Quand l’opposition tombe dans le piège du pouvoir

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jeudi 24 novembre 2016 | Par Achira Mammeri

Pendant le débat sur le projet de Loi de finance 2017, le FLN et le RND avaient accusé l’opposition de faire dans le populisme. En d’autres termes, de mener une précampagne électorale. (Crédit photo : Toufik Doudou / NewPress ©)

PENDANT LE DÉBAT SUR LE PROJET DE LOI DE FINANCE 2017, LE FLN ET LE RND AVAIENT ACCUSÉ L’OPPOSITION DE FAIRE DANS LE POPULISME. EN D’AUTRES TERMES, DE MENER UNE PRÉCAMPAGNE ÉLECTORALE. (CRÉDIT PHOTO : TOUFIK DOUDOU / NEWPRESS ©)

L’opposition a dit non au projet de Loi de finance de 2017. Cela n’a pas empêché son adoption par l’APN. En réalité, ni le Oui des députés de la majorité ni le Non des élus de l’opposition n’ont constitué une surprise. Les cris des premiers et la main levée des deuxièmes constituent même le socle des pratiques politiques en Algérie depuis plusieurs décennies.

Le gouvernement réussit à chaque fois à faire passer ses projets comme une lettre à la poste se servant même « du chahut » de l’opposition pour les valider et se vanter même de « sa démocratie » et son ouverture au débat contradictoire.

D’ailleurs, il s’agit là de la seule concession qu’il offre aux formations de l’opposition, condamnées à se soumettre à l’agenda politique du pouvoir qui, contre vent et marées, est parvenu à faire adopter par le Parlement, et donner par conséquence un caractère légal à plusieurs décisions très controversées. À commencer par la révision du texte fondamental jusqu’au silence imposé aux miliaires à la retraite.

L’opposition ne pèse absolument rien à l’APN. C’est une question d’arithmétique. Le nombre de ses élus est largement inférieur à celui de la majorité. Dans ce contexte, que font les partis de l’opposition au Parlement ? Quel est l’intérêt de leur présence dans une institution législative si le pouvoir de décision et de contrôle lui échappe complètement ?

Pour l’opposition, le Parlement est l’un des rares espaces d’expression libres cédés par le pouvoir à la classe politique. Ce qui n’est pas tout à fait faux, mais cela nous amène à une autre problématique ayant trait au rôle de l’élu dans une institution aussi importante que le Parlement.

Les députés comme les sénateurs ne sont pas a priori élus pour parler mais bien pour agir. C’est, du moins, ce qu’ils promettent à leurs électeurs pendant la campagne électorale. Mais il ne suffit pas de faire du chahut ou de se contenter de rejeter les projets de lois du gouvernement pour se donner une crédibilité. Les Algériens ont besoin d’une opposition capable de proposer de véritables solutions et alternatives pour sortir le pays de la crise et faire face à la chute des prix du pétrole.

Sans remettre en cause, les partis de l’opposition semblent en réalité heureux dans leur rôle. Impuissants, ces partis persistent dans leur démarche et vont prendre part aux élections législatives de 2017.

« Du populisme »

Pendant le débat sur le projet de Loi de finance 2017, le FLN et le RND avaient accusé l’opposition de faire dans le populisme. En d’autres termes, de mener une précampagne électorale. On peut dire que la majorité parlementaire n’a pas eu tort. En effet, certains amendements proposés par l’opposition sont soit inapplicables, ou carrément inadaptés au projet en question. Ce qui montre leur manque d’engagement.

On peut citer notamment l’amendement n°44 du député islamiste de l’Alliance verte Nacer Hamdadouche qui a proposé de réduire à 20% l’indemnité mensuelle du député. Le même député a proposé l’introduction d’un nouvel article pour appliquer la même mesure aux hauts cadres de l’État. Ces propositions ont été rejetées parce que les indemnités des députés et des hauts fonctionnaires de l’État ne sont pas légiférées par la Loi de finances. Ce qui illustre la méconnaissance des lois par certains députés.

Dans le temps, une polémique éclatait sur l’indemnité de départ des députés en fin de mandat qui a été divisée par deux par le bureau de l’APN. Et aucun parti de l’opposition n’a pris une position claire en faveur de la suppression de cette prime. Et aucun député n’a renoncé aux 1,3 million dinars offert par l’APN. Au moins symboliquement, en signe de solidarité avec les citoyens, qui sont durement touchés par les mesures d’austérité décidées par le gouvernement et validées par le Parlement.

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