LE DOCTEUR FEKHAR DOIT-IL MOURIR ?

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« Je ne suis pas d’accord avec vous, mais je me battrai pour que vous puissiez le dire »
Le militant de Ghardaïa, Dr Fekhar est en grève de la faim depuis presque 3 mois consécutifs. Pour rappel, il a été arrêté suite aux tragiques événements qui se sont déroulés dans cette ville il y’a de cela quelques années. Son état de santé est très grave selon les avocats qui ont pu lui rendre visite et il risque de très gros soucis si cela continue ainsi. Il risque la mort certaine, sans parler des séquelles que laisseront sur lui ces mois de grève de la faim.Les autorités en place sont responsables de la situation, car il s’agit bel et bien d’un cas de déni de justice, n’ayant pas été présenté au juge depuis tout ce temps passé en prison. Etre jugé dans la transparence et de manière équitable est un droit fondamental que le régime algérien piétine sans vergogne.Nous sommes bel et bien face à une dictature violente et illégale, qui n’hésite pas à tuer ou à laisser mourir les citoyens algériens.
Il faut aussi croire que le régime veut instrumentaliser cette situation pour continuer à mettre le feu à une région du pays, une stratégie du chaos et de l’instabilité qui lui permet de justifier sa main mise autoritaire sur le pays.
Il faut au passage faire remarquer que le cas du Dr Fekhar n’est pas unique, et les prisons algériennes croulent sous le poids des détentions arbitraires, injustes et parfois totalement illégales. Des avocats des droits de l’homme ont souvent signalé des atteintes diverses et parfois graves aux procédures et aux lois en vigueur. « La justice a quitté les tribunaux algériens depuis belle lurette » affirmait récemment un de ces avocats.
Voilà, il faut absolument mettre les autorités algériennes face à leurs responsabilités. Elles sont tenues d’apaiser les esprits et de rendre justice de manière équitable pour tous les détenus, assurer le respect des droits fondamentaux des citoyens et rendre des comptes pour le moindre dépassement de ces règles.
Quant aux militants qui font du 2 poids et 2 mesures fonction du bord idéologique de la victime de la dictature, il faut reconnaître que cela montre à quel point les « élites » sont HS Hors Service, incapables d’assumer leur rôle d’élite consciente des véritables enjeux quand elles ne sont tout simplement pas de simples clientèles d’une dictature qui pue à des kilomètres.
Samir Belateche 03 / 04 /2017

PS: Je ne suis pas du même bord politique que le Dr Fekhar notamment depuis qu’il fréquente les indépendantistes, mais cela ne change ABSOLUMENT rien à ma position face à la possibilité de le voir mourir dans les geôles de la dictature. « Je ne suis pas d’accord avec vous, mais je me battrai pour que vous puissiez le dire »

2 Commentaires

  1. Je partage entièrement ton point de vue, mon cher Samir.
    J’avais exprimé le même point de vue le 06 mars dernier sur ma page Facebook et dont je reproduis le texte.
    __________________________
    Mon compatriote et confrère, Le Docteur Kameleddine FEKHAR a été un compagnon de lutte durant de nombreuses années dans le cadre de la défense des droits humains. Nos chemins ont divergé depuis 2012, lorsqu’il a emprunté la voie de « l’autonomie » du M’zab, influencé hélas en cela par certains séparatistes planqués en France.
    J’ai toujours dit à mon frère Kameleddine que la solution à la grave crise politique de légitimité du pouvoir qui perdure depuis 1962 ne pouvait se régler par la dislocation du pays et l’atteinte à l’unité nationale sacrée et que les problèmes que vivent les populations de notre cher M’zab et de notre chère Kabylie, étaient aussi les problèmes vécus par les populations des autres régions du pays. Jouer cette carte du régionalisme étroit c’est tomber dans le piège du régime illégitime et de sa politique criminelle du « diviser pour régner », une devise si chère à ses Maitres de la France coloniale.
    Seul le rassemblement de toutes les volontés sincères, sans exclusion ni exclusive, pourra imposer un véritable changement du système politique et l’instauration d’un Etat de Droit et des Libertés Démocratiques. Et c’est dans ce cadre et seulement dans ce cadre que pourront être réglées pacifiquement et sereinement les spécificités régionales et que pourra être discutée l’idée de la «régionalisation positive», si chère à notre frère aîné Hocine Aït Ahmed, Rahimahou Allah.
    Cela étant dit, ce ne sont pas nos profondes divergences politiques qui vont m’empêcher de dénoncer et de condamner fermement la détention sans jugement et dans des conditions inhumaines, pour ne pas dire bestiales, et ce durant près de deux années de mon compatriote Kameleddine et de ses compagnons, ponctuée par des grèves de la faim dont la dernière en cours, dure depuis 60 jours, mettant sa vie en péril.
    Le régime illégitime et ses mercenaires politiques chargés des sales besognes qui l’ont condamné avant même qu’il ne soit jugé, portent l’entière responsabilité du drame, à Dieu Ne Plaise, qui surviendrait.
    Notre compatriote, le Dr Fekhar et ses compagnons, ont droit à un procès juste et équitable, en présence d’observateurs internationaux des Droits Humains, et ce, dans les plus brefs délais avant que l’irréparable ne se produise.
    Salah-Eddine SIDHOUM

  2. A la une / Actualité
    Me Dabouz rend public “le testament” du détenu
    “Ce que m’a dit Kamaleddine Fekhar…”
    Le docteur Kamaleddine Fekhar. © D.R.
    L’avocat qui a rencontré son mandant jeudi dernier a tenu à informer l’opinion publique de l’état de santé du détenu et de ses souffrances, mais aussi de son combat et de ses véritables objectifs qui ne sont pas ceux dont on l’accuse. Ci-après le témoignage de l’avocat :
    “Il est à son quatre-vingt-quatorzième jour de grève de la faim. Le Dr Kamaleddine Fekhar m’a avoué, aujourd’hui, (avant-hier, ndlr) qu’il se sacrifie pour sa communauté mozabite, pour la démocratie et pour les droits de l’Homme en Algérie. Le Dr Kamaleddine Fekhar souffre d’hépatite C et d’une infection des voies urinaires, il m’a dit qu’il a besoin d’un traitement spécial et qu’il craint qu’ils le laissent mourir sans être libéré pour être en mesure de choisir le traitement qui lui convient. Le Dr Kamaleddine Fekhar m’a dit qu’il a beaucoup souffert, dimanche et lundi derniers, et qu’il pensait que c’était la fin. Le Dr Kamaleddine Fekhar m’a assuré qu’il n’est pas un criminel, mais qu’il milite pour que tous les Algériens puissent jouir pleinement de leur droit à une citoyenneté entière, en particulier les minorités ethniques ou religieuses. Le Dr Kamaleddine Fekhar a mis l’accent sur les droits des M’zabs, en particulier la langue mozabite et le rite ibadite, et m’a rappelé la pétition envoyée à la présidence de la République, pour laquelle il n’a reçu aucune réponse. Le Dr Kamaleddine Fekhar m’a demandé d’informer l’opinion publique parce qu’il ne sait pas si nous allons nous rencontrer ou non, il m’a dit que tout le monde doit savoir que les criminels sont tous ceux qui ont brûlé Ghardaïa et qui m’ont condamné par une presse suspecte, ainsi que ceux qui ont falsifié le procès-verbal de la police, qui ont refusé de m’écouter, notamment les fonctionnaires de la justice et les responsables politiques. Le Dr Kamaleddine Fekhar m’a dit qu’il fait ces déclarations pour l’histoire, qu’il insiste sur la demande d’une commission d’enquête crédible pour dévoiler la vérité sur ce qui s’était passé à Ghardaïa. Oh, mon Dieu, j’ai transmis.”

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