LES TRÉFONDS DE LA TRIPARTITE ET DE LA TRIPARTITE BIS

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Après une tentative de reprofilage d’une dette qui avait atteint les 32 milliards de dollars avec un ratio du service à près de 75% dès l’année 1989, l’Algérie fut contrainte de négocier avec le FMI deux accords cadre. Le premier dit de stabilisation économique (stand-by), applicable en un an, a été signé au début de l’année 1994, lorsque le second, dit de facilité de financement élargie (FFE), l’a été en avril 1994 pour une durée de 3 ans. Il fut comme de bien entendu, adossé à la mise en œuvre d’un Programme d’Ajustement Structurelle de l’économie nationale.
 
– libéralisation du commerce extérieur.
– libéralisation des prix.
– dévaluation de la monnaie et contrôle de la croissance des salaires.
– restructuration des entreprises publiques et leurs privatisations.
– réduction du déficit budgétaire, donc des dépenses publiques.
– réduction et l’élimination des subventions de l’état aux entreprises déficitaires.
– réforme du système fiscal, douanier, commercial, des institutions bancaires et financières ainsi que l’instauration de la convertibilité interne du Dinar dans un premier temps.
 
Le gouvernement algérien se devait donc de respecter la mise en œuvre des conditionnalités ci-dessus et ce faisant assurer la migration d’une économie algérienne dirigée vers une économie de marché.
Ce fut dans les faits et sans aucun doute l’époque de la grande anarchie de l’économie algérienne avec l’éclosion de la kermesse des commerces multiples pour les uns, mais aussi pour la nomenklatura, l’accaparement des segments d’activité de tout ce qu’il y a de plus juteux comme celui du médicament par exemple. L’obéissance au menu du FMI ne fut certes pas la panacée mais le plus désastreux et sans doute le plus dommageable fut la méthodologie adoptée pour la concrétisation de mesures sèches imposées certes, mais aussi et surtout très mal adaptées sur le terrain par une équipe qui manquait principalement de métier et de vocation.
Sur un autre plan, un observateur de la scène politique me disait : « Pour différentes raisons objectives et entre autres, une présence tout à fait embryonnaire pour ne pas dire quasi inexistante du secteur privé à l’époque, la problématique des entreprises publiques de toute taille se posait nettement moins en terme de privatisation qu’en terme de fermeture. Et, compte tenu à l’époque des faits d’un environnement sécuritaire hautement contraignant, cette fermeture des entreprises par les pouvoirs publics aurait pu conduire les salariés licenciés ou tout au moins une partie d’entre eux à rejoindre les maquis islamistes ». Poursuivant : « Le secours et donc la solution pour le gouvernement OUYAHIA, en charge des affaires du pays déjà à l’époque, est venue du terrorisme. De grande magnitude en 1995 et 1996, ce dernier, sévissait sur le territoire national. Il vint aussi, bien à propos dirions-nous, incendier et saccager les actifs d’un grand nombre des entreprises en question, transformant ce faisant les travailleurs qui ont perdu leur emploi (par dépit ou vengeance) en patriotes pour les uns, gardes communaux pour les autres. Le terrorisme concrétisait ce faisant et au bénéfice exclusif du gouvernement, l’injonction du FMI d’une part tout en augmentant d’autre part le potentiel humain d’une variété des forces chargées justement de la lutte contre le terrorisme. En somme le terrorisme se flagellait et le gouvernement ne pouvait rêver mieux obtenir que ce coup double ».
Ceci pour une partie de la petite l’histoire, et qu’en est-il aujourd’hui ?
                  Une mission du Fond monétaire international (FMI), ayant séjourné en Algérie la mi-mai a rendu public son compte rendu le 19 mai 2016. Il est dit que « confrontée à un choc extérieur de grande ampleur et probablement durable, qui nécessite de la part des autorités une réponse vigoureuse », les experts du FMI suggèrent aux autorités algériennes « l’emprunt extérieur et l’ouverture du capital de certaines entreprises publiques, pour faire face à la baisse de l’épargne publique ». Le décor est ainsi planté.
Est-ce que la tripartite, Gouvernement, patronat et syndicat public, a concrétisée un réel partenariat public-privé (PPP) ou est-ce que la tripartite ne constitue en fait qu’un échafaudage destiné à camoufler l’obéissance du gouvernement OUYAHIA au FMI ? Une entreprise publique performante concevrait-elle à s’ouvrir au capital privé pour juste partager ensuite avec lui ses bénéfices mais aussi son savoir-faire, son marché ? Le Privé accepterait-il de s’engager dans des entreprises fortement endettées et au potentiel économique douteux ? Le message réel véhiculé par cette tripartite ne se résume-t-il pas simplement à l’arrêt par les pouvoirs publics des subventions accordées à ses entreprises ?  Quel serait dans ce cas de figure le sort des entreprises publiques déficitaires qui ne pourraient capter l’apport fiduciaire privé si ce n’est le dépôt de bilan ? Quel serait le sort des travailleurs de ces entreprises ?  Quel est le rôle attribué au syndicat public dans ce partenariat pervers ? Qui au cours de la tripartite représentait l’entreprise publique, à la fois victime et butin du débat, le FCE ? « Tout prête à penser, selon le même observateur, que l’on est juste en train d’achever un travail commencé en 1995 en reconduisant le même pilotage pour une même démarche pour certainement les mêmes résultats. » Les mêmes causes engendrent les mêmes effets.
Et cette tripartite bis ? « C’est juste pour renforcer le message adressé au FMI. En plus du gouvernement, du patronat privé et du syndicat, le FLN parti majoritaire sur la scène politique algérienne appui la démarche du partenariat ce qui se veut comme étant une garantie supplémentaire au processus. Dans le cas d’espèce, le pouvoir souhaite montrer au FMI qu’il parle d’une seule voie. »
« Que signifie également cette injonction de la banque centrale en direction des banques commerciales et qui exige que toute domiciliation de facture (Ouverture d’1 LC) soit sous tendu par une provision égale à 120% du montant de la transaction si ce n’est une anticipation sur une éventuelle perte de change due à une dévaluation de la monnaie algérienne qui pourrait atteindre les 20% » ?
Une soumission aveugle et irréfléchie aux directives du FMI est le moins que l’on puisse dire fortement hasardeuse. Elle pourrait être très préjudiciable et conduire à de graves dérives. Encore une sale besogne en somme ? Très probablement et même très sale. Menée à la hussarde, sans préparation aucune à l’instar du traitement du dossier de l’impôt sur la fortune ou celui concernant l’industrie automobile, l’arrêt des subventions de toutes sortes et de toutes natures est trop délicat pour être réduit à une simple décision administrative, voire politique. Le dossier se doit d’être confié pour être muri, élaboré et supervisé par des experts algériens en la matière qui en définirait d’abord l’opportunité, l’alchimie, la posologie et le timing. Il y a un aspect économique indéniable à la question, mais elle se doit d’être accompagné par des mesures juridiques et des refontes structurelles obligatoires et principalement au niveau des banques. Il est fondamentale de comprendre que le processus des subventions reste un élément qui ne peut être extrait, isolé et conduit indépendamment d’une vision globale, et donc d’un ensemble de mesures cohérentes, hiérarchisées, planifiées et articulées pour une migration tranquille à terme vers une économie de marché.
 
ELISSA.D
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

4 Commentaires

  1. Analyse intéressante. Mais ne faut-il pas de plus de pédagogie et moins de « politique » (non, en fait plus de Politique avec un grand P et moins de « partisanisme* ») pour expliquer (et non pas « diaboliser ») le rôle de cette institution internationale qu’est le FMI (Fond Monétaire International) à laquelle le pays fait partie à travers ses côtisations dont la dernière en date il y a 02 ou 03 ans? Donc, les négociations tripartites se font d’abord au niveau « local », et il ne peut y en avoir qu’une seule, pas une et une bis. Il est clair que la seule solution est le compromis entre : « quand faut-il centraliser et quand décentraliser? » : la régionalisation (autonomie, indépendance, auto-détermination ? appelons cela comme on le veut) comme l’ont proposé certains leaders politiques qui n’ont pas été écouté, pas le « régionalisme » comme ont voulu le montrer certains autres leaders, ce qui d’abord n’existait pas, mais qui a conduit à des situations tragiques.
    On explique la situation de stabilité de notre pays (qu’il faut reconnaitre, mais on se titille le nombril comme si le pays était seul au monde, sans voisins et comme si l’ « instabilité » internationale ne nous concernait pas) de par uniquement le fait que nous avons connu la « décennie noire » (2-ème guerre d’Algérie), tout comme les anciens la 1-ère guerre d’Algérie). Sommes-nous au seuil d’une 3-ème ? J’espère que non. Nous enseignons aux étudiants à travers un exemple simple (et j’espère qu’ils retiendront la leçon) d’un « système **» à 02 états : soit on gagne, soit on perd » (une équipe de volley par exemple, ou une entreprise (publique ou privée), ou encore l’état lui-même. D’abord, un système est forcément « complexe » et « dynamique ». Ensuite, pour qu’un système soit performant, il doit d’abord être stable et pour cela, il y a des « conditions ». Maintenant, si un système est stable (les conditions sont réunies), cela ne veut pas dire qu’il est « performant ». Prenons notre équipe de volley (ou notre entreprise) avec la distribution stationnaire suivante : sur 09 matchs, j’en gagne 04 et j’en perds 05…en moyenne ! Donc, si pour chaque match gagné, je perçois 1 Dinar, et pour chaque match perdu, je perds 01 dinar, alors sur 09 matchs, je perds 01 dinar ; sur 18 matchs, j’en perds 02 en « moyenne » (car c’est l’incertitude totale)… imaginez sur le long terme !!!
    *) Ici, j’englobe pas seulement les partis politiques qui en fait n’existent pas à l’exception d’un seul le FLN, car tous les autres ne sont en fait et « juridiquement » parlant que des « associations » à caractère politique , mais également toutes les autres associations à caractère économique, éducatif ou social qui pèsent sur l’échiquier national.
    **) Il est vrai qu’on parle de «système simple et système complexe. C’est un abus de langage. Lorsqu’on parle de système simple, en fait on entend par là d’un « modèle » (simple, il y en a de plus complexes) de système (qui lui reste complexe). Et les modèles, il y en a des masses. Quel est le bon ? Seul celui qui fournira des résultats tangibles.
    ***) la stabilité est associée à une « distribution stationnaire » qui donne la probabilité (ou le nombre de chances) pour que le « système » se trouve à l’un des 02 états bénéficiaire (gagnant) ou déficitaire (perdant). La distribution stationnaire (1,0) signifie qu’on est certain de gagner, mais il se peut qu’on perde de temps en temps. Tout comme (0,1) signifie qu’on est certain de perdre, mais qu’on puisse gagner parfois. (0.5,0.5) signifie qu’on a 50% de chances de gagner et 50% de perdre.
    N.B.1. Madiba,alias Nelson Mandela disait : « Je ne perds jamais. Soit je gagne, soit j’apprends ». J’espère que nous avons appris sur les questions sur lesquelles nous sommes perdant, pas sur lesquelles nous sommes gagnants comme cette information que nous serions sur le Top 10 des destinations touristiques (on nous qualifie de l’Iran du Maghreb). Donc, tout n’est pas négatif…pour l’instant!!!, n’en déplaise à certains.
    N.B.2. Je regardais un documentaire sur la chaine « toute l’histoire » à propos du Chili. Epilogue par des économistes issus de l’université de l’Illinois (Chicago group) : Plus de rigueur pour les contestations sociales et les droits de l’homme (on estime à 2298 le nombre de morts et à 45 000 selon les pessimistes). Combien nous a coûté cette stabilité, et combien nous coûtera la « performance »).
    N.B.3. Dans tous les cas, je voudrais bien comprendre pourquoi on « tabasse » (si c’est vrai?) des résidents en médecine qui ne font que manisfester avec leurs blouses blanches, alors qu’on est plus tolérant avec des gens qui ont commis des crimes plus abominables, en particulier de mettre l’économie du pays à genoux. Mais bon, les voies du seigneur sont impénétrables.
    Tonton Amar.

  2. PROGRAMME D OUYAHIA OU CELUI ECRIT POUR LE PRESIDENT?
    DES QUESTIONS??
    SIDHOUM SAID A LA CASQUETTE
    BAISSE LA TETE
    LE PATRON DES PATRONS S ENTETE
    PRIVATISATIONS MEILLEURES RECETTTES!!
    IL MANQUE LE VRAI CHEF D OPECHESTRE ET SA MAGIQUE BAGUETTE!!
    OU SE TROUVE LA MEILLEURE RECETTE??
    AU FMI OU AUX OUBLIETTES??

  3. allah yasbark’m dites moi il y a des choses qu’on voient seulement dans notre algérie? mais d’un retard mental gestionnaire incroyable! dû surement au paysans qui sont a la tête de l’état ce matin un ami me disait une fois je suis au Maroc en Tunisie je m’assois par terre tellement propre ce n’st pas le cas en algérie, me disait aussi en tunisie ont augmenté de 1 dinar leurs produits alimentaires le pays s’est vu exploser par des manifestants ce n’est pas le cas chez nous non plus, ici chez on reconnait le yamazigh beni yeni, il admet aussi que renault le constructeur francais achète des voitures en france les démonte en roumanie et les montent en algérie avec 60 milions de bénéfice par voiture ce comportement c’est aussi seulement chez nous c’est mieux une geurre.

  4. « Abdelaziz Bouteflika a désigné Ahmed Ouyahia pour le représenter au Sommet de l’Union africaine consacré à la lutte contre la corruption… »
    Ouyahia pour lutter contre la corruption…Bouteflika manque de mobilité mais pas d’humour noir.

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