Devoir de mémoire : 20e anniversaire du massacre d'Erraïs (Sidi Moussa)

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Massacres collectifs durant la sale guerre.

 
Ce modeste travail et rappel historique sur les massacres est tout particulièrement « dédié » aux  philosophes de l’imposture Bernard Henri-Levy et Glucksmann avec tout le profond mépris de l’humble citoyen  algérien que je suis, que j’éprouve pour leur malhonnêteté intellectuelle en venant après les horribles massacres, témoigner en faveur du régime illégitime.
Salah-Eddine SIDHOUM
A l’occasion du 20e anniversaire de l’horrible massacre d’Errais (nuit du 28 au 29 août 1997), localité située près de Sidi Moussa, à la périphérie de la capitale et par devoir de mémoire, nous avons jugé utile de rappeler à nos concitoyens et plus particulièrement à notre jeunesse des faits douloureux qu’a eu à vivre notre peuple et que le régime tente vainement d’effacer de la mémoire collective à travers sa « charte » de la supercherie nationale et de l’impunité.
Un modeste travail basé sur des archives personnelles et des témoignages que nous avons pu recueillir durant les années de sang et de larmes.
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Les massacres collectifs apparurent avec une fréquence régulière à partir de novembre 1996, prenant une proportion alarmante durant le Ramadhan (février 97) et augmentant progressivement au fil des mois jusqu’à atteindre le sommet de l’horreur lors du massacre du quartier Errais de Sidi Moussa (août 1997) avec plus de trois cent morts. Cette période  correspondait à la phase de négociations entre la police politique et  un  groupe armé  (AIS) et à une lutte sans merci entre les gangs de l’oligarchie militaro-financière.
Durant le Ramadhan 97, les quartiers populaires de la capitale (Belouizdad, Bab El Oued, Hussein-Dey), furent marqués par d’odieux attentats à la voiture piégée provoquant la mort de plus d’une centaine d’innocentes victimes.
Qui étaient ces criminels qui, sous  couvert du « GIA », ce monstre hideux, semaient la terreur dans les villages et quartiers populaires ? Des psychopathes drogués commettaient des crimes horribles, indescriptibles qui dépassaient tout entendement. Des femmes kidnappées et violées, des enfants éventrés, des hommes décapités et désarticulés. Des récits et des témoignages insoutenables ébranleront les consciences les plus solides. Avec des déguisements hideux (fausses barbes, tenues afghanes, rasage du crâne et des sourcils, bandeaux aux inscriptions blasphématoires) ces criminels sèmeront la terreur et le désarroi dans les villages de la Mitidja, de Médéa, de Relizane, de Tlemcen, de Chlef et de Djelfa avant d’arriver aux portes de la capitale.
Alors que l’information sécuritaire était étroitement verrouillée par les comités de censure au sein des imprimeries d’Etat et qu’aucune information concernant la mort de dizaines de policiers, de militaires et d’autres civils ne pouvait filtrer, ces massacres horribles seront abondamment et régulièrement rapportés et commentés par une certaine presse, connue pour sa désinformation.
De nombreuses questions et interrogations tarauderont l’esprit de tout observateur digne et honnête.
Comment expliquer que la majorité des massacres se soient déroulés dans le secteur de Blida, zone connue pour l’implantation des principales garnisons militaires et quadrillée par un imposant dispositif de sécurité (80% du dispositif de guerre) ? Des massacres ont eu lieu à quelques centaines de mètres de certaines casernes et brigades de gendarmerie sans aucune inquiétude pour les agresseurs. Ces derniers se déplaçant  par dizaines et en camions en toute quiétude se permettant même d’emporter des « butins de guerre » que sont les femmes, le bétail et des objets  domestiques. Les tirs d’armes, les explosions de bombes, les flammes des maisons brûlées et les cris désespérés des victimes ne troubleront pas le sommeil de ceux qui étaient sensés assurer la sécurité des citoyens.
Comment se fait-il qu’une oligarchie qui consacre 17% des dépenses publiques à la lutte « anti-terroriste » et qui a armé des dizaines de milliers de miliciens et mobilisé tous ses services de répression dans cette lutte de survie se laissa-t-elle facilement surprendre par des groupes armés qui massacrent impunément des villages entiers, dans des zones où la présence militaire était importante ?
Comment se fait-il que les bunkers de la nomenklatura du littoral algérois et les zones d’exclusion du Sahara de ce que certains analystes appellaient « l’Algérie utile », n’avaient jamais reçu les visites nocturnes de ces étranges groupes armés ?
Comment expliquer que ces groupes armés se disant « islamistes » qui combattaient théoriquement le régime et qui se déplaçaient par dizaines voire parfois par centaines,  par camions et par bus s’en prenaient à de malheureux villageois misérables et sans défense? Les « stratèges » de ces groupes armés étaient-ils si débiles au point de se couper de la population et de se faire hara-kiri ?
Comment se fait-il qu’après les massacres, des ordres formels étaient donnés aux services de sécurité pour isoler les villages et interdire aux survivants de témoigner devant la presse internationale ? Aucune personne étrangère au village n’était autorisée à se rendre sur les lieux des massacres. Seuls certains plumitifs qui émargeaient aux officines de Ben  avaient loisir à désinformer, dans des articles commandés à distance ?
A aucun moment l’un des « auteurs » de ces crimes abominables n’a été arrêté et présenté à la justice, en dehors, bien sûr, des manipulations télévisées de « repentis » qui ne trompaient personne.
 

Les fâchés contre Dieu (El ghadhiboune ala Allah)

Le sigle des « GIA » ayant été utilisé longtemps jusqu’à l’user, voilà qu’apparaissait un mystérieux et étrange groupe « islamiste » qui se spécialisera dans le massacre de familles…..d’islamistes. Sorti encore une fois directement  des officines spéciales, il se caractérisera par des comportements aussi étranges que ses accoutrements. Crâne et sourcils rasés, les hommes qui le composent portaient une longue barbe (souvent fausse) et un bandeau frontal sur lequel est inscrit : « les fâchés contre Dieu » (El ghadhiboune ala Allah). Qui étaient ces bandes étranges, brutales et féroces qui se déplacaient avec aisance, armées de couteaux et de haches,  commettant des crimes des plus horribles de cette fin de siècle, coupant en tranches des bébés, décapitant des vieillards et éventrant des femmes ? De véritables crimes contre l’humanité. Il est clair qu’un être humain normal, quelque soit son degré de haine contre le pouvoir et le peuple, ne pouvait se permettre de commettre de tels actes horribles. Il ne pouvait s’agir que de personnes ayant perdu la raison par l’effet de drogues. Qui étaient les criminels commanditaires de telles machinations diaboliques ? Les citoyens algériens connaîtront-ils un jour la vérité sur les commanditaires et les auteurs de ces crimes contre l’Humanité ?

Liste non exhaustive des massacres perpétrés contre la population.(Période la plus cruciale allant de 96 à 99)

 

1996

 
Dimanche 3 novembre 1996 : Dix femmes et trois enfants sont assassinés à Douaouda (Tipaza).
Mardi 5 novembre 1996 : Massacre au village de Sidi Kebir (Blida). Près de cinq familles sont décimées par un groupe armé : 33 personnes sont ainsi assassinées  dont la  famille Bellamine (9 personnes dont 7 femmes).
Quatre personnes d’une même famille sont égorgées à Bouinan (Blida).
Lundi 11 novembre 1996 : 11 citoyens sont assassinés à Berrouaghia (Médéa) et 6 autres à Tissemsilt.
Mardi 12 novembre 1996 : Quatorze personnes, dont cinq femmes et trois enfants de la famille Abdelli sont assassinées au village Bensalah, dans la commune de Ouled El Alleug (Blida). Une vingtaine de miliciens du village n’ont pas réagi au massacre (?!!!)
Mercredi 13 novembre 1996 : Massacre au village d’Ain Derna (Médéa) où 11 habitants ont été assassinés par des hommes cagoulés.
Sept habitants du village de Zeghla sont assassinés dans la même nuit.
Mercredi 4 décembre 1996 : Dix citoyens sont assassinés au village Trab, à Chebli (Blida).
Jeudi 5 décembre 1996 :Dix neuf autres citoyens sont tués à Benachour (Blida) : la famille Mokhtafi  a perdu à elle seule onze membres dont cinq femmes et un enfant.
Lundi 9 décembre 1996 : une famille de huit personnes (5 hommes et 3 femmes) est massacrée à Amroussa près de Bouinan (Blida) par un groupe armé.
Mercredi 11 décembre 1996 : Douze citoyens sont assassinés au village Moulay Larbi à Saïda.
 
 

1997

 
Samedi 4 janvier 1997 : 16 citoyens sont assassinés au village Benachour  (Blida) à quelques centaines de mètres d’un campement militaire, par des hommes cagoulés. Il est à noter que les citoyens de ce village avaient refusé de se constituer en milices armées.
Dimanche 5 janvier 1997 : Massacre de 18 citoyens à la cité des Oliviers à Douaouda (Tipaza). Parmi les victimes figurent 3 enfants et 6 femmes. Cette région avait refusé comme tant d’autres à constituer des milices armées.
Lundi 6 janvier 1997 : 23 citoyens sont horriblement mutilés puis tués par des groupes armés.
Dimanche 12 janvier 1997 : Quatorze citoyens du village de Bouinan sont assassinés par un important groupe armé. Les victimes de ce massacre avaient de nombreux membres qui avaient rejoint les maquis islamistes.
14 citoyens sont assassinés à Tabaïnant (Bouinan, Blida) par un groupe armé.
Vendredi 17 janvier 1997 : 43 citoyens sont assassinés à Sidi Abdelaziz dans la région de Béni Slimane (Médéa) et 6 autres  au village Bouchrahil,  dans la même région.
Dimanche 19 janvier 1997 : Explosion d’une voiture piégée dans la rue Belouizdad, à Alger, une heure après la rupture du jeun, dans un quartier populaire bondé de monde. Un véritable carnage se produit : 54 citoyens sont tués et 89 autres sont blessés selon un décompte des différents hôpitaux d’Alger.
Mercredi 22 janvier 1997 : Quatorze personnes sont assassinées au village Benramdane à Saoula (Tipaza).
Jeudi 23 janvier 1997 : Les familles Sifouane, Benmahdi et Loukal, demeurant à Haouch El Hadj de Baba Ali (environs d’Alger) sont décimées par un groupe armé. Au total 15 personnes dont 9 femmes sont assassinées.
Vendredi 24 janvier 1997 : 35 citoyens demeurant au douar Ouled Ali (Berrouaghia) sont assassinées par un important groupe armé.
Mercredi 29 janvier 1997 : Huit citoyens dont un bébé, sont assassinés dans une ferme de Sidi Kaddour située à Sidi Moussa (Blida).
Vendredi 31 janvier 1997 : Le quartier de Ktiten situé dans la ville de Médéa est attaqué par des dizaines d’hommes cagoulés et armés.  Trente cinq personnes dont des femmes et des enfants ont été assassinés et certains horriblement mutilés. Les citoyens de cette région avaient refusé de constituer des milices armées et basculer dans la guerre civile. Selon de nombreux témoignages, il s’agirait de représailles contre ce refus.
Les citoyens de la ville de Médéa, sont terrorisés. Des comités de citoyens, armés de couteaux et de pioches montent des gardes nocturnes pour se protéger. D’autres fuient la ville.
Samedi 1er février : Sept citoyens d’un domaine agricole (Haouch Louz) situé à l’Arbaa (Blida) sont tués par un groupe armé.
Lundi 3 février 1997 : Neuf personnes d’une même famille sont assassinées dans des conditions horribles à Benchikao (Médéa)
Dimanche 16 février 1997 : Massacre de deux familles du douar El Karrech (Blida)  qui avaient refusé de se constituer en milices. L’une des familles a été brûlée vive dans sa chaumière suite à l’incendie provoqué par le groupe armé : 33 personnes périssent dans ce massacre.
Lundi 17 février 1997 : Un important ratissage allant de Médéa à l’Arba en passant par Bougara, Zeralda, Chréa, utilisant des forces héliportées et des miliciens est entrepris suite à une attaque d’une caserne située à Megtaa Kheira par les maquisards  ayant entraîné plus de 20 morts parmi les militaires et le dérobement d’une importante quantité d’armes. Le ratissage dure plus d’une semaine. Près de 200 cadavres de citoyens qualifiés de « terroristes » sont exposés dans plusieurs de ces localités après le ratissage.
Samedi 22 février 1997 : Six membres d’une famille demeurant à Tablat (Médéa) sont assassinés par un groupe armé.
Dimanche 23 mars 1997 : 32 personnes dont 14 femmes sont sauvagement mutilées puis tuées à Ouled Antar (Ksar Boukhari).
Lundi 24 mars 1997 : cinq jeunes filles sont tuées à Berrouaghia par un groupe armé.
Jeudi 3 avril 1997 : 13 personnes sont tuées par un groupe armé au village de Aïn El Hadid (Tiaret).
Au village Thalit (Ksar Boukhari), un groupe de criminels déguisés en afghans massacrent plus de cinquante citoyens dont des femmes et des enfants.
Vendredi 4 avril 1997 : A Amroussa (Chebli. Blida) deux  familles composées de quinze membres dont sept femmes et trois enfants sont exterminées par un groupe armé.
Samedi 5 avril 1997 : 12 citoyens dont 7 femmes sont tués par un groupe armé à Bouinan.
Vendredi 11 avril 1997 : 23 citoyens sont tués sauvagement dont 12 femmes et 6 enfants au village Menaa, (Boufarik). Ce massacre se déroulera quelques heures seulement après la mort de 5 miliciens lors de l’explosion d’une bombe à Haouch Gros (Boufarik).
Dimanche 13 avril 1997 : Trente deux citoyens sont massacrés par un groupe armé à la ferme Chaïb de Chebli (Blida).
Lundi 21 avril 1997 : un groupe armé  et à cheval investit une ferme située à l’entrée de Bougara (Haouch Boughelaf) et procède à l’horrible massacre de 120 personnes (dont des dizaines de femmes et d’enfants). Il est à noter qu’à quelques cent mètres de cette ferme, se trouvent un campement de militaires, le local de la milice et la brigade de gendarmerie. Malgré  cela, la bande criminelle occupe la ferme durant toute la nuit jusqu’à l’aube, perpétrant en toute impunité  ses crimes.
Mercredi 14 mai 1997 : Vingt neuf personnes dont une dizaine d’enfants et de femmes sont tuées après avoir été atrocement mutilées dans la ferme Faner (Chebli. Blida) par une bande armée. Il s’agirait du même groupe qui sévit depuis octobre 1996 dans la région de la Mitidja et qui a son actif depuis, plus de 800 innocentes victimes.
Lundi 26 mai 1997 : une famille de huit personnes est assassinée par un groupe armé au village Djebabra (Médéa).
Treize citoyens sont assassinés à Douaouda (Tipaza) par un groupe armé.
Lundi 16 juin 1997 : Une cinquantaine de citoyens tués au village de Daïat Labguer (M’sila) par un groupe armé.
Mardi 24 juin 1997 : Assassinat de 15 citoyens à Saïda par un groupe armé.
Vendredi 27 juin 1997 : 22 personnes sont tuées au douar Zmala, village Seghouane (Médéa) par un groupe armé.
Mercredi 2 juillet 1997 : quatre personnes sont tuées  et six filles kidnappées d’une même famille à l’Arbaa (Blida) par un groupe d’une trentaine d’hommes armés.
Mardi 3 juillet 1997 : Dix huit citoyens sont assassinés à Ouzera, village proche de Médéa par un groupe armé.
Dimanche 6 juillet 1997 : Vingt sept personnes  sont tuées par un groupe armé  à Aïn Boucif (Médéa).
Vendredi 11 juillet 1997 : Quatorze personnes sont tuées au douar Balili (Bou Ismaïl-Tipaza) par un groupe armé.
Samedi 12 juillet 1997 : Trente trois citoyens sont tués par un groupe armé  au douar Fetha près de Ksar Boukhari (Médéa)
Lundi 14 juillet 1997 : Un groupe armé se présentant comme étant des « moudjahidine »  s’introduit au village de Tafraout (Ain Boucif. Médéa) pour réclamer de la nourriture. Après avoir été bien reçus et nourris, ils se retournent contre les villageois et en tuent douze. Il s’agirait selon les témoignages de faux maquisards qui repéraient les citoyens aidant les islamistes.
Lundi 21 juillet 1997 : Massacre de 21 citoyens au douar M’ghita, à Chréa (Blida) par un groupe armé.
Jeudi 24 juillet 1997 : Plus de trente citoyens des douars de Sidi Ghiat et Oued Bouhradoun (Hadjout – Tipaza) dont des enfants et des femmes sont assassinés par un groupe armé.
Vendredi 25 juillet 1997 : Treize citoyens du douar de Sidi Salem près de Omaria (Médéa) sont sauvagement assassinés par un groupe armé.
Dimanche 27 juillet 1997 : Trente six citoyens sont sauvagement assassinés dans le  quartier Si Zerrouk à l’entrée sud de la ville de l’Arbaa (Blida), situé à moins de cent mètres d’une caserne militaire et d’une brigade de gendarmerie. Le courant électrique avait été coupé dès l’après-midi de dimanche. Le groupe armé a utilisé des bombes pour dynamiter les maisons.
Vingt deux citoyens sont tués à Omaria (Médéa) par un groupe armé.
Mardi 29 juillet 1997 : Massacre de 39 citoyens dont des femmes et des enfants au douar Matmata (Aïn Defla) par un groupe armé.
Mercredi 30 juillet 1997 : Massacre de 38 citoyens au village de Sidi Madani (Blida) par un groupe armé.
Massacre de 22 citoyens à l’Arbaa (Blida) par un groupe armé.
Dimanche 3 août 1997 : Massacre de 19 jeunes citoyens à Amroussa (Blida) par un groupe armé. Il s’avérera que ces citoyens étaient des islamistes ayant appartenu au FIS.
Vingt cinq citoyens sont massacrés par un étrange groupe armé dans les villages  de Mzaourou et Oued El Had (Aïn Defla). En effet ces criminels avaient le crâne, les sourcils et la moustache rasés selon de nombreux témoins rescapés de la tuerie. Ils arboraient des bandeaux portant l’inscription : »El Ghadhidoun aâla Allah » (les fâchés contre Dieu) et se comportaient comme des drogués.
Jeudi 7 août 1997 : vingt et une personnes sont massacrées au village Zeboudja (Médéa).
Mardi 12 août 1997: massacre de 29 citoyens au douar Hraouat à Ain Defla par un groupe armé.
Mercredi 13 août 1997 : Massacre au douar Ouled  Djillali, près de Douéra (Alger) perpétré par un groupe armé  contre des familles ayant fui les massacres de Jijel et de Médéa. Bilan : quinze morts dont des femmes et des enfants.
Mardi 19 août 1997 : Vingt citoyens sont massacrés à Faïd El Batma (Djelfa) par un groupe armé.
Mercredi 20 août 1997 : Plus de soixante citoyens dont des femmes et des enfants sont massacrés au douar Souhane près de Tablat (Médéa) selon des informations recueillies auprès de survivants blessés par balles et hospitalisés à l’hôpital Zmirli d’El Harrach. Les témoins racontent qu’un groupe étrange rôdait dans la région depuis près d’un mois et visitait plusieurs douars de la région de Tablat. Ils se faisaient passer pour des groupes armés islamistes et demandaient argent et aliments aux villageois. Ces témoins sont formels : ces éléments étaient étrangers à la région et portaient d’étranges déguisements.
Samedi 23 août 1997 : 24 citoyens de la commune de Béthia (Ain Defla) sont massacrés par un groupe armé.
Dimanche 24 août 1997 : 29 citoyens sont massacrés au douar Omaria (Médéa) par un groupe armé.
Mardi 26 août 1997 :  massacre de 64 citoyens dont une trentaine de femmes au douar Beni Ali près de Chréa (Blida) par un groupe armé.
Jeudi 28 août 1997 : Effroyable massacre au quartier Errais situé de Sidi Moussa (Alger). Des hommes puissamment armés débarquent à 23 heures 45 d’un convoi de camions à quelques centaines de mètres d’un campement militaire et procèdent à une boucherie. Plus de trois cent citoyens sont tués et deux cent autres blessés. Les groupes armés portaient pour certains des cagoules et d’autres de fausses barbes, selon de nombreux témoignages concordants. Ils étaient munis de kalachnikovs sur lesquelles étaient fixées des torches électriques, de poignards de « commandos » et de haches.
Massacre de plus de trente personnes au village de Maâlba près de Djelfa.
Dimanche 31 août 1997 : 19 citoyens, membres de deux familles sont massacrées à Bologhine, en pleine capitale, par des hommes armés.
32 citoyens sont massacrés dans la région de Tissemsilt par un important groupe armé.
Mardi 2 septembre 1997 : Vingt deux citoyens dont dix enfants sont massacrés au village Ouled Larbi près de Médéa par un groupe armé.
Vendredi 5 septembre 1997 : Massacre de plus de 70 citoyens du quartier populaire de Sidi Youcef à Beni Messous (Alger) par un groupe armé venu dans des camions. De nombreux enfants et femmes sont effroyablement mutilés avant d’être assassinés.
Lundi 15 septembre 1997 : massacre de 22 citoyens dans les régions de Beni Slimane (Médéa) et de Saïda durant le week-end..
Samedi 20 septembre 1997 : Plus de cinquante citoyens sont massacrés à Beni Slimane, près de Tablat (Médéa) par un groupe armé.
Lundi 22 septembre 1997 : Effroyable massacre au quartier Bentalha, dans la banlieue est d’Alger : 85 citoyens sont tués selon la version officielle et plus de 253 selon des sources hospitalières et  120 blessés. Des miliciens et des policiers venus secourir la population furent brutalement empêchés d’entrer dans le quartier par les militaires.
Vendredi 26 septembre 1997 : Plus d’une vingtaine de citoyens sont massacrés au village de Aïn El Hadj près de  Djelfa par un groupe armé.
Dimanche 28 septembre 1997 : La famille Ferhah de Tabaïnet (Chebli) constituée de 47 membres, est massacrée par une bande armée. Femmes, enfants et vieillards sont décimés à coups de haches et de poignards.
Jeudi 2 octobre 1997 : Quatorze personnes sont massacrées au village  de Kharouba   près d’Oran.
Trente sept personnes sont massacrées au village de Melaha (Blida)
Trente deux citoyens sont assassinés au village de Ouled Sidi Aïssa (Médéa)
Treize membres d’une même famille dont des femmes et des enfants sont massacrés à Seghouane (Médéa)
Samedi 11 octobre 1997 : Quatorze personnes appartenant aux familles Boutazalt et Kerdacha demeurant à Haouch Souidani Boudjemaa (Boufarik) sont massacrées par un groupe armé.
Samedi 25 octobre 1997 : Seize membres d’une même famille, dont des femmes et des enfants du village Bir El Djir (Médéa) sont tués par un groupe armé.
Vendredi 7 novembre 1997 : Plus de 22 personnes sont massacrées à Tajmout (Tlemcen) par des groupes armés  à des faux barrages.
Samedi 8 novembre 1997: 26 citoyens sont massacrés au village H’Malit sur les monts de Chréa  (Blida) par un groupe armé.
Jeudi 13 novembre 1997 : Massacre d’une famille de 12 personnes au village Hammama (Miliana) par un groupe armé.
Samedi 29 novembre 1997 : Près d’une trentaine de citoyens dont des femmes et des enfants du village de Hassi Labed (Saïda) sont massacrés par un groupe armé.
Jeudi 18 décembre 1997 : 31 citoyens de l’Arbaa (Blida), dont des femmes et des enfants sont massacrés et 20 autres blessés par un groupe armé.
Mardi 23 décembre 1997 : Carnage dans deux villages situés entre les wilayas de Tiaret et Tissemsilt (Sidi Antri et Shari) : 84 citoyens dont des femmes, enfants et vieillards sont massacrés à l’arme blanche par des hommes armés.
Mercredi 24 décembre 1997 : Massacre de 26 citoyens dont des femmes et des enfants au village de Zouabria (Tiaret) par des hommes armés.
Vendredi 26 décembre 1997 : Massacre de trois familles au village de Ouled Moussa (Médéa) : 21 morts dont trois femmes et sept enfants.
Samedi 27 décembre 1997 : 25 citoyens dont des femmes et des enfants sont massacrés au douar Safsaf, près de Mascara par des hommes armés.
Lundi 29 décembre 1997 : Trente quatre citoyens dont des femmes et des enfants sont massacrés au douar Faoudj (Médéa) par un groupe armé.
Mardi 30 décembre 1997 : Horrible carnage en ce premier jour de Ramadhan dans trois villages situés à quelques kilomètres de Relizane (Kherarba, Ouled Sahnine et Ouled Tayeb) : 386 citoyens dont des femmes et des enfants sont massacrés par des hommes armés, selon des estimations hospitalières. La presse privée parle de 412 morts. Plus de 120 autres ont été blessés. Des témoins auraient reconnu des miliciens parmi les assaillants. Un climat de terreur régne dans la région.
 

1998

 
Dimanche 4 janvier 1998 : Plus de 150 citoyens dont des femmes et des enfants sont massacrés dans trois villages (Meknessa, Souk El Had et Had Chekala) de la région de Relizane, selon des sources hospitalières. La presse privée annonce des chiffres plus importants.
Lundi 5 janvier 1998 : Massacre de 62 citoyens dans la région de Sidi Maamar (Relizane).
Mardi 6 janvier 1998 : Des hommes armés non identifiés attaquent les villages de Djidiouia et de Zouaïmia, près de Oued Rhiou (Ouest) : une dizaine de citoyens auraient été tués. Des témoins survivants de la tuerie auraient reconnu formellement des miliciens parmi le groupe armé.
Jeudi 8 janvier 1998 : Vingt-six personnes dont des femmes et des enfants sont massacrés à Sour El Ghozlane (Bouira) par un groupe armé.
Samedi 10 janvier 1998 : Onze citoyens appartenant à deux familles sont massacrées par un groupe armé  à Ouled Lakhel (Bouira).
Dimanche 11 janvier 1998 : Carnage au village de Sidi Hamed, situé entre Bougara et Meftah, aux portes d’Alger. Un important groupe armé s’attaque au village après la rupture du jeun. L’agence Associated Press parle de cent morts et de plus de quarante blessés. L’AFP parle de 120 morts. Le bilan officiel donné par le régime est de 103 morts.
Un groupe armé mitraille des citoyens à l’intérieur de la mosquée de Haouch Sahraoui (Meftah) lors des prières de taraouih : plus de 15 morts.
Jeudi 22 janvier 1998 : Treize citoyens sont massacrés au douar Ouled Zitoun (Tlemcen) par des hommes armés.
Vendredi 23 janvier 1998 : Massacre de onze personnes au village Kaïd Ben Larbi, près de Sidi Bel Abbés.
Samedi 24 janvier : 20 citoyens dont des femmes et des enfants du douar Haouch Mecharef, près de Frenda (Tiaret) sont massacrés par des hommes armés.
Mardi 27 janvier : Douze personnes sont massacrées dans un hameau de Blida par des hommes armés.
Quatorze personnes dont des femmes et des enfants sont massacrés puis mutilés à Aflou, près de Laghouat par des hommes armés.
Vendredi 30 janvier : Massacre de 12 personnes au village de Sabra (Tlemcen).
Mardi 17 février 1998 : Vingt-trois citoyens sont massacrés au village de Sidi Djillali (Tlemcen) par un groupe armé  alors qu’une importante opération de ratissage se déroulait au même moment dans la région.
Dimanche 8 mars : Onze personnes sont massacrées par des hommes armés à Boumedfaa (Ain Defla).
Dimanche 15 mars : sept personnes d’une même famille dont des femmes et des enfants sont massacrés par  un groupe armé  au douar Bourras (Tipaza).
Vendredi 27 Mars : Horribles carnages à Bab Essekrane (Saïda) et Bouiret Lahdad (Djelfa) perpétrés par des hommes armés : 65 morts dont des femmes et des enfants.
Dimanche 5 avril : 27 personnes sont massacrées au douar Boukrina (Arzew) par des hommes armés  alors qu’au même moment toute la région est le siège d’une vaste opération de ratissage et de bombardement par l’armée.
Huit personnes sont tuées au douar de Sidi Hadjeres (M’sila) par un groupe armé.
Mardi 7 avril : Douze personnes sont massacrées au douar d’Ouled Saïd, dans la commune de Bir Ben Abed (Médéa) par un groupe armé.
Lundi 27 avril : 43 citoyens du douar Chouadria, de la commune de Sidi Naâmane (Médéa) sont massacrés à l’arme blanche par des hommes armés. Le village, situé à 1 km d’une brigade de gendarmerie et à 5 km d’un campement de parachutistes était privé depuis 5 jours d’électricité.
Lundi 11 mai : 22 citoyens sont égorgés à Ras El Aïne , près d’Arzew
Mercredi 27 mai : Découverte de 30 cadavres calcinés sur les monts de Tlemcen. Il est à noter que cette région avait été soumise il y a quelques jours à un important bombardement par des hélicoptères de combat.
Mercredi 10 juin : 19 citoyens sont massacrés à Timzirine (Boumerdés).
Mercredi 24 juin : 17 citoyens sont massacrés à Hassasna (Saïda) par des hommes armés.
Vendredi 26 juin : 15 citoyens sont massacrés à Ouled Sidi Daoud (Boumerdés) par des hommes armés.
Mardi 14 juillet : Découverte d’un charnier de 31 cadavres à la forêt de Baïnem (Alger).
Mercredi 15 juillet : Vingt et un citoyens sont massacrés  à Sidi Ouadah (Tiaret).
Samedi 18 juillet : 11 citoyens sont massacrés à Rébaïa, près de Médéa par des hommes armés.
Lundi 20 juillet : Onze citoyens dont des enfants et des femmes sont massacrés à Theniet Soumam (Médéa) par un groupe armé.
Samedi 25 juillet : Douze personnes dont des femmes et des enfants sont massacrées au douar Sidi Khellil, près de Bouihil (Tlemcen).
Huit personnes sont massacrées à Saïda, dans la commune de Sidi Abdelmoumène.
Mardi 4 août : Dix citoyens sont massacrés par des hommes armés  à Tagempt (Tiaret).
Sept citoyens sont massacrés à Beni Mester (Tlemcen).
Samedi 29 août : 10 citoyens sont tués au douar Ferket Targhourt près de Aïn Defla par un groupe armé.
Dimanche 13 septembre : Trente sept citoyens dont des femmes et des enfants sont massacrés au douar Sidi Sbaa, à 4 km de la ville de Miliana (Aïn Defla).
Lundi 5 octobre : Sept personnes sont massacrées au village de Tizi (Mascara) par une bande armée.
Mercredi 11  novembre : 17 citoyens auraient été massacrés par un groupe armé  au douar Moussa Abderrahmane près de  Boumedfaâ (Ain Defla).
Lundi 16 novembre : Huit citoyens dont des femmes et des enfants sont massacrés par un  groupe armé  à la cité Soulay à Khemis Miliana.
Mardi 1er décembre : 12 citoyens du village de Sidi Rached (Tipaza) sont massacrés par des hommes armés.
Mardi 8 décembre : Effroyable massacre dans les douars de Bouamed et Ayachiche, dans la commune de Tadjena (Chlef) : 55 personnes dont des femmes et des enfants sont tués par des hommes armés.
Dimanche 27 décembre : Horrible massacre au douar Zmala, dans la commune de Aïn Soltane (Aïn Defla) : 19 citoyens dont une dizaine d’enfants sont massacrés par un groupe armé, au moment du f’tour du Ramadhan. Il est à noter que les habitants de ce douar avaient refusé auparavant de se constituer en milices et qu’une semaine avant ce massacre, une embuscade meurtrière avait coûté 8 morts et 15 blessés à un convoi militaire dans la même commune.
 

1999

 
Vendredi 1er janvier 1999 : 22 citoyens sont des femmes et des enfants sont horriblement massacrés à Oued Laâtache, près d’El Bayadh, par un groupe armé.
Dimanche 31 janvier : 20 bergers égorgés dans la commune de Sidi Abderrahmane près de Ténès. Sept autres kidnappés.
Jeudi 25 février : Neuf citoyens dont des femmes et des enfants sont massacrés au douar Zitouni, dans la commune de Birbouche (Aïn Defla) par des hommes armés.
Mardi 23 mars : Neuf personnes dont des enfants et des femmes sont tuées à Haouch Bou Amrous (Boufarik) par un groupe armé.
Vendredi 30 avril : Neuf personnes dont six enfants sont massacrées au douar Ghasmi, dans la commune de Nadora (Tiaret). Quatre femmes de la même famille sont kidnappées.
Mercredi 19 mai : Sept citoyens  dont six enfants sont massacrés au douar Dekkar, dans la région des Deux-Bassins (Tablat – Médéa) par un groupe armé.
Vendredi 21 mai : Dix citoyens dont des enfants sont massacrés au douar Moulab, près de Tablat par un groupe armé.
Vendredi 4 juin : Massacre au douar Sidi M’Hamed Drouni, près de Bouhanifia  (Mascara) : 19 morts et 4 blessés. Ils appartenaient tous à la famille Hadj Mokhtar.
Jeudi 10 juin : Quatorze citoyens dont des enfants sont tués par un groupe armé au douar des Nechachda (Sidi Naâmane. Médéa).
Samedi 14 août : 30 citoyens massacrés à un barrage dressé par un groupe armé près de Béni Ounif  (Béchar), une zone militaire située à la frontière algéro-marocaine. L’agence AP, citant des sources hospitalières, parle d’une quarantaine de morts.
28 octobre : Douze personnes appartenant à une même famille massacrées par un groupe armé à Tadjemout (Laghouat).
Lundi 15 novembre : 19 personnes dont 8 enfants et 6 femmes sont massacrés au douar Ouled Djillali Benyahia (Chlef) par un groupe armé.
Samedi 20 novembre : 19 personnes circulant à bord d’un bus et de véhicules particuliers massacrées et 10 autres blessées à un barrage dressé par des hommes armés en tenue de combat dans les gorges de la Chiffa (Blida).
Samedi 27 novembre : Dix citoyens dont des femmes et des enfants circulant à bord de voitures sont mitraillés à un barrage dressé par des hommes armés sur la route Boufarik-Chebli.
Dimanche 28 novembre : 18 citoyens massacrés et 10 autres blessés lors du mitraillage d’un bus et de véhicules particuliers  à un barrage dressé par des hommes armés au lieu dit Messissa, près de Boumedfâa (Aïn Defla).
Samedi 11 décembre : 15 personnes massacrées à un barrage dressé par des hommes armés en tenue militaire dans les gorges de la Chiffa, sur l’axe routier Blida-Médéa, au 3e jour du Ramadhan.
Jeudi 16 décembre : 12 citoyens sont massacrés à leur sortie de la mosquée après les prières des taraouih, sur les hauteurs de Bou Ismail (Tipaza) par des hommes armés.
Vendredi 24 décembre : 30 personnes tuées et 10 autres blessées à un barrage dressé par des hommes armés en tenue militaire sur la route à la sortie de Khemis Miliana (Aïn Defla).

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Témoignages du massacre du quartier d’Errais (Sidi Moussa.  Alger)

 
Jeudi 28 août 1997. Il est 23h 45. Nous étions encore dans les ruelles en cette nuit d’été quand nous vîmes arriver sept à huit camions et camionnettes remplies d’hommes armés. Dans la pénombre, nous pensions qu’il s’agissait encore une fois d’un ratissage de l’armée. On décida alors de rejoindre nos domiciles en criant : « El djeich, el djeich ». En effet depuis le 16 août, les militaires qui avaient reçu des renforts avaient déclenché une vaste opération de ratissage contre les maquis de la région. Nous pensaient donc naïvement qu’il s’agissait d’une énième opération militaire. Des dizaines d’hommes armés se répartirent dans les différentes ruelles du quartier. La première maison visitée était celle d’une famille qui fêtait la circoncision de son enfant. Le bruit et la lumière attira donc les premiers hommes armés. Des femmes furent dépouillées de leurs bijoux et des coups de poignards mutilaient celles qui résistaient.
Les chefs de ces groupes étaient au nombre de quatre ou cinq. Ils étaient habillés de gandouras blanches et portaient de longues barbes. Les autres portaient des tenues civiles. Quelques uns portaient des pantalons militaires. D’autres étaient cagoulés.
 
Un témoin, B. Mohamed,  blessé au bras et rencontré au service de traumatologie de l’hôpital Mustapha raconte :  » Nous étions sur le point de dormir après avoir assisté à la fête des voisins quand soudain nous avons entendu des cris et des hurlements de femmes. Un coup de feu retentit. J’ai à peine mis pied à terre que j’entendis des coups à ma porte. Avant même d’arriver dans la cour, la porte avait été déjà fracassée et je me retrouvais devant trois hommes en civils, portant des habits civils et barbus. L’un portait une kalachnikov munie d’une torche électrique. Je pensais d’abord qu’il s’agissait d’un fusil à lunette. Soudain il m’éblouit avec son engin. C’était la première fois que je voyais ce type d’arme. Les deux autres portaient des poignards.. L’un d’eux me bouscula violemment en proférant des obscénités énormes et les deux autres firent irruption dans la maison. Je fus paralysé par les visages hideux de ces hommes qui étaient comme drogués. Ils se jetèrent sur mon épouse et mon fils qu’ils frappèrent brutalement.
Voyant cette scène je me relevais du sol et me jetais sur celui qui portait le poignard. Ma main s’accrocha à sa barbe et soudain celle-ci se détacha de son visage. Il avait une fausse barbe.
C’est à ce moment que son comparse ouvrit le feu sur moi me blessant au bras et à la jambe. Je perdis connaissance jusqu’à me  retrouver sur ce lit d’hôpital.  Ils pensaient certainement que j’étais mort. Je ne sais ce qu’est devenue ma famille ? »
 
Un autre témoin, H. Mahieddine rencontré à l’hôpital Zmirli d’El Harrach et qui recherchait sa mère et ses frères blessés raconte :  » Deux hommes armés dont l’un d’eux portant une gandoura blanche firent irruption dans une maison. Dès l’entrée ils se retrouvèrent face à face avec un vieux voisin de plus de 70 ans auquel s’agrippait son petit-fils en pleurs. L’un d’eux armé d’une kalachnikov tira pratiquement à bout portant sur la tête du vieillard qui éclata comme une citrouille. L’enfant terrorisé tomba à terre en criant. Le criminel demanda alors à l’homme à la gandoura qui semblait être le chef s’il fallait tuer l’enfant. Le chef, d’une voix brutale lui lâcha un blasphème :  » enlèves-lui son bon Dieu » (Nahilou Rabou). L’enfant fut cloué au sol par une rafale de kalachnikov.
Ces hommes armés étaient munis de petites charges d’explosifs qu’ils utilisaient pour faire sauter les portails des maisons.
Un autre témoin, M. Ali,  gravement blessé à l’abdomen, rencontré au service de chirurgie de l’hôpital Zmirli raconte après son opération chirurgicale : « Soudain des hommes cagoulés firent irruption dans ma maison après avoir défoncé la porte. Sans rien dire ils lâchèrent des rafales sur nous.
Nous étions tous rassemblés dans la grande salle. Ils firent un carnage. Je tombais lourdement à moitié évanoui. J’entendis mon fils leur dire : nous n’avons rien à voir, nous sommes des innocents.
Une femme rescapée, F. Zoulikha raconte : Dès que nous avons entendu une explosion et des cris, nous avons immédiatement pensé à ce qui se passait dans les autres villages de la région. Avec mes trois frères et mes deux sœurs ainsi que mes parents, nous sommes sortis sans réfléchir par la porte de la cour qui donne sur les champs. Après avoir couru sur quelques centaines de mètres, nous avons plongé dans un champs de tomates et nous sommes restés ainsi à plat ventre jusqu’à l’arrivée à l’aube des pompiers et des ambulances.
Un jeune rescapé, S. Noureddine, fellah de profession qui a échappé par miracle à la tuerie raconte : « De la cachette à quelques dizaines de mètres de la rue j’ai vu trois hommes en tenue parachutiste et portant des masques à gaz, jeter des grenades lacrymogènes dans les maisons pour faire sortir les occupants et les mitrailler dès qu’ils s’échappaient. Ce jeune s’interrogera sur l’absence d’intervention des militaires dont le campement était situé à moins de deux cent mètres et ce malgré les explosions, les flammes et les rafales d’armes ».
Plus grave encore il dira comment ces criminels incendièrent les maisons en utilisant un camion avec une citerne d’essence qu’ils avaient ramené avec eux.
Quarante deux femmes seront kidnappées cette nuit.
Plusieurs questions se posent :
1 – Comment expliquer la facilité de déplacement de sept à huit véhicules lourds bondés d’hommes armés ainsi qu’un camion-citerne d’essence dans un quartier de Sidi Moussa alors que la ville est le siège d’une importante garnison militaire et de miliciens ?
2 – Comment expliquer la non intervention de ces derniers alors que des flammes s’élevaient à quelques centaines de mètres de là ainsi que des explosions et des tirs d’armes durant près de quatre heures.
3 – Comment expliquer le surarmement de ces hommes équipés de kalachnikovs munies de torches électriques, de poignards de type « commandos », de charges d’explosifs, de grenades lacrymogènes et de masques à gaz ?
4  – Pourquoi certains de ces  « islamistes » portaient-ils de fausses barbes ?
(Témoignages recueillis par l’auteur)
 
Autre témoignage sur le massacre de Sidi Moussa
<< « Cent vingt personnes à Sidi Moussa », elle commence comme ça. J’ai dit « Quoi, 120 personnes à Sidi Moussa ? » C’était difficile, tellement elle bégayait. Elle dit : »Je reviens de Sidi Moussa, j’habite là-bas, il y a eu 120 personnes égorgées hier soir, massacrées. » Elle enlève son Hayek (habit) : elle est complètement brûlée….Quelqu’un à la télévision m’a raconté qu’ils mettent des bouteilles de gaz devant les portes, ils les font exploser. Elle était complètement brûlée, les doigts coupés. Elle allait ouvrir la porte de ma voiture, un de ses fils est mort, son mari est mort, elle était toute seule. Le sang coulait, car elle sortait de l’hôpital où ils les ont amenés, l’hôpital d’El Harrach. Elle commence à raconter tout ça et à un moment elle dit : »Je vous parle, je vous parle, je vous fais confiance, parce qu’il m’est arrivé une histoire. » Elle était à l’hôpital, il y avait des gens devant elle, elle commence à raconter….et après, il s’avère qu’ils étaient des agents de sécurité en civil et ils lui disent : « De toute façon, c’est bien fait pour vous et on espère qu’après vos maris et vos enfants, qu’après vous, ils passeront à vos chiens et à vos chats, parce que c’est vous qui les nourrissiez, leur donniez un logis… » >>
(Témoignage recueilli par la mission de la FIDH en Algérie.)
 
 

10 Commentaires

  1. Ne dit-on pas que la ligne rouge,la ligne de démarcation entre l’honnêteté intellectuelle et la malhonnêteté intellectuelle c’est l’HISTOIRE, telle qu’elle s’est déroulée et sa vérité implacable qui s’impose à tous.
    Parce que 20 ans,seulement passé,on essaye toujours de camoufler la vérité et sa réalité.
    Il y a un article dans el-watan du 28/8/2017 qui parle aussi de ce triste anniversaire(qui concerne ,non seulement,la population de Raïs mais tout un peuple que l’on veut encore bâillonner après l’avoir castré).
    Mais en parcourant le dit article,on dirait que tout ça s’est passé sur une autre planète ou qu’on s’adresse à des gueux.
    Pourquoi on continue à mentir au peuple et à falsifier l’histoire?Dans quels buts?
    De toute façon les décideurs de tout temps, ont toujours essayés d’écrire leur propre histoire »officielle celle-là »!Mais ils se trompent ,lourdement,avec l’arrivée de générations nouvelles et la technologie numérique qui va avec.
    Car si on ne dit pas la vérité à nous-mêmes d’abord(comme une sorte de thérapie collective)pour des choses qui se sont déroulés sous nos yeux(l’assassinat de Boudiaf par exemple).
    Et,on continue à raconter des mensonges,comment voulez-vous que,demain,nos enfants,petits enfants,arrière-petits…Iront nous croire quand leur parlera de l’histoire ancienne de nos ancêtres d’il y a 5,7 ou 15 siècles!?
    De tout temps quelqu’un qui est élevé dans les mensonges essayera toujours de les perpétuer pour ne pas se contre-dire.
    Finalement,c’est le désir des tricheurs,des malhonnêtes,des menteurs,des falsificateurs de l’HISTOIRE et les tyrans tout court qui jalonnent l’histoire de l’humanité et qui semblent dire à leurs sujets: »on ne vous montre que ce que l’on voit ».
    Mais ils se trompent,grossièrement,car à chaque fois,ils sont trahis par cette même HISTOIRE.

  2. Bonsoir à tous
    Je vous remercie Monsieur SIDHOUM et un grand bravo pour cet article ô combien génant et dérangeant pour les assassins de bébés; femmes et hommes (je pense que les commanditaires qui sont toujours en vie traineront ces horribles massacres tout le restant de leur vie et rencontreront Dieu avec leurs mains éclaboussées). On dirait qu’Israel a attaqué ce jour là l’Algérie, mais non c’était des montres fabriqués et conditionnés par le régime pourri et qui ce passait amplement des services israéliens. Il a montré son vrai visage et ce dans plusieurs occasions pour rappel Octobre 88, il tirait sur des enfants avec balles explosives pretextant qu’il n’avait alors des balles en caoutchouc. Mais la grande déception et chadrin vient de ses comparses tel ce pseudoplumard d’el watan (le journal de ces assassins). En effet, le reportage publié par mustapha benfodil le 28/08/2017 sur leur journal el watan ( je me répète c’est le journal de ces assassins et commanditaires) car 20 ans passés, ils veulent camoufler leurs méfaits, mais s’ils échappent à la justice terrestre ils n’échapeeront pas à la justice divine, Que Dieu leur garde leurs méroires intactes pour n’arrêteront de souffrir jusqu’à rencontrer le GRAND JUSTICIER. Amiiiiiiiine!

  3. Le but des massacres et des disparitions ainsi que les violations systematiques des droits humains, meme celui qui est le droits a la vie et jusqu’a aujourd’hui, etait et est de prendre le temps pour cree’ une caste de capitalistes avec une economie utra-liberale sans aucune productions connu, reconnu et accepte’ a l’echelle national et/ou international.
    Les nouveaux « capitalistes » sont en tres grande majorite’ les officiers et ex-officiers des armees (militaires, policiers, gendarmes, chefs de milices, chefs des escadrons de la mort) et ceux qui gravitent autours comme le paravants civils (gouvernements nationals, locales, media (journalistes, TV-publique et privee’).
    Pour mieux comprendre et voire plus claire, il suffit de faire une petite enquete sur qui importe quoi, qui detients les licences, les representations des societes internationals, ect.
    Le but des massacres, des blocages politiques et des privations des libertes pour le peuple ne sont que des actions pour detourner le tresors publique vers une castes de parasites criminels.

  4. Finalement ce sont les assassins qui ont gagné !Et ils s’en donnent à coeur joie : milliards de dollars en poche et maisons fastueuses à l’étranger!Mais il faut garder en mémoire que les assassins ont été portés a bout de bras par la France et ses maitres judéo-sionistes

  5. Cher frère Sidhoum, il serait plus prudent à mon avis de ne pas trop chercher à faire croire que les crimes, les horreurs, les assassinats et les attentats durant la sale guerre viennent beaucoup plus et plutôt des services de sécurité et de l’armée que du parti politique le FIS. En effet, on sait que le FIS avait aussi d’énormes responsabilités dans cette sale guerre civile! Ok mon frère Sidhoum !!! La république dont rêvait le FIS, n’est pas aussi démocratique et débordante de droits de l’homme comme on voudrait bien nous le faire croire ! Il est vrai qu’au premier tour le FIS était en tête, en termes de voix, mais son projet de société n’est pas aussi « lumineux » qu’on veut bien nous le faire croire ! Le pouvoir militaire algérien et le FIS, c’est donc pour moi du kif-kif au même. La responsabilité vient aussi bien du FIS (et son armée, car le FIS avait bel et bien une armée assez bien équipée) et du pouvoir (le pouvoir a aussi son armée bien équipée, c’est évident).
    L’Algérie est une catastrophe, dans son ensemble, ya si Sidhoum. On a raté la bonne route et le bon chemin en 1962 et on a réitéré les mêmes choses, un peu différemment peut-être, en 1991. Avec tous mes respects !

  6. Bonsoir à tous
    Le système politique algérien ne changera jamais tant qu’il y a des opposants à l’opposition politique même avant de prendre les commandes du pouvoir et cette contre-opposition est nourrie par des considérations idéologiques au détriment des intérets du peuple ( à défaut de présenter un programme dont la population y adhère largement ou soutenir le pouvoir en place par opposition à l’opposition (ça c’est algérien et on ne peut changer cette mentalité à court et moyen terme). Que le système mafieux reste à perpétuité et non aux islamistes (slogan brandi par notre élite laique depuis 1962).

  7. Le délire,l’illusion et l’asile ce sont des symptômes et une création de tout un personnel politique algérien civil ou militaire depuis la révolution de novembre 1954 et surtout après l’indépendance.
    Sinon,expliquez-moi,comment des révolutionnaires,parmi les premiers de l’Afrique du Nord,qui ont participé activement au déclenchement de la révolution,avant certains d’entre-eux furent des militants actifs ou dirigeants dans des partis organiques ou organisations armées secrètes.Donc pétris de valeurs révolutionnaires.
    Et qu’ils se trouvent malgré eux,durant la période post-indépendance tout au début,dans l’opposition,comme Boudiaf par exemple pour ne citer que lui,puisqu’il a connu les affres de l’enlèvement,des geôles,les grèves de la faim sous la présidence de son ami de fortune Ben Bella.
    L’exil par la suite sous Boumediène.
    Si tayeb el watani,Mr Boudiaf qui a écrit un livre(Ou Va l’Algérie?)Dénonçant ainsi le pouvoir autoritaire,la torture,les emprisonnements et les assassinats politiques des opposants de sa génération.
    Il se laissa entraîner,30 ans après,bêtement et comme un novice en politique,dans un traquenard militaro-politico-policier,juste après l’interruption du processus électoral de décembre 1991 en acceptant d’être à la tête d’un comité fantoche(HCE) président aux destinées de cette Algérie « violée »de toute part.
    C’est sous sa présidence justement,même courte,que les pires exactions contre les opposants politiques ont été commises(des camps de concentration au sud,des emprisonnements abusifs,des disparitions forcées et des assassinats).On nous a dit qu’il a été trahi par les décideurs.Oui,mais la majorité pense qu’il s’est trahi lui-même en acceptant de jouer avec les principes de tout révolutionnaire,à l’antipode des idées et de la sagesse d’une idole historique en la personne de Mandela issu de tribus de l’autre bord continental ,l’Afrique du Sud.

  8. D’accord Monsieur SIDHOUM, Mais vous etes en train de jouer le jeu de ces Fantoches de ce pouvoir qui diffusent ces jour ci sur les chaine de L’ENTV et ENNAHAR , les images des massacres de la deccennie noire sous les titre « DHIKRA OUA IATIRAAF » traduction : MEMOIRE ET RECONNAISSANCE » à quelle fin ? et ben pour le 5 em mandat de BouHef si non l’election de son frere Said … .
    sans ancune retenue ni compassion pour ce peuple meurtrie…

    • Vous êtes très mal placé pour me juger, cher Monsieur sous couvert de votre anonymat. Ne confondez pas devoir de mémoire et propagande pour une 5e Wakhda. Un peu de respect et de retenue !

  9. Je reste sans voix .je suis française j’ai eu mon bac avait 17ans lors de ces massacres j’ai d souvenirs d attentats mais pas souvenir de faits aussi graves .comment a notre époque peut on passer sous silence et avoir laisser se produire une telle barbarie ? ? ? Au nom se quoi ? C très utile le devoir de mémoire que vous effectuer !c pour nous nos enfants :quils sachent . ne pas oublier ces pauvres gens morts ce qui y ont survécu qui sont traumatisés a vie .

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