LA DESTITUTION DE L'ETAT-MAJOR PAR LE GPRA

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Benyoucef  Benkhedda in « la crise de 1962 »
Les 24 et 25 juin 1962, les responsables des wilayate 2 (Nord- Constantinois), 3 (Kabylie), 4 (Algérois) ainsi que ceux de la zone autonome d’Alger et des fédérations de France et de Tunisie, réunis à Zemmorah (wilaya 3), soulignent la gravité de la situation à l’intérieur du pays. Des émissaires de l’état-major portent directement le conflit GPRA-EMG à la base, sans passer par le canal de la voie hiérarchique de l’Organisation. Ils se livrent à un travail de dénigrement systématique du gouvernement, particulièrement en wilaya 2 et dans la zone autonome d’Alger. Devant les menaces de division du FLN-ALN, les chefs de wilaya réagissent car leur autorité est sérieusement mise en cause et ils craignent le danger d’une infrastructure parallèle à celle déjà existante avec les risques d’affrontements généralisés. Ils décident de proclamer l’état d’urgence sur les territoires qu’ils contrôlent jusqu’à l’avènement d’un état légal. Ils déplorent les divisions qui paralysent le gouvernement et l’appellent à prendre des mesures contre les membres de l’état-major coupables de rébellion. Ils créent un Comité inter-wilayas chargé de la préparation du congrès du FLN et ils invitent les chefs des autres wilayate 1 (Aurès-Némencha), 5 (Oranie) et 6 (Sahara) à se joindre à eux. (Annexe 2.) Mais ces derniers avaient déjà opté pour l’EMG. Les tentatives d’unité entre les wilayate échouèrent.
Au cours de l’émission télévisée de l’été 1992 un membre de l’état-major, ancien militant du mouvement national, s’est acharné devant des millions de téléspectateurs à décrier ces responsables et leur message, avec passion et sans retenue aucune, allant jusqu’à déclarer que la réunion de Zemmorah s’était tenue avec « la complicité des Français ». [Traduisez: les autorités coloniales]. (Il s’agit de Ali Mendjeli).
Une démesure, des accusations sans preuves, des infamies contre des militants dont le souci était de préserver l’unité de la Révolution et celle du peuple.
Le 27 juin, arrive à Tunis une délégation du Comité inter-wilayas composée des commandants Tayeb Seddiki et Fedal (Si H’mimi) de la wilaya 3, du docteur Said Harmouche de la wilaya 4 et de Zerrari (Azzeddine) chef de la zone autonome d’Alger. Elle sera reçue au nom du gouvernement par quatre membres : Khider, Ben Bella, Krim et moi-même. Elle présenta les motions adoptées par le Comité, notamment la condamnation de l’état-major, déclenchant une violente réaction de la part de Khider qui finit par se retirer tout en m’annonçant sa démission. Ben Bella le suit. Ce dernier quitte secrètement Tunis en pleine nuit pour le Caire à bord d’un avion égyptien, après être revenu me voir et m’avoir assuré qu’il se désolidarisait de Khider ; celui-ci rendra publique sa démission le lendemain 28 juin. (Annexe 19.)
L’état-major poursuivait quant à lui sa propagande malveillante contre le GPRA lui attribuant l’intention fallacieuse de «liquider l’ALN » et de la remplacer par la force locale. Devant ce travail de sape et les actes de rébellion répétés des trois officiers de l’EMG et en réponse à l’«appel » du Comité inter-wilayas du 25 juin, le GPRA finit par les sanctionner, et, dans un ordre du jour à l’ALN, le 30 juin 1962, décide :
« 1/ de dénoncer les activités criminelles des trois membres de l’ex état-major,
2/ de dégrader le colonel Boumédiène et les deux commandants Mendjeli et Slimane (Kaïd Ahmed). »
– Il  demande à tous les djounoud et officiers de l’appuyer dans sa tâche de renforcement de la seule autorité légitime.
– Donne ordre aux wilaya, à tous les djounoud et officiers de l’Armée de libération nationale de ne tolérer aucun empiétement de son autorité par des éléments inconscients dont les activités ne peuvent déboucher que sur des luttes fratricides dans le but de priver le peuple de sa souveraineté et d’instaurer une dictature au profit des forces de régression sécrétées par des structures coloniales. »(Annexe 3.)
Craignant d’être arrêté à la suite de cet ordre du jour et jugé pour rébellion passible de la peine de mort, Boumédiène s’enfuit. Il quitte son PC de Ghardimaou, traverse la frontière tunisienne où les forces militaires françaises amorçaient leur retrait du territoire en vertu des accords d’Evian, et va se réfugier auprès de Tahar Zbiri, chef de la wilaya des Aurès-Némencha. Ses deux adjoints Kaïd et Mendjeli disparurent à leur tour chacun de son côté.
Ben Bella exploita l’événement, à partir du Caire ; il se solidarisa avec l’état-major en reprenant à son compte la propagande calomnieuse de l’EMG qui assimilait les mesures prises contre ce dernier à la dissolution du Djeïch, se faisant ainsi le défenseur de l’ALN. Il en deviendra l’otage et la victime. Il sera arrêté le 19 juin 1965, trois ans plus tard par le chef du même état-major, son ex-allié, et enfermé pendant quatorze ans dans le secret le plus absolu, sans jugement

7 Commentaires

  1. finalement l’armée des frontières Tunisie Maroc ont été la matrice de la république algérienne dictatoriale et populiste dont les conséquences sont toujours d’actualité au détriment de sa population et l’Algérie n’est même pas un pays émergeant.

  2. « Imposteurs d’Oujda et de Ghardimaou et leçons d’une Histoire qu’on voudrait falsifier. »
    Nul n’ignore le rôle joué par ceux que nous avons appelé les «imposteurs d »Oujda et de Ghardimaou » durant les dernières années de la guerre de libération nationale et dont l’Algérie paie lourdement le prix aujourd’hui et pour longtemps.
    Alors que les maquisards de l’armée de libération nationale se faisaient griller au napalm, étaient écrasés par le rouleau compresseur des opérations «Jumelles », «Pierres précieuses », «Courroie » et autres, et étaient asphyxiés par les redoutables barrages électrifiés frontaliers dits «Morice » et «Challe », une poignée d’aventuriers qui n’avait pas tiré une seule cartouche contre l’armée coloniale, se taillait dans les camps frontaliers d’Oujda et de Ghardimaou une véritable armée sur mesure, évaluée à la veille de l’indépendance à près de 40 000 hommes et plus connue sous le nom de «l’armée des frontières ».
    Et l’acte désespéré du colonel Si Salah, de son vrai nom Mohamed Zamoum, patriote et maquisard de la première heure, de négocier avec le général De Gaulle s’expliquait aisément par l’état d’isolement des maquisards, démoralisés non pas par les coups de boutoir de l’armée coloniale auxquels ils résistaient vaillamment et avec peu de moyens, mais surtout par les intrigues et l’impuissance de ceux qui étaient sensés les ravitailler de l’extérieur, plus préoccupés par le grenouillage politicien et la préparation de la prise du pouvoir que par le sort de leurs frères pourchassés dans les maquis.
    Ces mêmes aventuriers auront l’outrecuidance de voter contre les accords d’Evian qui mettaient fin aux souffrances du Peuple algérien et ouvraient les portes de l’Indépendance, lors de la réunion du Conseil national de la révolution algérienne (CNRA). Il est vrai que ces planqués des frontières n’étaient pas gênés par une éventuelle poursuite de la guerre. Ils étaient à l’abri de la sauvage répression de la soldatesque coloniale et des bombardements au napalm.
    Salah-Eddine SIDHOUM in Facebook

  3. C’est ce qu’ont appelle les opportunistes criminels. Tahar Zbiri a payer tous comme Ben Bella la trahison des marthyrs, des Algerien et de l’Algerie.

  4. Benbella avait joué au niveau international le role de laveur d´assiette, c´est lui qui a mis la première pierre de la future république de ce que on appelle aujourd´hui RADP, le reste de l´histoire de cette Algérie n´est que secondaire!

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