Kamel-Eddine Fekhar retrouve sa liberté

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El Watan le 16.07.17 

 

Le leader du M’Zab Kamel-Eddine Fekhar a été libéré, aujourd’hui dimanche, au terme de deux années d’emprisonnement aux multiples rebondissements.

«Je milite pour la démocratie et les droits de l’homme, j’en paie le prix. La prison n’a fait que renforcer mes convictions. J’ai été arrêté et condamné pour mes idées, je n’ai commis aucun crime. Je continuerai à militer pour la liberté. La lutte pour le respect des droits de l’homme est une longue lutte que tous les Algériens doivent mener, ce n’est l’affaire d’un seul homme», a déclaré à El Watan quelques instants après sa sortie de prison à Médéa.
Si ses convictions demeurent intactes, il craint pour sa santé. «J’ai peur que la grève de la faim que j’ai entamé en prison ne me laisse des séquelles», redoute-t-il. Arrêté en compagnie d’autres citoyens mozabites le 9 juillet 2015 à Ghardaïa, M. Fekhar a connu un long calvaire carcéral. Accusés de faits graves « tentative de renverser le régime politique, atteinte à la souveraineté nationale, atteinte la l’unité nationale (…)» dix-huit chefs d’inculpation en tout. Depuis lors, le leader du M’Zab ne cesse de clamer son innocence et il en a été jusqu’à risquer sa vie, ce n’est l’intervention des avocats qui l’ont convaincu de mettre fin à sa grève.
Son avocat Salah Debouz dénonçait inlassablement une «instruction à charge» mais surtout qui a trop duré. Il a dû faire une longue marche d’Alger jusqu’à Laghouat où son client était hospitalisé. Au terme d’une bataille politique et judiciaire, le procès Fekhar et de ses compagnons a pu avoir lieu après vingt-deux mois de détention provisoire. Et c’est le tribunal criminel de Médéa qui abrita le procès le 24 mai dernier au terme duquel Fekhar a été condamné, dans une première affaire, à cinq ans de prison dont dix-huit mois ferme. Dans la seconde affaire, il a été également condamné dans la même semaine à cinq ans de prison dont vingt-quatre mois ferme.
Deux semaines après, c’était au tour de l’ex maire de Berriane Nacer-Eddine Hedjadj de passer à la barre devant le même tribunal. Accusé d’importation et de détention d’armes sans autorisation, il a été condamné à trois ans de prison, dont 18 mois ferme. Hedjaj a quitté la prison le jour du procès parce qu’il a passé près de deux ans en détention.
Avec la libération de Kamel-Eddine Fekhar, c’est une page douloureuse des évènements de Ghardaïa qui se tourne. Cependant, le vrai procès sur ce qui s’est passé réellement dans la Vallée du M’zab entre 2013 et 2015 demeure opaque. A cet effet, Kamel-Eddine Fekhar lance un appel aux personnalités nationales indépendantes de constituer une « Commission d’enquête indépendante pour faire la lumière sur les événements de Ghardaïa».
Hacen Ouali

2 Commentaires

  1. De profondes divergences politiques nous ont séparés depuis quelques années mais cela ne m’empêche pas d’exprimer ma joie et mon soulagement suite à la libération de mon compatriote Kameleddine Fekhar, pour lequel j’ai toujours réclamé un procès juste et équitable en présence d’observateurs internationaux.
    Al Hamdou Lillah qu’il puisse recouvrer sa liberté après de dures épreuves et de se retrouver parmi les siens.

  2. On espère que M. Fekhar se sera convaincu que toute revendication séparatiste a l’heure actuelle est du pain béni pour le pouvoir assassin car elle lui donne dès le départ 80% d’approbation parmi la population. Ne leur faisons plus ce cadeau. Quand le pouvoir usurpateur aura été remplacé par un pouvoir démocratique, alors toutes les questions, y compris la secession du Mzab, de la Kabyle ou de Bab El Oued pourront être posées et resolues pacifiquement par décision souvraine du peuple. Militer pour toute autre chose que le démentelement du pouvoir mafieux est actuellement une forme de suicide assisté par la police politique.

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