Ahmed Taleb Ibrahimi : L’Algérie vient de perdre un fils valeureux et un militant exemplaire

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Taleb El Ibrahimi1Ahmed Taleb Ibrahimi. Ancien ministre des Affaires étrangères et ami de Hocine Aït Ahmed

L’Algérie vient de perdre un fils valeureux et un militant exemplaire

Taille du texte normaleAgrandir la taille du texteEl Watan le 27.12.15 

J’ai connu Hocine Aït Ahmed au Caire, en 1953, et déjà on s’attachait à l’homme de conviction doublé d’un patriote intransigeant. Mais c’est dans les prisons françaises où nous avons séjourné entre 1957 et 1961 que se sont renforcés nos liens d’amitié. Je témoigne que lorsque le CEE a adressé aux cinq le projet de plateforme de la Soummam, seul Aït Ahmed l’a approuvé dans son intégralité, alors que ses pairs ont émis des réserves plus ou moins importantes.

Je me souviens de discussions passionnées à la prison de la Santé, notamment après la constitution du GPRA, sur l’avenir de notre pays, où Aït Ahmed se distinguait par de longs développements marqués par la profondeur de la pensée et l’élégance du style. Certains ont reproché à Aït Ahmed un certain angélisme qui l’aurait tenu éloigné des luttes pour le pouvoir. En vérité, le seul groupe auquel il aurait adhéré était celui de Abane, qui a été néantisé après l’assassinat de son chef. A partir de ce moment, Aït Ahmed n’était plus un outsider.
Au lendemain de l’indépendance, il livra un combat à l’Assemblée nationale pour un Etat de droit, de multipartisme, d’élections libres… mais les foudres de Ben Bella ne l’ont pas épargné : emprisonné puis condamné à mort, il doit à ses amis, qui se sont démenés à l’étranger, de n’avoir pas subi le sort de Chaabani. Sous Boumediène, sa libération promise ayant tardé, nous avons assisté à son évasion et à son installation à Lausanne, où nous nous sommes vus à maintes reprises.
En 1989, Aït Ahmed est heureux de retrouver l’Algérie où les événements d’Octobre 1988 ont généré le multipartisme qu’il a toujours appelé de ses vœux ; son parti politique est devenu une force essentielle dans le paysage politique du pays. Mais il va bientôt déchanter devant l’ampleur de la violence qui a caractérisé la décennie rouge. En 1995, nous avons activement soutenu la plateforme du contrat national conclu à Rome et, quatre ans plus tard, nous sommes tous deux candidats à la présidence de la République.
Nous menons campagne la main dans la main sans nous faire d’illusions sur la neutralité du commandement de l’armée, et lorsque nous avons eu la preuve que ce dernier, malgré les promesses publiques du chef d’Etat démissionnaire, avait choisi son candidat et décidé de l’imposer au peuple par tous les moyens par un simulacre d’élection, les six candidats se sont retirés pour continuer individuellement leur combat pour une Algérie nouvelle. Pour ma part, j’ai créé un parti politique, Wafa, que le pouvoir a refusé d’agréer en violation flagrante de la Constitution. Le 13 novembre 2000, la police envahit le siège de ce parti sans mandat de perquisition, confisque documents et matériel, malmène et arrête le secrétaire général, le retient jusqu’à l’aube au commissariat central de police et appose les scellés.
Il m’était impossible de trouver une salle pour tenir une conférence de presse afin de répondre à cette injustice. Tous les dirigeants des partis politiques agréés sollicités, pourtant proches de notre ligne, ont refusé, par peur de la réaction du pouvoir, de nous prêter une salle pour deux heures, le temps de réagir devant la presse. Seul Aït Ahmed a mis à notre disposition le siège du FFS pour deux jours, matériel et personnel administratif compris, et c’est là, grâce à lui, que j’ai pu reprendre contact avec l’opinion publique, en présence d’une trentaine de personnalités politiques dont certaines étaient encore indésirables auprès de la direction du FFS.
Aujourd’hui, si l’Algérie perd un combattant infatigable et un militant exemplaire en la personne de Hocine Aït Ahmed, je perds un ami et un frère. Je prie le Seigneur des mondes de lui accorder Sa Miséricorde et je m’associe au deuil de son épouse et de ses enfants. De même que je partage la douleur des dirigeants et des militants du FFS et de notre peuple, car Aït Ahmed appartient à l’ensemble de l’Algérie.

9 Commentaires

  1. Merci pour ce temoignage qui ne fait que reforcer notre conviction de qu´est cet homme que tout opprime sur terre vient de perdre. E Da Lhocine avait un ideal universelle compatible a toutes les ideologies confondues: a savoir « karamat el insan » Allah a dit « WA KARRAMNA BENIADAM ». Je souhaiterai qu tous les algeriens adherent aux ideaux de Da Elhocine Rahmatou Allah 3alih
    El hamdouli Allah que Ait Ahmed soit notre je dis bien notre ALGERIEN et puis elhamdouli Allah qu´on eu d autres hommes comme lui, d´abords ceux qui ont enclenches la revolution, et touts les chouhadas passant par Benbadisse et ses compagnons et GPRA et ses membres.
    J aurais souhaite que A T Elibrahimi sort de sa reserve a l´avenir et continue la liberation de notre pays, il a de tres fortes chance d etre ecouté par toute les tendences n´etait-il pas un vrai respecte et aime par Abdelkader Hachani?(Allah yarhmou),et bien beaucoup d´autre..

  2. je salu le temoignage sincére de mr AT-el ibrahimi dont le quel il précise une fois de plus la grandeure et la patience,de notre cher H-Ait ahmed, tte sa vie était un combat sans rellache avéc pacifisme car il était doué d’intélligence pour ne pas tomber dans la violence dont la quelle le pouvoir a tjrs préferé jouer.
    jusqu’a quand ce pouvoir falsifie l’histoire et l’idiologie des vrais Hommes de novembre,mais ce pouvoir oubli qu’il existe un pouvoir sur-humain (soubhanahou wa taalla)
    qui vont lui rendre compte.
    le peuple algèrien n’est pas dupe,il est patient et sage,il sait reconaitre ces vrais hommes,on lui rendant hommage.
    {ina lillahi wa ina ilayhi radjioune}
    rahimaka allahou wa adkhallaka fassiha djinanih maa ashabeka el chouhada amine rab el aalamine.

  3. Je vous prie de publier ce commentaire SVP:
    « Inna LiAllah wa inna Ilayhi Rajoune ». Allah yarham el batal Ait-Ahmed. La qualite la plus admirable dans ce monument de resistance et opposition Algerienne est:
    1 – Il n’a jamais failli a ses principes de democratie et de droits de l’homme qui ont toujours ete non-negociables par ses adversaires politiques
    2 – Il n’a jamais laisse quelque entite etrangere utiliser son opposition au regime pour nuire aux interets de son pays.
    Ces deux qualites sont admirables et tout le peuple Algerien et l’Histoire (avec un Grand H) les retiendra.

  4. Cher @Taleb Ibrahimi
    Il est trop tard ! Il fallait penser à combattre, quand tu étais au pouvoir, pour réhabiliter notre da El Ho historiquement et politiquement ou même demander au pouvoir d’encourager le retour de da el Ho dans son pays, et ce avant sa mort !
    Il est trop tard, ya cheikh, il est trop tard ya El Hadj ! Tu n’as même pas eu le courage de susurrer des choses de ce genre à ton maître à penser Houari Boumediene ou à un autre Président, du temps où tu étais au pouvoir ou même après, pour réhabiliter da el Ho ou même pour lui garantir la vie s’il revenait dans son pays ! Tu n’as même jamais évoqué da el Hocine dans aucune de tes interventions politiques, dans aucun de tes discours, ni dans aucune de tes interviews et je le dis car je te connais de longue date, ya khouya Taleb Ibrahimi
    Et oui, il est déjà trop tard ! Et donc, il faut laisser tranquille les morts, c’est mieux pour eux !

  5. UNE SUCJETION LE DOCTEUR DIT SOUS BOUMEDIEN SA LIBERATION TARDAT .AIT AHMED A ETE PERSUCUTER PAR BENBELLA ET HOUARI BOUMEDIEN CE SONT DE LA MEME FACE DE LA MONAIT

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