L’ALGÉRIE PLONGÉE DANS UNE GRANDE ABERRATION INSTITUTIONNELLE

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L’ALGÉRIE PLONGÉE DANS UNE GRANDE ABERRATION INSTITUTIONNELLE : MONSIEUR FRÈRE ET LE PREMIER DES MINISTRES

PAR SAAD ZIANE

Retour sur les bruits et caquetages de la «haute cour » du roi dans une Algérie où les aberrations institutionnelles accompagnant le 4ème mandat prennent un tour hallucinant et caricatural.
 « Monsieur le président vous a instruit de faire ceci et de ne pas faire ceci et d’arrêter immédiatement de casser les pieds à Ali Haddad… » Dans le dernier rebondissement des futilités de la « haute cour », on a une certitude : il y a bien eu un compte rendu comminatoire dont l’auteur est Ahmed Ouyahia, directeur de cabinet à la présidence de la république, qui a été fuité dans des journaux.
Il ne sert à rien de se crisper sur les privilèges en «info-sérail » accordés au peu ragoutant groupe Ennahar, cela devient secondaire. Ce n’est qu’un instrument qui peut aussi bien durer que disparaître, selon l’évolution de la cartographie clanique au sein du régime.
Le président communique avec son premier ministre par des «fuites » ?
L’affaire des «instructions du président transmises par Ouyahia » au Premier ministre est un signe éloquent de l’aggravation du délitement institutionnel qui s’est fortement accentué avec le quatrième mandat. On sait donc que des «instructions présidentielles » – qui ne s’expriment pas dans un texte signé officiellement par Abdelaziz Bouteflika et dont l’agence officielle de presse ne fait toujours pas état – ont été fuitées dans la presse privée.
Ces instructions ont-elles été transmises à M.Tebboune qui se trouvait au moment des fuites en « vacances » en France et faisait l’objet d’une campagne de presse vindicative ? Est-ce que la «transmission » du message du président de la RADP au Premier Ministre de la RADP, c’est justement et uniquement les fuites dans les médias
Une présidence qui attend qu’un Premier ministre parte en vacance en France pour lui transmettre via des fuites de presse un message «lourd » ? On serait dans ce cas près du stade suprême du cocasse. Le  président de la république a tous les pouvoirs et il peut donc  convoquer son premier ministre (y compris de la plage française où il prend du repos), lui tirer les oreilles, lui ordonner d’arrêter de s’attaquer aux affairistes et de publier des mises en demeures pour les « chouchous ». Or, il  ne le fait pas.
Dans l’organisation formelle de l’exécutif, le Premier ministre est en « lien direct » avec le président de la république, la fonction de directeur de cabinet est celle d’une gestion de l’intendanceLe «recadrage » ou le «désaveu » d’un premier ministre par le chef de l’État n’a donc pas besoin d’une médiation. Or, c’est ce qui s’est passé. L’Algérie est soumise à une extraordinaire aberration institutionnelle.
 Tebboune comme les 19 ?
Qui ouvre largement le champ à l’interprétation et aux rumeurs : une instruction présidentielle dont l’APS ne fait même pas état émane-t-elle vraiment de Bouteflika ?  Tebboune se retrouve-t-il dans la même situation que les amis du président du groupe dit des « 19 » qui n’avaient plus accès direct au président et se sont pris à douter si c’est lui qui décide de la politique menée ou « d’autres » ?
Le quatrième mandat d’un président disposant de tous les pouvoirs mais à la santé délicate a complètement faussé le fonctionnement basique de l’État.  Et ce ne sont pas des questions du «pure forme» car dans un État comme dans une loi la forme porte le fond.  
Toutes les suspicions se retrouvent renforcées dans ce remarquable charivari dans la haute cour du roi. Est-ce que le président décide vraiment de «tout » comme le martelait le très léger Abdelmalek Sellal ?
Quand un Premier Ministre qui dit appliquer la politique du président visant « à séparer l’argent et l’État » se voit rabroué par voie de presse – à l’heure actuelle rien ne dit que M.Tebboune a été réellement rendu destinataire des «instructions » – on prend pleinement la mesure du poids exorbitant de l’informel. L’État, au sommet, est devenu le théâtre de l’exercice d’un pouvoir informel.
Mais Tebboune n’a rien dit et aucune instance officielle – pas même Ouyahia- n’a contesté l’existence des ces instructions, le décryptage n’est guère compliqué.
Les hommes d’affaires et monsieur frère  
Le poids politique grandissant des hommes d’affaires dont le point d’appui névralgique au sein du pouvoir est Saïd Bouteflika, formellement conseiller du chef de l’État mais «informellement » beaucoup plus, s’affiche de manière ostensible. Au détriment de la bureaucratie d’État qui a créé les affairistes et qui découvre – du moins une partie de cette bureaucratie – qu’elle lui conteste aujourd’hui ses prérogatives et ses pouvoirs.   
Les grands éclats de rire de Saïd Bouteflika avec Ali Haddad lors de l’enterrement de Réda Malek – la scène n’était pas improvisée mais bien destinée à être filmée et photographiée et à transmettre un message – annonçaient clairement que « l’institutionnel » Tebboune  était sur le chemin de la disgrâce.
 Mais comme Tebboune a surfé sur un réel dégout au sein de l’opinion de l’étalage bling-bling indécent des riches sur commandite publique à qui l’on ne demande aucun compte, les traditionnels articles bouledogues ont été immédiatement commandés et exécutés.
«L’écrit » d’Ahmed Ouyahia sur le mode du président «vous ordonne » est en quelque sorte l’épilogue de cette charge médiatique contre Tebboune. Résumé des courses de ce charivari au sommet : un Premier ministre sous quatrième mandat n’est rien, un conseiller est tout. L’Algérie n’est officiellement plus en état d’urgence, mais elle est bien en état de régence.
Le monopole de l’interprétation de la parole présidentielle
Le président ne parle plus,  c’est le frère, qui dit sa parole. Ou du moins qui a le monopole de l’interprétation. Tout ceux qui prétendent appliquer le «programme du président » sont désormais avertis.
Dans la situation présente où les institutions sont effacées, celui qui détient le pouvoir d’interpréter la parole inaudible du président a le pouvoir. Tebboune aurait ainsi commis «l’impair » de faire une interprétation non validée par la régence informelle de la parole présidentielle en s’engageant dans une politique de recadrage des oligarques. Il vient d’être recadré brutalement. Par le président ? Peut-être.
Et tout le problème est dans ce « peut-être » qui fait la différence entre fonctionnement institutionnel et jeux de réseaux informels qui squattent l’État. C’est ce « peut-être » qui entretient les doutes et les spéculations que les pouvoirs du roi sont exercés de manière anormale.
Le contenu des instructions est une victoire des oligarques qui ne se cachent plus pour grandir. Ils sont une partie du pouvoir et ils tentent, dans cet intermède triste dans lequel le pays est plongé, de ramasser la mise pour être le pouvoir. Avant que la fin de l’intermède ne rebatte les cartes.
Le seul ennui que provoque Tebboune au clan des oligarques est que sa tentative éclaire bien l’opinion sur le pouvoir grandissant des affairistes et sur leur appétitLes mesures décidées par Tebboune, décriées comme d’habitude par les économistes libéraux, relèvent d’une tentative de gérer une situation de baisse sensible des recettes hydrocarbures.
Séparer « l’argent et l’État » voulait dire au moins que le gouvernement allait cesser de faire des largesses aux affairistes.  La riposte est venue à travers une campagne de presse – aux accents parfois inénarrables et ridicules – suivie d’un désaveu « officiel informel » du chef de l’État.
Sur le fond, cela indique que face à la crise financière, la variable d’ajustement ne viendra pas par une limitation des appétits des affairistes, mais par des politiques antisociales ciblant les classes populaires. C’est l’enjeu fondamental : qu’elle sera la variable d’ajustement face à la crise ? Le charivari de la haute-cour nous en donne une indication.
Tebboune, en solo ?
Il reste une question fondamentale : sur qui comptait Tebboune en s’attaquant aux privilèges exorbitants accordés aux oligarques agréés du clan dominant ?Croyait-il que la crise et les errements du gouvernement Sellal étaient suffisants pour imprimer une petite bifurcation pour endiguer la curée et la course au partage des restes des biens publics ?
S’il a agi juste sur la base de ces impressions, cela relève d’une incroyable naïveté.  Si cela n’est pas le cas et qu’il s’est engagé sur la base de soutiens à l’intérieur du régime, cela veut dire qu’au-delà de son sort (sera-t-il débarqué, démissionnera-t-il ?) la bagarre dans la « haute cour » est loin d’être terminée. 

11 Commentaires

  1. Maintenant que c’est fait, la vraie question qui est derrière le limogeage de Tebboune ? Abdelka Al Mali, son frère Saïd ou bien Haddad et co? Autrement qui décide réellement en Algérie ? Ou peut-être la France en jouant sur la naïveté du premier ministre pour précipiter sa chute ? Allez savoir !!!

    • Salem
      Et pourquoi ne pas pensez a un scénario qui propulse le Tebboun comme présidentiable après le départ de Boutef
      Il sera vu comme étant un héros qui a tenu tête a Abdeka el mali,lui qui voulait luter contre la corruption et la mafia (mon oeil)….oui se sera l’homme du changement pour les prochaines présidentielle …pauvre de nous, on gobe toutes leurs histoires dire que le Tebboune était un ministre des plus stable du gouvernement Sellal comment peut on croire a un changement radical de sa part,en si peu de temps ….Tebboune Ouyahya et les autres ont des rôles a jouer ce sont de trés beaux acteurs, et ils jouent très bien et ils sont très bien payés, un très beau film ce carnaval fi dechra, qui ne veut pas prendre fin, même l’acteur principal ne veut pas mourir vivement un cinquième mandat ..

  2. Le délitement a commencé avec le troisième mandat qui a montré et démontré la déliquescence, la clochardisation des institutions de la république et notamment les assemblées élues dont les membres sont à vendre au plus offrant.

  3. Quand est ce que le F.L.N, de la nuit va consacrer officiellement le « SQUARE PORT SAID » comme Bourse d’Alger ?
    Ce jour là tous les opérateurs Boursiers qui travaillent dans la clandestinité vont s’inscrire dans le registre des spéculateurs et paieront leurs impôts.
    Le régime des Janissaires d’Alger s’est aligné sur la Corée du Nord et l’Arabie Yahoudite…!!!
    Les voyous du F.L.N de la nuit (GUI-ZAN) veulent pousser la Kabylie à la radicalisation…..!!!
    Un jour il paiera tout ce qu’il a enduré, (depuis le départ de la France) à cette terre sacré de Kabylie.

  4. Les hommes politiques les plus remarqués,actuellement,sur l’échiquier politique en Algérie ce sont:
    ===des hommes corrompus de « Entrepreneuriat Politique »,
    ===et des hommes,corrompus,d’Affaires et de la Finance.
    En somme c’est une Véritable Mafia Politico-Financière agitée,justement,par de « Marionnettistes Professionnels » qui restent invisibles(pour le peuple)mais tout le monde peut,aisément,les deviner.
    Car commenter des scandales politiques(à ne pas en finir) qui surviennent à la Tête de l’Etat,et ce depuis 1962 et Illégitimité du Pouvoir.
    Je disais, commenter ces scandales à la Hâte et essayer de mettre tout cela(cet énième scandale)sur le dos,
    ===d’un Président malade(immobile et aphasique),déjà,depuis plus de cinq ans maintenant;
    ====Ou mettre cela,comme certains idéologues aiment bien le souligner et le mettre sur le dos du Régionalisme et de la Race;
    à mon humble avis ce n’est plus une analyse politique sereine.
    Car les OUYAHIA,les ALI HADDAD et autres SIDHOUM SAID du syndicat -maison,ne sont ni de Saida,ni de l’Oranie,ni encore moins du Sud.
    Persister dans cette voie d’aveuglement politique,c’est de la malhonnêteté intellectuelle pour ne pas dire plus!
    Car pour tout observateur juste de la scène politique à »l’Algérienne »,tout ce qui se déroule sous nos yeux ne sont, finalement, que des manipulations qui utilisent tantôt l’Islam,tantôt la Race,tantôt le Régionalisme pour essayer de brouiller les cartes distribuées,justement,par des crapules à leurs agents tapés dans l’ombre des « Institutions de l’Etat »afin de Diviser et Faciliter la Tâche du Règne des médiocres et de ces mêmes crapules et leurs soutiens dans la sphère de « l’Abrutigentia ».
    Et tout ce « beau »monde des sales besognes semble apprécier ce jeu de cache-cache qui les arrangent(loin des préoccupations de la population qui est dans un autre oued),car in fine ce sont eux les décideurs et les vrais bénéficiaires de tout ce remue-ménage !

  5. L’Algérie est devenu un pays de cauchemars. On dort sur le ventre et on cauchemardesque. Après 1962, on a interdit à l’Algérien de rêver. Tout est possible. On a franchi les frontières du surréalisme. Ce pays est gérer d’une façon tribale comme du temps de nos ancêtres lointains. Ya Latif. Toute la société est gangrenée jusqu’à la moelle épinière. Sauf qui peut.

  6. Ceux qui ont cru que Tebboune allait éradiquer la corruption et les passe-droits en Algérie rêvent debout.Le régime en place est définitivement disqualifié pour mener une telle opération.La presse écrite naïve et infantile a cru déceler une volonté de mener une campagne mains propres en défendant Teboune le zoro qui n’est qu’un enfant du système despotique.La lutte contre la corruption,les détournements,l’arbitraire et l’injustice suppose un Etat de droit et un justice indépendante.Deux denrées rares et voire inexistantes en Algérie pour les cols blancs.En Algérie la loi est comme cette toile d’araignée qui arrête les petites mouches et laisse passer les grosses.L’absence de démocratie et de volonté politique sont les principaux obstacles pour imposer la transparence dans la gestion des biens de l’Etat.La volonté de s’éterniser au pouvoir vient de la peur de rendre des comptes en cas d’alternance,car ils n’ont pas la conscience tranquille.

  7. La bataille est loin d’être terminée. Les Haddad-Ouyahia- Sid Said, font tout sur la précipitation pour arriver virrer le pouvoir au centre puisque longtemps à l’Est puis longtemps à l’Ouest, ils se lancé dans une guerre, qu’ls guerrent bataille par bataille, parmis lesquelles la bataille contre Bel khadem, la batzille contre Benflis.

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