidien français,  sera inculpé et soumis à un contrôle judiciaire.

Tout comme il sera sujet à des provocations de la police politique. En effet, Hachani sera harcelé à partir de juillet 1998 par un certain Naïm, se présentant comme l’émissaire de « l’Emir Abou Fayçal ». Devant le refus de Hachani de discuter avec cet étrange individu, ce dernier se mettra à assaillir durant l’été 99 son jeune fils en l’interrogeant sur les habitudes et les déplacements de son père. Hachani sera surpris le 18 octobre 1999, soit moins de deux mois avant son assassinat, de voir celui qui se présentait comme étant l’émissaire de l’Emir Abou Fayçal, sortir…du commissariat de Bab El Oued ! ! ! ! ! ! !. Il fera état de ces faits dans une lettre adressée au « ministre » de l’intérieur en date du 28 octobre 1999.

Lors de la désignation de Bouteflika à la présidence de la république et de la promulgation de la loi de l’impunité et de la supercherie nationale appelée pompeusement « loi de la réconciliation nationale », il s’opposera à cette manipulation et réclamera une véritable réconciliation en passant par de véritables négociations avec la classe politique représentative. Il s’opposera aux manœuvres politiciennes de Kebir et des autres responsables de l’AIS récupérés par les « services ».

Il apparaîtra, à partir de cette date comme un danger certain et un obstacle sérieux aux manipulations et aux intrigues de l’oligarchie qui avait concocté la loi juridico-policière dite de « concorde civile ».

Outre l’énigme de ce pseudo-émissaire du faux Emir Abou Fayçal, qui fréquentait le ……commissariat de Bab El Oued, nous noterons deux faits révélés au lendemain de son assassinat :

Dans une interview accordée à la chaîne TV El Jazeera (22 novembre 1999) Abdallah Yanés, ami du défunt et exilé à Londres, révélait :

  • Que Abdelkader Hachani lui avait affirmé lors d’un entretien téléphonique quinze jours avant son assassinat qu’il avait reçu la visite d’un « député » envoyé par le « général » Tewfik, lui proposant une villa à Hydra et un véhicule particulier de type Daewoo en échange de son accord en faveur de la loi dite de « concorde civile ». Il s’agirait d’un certain Hassan Laribi.
  • Que 48 heures avant son assassinat, et toujours lors d’un entretien téléphonique à partir d’une cabine téléphonique, Hachani avait dit à son interlocuteur qu’il allait raccrocher car une voiture de la police politique venait de stationner juste à côté de la cabine.

Dans un article daté du 25 novembre 1999, le quotidien Le Monde révélait que Abdelkader Hachani avait été approché par les officines du pouvoir lui proposant de soutenir la loi dite de « concorde civile » et de remplacer Abassi Madani à la tête du FIS, propositions qui lui permettraient de reprendre des activités politiques « légales ». Ce marchandage  fut refusé par Hachani.

Pour revenir au crime proprement dit, nous savons que Abdelkader Hachani était régulièrement pris en filature par des agents de la police politique qui ne le lâchaient pas d’une semelle et ce, depuis sa libération en juillet 1997. Comment se fait-il que le tueur ait pu l’aborder et l’abattre avec cette facilité déconcertante ? Deux possibilités :

  • Ses anges gardiens étaient complices et l’ont laissé filer.
  • Des ordres ont été donnés ce jour-là pour ne pas filer la victime, ce qui explique la fuite aisée du tueur.

 

Le mardi 14 décembre 1999, un laconique communiqué du ministère de l’Intérieur annoncera l’arrestation la veille du meurtrier présumé d’Abdelkader Hachani, un certain Fouad Boulemia, 26 ans, « célibataire et chômeur » qui était « en possession de l’arme du crime et des papiers d’identité de sa victime ». Remarquons que le présumé tueur aura « gardé soigneusement sur lui », trois semaines exactement après son forfait et son arme et les papiers d’identité de sa victime.

Une certaine presse, dans sa « subtilité » et sa perversité, comme à l’accoutumée, prendra le relais des autorités officielles pour « rapporter » selon ses « sources bien informées » les informations « utiles » à nos citoyens pour bien faire « comprendre les tenants et les aboutissants » de l’affaire.

C’est ainsi que nous « apprendrons » grâce à cette presse et à ses « spécialistes » que le présumé meurtrier aurait été arrêté à sa sortie d’une mosquée ; qu’il s’agissait d’un membre du « GIA » qui aurait fui la capitale après le massacre de Bentalha pour rejoindre Antar Zouabri, dans les montagnes de Blida. Que le jour de l’attentat, il était attablé dans un café de Bab El Oued, et ce n’est qu’en voyant passer Hachani qu’il décida de le suivre et de l’abattre……

Avant que la « justice » ne se prononce, la voie était déjà toute tracée par les officines, tout comme pour Boudiaf, pour Abdallah Khalef alias Kasdi Merbah, M’Barek Mahiou et tant d’autres crimes suspects, qui est celle des « GIA ».

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Abdelkader Hachani, victime de l’»intégrisme éradicateur »?

Algeria-Watch

Ce texte est une version actualisée d’un article écrit peu après l’assassinat de Abdelkader Hachani et que les journaux Le Monde et Libération n’ont pas accepté de publier.

 

Sadek Sellam et Fatiha Talahite, décembre 1999

Le meurtre politique fait partie des lois non écrites de l’éradication. Abdelkader Hachani en a été victime après avoir eu à subir toutes les rigueurs des lois d’exception en vigueur en Algérie depuis 1992.

Malgré l’opposition du courant salafiste, il amène son parti à participer aux législatives du 26 décembre 1991. Artisan de la victoire du FIS à ces élections, il est la principale cible du coup d’Etat du 11 janvier 1992, dont le président Bouteflika a reconnu récemment que ce fut un « acte de violence ». Abdelkader Hachani, qui savait que les adversaires de la conquête pacifique du pouvoir étaient fournis en armes depuis longtemps, a tenté de contrôler ses troupes, incitées à réagir par la violence à l’interruption du processus électoral et à l’interdiction du FIS. En leur recommandant de résister à la provocation par « le jeûne et la prière », il leur préconisa une sorte de gandhisme musulman. Malheureusement, cette tentative avait peu de chances d’aboutir, car le FIS, qui était un mouvement en pleine effervescence, était déjà largement infiltré. De toute façon, Hachani sera mis hors d’état d’agir en faveur d’un appel au calme, puisqu’il va être arrêté pour avoir supplié les soldats de ne pas tirer sur leurs frères, et enfermé à la prison de Serkadji, où il restera cinq ans et demi sans jugement. Pendant sa détention, il fut témoin d’une tuerie qui fit plus de cent morts parmi les détenus. A son procès, qui se tient enfin en juin 1997, il est torturé durant les suspensions de séance dans les sous-sols du tribunal. Condamné à cinq ans de prison, il est donc immédiatement libéré. Cette libération semble avoir été destinée à lui faire cautionner l’accord secret conclu entre des généraux de l’armée et l’Armée Islamique du Salut, qui devait être annoncé en octobre 1997. Il se refuse à participer à une stratégie visant à compromettre individuellement les dirigeants de son parti (comme le fut Merani après juin 1991, devenu ministre puis désigné sénateur) et à apporter une caution islamiste à la politique éradicatrice. Hostile aux tractations bilatérales secrètes propices aux manipulations faisant de la mouvance islamiste un instrument de la lutte entre clans politico-militaires, il se rapproche des réconciliateurs, partisans d’une solution politique négociée.

Malgré ces réserves, il soutient les aspects positifs de la loi sur la Concorde civile et considère la trêve de l’AIS comme un acquis à préserver. Mais il n’hésite pas à en souligner les insuffisances et défend inlassablement la nécessité d’une solution politique. Pour lui, la mise en avant d’un chef de guerre comme Madani Mezrag est destinée à éclipser les politiques, afin d’assurer la pérennité d’un système dominé par des militaires secondés par des technocrates sans profil politique, les un et les autres craignant le retour des politiques légitimés par le verdict des urnes. Aussi rappelle-t-il à l’ordre Rabah Kébir lorsque celui-ci prend sur lui d’annoncer la fin du FIS, renonçant à exiger une contrepartie politique à son soutien à la loi sur la Concorde civile.

Entre les théologiens comme Ali Benhadj et les chefs de guerre comme Madani Mezrag, Abdelkader Hachani considérait qu’il y a une voie permettant de concilier l’Islam et la démocratie. Il voulait faire évoluer le FIS vers une formation de type musulman démocrate capable de gouverner dans le cadre de la Constitution de 1989, accepter l’alternance et substituer la culture de gouvernement à celle d’opposition. De ce point de vue, on peut le comparer aux islamistes jordaniens du Front de l’Action Islamique, dont les élus légifèrent au Parlement depuis 1989, aux islamo-démocrates du Parti de la Renaissance Islamique qui gagnèrent les élections d’avril 1992 au Tadjikistan ou aux islamistes de l’Islah yéménite qui siègent au Parlement de Sanaa depuis 1994. En interrompant les élections de 1992, les éradicateurs algériens ont eu une réaction analogue à celle des paras russes qui empêchèrent manu-militari l’expérience démocratique de Doutchambé, ou à celle des communistes sud-yéménites qui, avec l’aide d’émirs séoudiens, tentèrent de provoquer la partition du pays dans le seul but de torpiller la démocratie.

Les commanditaires de l’assassinat de Hachani se sont attaqués à un homme de paix, qui refusa de se prêter à la manipulation machiavélique de ses troupes et à l’exploitation des violences islamistes visant à faire accepter à l’opinion internationale le coup d’Etat de 1992 et la répression féroce qui l’a suivi. Ils ont décidé la liquidation physique d’un gêneur hostile aux fausses solutions et aux mauvais compromis qui, depuis sa libération, réussissait à convaincre ses visiteurs étrangers que l’interruption des élections n’était pas une nécessité historique. Sa fidélité à un projet politique fondé sur l’attachement aux valeurs du Coran et la défense de la démocratie dérangeait les tenants de l’éradication, dont le programme politique se réduit au refus de l’alternance, tempéré par le trucage des élections.

Parmi les personnalités politiques algériennes, Hachani était l’un des premiers à ne pas tirer sa légitimité de la guerre de libération. Il était représentatif d’une génération de scientifiques et de techniciens, produits de l’effort éducatif de l’Algérie indépendante, venus à la politique par le biais d’un ressourcement et d’un enracinement dans l’Islam par refus de la corruption et de la déculturation, et qui ont su gagner la confiance d’une majorité d’algériens. L’assassinat en plein Alger, de ce partisan de la primauté du politique sur le militaire aussi bien que sur le religieux, ruine une bonne partie des espoirs de paix suscités par les déclarations de Bouteflika.

Cet assassinat a eu pour conséquence d’exacerber les divisions et les querelles de tendances et d’influence au sein du FIS. Ce parti, dont la direction a été décapitée et les cadres dispersés par l’exil et la répression, était considéré comme un acteur incontournable par les partisans d’une issue négociée à la crise. Privé de l’un de ses derniers porte-parole légitimes et d’un rassembleur possible, il est plus que jamais exposé aux manipulations et aux manouvres occultes, ce qu’illustre la polémique autour de la lettre d’Abbassi Madani. Or, chercher à maintenir la paralysie du FIS par ses dissensions, contribue à priver les partenaires politiques d’un interlocuteur, ce qui ne fait que compromettre encore plus les chances d’un retour à la paix et favorise le pourrissement de la situation.

L’hommage rendu à Hachani après sa mort a largement dépassé le cadre de l’opinion islamique. C’était un homme respecté par ceux de ses adversaires politiques (y compris dans le courant laïcisant) qui, comme lui, refusèrent de se prêter aux manouvres du pouvoir militaire visant à les associer à sa stratégie de manipulation et de disqualification de l’opposition. Cette convergence autour du respect des règles du jeu démocratique et de l’alternance, demeure la seule perspective pour construire une alternative à la guerre civile en Algérie. La concertation avec les réformateurs et les dialoguistes, qui dénoncèrent le saut dans l’inconnu du 11 janvier 1992, lui était préférable à la fréquentation des islamistes prétendus « modérés » devenus une force d’appoint de l’éradication.

La disparition de Hachani, dont l’audience auprès des innombrables « offensés et humiliés » lui permettait de leur désigner d’autres issues que celle du radicalisme activiste, prive la politique de paix du président Bouteflika d’un soutien possible.

 

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Témoignage du Pr Salim BENKHEDDA

Novembre 2013

 

Le 22 novembre 1999 était assassiné, dans un cabinet dentaire, Abdelkader Hachani, dirigeant du FIS. Son assassin Fouad Boulemia, qui a reconnu les faits, a été condamné à la peine capitale lors d’un procès diversement apprécié.

Cet assassinat a marqué profondément mon père, et pour cause Abdelkader était le fils de si Brahim Hachani. Militant nationaliste de la première heure à Skikda.

Mon père avait défendu la mémoire de si Brahim quand Ali Kafi l’avait accusé de collaboration avec l’ennemi français dans son livre. « Le meilleur argument à opposer aux mensonges de Kafi» disait-il à son fils « et de poser la question suivante comment si Brahim peut-il être un traître et être désigné ministre des Moudjahidines en 1962 !!!». Chose qu’il l’a aussi particulièrement révolté, lors du décès de si Brahim, c’est que son fils en prison n’a pas été autorisé à assister aux funérailles de son père.

Abdelkader était un fervent défenseur de la conquête pacifique du pouvoir et Il a tenté vainement de contrôler les troupes du FIS poussées à réagir par la violence à l’interruption du processus électoral et à l’interdiction du FIS.

« Parmi les personnalités politiques algériennes, Hachani était l’un des premiers à ne pas tirer sa légitimité de la guerre de libération. Il était représentatif d’une génération de scientifiques et de techniciens, produits de l’effort éducatif de l’Algérie indépendante, venus à la politique par le biais d’un ressourcement et d’un enracinement dans l’Islam par refus de la corruption et de la déculturation, et qui ont su gagner la confiance d’une majorité d’algériens.»

Hachani sera arrêté sous prétexte d’avoir adressé un appel aux soldats les incitant de ne pas tirer sur leurs frères. Il est emprisonné à la prison de Serkadji, pendant cinq ans et demi sans jugement. Il fut témoin entre autre du carnage de la prison de Serkadji . Après sa libération il refuse de cautionner l’accord secret conclu entre les militaires et l’Armée Islamique du Salut, Il se rapproche des réconciliateurs, partisans d’une solution politique négociée. Il partageait avec mon père l’idée centrale du mouvement El Oumma « lier le train des nationalistes sincères aux islamistes ». La nécessité de ne pas tomber dans le piège de la violence. Il nous rendait souvent visite. Je me souviens de la réaction une fois de mon père lors d’une discussion à propos des élections présidentielles : « il ne faut pas soutenir Taleb Ibrahimi et cautionner des élections bidons !! Tu dois faire un communiqué en condamnant ces élections et aller en prison » conseilla- il à Hachani devant ses amis étonnés.

Hachani est assassiné dans un cabinet de dentiste le 22 novembre 1999, dans des conditions mystérieuses. Dès que nous apprîmes son assassinat, nous nous rendîmes moi et mon père à la morgue de l’hôpital Lamine Debaghine (ex Maillot) dans le quartier de Bab El Oued. Le corps d’Abdelkader gisait sur un brancard, maculé de sang, Mon père s’approcha lentement de la dépouille d’Abdelkader s’abaissa religieusement et l’embrassa sur le front. J’avais rarement vu mon père avec autant d’émotion et de tristesse, lui qui d’habitude ne laisse transparaître aucun sentiment et qui reste de marbre face aux situations les plus dramatiques

Le jour de l’enterrement il tint, malgré son âge avancé, à suivre le cortège funèbre à pied à partir de la maison du défunt sur les hauteurs de Zghara jusqu’ au cimetière d’El Kettar.
Puisse Allah le tout puissant l’accueillir dans son vaste paradis et l’élever au rang des martyrs.
Amine
Pr BENKHEDDA Salim

 

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Procès de « l’assassin » de Hachani. Fouad Boulemia.

 

Daikha Dridi, algeria-watch 16 avril 2001

article non publié sous cette forme en Algérie parce que censuré.

 

Démarré à 9h50, le procès de Fouad Boulemia est bouclé à 17h15 pile. Chronique d’un procès urgent. Top chrono.

De toutes les étapes de ce procès chirurgical, c’est bien celle de la lecture de l’acte d’accusation qui aura pris le plus de temps. Fouad Boulemia, la peau aussi blanche que noir corbeau sont ses cheveux, a « les yeux très mobiles », remarque un célèbre avocat présent par curiosité et apparemment fin connaisseur en morphologie criminelle : « ce sont les yeux d’un tueur », asserte-t-il. Et si son visage est une énigme pour le commun des mortels, ses mains agitées, elles, parlent : ses longs doigts effilés ne cessent de se croiser et s’entrecroiser.

Né le 18 juillet 73 à Alger, il arrête sa scolarité en terminale. Aîné d’une famille de sept enfants, son père est chauffeur salarié d’une entreprise publique. Il travaille, dira-t-il, avec un ami qui vend des meubles à Cherarba, banlieue volcanique du début des années 90, « jusqu’en 1995 où j’ai décidé de rejoindre les groupes armés, parce que deux de mes amis ont été enlevés par le DRS et sont à ce jour portés disparus ». Petite moustache naissante, rasé de près, chemise ample à grands carreaux sur pantalon en toile beige, chaussures montantes sans lacets, il est le portrait tout ce qu’il y a de commun, propre sur lui-même, des jeunes Algérois.

Seuls le père, et deux oncles de l’accusé sont présents, il n’y a pas l’ombre d’un membre de la famille du défunt, pas celle d’un dirigeant islamiste.

A son premier interrogatoire, le 22 décembre 1999, Fouad Boulemia avoue, lit le greffier « avoir rejoint les groupes terroristes au printemps 1995 ». Sous la bannière du GIA, il passera de katiba en katiba, de Boufarik à Oulad Slama, des Eucalyptus à Baraki pour finir au maquis de Chrea chez Antar Zouabri et sa célèbre « katiba khadra ». C’est Antar Zouabri qui l’envoie à Alger « relancer les activités dans la capitale », dans un groupe « dirigé par le dénommé « Kaakaa » installé dans la forêt du complexe olympique du 5 Juillet. » Puis Boulemia se retrouve tout seul, les services de sécurité ayant éliminé tous ses compères. Jusque-là impassible, le visage de l’accusé se met à faire danser un petit sourire nerveux. « Dans la nuit du 21 novembre 1999, il souffre tellement d’une dent qu’il décide de l’extraire dès le lendemain matin », continue le greffier. « Il quitte donc la mosquée de Mohammadia, où il se réfugiait la nuit et se rend », à l’autre bout d’Alger, « à Bab el Oued.

A la clinique dentaire par laquelle il commence, près de la mosquée Etaqwa, on lui explique que le dentiste ne sera là qu’après midi ». Il se rend alors, sur conseil de jeunes rencontrés sur son chemin, au cabinet de Mme Bedjiah Souraya qui, lui assure-t-on, travaille le matin. Dans la salle d’attente, il reconnaît Abdelkader Hachani, en discussion avec un autre patient. « Dès qu’il le vit, l’idée de l’assassiner lui vint puisqu’il était armé et que Hachani était considéré comme l’un des symboles de la djaz’ara, mouvement ennemi des groupes armés », explique l’arrêt de renvoi. Abdelkader Hachani est appelé par le médecin, tandis que Boulemia arpente la salle d’attente. Quelques instants plus tard, Hachani sort accompagné de l’infirmière, il salue le patient avec qui il discutait, il serre aussi la main de son futur assassin et se dirige vers la porte, « Boulemia sort son arme, la pointe sur la base du crâne de Hachani et tire un seul coup. Hachani s’effondre, Boulemia ramasse la serviette du défunt, menace l’infirmière en la sommant de lui ouvrir la porte ». Il arrête un taxi, où il essuie discrètement le sang, direction Premier Mai. Là, il prend la carte d’identité de Hachani et met le reste des documents dans un sachet qu’il donne à un enfant, puis va passer la nuit à Mohammadia. Le lendemain il se rend chez un ami employé aux PTT qui lui permet d’utiliser son fax : il rédige à la main le communiqué revendiquant l’assassinat de Hachani par le GIA et l’envoie à El Watan et El Khabar. Il est arrêté le 13 décembre à l’arrêt de bus du Premier Mai. Fin du premier acte.

Lorsque le juge, à la voix tranchante et au visage angulaire, encadré de deux assesseurs sommeillant, l’appelle, Fouad Boulemia reconnaît avoir fait partie des groupes terroristes islamistes, « mais je ne m’occupais que de l’information, de la communication », dit-il. « Le 13 décembre 1999, je suis arrêté par ceux-là mêmes que j’ai fuis en 1995, les DRS. Je n’avais pas d’arme sur moi. Ils m’ont torturé. Je n’ai pas tué Hachani. Ce qui est raconté c’est le scénario des moukhabarate (services secrets) ». Le juge l’interrompt, « ce n’est pas ce que tu as dit au juge d’instruction ». « Ils m’ont torturé au maximum vous comprenez ? Puis le général Toufik est venu, il m’a dit : ana rabha (c’est moi le patron) tu vas voir ce que je vais faire de toi. Accepte de dire que tu as tué Hachani et tu auras quinze ans de prison, tes parents pourront te voir en prison. Sinon je vais t’emmener chez ta mère que je vais éventrer devant toi. C’est moi le général Toufik, Rab Edzayer (Le bon Dieu de l’Algérie). Vous ne savez pas qui est le général Toufik ? Toute l’Algérie le connaît, qu’est-ce qu’un juge d’instruction à côté ? Ce sont les officiers qui me torturaient qui m’emmenaient à l’instruction. Je ne prendrai pas la responsabilité de la mort de Hachani, non. » La salle jusque-là plongée dans une torpeur encouragée par les bâillements des assesseurs, s’ébroue de curiosité, même le juge n’interrompt pas le prévenu, et c’est … son avocat qui stoppe le récit. Me Khamis, 33ans, se met à tempêter qu’il exige la présentation du général Toufik à la barre, sinon il se retire. Le juge va jusqu’à lui accorder un acte écrit des révélations du prévenu et lui demande de laisser continuer Boulemia. « Oui, oui il parle mais ça ne sert à rien, j’exige que le général soit présenté sinon je pars », surenchérit l’apprenti sorcier qui fait balancer l’audience du kafka underground au vaudeville de mauvais goût. Le juge et ses adjoints se retirent.

Pendant la halte, Me Khamis est discrètement appelé du côté où se sont retirés les magistrats. Quand il revient, il s’entretient dans une discussion animée avec son mandant. Arrivent enfin les membres de la cour. L’audience reprend son cours comme si rien ne s’était passé. L’avocat n’explique à personne pourquoi il est toujours là, alors que personne n’a voulu lui ramener son général. Boulemia n’est plus rappelé à la barre, il ne sera ni questionné par sa défense ni par le procureur. Il est 11h40 et on fait défiler les témoins. 17 en tout. Les trois premiers, l’infirmière, le patient qui se trouvait avec Hachani et un jeune du quartier qui affirme avoir croisé le tueur dans les escaliers, sont formels : « c’est bien cet homme-là que j’ai vu ». La seule fois où l’accusé bénéficie de son droit de poser des questions aux témoins, il demandera à l’infirmière dans quelles circonstances exactes s’est tenue sa confrontation avec lui. L’infirmière bafouille. Lui dit qu’ils l’ont mis devant elle, entouré d’une quinzaine d’officiers de la police et de l’armée et qu’ils se sont mis à lui crier « c’est lui n’est-ce pas, tu le reconnais ? n’aie pas peur, c’est bien lui ?..  » Mais l’infirmière affirme que les conditions de la confrontation lui ont semblé « normales » et Boulemia se lève et crie : « crains Dieu, le faux témoignage est le pire des crimes… «. La parole ne lui sera plus donnée. Suit une ombre de dentiste, maigre et pâle, qui n’a pas vu l’assassin. Deux gardiens du « parking » d’en face du cabinet dentaire disent n’avoir vu qu’une « Super cinq grise, stationnée devant l’immeuble, et à l’intérieur des hommes portant des talkies-walkies grésillant. Ils n’ont pas bougé de la voiture, y compris quand la police est arrivée sur les lieux du crime ». Et puis passent à la barre toutes sortes d’hommes, de femmes, qui n’étaient pas là, n’ont rien vu, rien entendu et ne comprennent pas pourquoi ils ont été convoqués. Les questions de la défense sont crypto-psychologiques. Leurs témoignages sont abattus à la chaîne et la séance est levée à 13h.

A 14h15, la partie civile, représentée par Me Khellili, affirme que ce procès ne lui pas donné de quoi être convaincue ni de l’innocence, ni de la culpabilité de Fouad Boulemia. Le réquisitoire du procureur est liquidé en un temps record. Les juges maintiennent difficilement leurs paupières ouvertes. La plaidoirie de Me Khamis est jonchée de questions qui se terminent par « Sobhane Allah »!

Quelques rares moments forts : l’avocat informe l’assistance que le témoin qui aujourd’hui reconnaît formellement Boulemia avait déjà, selon ses dépositions antérieures, reconnu un dénommé « Abdelaoui » aussi formellement. Il cite également la description physique faite par l’infirmière et le patient, avant l’arrestation de Boulemia : « Grand, très costaud et brun de peau », ce qui fait sourire l’accusé, moyen de taille, svelte et très blanc de peau. L’avocat montre à tous le portrait-robot, sur la base duquel Boulemia aurait été arrêté, ce qui semble ressusciter le prévenu passé dans un ailleurs depuis un bon moment. A 16h10, les juges se retirent pour délibérer. A 17h10, ils sont de retour. Fouad Boulemia, sans sa défense, pas au courant de la preste reprise de l’audience, entend réciter pendant cinq exactes minutes le chapelet des questions-réponses. Condamné à mort. Il se lève, salue rapidement son vieux père et disparaît.

algeria-watch http://www.algeria-watch.org/farticle/hachani/Dridi_proces.htm

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L’assassin de Hachani libéré

Rédaction de Liberté, 11 mars 2006

Fouad Boulemia, l’ancien membre du GIA qui avait assassiné l’ex-dirigeant du FIS dissous Abdelkader Hachani, a été relâché, hier, de la prison de Serkadji. Boulemia, qui avait été arrêté quelques jours après l’attentat dans un cabinet dentaire à Bab El-Oued en 1999, a été condamné à mort en 2001. Lors de son procès, il avait clamé son innocence et avait indiqué avoir été torturé.

RN.

 

 

 

4 Commentaires

  1. Allah yerahmu ou yarham toutes les victimes de la décennie noire et tous ceux qu’on a lâchement assassiné, et a toutes les victimes qui continuent de souffrir dans l’indifférence.

    Cependant , ya qatel eruh win truh , ces victimes ont devancés leurs commanditaires, leurs geôliers , et les attendent dans la demeure éternelle, là ou il y a une vraie justice , certes ceux qui ont prémédités, organisés ces lâches assassinats n’y crois pas au monde de l’au-delà sinon ils n’auront jamais agi de la sorte, plus grave ils continuent de semer la hogra et les injustices et planifient d’autres crimes tout en se la coulant en douce … nous par contre c’est ce qui nous réconforte,, le fait de croire à la justice divine et au jour du jugement. Al hamdulah nul n’est éternel et nos finirons tous par rendre compte un jour ou l’autre …. et vivra bien qui vivra le dernier

  2. OUI IL Y A TOUTE UNE CASTE DE CRIMINELS DE LA DECENNIE NOIRE ENCORE EN VIE AVEC DES MAINS SOUILLEES DE SANG ET UNE CONSCIENCE PESANTE TRES LOURDE QUI NE LEUR PERMET PAS DU TOUT DE SE VOIR EN FACE ET DE REAGIR A CE QUI LEUR ARRIVE…IL FAUT LES VOIR DANS QUEL ETAT ILS SONT ET DANS QUEL ETAT ILS MEURENT…ET MALGRE CA ON N ENTEND PAS DU TOUT DES VOIX SE CONFESSER ET DECLARER A LA SOCIETE POURQUOI ET COMMENT ILS ONT DECIDER DE TUER DE TORTURER D AUTRES VIES POUR LA SEULE RAISON QU’ILS ONT UNE IDEE DIFFERENTE DE L AVENIR DU PAYS…nous attendons toujours des confessions peut etre qu ils peuvent un jour sentir des remords…

  3. Contre l’oubli
    Du 11 décembre 1960 au 11 décembre 2007 : D’un Peuple Révolutionnaire à un Peuple victime
    Megdouda, 16 décembre 2008
    11 décembre 1960 : ce jour-là, nous déjeunons dans la petite cuisine familiale. Alloula, mon frère est présent . De son ton autoritaire, il demande :
    – « Il est midi ! Il y a une nervosité chez les gens, ces jours-ci : écoutons les informations, à la radio ! »
    Justement, la speakerine est sur le point de terminer son commentaire, en langue française : « Des manifestations se déroulent dans le quartier de Belcourt, depuis ce matin… Les forces de sécurité ont encerclé le quartier. »
    Nous écoutons dans un silence fiévreux. Elle termine par une phrase qui pousse mon frère à réagir : « Du moment que la casbah est calme, on peut considérer que l’ordre va aisément être rétabli. »
    Entendant ces mots « la casbah est calme», il s’emporte comme s’il venait d’être défié personnellement, :
    – « Et alors, la Casbah… la Casbah… Est-ce que nous ne sommes pas des hommes, nous ? »
    Nous nous tournons vers lui : il a raison. Il ajoute, donnant des ordres aux femmes, à notre mère, à nos sœurs :
    « Le grand drapeau que vous avez cousu, repassé, rangé et caché dans un tiroir, allez le chercher… C’est son jour ! »
    Le narrateur du roman « Disparition de la langue française » de Assia Djebbar se remémore un fragment d’une mémoire éclatée, la journée du 11 décembre 1960, telle qu’elle nous fut racontée par nos aînés.
    Le 11 décembre 60 est un symbole du peupla algérien, un peuple révolutionnaire comme le souligne une des figures emblématiques de la guerre de libération : « un seul héros, le peuple » a dit Abane Ramdane. Lors d’une journée commémorative Rédha Malek a déclaré que « Le passé révolutionnaire de l’Algérie est indissociable de la personnalité des Algériens ». Il a rappelé également que le 11 décembre 1960 fut « qualifié par un officier de l’état- major français de nouveau Dien Bien Phu psycholigique »
    Daniel Naudin, militant du parti communiste français qui a fait la guerre d’Algérie, juge qu’il faut « être capable de mettre dans les livres d’histoire la réalité, que ce soit en Algérie ou en France… La réalité, c’est qu’on a colonisé un pays pendant de longues années et que les dix dernières années d’avant l’Indépendance ont été terribles pour le peuple algérien ».
    Les manifestations du 11 décembre 1960 ont marqué le tournant décisif pour l’indépendance du pays et « De Gaulle n’est plus revenu en Algérie ».
    Le 11 décembre 2007 : c’est l’horreur : à 9h45 une bombe explose sur l’avenue du 11 décembre, « Une épaisse fumée noire s’élève dans le ciel. Quelques secondes plus tard, des cris de douleur brisent le silence macabre qui s’est abattu. Des hommes et des femmes ensanglantés courent dans tous les sens. Des véhicules sont projetés sur des dizaines de mètres. A l’intérieur, les conducteurs sont déchiquetés et certains calcinés. Le bus de transport des étudiants s’est transformé en un amas de ferraille au milieu duquel se trouvent trois corps réduits en bouillie. Des lambeaux de chair et du sang recouvrent la chaussée. Une moto coupée en deux, la partie supérieure du corps de son conducteur volatilisée…Des blessés graves sont enregistrés au collège Mackley, dont les vitres et les plafonds ont volé en éclats. L’anarchie s’empare des élèves et lycéens de tous les établissements scolaires se trouvant aux alentours. C’est d’ailleurs parmi eux que le plus grand nombre de blessés est enregistré. » rapporte une journaliste d’El Watan
    Dans le quotidien Le soir d’Algérie, nous lirons qu’ « Un second véhicule de transport d’étudiants a été également touché par l’explosion. Il y avait à son bord une dizaine d’étudiants…Des dizaines de corps des travailleurs jonchaient le sol…Des personnes mortes sur le coup sont encore à l’intérieur de leur véhicule. D’autres sont recouvertes d’un drap blanc, des couvertures, d’un drapeau algérien ».
    Le Figaro écrit « Depuis la guerre d’indépendance, c’est sans doute l’attentat le plus meurtrier qui a ensanglanté, hier, Alger. Il est presque 10 heures lorsqu’une voiture piégée explose à Ben Aknoun, sur les hauteurs de la ville. Un bus bondé d’étudiants qui passait à proximité est pulvérisé, faisant des dizaines de morts…Une vieille femme hurle sa douleur en se frappant la poitrine : «Pourquoi ? Pourquoi ?» Des débris de verre jonchent la chaussée maculée de sang. Des passants sous le choc, hagards, d’autres ensanglantés, courent dans tous les sens. »
    Nadjet est médecin. Elle a travaillé ce jour-là, elle est traumatisée par ce qu’elle a vécu « Des étudiants sont morts, les blessés étaient brûlés ; j’étais complètement paniquée, on a pas été préparés pour ces blessés… » et un non-dit est lâché «c’était des blessés de guerre ».
    15 minutes après une autre bombe a explosé sur les hauteurs d’Alger dans le quartier d’’Hydra visant le siège de l’O.N.U. : Comment un camion bourré d’explosifs a-t-il pu arriver à Hydra ? La rumeur qui courait ce jour-là prétendait que « le camion était parti de la ville de Tizi-Ouzou » . Et c’est Aqmi ou Baqmi qui a revendiqué l’attentat. C’est du pareil au même, puisque c’est la famille d’Al-Qaida . Par la suite, on a dit que le camion serait parti de Khraïcia. Peu importe d’où il est parti, il a pu circuler à Alger, suivre son itinéraire et nous savons très bien qu’il n’y a pas de feu pour réguler la circulation, ce sont généralement des policiers qui sont postés aux carrefours. Même le Ministre de l’intérieur M.Zerhouni est explicite en disant « Ce genre d’attentat est très simple à commettre. Même s’il y a moins d’attentats, j’ai toujours dit que nous n’étions pas à l’abri et qu’il fallait être vigilant.» A qui s’adressait-il aux victimes qui ne l’ont pas été et à leurs familles qui n’ont pas su les protéger ? Il ne démissionnera pas, ce sont encore des « civils qui sont tués » et M.Bouteflika n’a pas dit un mot car il avait tout dit après l’attentat qui le visait à Batna.
    L’O.N.U. a perdu 17 employés et lors de sa visite à Alger M.Ban-Kimoon a qualifié ces attentats de « crime contre l’humanité » ce qui est dérangeant pour la « concorde civile » de l’ « homme de paix » qui laisse un héritage aux générations à venir, celui du « silence des cimetières ».
    Comment expliquer ce crime commis contre un symbole du peuple algérien?
    Le porte-parole d’Aqmi ou de Baqmi dira que c’est pour « défendre la nation de l’Islam et humilier les croisés et leurs agents, les esclaves des États-Unis et les fils de France. » Non, toutes les victimes qui ont été tués sont les enfants d’une Algérie indépendante, sont les enfants de ceux qui avaient manifesté le 11 décembre 1960 pour vivre librement et qui se sont mis au service de l’humanité.
    L’horreur du 11 décembre 2007 a marqué encore une fois une page d’histoire du peuple algérien, un peuple humilié, méprisé, martyrisé ; un peuple que l’on veut asservir mais qui reste debout.
    Le 11 décembre 2007, ce qui s’est passé ce jour-là est « un carnage ! »
    « Choisir le 11 décembre, l’avenue du 11 décembre 1960, pour commettre ces attentats est une injure. C’est odieux », dit Djelloul, ancien combattant de la guerre d’Indépendance.
    Le 11 décembre 2007 est la négation du 11 décembre 1960 . Quelle est la signification qu’il faut donner à nos morts, quel concept inventer pour eux ? De la« tragédie nationale » à la « concorde civile » il y a l’«Impunité : le silence des cimetières ».

    « Nul n’a la faveur de bien chanter un retour s’il n’a pleuré une absence. »

    A tous ceux qui s’agitent autour du fauteuil présidentiel!

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