Le problème de salubrités en Algérie.

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Abdallah CHEBBAH
Une des lois de la nature veut que toute consommation de biens et produits amènent son lot de déchets, hormis la nature. Le défi majeur auquel sont confrontés les citoyens et les autorités locales est de maitriser le processus de gestion et de ramassage des détritus de toute sorte que nous apercevons dans nos grandes villes. Malgré la mobilisation des grands moyens, les résultats restent médiocres, décevants et frustrants. Il s’agit non seulement de notre hygiène de vie, de notre salubrité publique mais surtout de l’image que nous envoyons de nous et de notre pays aux yeux du monde qui nous regarde ‘live’ grâce à la technologie des télécoms.
Les politiques et techniques de gestion des déchets ménagers organiques et non organiques qui défigurent notre environnement urbi et orbi, sont un échec cuisant depuis des temps très anciens. Nos villes surpeuplées, nos villages abandonnés, notre incivisme, notre ‘J’men foutisme’ jumelés a l’incompétence, au laisser faire et au laisser aller des autorités municipales, ont fini par transformer notre pays en une immense poubelle à ciel ouvert.
Croiser une benne ouverte dégageant des odeurs pestilentielles, des sacs en plastique  éventrés par des rongeurs et autres animaux  errants, au pied de notre  immeuble ou au coin de notre habitation, ne choque plus, y compris nos pauvres  sinus que les mauvaises odeurs brûlent et que nous avons fini par intellectualisé  malgré nous dans notre anormale  » normalité ».
 
Bronzer sur une plage polluée par des eaux d’égout, être étendu au milieu des  saletés, faire ses besoins dans le boisé d’à côté, quitter la plage en laissant derrière  soi des ordures sans que ça n’effleure l’esprit de les ramasser sont des attitudes  bestiales  très largement partagées par la majorité d’entre nous.
Il est vrai que sur nos plages, dans nos villes et villages, trouver des toilettes  publiques propres relèverait du darwinisme social, c’est pourquoi certains  escaliers, rues, ruelles et différentes impasses sont inaccessibles et pas du tout  recommandables.  Nos aéroports,  nos administrations, nos toilettes publiques (quand elles existent) ne sont pas en reste et participent  aussi à l’effort collectif de la  production des mauvaises odeurs.
Percevoir hors des villes, des montagnes de matériaux de construction, de produits nocifs et mortels en rase campagne, sur des terres agricoles, sur des terrains privés ou n’importe où, relève de l’insouciance et de l’irresponsabilité.
On dit souvent qu’il est plus facile de manger la merde que de sentir son odeur.
Et pourtant, nous ne la mangeons pas, mais préférons la sentir.
Selon les statistiques disponibles,  nous produisant environ 15 millions de tonnes de déchets par an, soit 2700Kg par personne pour une population de 40 millions d’âmes. La situation est devenue alarmante et dangereuse pour le citoyen, les autorités et l’environnement.  Hormis l’indignation, les dénonciations verbales et officielles, nous sommes tétanisés et observons sans réagir notre envahissement et notre encerclement se faire chaque jour. Les poubelles s’approchent de nous et réduisent nos espaces comme un feu de forêt sans que les dispositions soient prises. Chacun attend la prise d’initiative par l’autre, l’incrimine et l’invective, tout en continuant à polluer impunément et inconsciemment.
Ce problème très sérieux, grave et dangereux pour notre santé dont les causes et les effets sont inter-reliés ne semble inquiéter personne pour agir.
Comment  sommes-nous  arrivés à cela?
Les raisons sont multiples, parmi lesquelles je cite quelques-unes :

  1. L’explosion démographique des années 80 qui nous a hissé au premier rang des géniteurs les plus prolifiques au monde et nos épouses les plus fécondes.
  2. L’amélioration du pouvoir d’achat  et la frénésie de la consommation tous azimuts de ces dernières années où le baril de pétrole qui nous fait vivre à atteint des cimes. Nous  nous sommes hissés sur le podium des plus grands pollueurs à cause de notre voracité  inconsidérée et insatiable.
  3. L’apparition du sachet en plastique  comme contenant qui a remplacé le couffin en osier et le bidon métallique récupérable.
  4. Le manque d’éboueurs sous-payés et socialement dévalorisés car péjorativement traités de « Zabal,  ce qui est très insultant et dégradant dans la culture locale, alors que  sous d’autres cieux cette profession est non seulement bien  rémunérée  mais suscite  un grand respect.

 » Ne dit-on pas qu’il n’y’ a pas de sots métiers »?

  1. Le manque d’espaces alloués à l’emmagasinage des déchets.
  2. Les contenants appropriés qui sont apparemment inexistants.
  3. L’incivisme, l’inculture du vivre ensemble et l’insouciance  du citoyen.
  4. La gestion chaotique de cette activité qui se fait selon des méthodes archaïques en inadéquation avec les exigences de la gestion moderne des villes.
  5. Une planification horaire, journalière ou hebdomadaire inadaptée car ne reposant sur aucune étude ni données sérieuses. Ramasser les ordures semble être une banalité  pour  nos gestionnaires alors qu’il s’agit d’une science reposant sur un savoir, une organisation et  des techniques très complexes ou la conjugaison des moyens  matériels avec les moyens humains nécessite savoir-faire et intelligence.
  6. Une flotte de camions inappropriés dont une grande partie est en panne dans les garages par manque de maintenance et d’entretien.
  7. Le manque de signalisation, de panneaux indicateurs, de poubelles publiques, de publicité par la ville ou tout autre organisme publique ou privé.
  8. Enfin le manque de  pénalisation et l’impunité des pollueurs.

Dans d’autres contrées on applique déjà le concept de : » pollueurs-payeurs ».
Dans les pays avancés, nous sommes à l’ère des 3R ( Récupération, Réutilisation, Recyclage). Rien ne se perd, rien ne crée, tout se transforme comme l’a si bien dit Lavoisier.
J’en conclus donc que les citoyens sont à blâmer pour leur manque de prise de conscience du problème et les autorités pour leur incompétence et leur incapacité à trouver des solutions efficaces.
L’algérien aime bien voyagé en Europe. La première des choses  qu’il constate c’est la propreté.  Il ne se demande jamais comment les autorités et les citoyens Européens  gèrent leurs déchets, mais beaucoup plus, pour dire combien on est sale, nous Algériens.  Raisonnement complètement absurde et fataliste.
Les solutions à préconiser dans l’immédiat relèvent de la prise de conscience du citoyen et des moyens mis en places par l’état. L’Algérie doit impérativement s’orienter vers le recyclage. Des opportunités d’affaires pour le privé surtout en connivence avec tous les autres partenaires est à encourager. Le taux de recyclage actuel est des plus bas au monde (1%), chiffre insignifiant comparé au Canada ou à la France qui varie entre 30 et 40%. Des usines de transformation sont à prévoir, cela créera un nombre considérables d’emplois et de biens recyclés.
Le bénévolat et le volontariat sont une culture chez d’autres peuples. Le bien public est une affaire de tous. Les quartiers devraient avoir leurs associations qui pourront sensibiliser les populations au nettoyage de leurs cités une fois par semaine au moins.
N’est-il pas mentionné dans le livre sacré : ENNATHAFATOU MINEL IMANE.
En somme, il s’agit de l’inexistence totale des rudiments concernant la gestion des villes dont la science s’apprend dans les plus prestigieuses universités du monde.
Être maire ou premier magistrat d’une agglomération c’est avant tout avoir la compétence, la connaissance et les ressources pour gérer une cité et offrir à travers des politiques  intelligentes et clairvoyantes le confort, l’hygiène dont il est question, la sécurité et les loisirs aux citoyens et non de délivrer des actes de naissances et des certificats de décès.
Le décor qu’offre aujourd’hui nos villes en ce qui a trait à l’hygiène ne prête aucunement à l’organisation d’évènements internationaux  tel que les jeux olympiques qui doivent se tenir en 2021 à  Oran (El Bahia).

4 Commentaires

  1. La prise en charge des déchets (ménagers, hospitaliers et industriels) doit constituer une urgence pour toutes les composantes sociales du pays dans le cas contraire nous allons tout droit vers une catastrophe écologique et sanitaire. L’école, la mosquée, les moyens de communication (radio et tv) doivent s’impliquer sérieusement et durablement enfin les services de sécurité (police et gendarmerie) doivent commencer à réprimer les pollueurs et les indisciplinés. L’Algérie de l’avis de la majorité de la population est devenue une décharge à ciel ouvert, une immense poubelle ! Jusqu’à présent nous sommes toujours au stade des constats alors que la situation empire de jour en jour. Je cite en exemple une décharge qui fait bon voisinage avec une nappe de fleurs (rosiers) à sidi ahmed Bejaia.

  2. Vos points 4, 5, 6, 7, 8, 9, 10, 11 et 12 sont tous dependant du gerant de la cite’ (mairie, Daira, wilaya avec ses directions tel la directions de l’environement, sante’, milieu, economie, ministere, etc), du legislateur (APN, Senat), et du controleurs (police, services d’hygiene, audit, etc).
    Le point 7 et 12 sont liee’.
    Le point 1 et 2 sont aussi due au systeme politique et economique en place et au respect de la vie, a l’aspect culturel, education de la « population » .
    Le point 3 n’est que l’element apparant, visuel de la polution. Les eaux usee et les rejets industriel, le stress hydrique sont plus grave.
    Donc le peuple lui avec le Bien du Beylek, puis le changement du lexique vers le Bien de Doula (Etats) sont deux expressions qui montre qu’il ne sent pas proprietaire ni de son milieu, de son lieu de vie, de son pays, de son etats et meme de sa propre destine’.
    Sans changement de mode de gouvernance ont ne peut rien changer, ca ne va que du pire en pire.

  3. Pourquoi tant de mots alors qu’ il suffit d’ un seul : l’ anarchie .
    Les dictatures fomentent l’oppression, la servilité et la cruauté ; mais le plus abominable est qu’elles fomentent l’idiotie. »
    de Jorge Luis Borges(citation)
    « Le drame des dictatures, c’est qu’elles donnent toute licence aux malades mentaux, aux mégalomanes, aux méchants, aux malhonnêtes gens d’aller jusqu’au bout de leur folie, de leur mégalomanie, de leur méchanceté, de leur malhonnêteté. »citation.
    George Orwell écrivait « Un peuple qui élit des corrompus, des renégats, des imposteurs, des voleurs et des traitres n’est pas victime! il est complice. » Tout est dit rien a rajouter, surtout si ce peuple croit tout ce que raconte ce pouvoir illegitime, voila ce qui engendre notre perte nous les musulmans , c’ est de croire en l’ absent et de croire en n importe qui .

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