VIVEMENT CE BARIL EN PÉRIL… !

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Algerie pays stable
Par KHELFAOUI Benaoumeur*

“La paresse chemine si lentement que la pauvreté la rattrape.”1

Paralysés par une politique de vache à traire et éclosant d’une léthargique révolution agraire, nous fumes durant plusieurs sabliers anesthésiants allaités par la maléfique rente pétrolière…La paresse gangrénant toute les couches d’une société sans barrières finit par casser les bras des plus téméraires !

Ainsi, travailler et prendre de la peine devenaient ce qu’on faisait le moins, de la base des ANSEJ aux cimes des privilèges, sans diplôme d’un quelconque collège on apprenait les notions de Ch’kara par divers sortilèges…

Un seul mot d’ordre régnait sur le ciel du polygone pétrolé « on nous a rien encore donné !? On nous a rien encore apporté !? »… Du simple affilié au filet social « l’infatigable électeur », aux leveurs des mains « soi-disant législateurs », chacun, tendant bien son cou au risque de déloger ses congénères, criait tout en décapsulant son bec pour arracher de la main providentielle mille et un vers…

Chemin faisant, et dans un parallélisme pernicieux, tant les anoblis de la cour apprivoisés par la rente à divers visages, que l’insoucieux  cheayeb lekhdin domestiqué par l’ANSEJ et que sais-je, s’acharnaient à chercher comment arracher dans une soi-disant économie de marché une part de la tarte…au risque de se fâcher et bruler les pneus sur la « sereine » voie publique voire l’entacher…

Rien qu’un tiers apparent de l’iceberg maléfique avait dévoilé sur la scène publique les grandes arnaques dont fut victime « l’orpheline » république tout au long des mandats cycliques… !

En effet, les impuissants spectateurs, témoins et potentiels électeurs, suivirent les feuilletons sous projecteurs, du tarmac Khalifa Baba et les quarante voleurs, aux profondeurs des puits Sonatrach 1 et 2  au tampon indéboulonnable l’américain éclaireur et ce en empruntant l’autoroute est-ouest aux mille et un glissements de l’anobli en sénateur…, « Beyt el mel » a connu l’incurable mal de se voir  amputé, charcuté et émietté par une horde vandalisant avec l’aval des sénateurs et députés…

Parallèlement, du plus puissant fonctionnaire au simple agent des voiries suivies par les maires voire même le gérant des cantines scolaires, le principe tant de surfacturations que de facturations virtuelles permettait aux uns et aux autres de consumer des budgets illicitement consommées…Et pour « acheter » le silence et la complicité d’une jeunesse, que seul le Barca et le Real mettaient en liesse, on lui proposa les projets de la paresse, dont le sésame d’une ANSEJ de maladresses lui offrait des milliards en liasses !

Et voilà que le soleil secouant et dépoussiérant les draps de la ville, fait apparaitre au grand jour l’intrépide baril, lequel, affrontant les pires récifs de ses îles et touché en plein dans le mille, devint impuissant face aux mille et un périls ! Et le système de rente se déstabilisa…se mobilisa…se métamorphosa en une mélancolique Mona Lisa !

Désormais, les masques, qui commencèrent à se ramollir en tombant sous l’effet domino telles des feuilles d’automne, révélèrent aux thuriféraires, spectateurs assoupis dans la salle, le décor d’une scène annonçant la tragédie comme théâtre, et toutes les salives des bouches devinrent saumâtres…face au miroir qui leur dévoila leur virtuel être et réel paraitre !

En se souvenant, comme s’il s’agissait d’une découverte, qu’il ne fallait jamais compter sur la rente et en dépendre voire à être la merci totale d’une énergie fossile dépréciatrice, on tenta vaille que vaille, après avoir vainement fouillé dans les malles, de dissimuler le grand mal qui commença à régner dans les salles, tout en se jetant les uns aux autres la balle !

Il devint question de rationaliser les consommations, même si l’électricité, qui demeure une question sujette à fermentation, engendrerait une indomptable réclamation ! Le pouvoir « trahi » par la vache à traire, exhorta ses Walis et les Maires, à dépoussiérer les héritages de la révolution agraire. Ils devaient travailler et prendre de la peine pour instaurer une économie de guerre…Le ministre de leur tutelle, dans un élan d’enthousiasme et une communication terre à terre, alla jusqu’à leur déclarer qu’il n’y avait plus de « Flousses », une situation amère qui ne peut que déplaire comme vérité exemplaire !

On commença à découvrir les disfonctionnements en amont et en aval aux niveaux des collectivités locales, les trottoirs indomptables avec leurs soumissions au portable, les projets budgétivores avec leurs chantiers morts, les dépenses insensées avec leurs destinations non recensées, d’insignifiants et inutiles festivals caractérisant la culture de bal…Tant de milliards partis en fumée, y compris dans les cent locaux et les trémies, métamorphosés respectivement en tanières des fêtes et bâches à eau des tempêtes !?

Néanmoins, et même si à l’aube de l’année prochaine, le sachet de lait qui ne s’arrache qu’à une pénible chaîne, annonçant la couleur d’un couffin qui saigne, prédit une déplorable scène, d’un cheayeb lekhdim affrontant sa peine, il n’en demeure pas moins, que pouvoir public et citoyens, ont tous les deux compris, que par manque de moyens, il faut désormais, dans une approche plus franche, retrousser les manches et oublier à jamais la danse des hanches…

Les prédateurs voraces et les opportunistes de toutes les classes, n’auront, ainsi, plus rien à piller de nos grands espaces ? Et les habitués des grands palaces, sans pour autant s’acquitter de leurs places, effaceront leurs traces pour aller se convertir dans de nouvelles casses…

Chaque ville devra créer sa propre richesse et ne plus compter sur un budget d’état en détresse ! Chaque citoyen devra rationaliser ses consommations tout en prenant en compte son pouvoir d’achat et le taux d’inflation…devant cette insurmontable déconfiture, toute la société est appelée à serrer la ceinture !?

Pour emprunter cette voie en bâillonnant les alarmistes voix, nul n’a besoin de crier sur tous les toits, que le salut n’est pas dans la promulgation des lois, mais réside dans le « commencer par soi » !

Il est tout à fait clair, que la « généreuse » décision de l’exécutif de céder 10% de leurs salaires pour renflouer les caisses du trésor public, en dépit de son caractère symbolique, nous pousse à exposer l’incontournable problématique des valeurs morales et éthiques !? Toute cette classe politique qui vit dans l’opulence criarde aux frais de la république – le club des pins, où la paresse est l’insatiable gagne pain, en demeure un exemple emblématique ! – représente pour la comptabilité de l’état les yeux du trésor public !?

Dans une émission « complément d’enquête », des journalistes français étaient hébétés voire sans voix, dans une attitude comparative entre le train de vie de leurs politiciens français et celui des norvégiens objets de leur enquête !? Le ministre de deux portefeuilles (l’intérieur et de la justice) et celui des affaires étrangères menaient un train de vie presque d’un smicard en Algérie…L’austérité est un principe sacré pour l’exécutif de ce pays, qu’est la Norvège! Il suffit donc à nos concitoyens responsables, qui ne peuvent pas être plus efficaces, productifs et rentables à notre Algérie que le sont leurs semblables du Norvège, pays très riche tout aussi en pétrole – oui je rêve et j’en suis conscient ! – d’y aller en mission diplomatique pour apprendre les principes de base de la morale et de l’éthique…

Le peuple, qui, quoique pauvre et démunis, avait offert auparavant les quelques bijoux, qui lui restait de la longue nuit coloniale, à la caisse de solidarité nationale, approuvera non seulement la politique de l’austérité mais contribuera également, en travaillant et prenant de la peine à satiété, à chasser le spectre de la pauvreté sans scruter « le schéma actantiel » de l’OPEP et ses velléités…La balle est donc dans le camp des sommités !?

Pour toutes ces raisons, qui ont fait du travail une valeur des plus viles, vivement ce baril en péril, qui fera disparaitre à jamais les mirages des gâteries puérils car : « Pour nous punir de notre paresse, il y’a, outre nos insuccès, les succès des autres » !

*Enseignant-chercheur,

Université Kasdi Merbah de Ouargla

 
Notes :

4 Commentaires

  1. Bonjour à tous,
    La mise en relief de la problématique du pays avec la mise en valeur des actes des principaux acteurs du désastre est vraiment splendide. Sauf que la balle, tout compte fait, n’est pas dans le camp des sommités. Pour une première raison qu’aussi sacré soit elle, l’austérité ne peut être connue des malfrats qui se confondent en sommités dans le panorama visuel du peuple. Elle est, comme dit dans le texte, plus connue chez le peuple depuis la fin de l’époque coloniale. Pour une seconde raison qui fait que personne ne se portera volontaire pour faire le travail d’un autre… l’égoïsme aidant, personne ne fera ce que le peuple devra faire pour qu’il puisse se réhabiliter lui même. En d’autres termes, « les sommités » qui traient la vache pétrolière et monopolise cette dernière ne l’offriront jamais comme cadeau aux autres. Ce qui va conduire inéluctablement à un affrontement. Une charge frontale est alors à prévoir ultérieurement, le temps que la paresse se dissipe et se transforme en famine avérée dans tous les horizons du pays. Bonne journée à tous.

  2. La remontée des prix des hydrocarbures n’est pas une bonne nouvelle pour le pays. Elle ne servira en fin de compte qu’a prolonger la durée de vie de ce régime corrompu,inapte à gérer ne serait ce qu’une daira et à mettre en faillit un peu plus l’Algérie.

    • Bonjour Djelloul Habib,
      La culture de la rente chez nous a pris un essor phénoménal. Depuis l’indépendance à nos jours il n y a pas eu une décision, un geste, un événement qui est sorti du cadre de la gestion rentière du pays. A tel point que même la jeunesse a été noyée dans l’environnement de la paresse et dans l’attente d’être servie uniquement pour l’apaisement des esprits car ne sachant trop comment gérer ni le pays ni cette jeunesse par un autre moyen que de distribuer l’argent du pétrole. Ils réussi à inculquer au peuple cette façon de se conduire et de vivre a des fins évidentes bien sur, mais aussi pour raison d’incompétence. Et c’est là aussi le véritable drame du pays. Le développement et l’adaptation sont innés chez l’être humain pour survivre. Tout le monde sait que dans la nature et le naturel des êtres, il faut s’adapter à son environnement pour survivre et être compétitifs envers tout le complémentaire et pour cela il faut innover et travailler. Chez nous pendant cinquante ans, et à cause de ce maudit pétrole, on a ronronner et déverser à flots le liquide nourricier appelé à se tarir bientôt. Bonne journée l’ami.

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