Du fond du sarcophage

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1823

Salim METREF
Au mois de mai, je verrai le palais de la Moncada. Dans le ciel de Santiago apparaîtront les doigts de Victor Jara jouant de la guitare sur un poème de Pablo Neruda. Allende sera là haranguant les foules. Et puis je visiterai Lisbonne pour voir les soldats avec des œillets rouges au bout de leurs fusils. Et fusera avec force l’hymne jadis interdit,  Grândola, Vila Morena, de Zeca Afonso. Je me promènerai place Tahrir. Au Caire les larmes ont déjà séché. Mais le silence du souvenir est assourdissant. Je verrai Louxor et saluerai le grand peuple d’Egypte. J’irai aussi à Jérusalem. Je prierai sur l’esplanade des mosquées et allumerai un cierge au pied d’El Aqsa. J’irai à l’église de la nativité à Bethléem.  Et je me promènerai à Gaza. Je verrai les tombes des enfants tombés sous les bombes. Et dans les rues de la ville scintillera de milles feux le souvenir de Cheikh Yacine.
Au mois de mai, la haine domine toujours, la force prime sur le droit et la grande famine qui vient fait déjà peur. Les balles sifflent la fin du printemps qui n’est plus que nécrose. Et du fond du sarcophage continuera toujours de se faire entendre le souffle indomptable et miraculeux de la vie.

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