Les Recteurs de la République

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Ils gèrent l’université avec autoritarisme, on les dits castrateurs

El Watan le 13.12.17 

Les Recteurs de la République

Ils sont les régents des établissements du supérieur. Pour certains de simples chargés de mission, celle d’assurer l’ordre public dans un secteur qui compte plus d’un million et demi de jeunes.

Pour d’autres, des despotiques-exécutants zélés. Recteurs d’université, ces profils d’administrateurs suprêmes font aujourd’hui le quasi-consensus de la population universitaire sur leur responsabilité dans la déchéance de ces espaces du savoir.
C’est l’une des principales recommandations du congrès de la Soummam du 20 Août 1956 (la primauté du politique sur le militaire) de l’Algérie en combat, remise au goût de l’enseignement supérieur : la primauté du pouvoir administratif sur celui scientifique. Alors qui sont ces hommes de l’administration ?
Si l’arrêté du ministère de l’Education de 25 septembre 1969 (déjà) établit bien leurs attributions, il est quasiment impossible d’avoir accès aux informations de base les concernant, pas de texte officiel pour cela. Ni Curriculum Vitae, ni parcours scientifique ou politique ne sont aisés à acquérir, l’omerta installée dans ce secteur minutieusement  surveillé rend la tâche encore plus difficile.
En effet, rares sont les enseignants, professeurs ou étudiants aptes à prendre le risque de révéler, à découvert, ce que toute la population universitaire échange au quotidien. Quels sont les critères de désignation de ces «walis» des universités ?
Selon un enseignant, fin connaisseur des rouages, les critères de choix évoluent en fonction des options «retenues» par le pouvoir politique.
Ainsi, dans les années 1970, le pays en pleine construction sous l’ère boumédienne, les compétences scientifiques et intellectuelles étaient requises pour ce poste pour les trois universités existantes à l’époque, «Encadrés (toutefois) par les services de sécurité et le triumvirat qui gouvernent les wilayas».
La décennie suivante, avec le passage en force de l’arabisation, le profil des recteurs se FLNise avec pour qualités requises «l’opportunisme institutionnel, la médiocrité intellectuelle et l’assujettissement au pouvoir», écrit l’enseignant (voir l’encadré).
Dans les années 1990, ces agents de l’administration sont méticuleusement triés par les services de sécurité afin de contribuer à contrer l’islamisme, les modernistes et les berbéristes dans les universités. La raison sécuritaire primant sur toute autre considération. Malgré ces «entraves» à la bonne évolution du champ du savoir, ce sont les années 2000 qui mettront ce secteur à genoux.
Un professeur, jeune retraité de l’enseignement supérieur, classe ainsi les principaux critères de sélection : «Servitude et soumission, plus les gros intérêts liés aux juteux marchés.»
Car, plus que la domination du pouvoir politique qui se manifeste par la mise en place de recteurs en fonction de leurs appartenances partisanes (actuellement, les deux partis du pouvoir FLN-RND), ce sont la logique du partage de la rente, le clientélisme et la corruption qui priment.
Même s’ils ont existé et existent toujours, des recteurs dignes de leurs postes et qui remplissent les conditions scientifiques et de gestion administratives, «ils se comptent actuellement sur les doigts d’une main», comme le précise bien le Pr Abderrezak Dourari, la majorité de ces «fonctionnaires de l’Etat» ont largement fait de l’univers du savoir des bunkers en vase clos. D’après une autre source, avant même sa désignation, un recteur doit accepter d’obéir à la règle des quotas.
«Des personnes influentes dans le système et également des militaires exigent leurs parts dans l’attribution des places de Master, de doctorat ou des stages à l’étranger. C’est une condition décisive pour l’accès au poste», explique-t-il. Et la chose est aisément vérifiable, lorsqu’on constate le nombre d’étudiants inscrits dans des masters et des doctorats (surtout des sciences humaines) «détachés» par la Défense ou le ministère de l’Intérieur ! «Il y a d’abord un partage de la rente.
En termes de marchés et en postes budgétaires, en postes de magistrats et de doctorants à recruter. C’est cela aussi la rente. Les bourses à l’étranger pour les enfants de la nomenklatura se négocient avant nomination. Un exemple, 70% de la restauration des séminaristes atterrissent dans un restaurant tenu par un ancien du DRS. Les traiteurs sont sélectionnés sur instruction et nul ne peut contester la qualité», révèle notre jeune retraité.
Des affirmations certes graves, mais largement connues et rendues publiques par les dénonciations d’abus d’autorité, de triche dans les concours de Master et de doctorat ainsi que le mutisme devant des thèses plagiées permettant l’accès aux postes d’encadreurs et de grade d’enseignants. Si les valeurs universitaires et l’éthique et la déontologie du monde du savoir sont bafouées chaque jour, on ne peut écarter la responsabilité active ou passive des premiers responsables de l’université et de leur tutelle.
Le plus aberrant dans ce constat est que les recteurs les plus zélés ont la longévité la plus impressionnante. Comme l’indique un enseignant d’une université d’Alger, un ex-recteur des sciences islamiques de Constantine, issu du RND est resté 14 ans en poste. Le doyen actuel des sciences politiques d’Alger, est doyen depuis 15 années.
Mais cela est-il choquant, lorsqu’on sait que l’actuel ministre de l’Enseignement supérieur, Tahar Hadjar (FLN), est resté recteur de l’université d’Alger pendant 18 ans ! Beaucoup de recteurs misent sur les services rendus durant leurs mandats infinis pour briguer la députation comme cerise sur le gâteau d’un loyal et discipliné service rendu à leurs mentors. Comme les diplômes de complaisance accordés à des personnalités politiques sans envergure.
Il est donc urgent de revoir les critères de désignation de ces administrateurs. Qu’ils soient élus par leurs populations universitaires sur la base d’un projet d’établissement et de CV, pour des mandatures de 3 à 4 ans renouvelable une fois (comme le préconise l’Unesco).

Mais, là encore, certains récalcitrants pourront faire valoir la jurisprudence…

Samir Azzoug

6 Commentaires

  1. Ils sont nés chez nous/On peut leur faire confiance!!!!!
    ils maitrisent toutes les langues memes celles de bois!!!!
    Les meilleurs sont partis ailleurs
    restent certains tricheurs/copieurs
    GO/fils de chahid dépité et pas député

  2. Le record absolu de l’absolutisme à l’Université est détenu par le fameux Benali Benzaghou, recteur de l’USTHB en…1974 et reconduit en…de 2001 jusqu’en…2015. Recteur 41 ans après son premier passage!. Le souffle dis-donc ! Mon père (77 ans) m’avait dit que jeune, il avait entendu parler du nom de ce recteur…Il pensait que c’était son fils ou bien un homonyme qui avait été désigné par la Bouteflicaille. Que non, c’est le même, pourquoi changer une équipe qui gagne?
    Voir sa lettre de « fin de mission » où il s’auto-félicite que sous son règne l’USTHB soit devenue « une université phare dans tous les domaines ». Tous les domaines! Même Harvard n’a pas cette prétention!
    http://www.usthb.dz/spip.php?article1091
    Après 2015 la retraite? Non, pas encore. Atteint de Mugabite aiguë, Benzaghou est nommé au Conseil de Nation, tiers présidentiel…Le souffle, le souffle ya bouguelb…

  3. ils obéissent à un système dont l’objectif est de bloquer la science. Benzaghou est inconnu dans la sphère du CV, les autres recteurs sont aussi inconnus que lui, donc ils marchent bien. Seuls les VRAIS SCIENTIFIQUES ne sont pas domesticables. Il faut hurler pour que le recteur soit ELU pour son CV et sa probité.
    Ce ministre après avoir squatté le poste de recteur durant 18 ans, est un grave impair pour notre université. Il doit démissionner après tous les scandales qui se sont succédé depuis son règne et son mépris des lois, de la déontologie et de la science, son scandale le plus récent, est celui des ministres inscrits illégalement en master de droit, que la justice a déboutés. YAÂK ! le dégoût, la honte !

  4. yè’a pas que l’algerie qui est dans cette sitautaion, le malaise est mondiale. ce qui se passe ici se passe en europe sauf qu’en europe les gens sont fins, ils savent comment cacher un vol ou détournement, ici en algerie lorsqu’il vol ou fait du détournement il est heureux et se sent fier car pour lui c’est un exploit…c’est culturel mais adapté a ceraine region ce n’est pas toute l’algerie qui est dans cette culture en arabe trab’ya une éducation..l’algeir c’est vaste, 2 millions de km² c’est un continent c’est une nation pas un peuple…la définition du peuple algérien est fausse il fallait dire la nation algerienne comme ça on peut parler de région de tribut etc..en algerie y’a des régions ou le pere insulte sa femme devant ces enfant en montrant des organes sexuekl c’est normal ce n’est pas une honte chez eux..chez d’autre une honte..donc ce qui honteux ici ne l’ai pas ailleurs, ya des tribut aussi ou la femme peut inviter un etranger d’entrer chez elle et le marie lorsqu’il rentre chez lui il salue l’Étranger sans probléme chez d’autre ce n’est pas une honte mais ça provoque une guerre..
    dans un meme journaux si tu donnes le meme evenement a 3 journaliste chacun venait d’une region tu auras 3 articles differents..chacun l’ecrit sur la base comment il etait éduqué dans sa region..
    malgré tout cela l’algerie reste de bon niveau en afrique..goulou dites hamdoullah

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