NATIONALISTE, MILITANT ENGAGE, ABDELKADER HACHANI  Un seigneur de la politique

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2015

 
 
Depuis l’Est Algérien, c’est par train qu’il arriva clandestinement à Alger. Malgré toutes les contraintes majeures de la clandestinité, il avait pu en une semaine s’affirmer de par son dynamisme, son pragmatisme et son potentiel intellectuel comme l’homme de la situation. Une situation où tout était à refaire dans la légalité du droit et des devoirs. Une première semaine où son réalisme, sa droiture et son sens des responsabilités lui permirent de s’extirper d’une manœuvre de manipulation dont les auteurs ne voulaient pas plus que de s’accaparer de la direction du FIS pour en assurer, conformément à leur feuille de route, la gestion. C’est toujours dans la clandestinité qu’il eut à diriger et à suivre l’ensemble des préparatifs nécessaires pour la tenue des assises de Batna, et le 27 juillet 1991 à la clôture du premier et dernier congrès du FIS, il rejoignit encore une fois les hauteurs d’Alger où près de deux mois durant et encore et toujours dans la clandestinité, il s’activa intensément à mettre en place le nouveau bureau politique provisoire parachevant ce faisant la réorganisation du FIS. A une question d’un proche, il répondit : ‘‘Si ce n’est moi, un autre le ferai tout autant, ou encore mieux que moi. Je ne fais pas plus que ce que je crois être juste et me dicte ma conscience.’’ Parmi ses proches, sa modestie toute naturelle était tout simplement légendaire. Il était un exemple qu’on n’arrivait pas à suivre.
Le lieu, le moment et l’objet pour sa première apparition publique ne furent pas moins opportuns. Le cinéma El Maghreb (ex Marignan) à Bâb El Oued abrita la première conférence de presse d’Abdelkader HACHANI (Quartier intensément symbolique depuis les martyrs de 1988 et le rôle tenu par la mosquée ESSUNNA dans ces évènements et plus tard).
Le thème de la conférence du Cheikh Abdelkader HACHANI président officiel et légitime du bureau exécutif provisoire du FIS n’était pas moins étudié et d’actualité. Il portait sur la loi 91-21 venue amender la 86-14 sur les hydrocarbures et qui se trouvait être en débat au moment à l’APN.
Disposant d’une copie du projet de loi, Abdelkader HACHANI expliquait que le Pouvoir Algérien endetté avait amené le pays à pratiquement une situation de cessation de paiement autrement dit à la banqueroute. Cet état de fait estimait-il, ‘‘ne justifiait nullement pour autant le bradage des ressources énergétique de la nation et la compromission de l’avenir des générations futures’’. Le Président du bureau exécutif national du FIS précisait que ‘‘les réserves de pétrole exploitable du champ de Hassi Messaoud étaient estimées à 480 000 tonnes. Le quart de la production mis en vente par le gouvernement serait d’environ 120 000 tonnes soit 960 000 000 barils estimés entre 6 et 7 milliards de dollars par le chef du gouvernement octroyant ce faisant un prix de l’ordre de 7,30$ au baril au moment où la dernière conférence des ministres de l’OPEP venait de plafonner la production de l’ensemble de ses Etats membres à 23,65 millions de barils/jour en vue de donner un prix de 21$ au baril. L’approche contenue dans le projet de loi ferait perdre à l’Algérie près de 14 millions de dollars soit l’équivalent de près des deux tiers de l’ensemble de la dette extérieure du pays’’.
Il dénonçait par ailleurs à travers l’article 4 de la loi sur les hydrocarbures en débat à l’APN l’ouverture pour la première fois depuis la nationalisation des hydrocarbures en 1971 l’ouverture à ‘‘des personnes morales étrangères’’ le droit à l’exercice des activités de prospection, de recherche et d’exploitation d’hydrocarbures et ce uniquement pour bénéficier d’une redevance, vente sur pied estimaient les spécialistes, confondue par le législateur à une taxe fiscale.
Abdelkader HACHANI dénonçait également et avec vigueur l’article 22 et 39 de ladite loi qui traitaient des facilitations fiscales et autres intéressements allant jusqu’aux remboursements de l’ensemble des dépenses et prestations de l’associé étranger et du remboursement même en numéraire du montant acquitté comme droit d’entrée en cas de découverte de gisement pétrolier et ce en sus de sa part de production définie contractuellement dans l’association qui lui serait fournie FOB (Free on board), c’est tout dire.
L’Algérie s’offrait disait-il pour moins que rien, se dévalorisant outre mesure prédisant tout de même que l’offre ne trouvera pas le répondant requis pour faire éviter au pays un Programme d’Ajustement Structurel (PAS) par le FMI. Entretemps, le chef du gouvernement déclarait que ‘‘les IDE viendront OU LABASS’’. La suite intervint en 1994 lorsque l’ensemble du fleuron de l’industrie algérienne fut passé au rouleau compresseur par le FMI détruisant entre autres, une industrie textile que les gouvernants actuels tentent de remettre sur pied.
 
En ce lundi 22 novembre 1991, en assassinant Abdelkader HACHANI, l’auteur, les donneurs d’ordres, les commanditaires, ceux qui savaient et se sont tus, les complices directes et indirects n’ont point assassiné le leader du FIS, ils ont attenté et donné le martyr à une des personnalités politiques nationales majeures enfantée par l’Algérie post indépendance.
Et en ce mercredi 22 novembre 2017, à la mémoire du grand ami et du jeune frère que fut ce martyr de l’Algérie, nous interpelons avec insistance les pouvoirs publics pour que la nouvelle loi sur les hydrocarbures en préparation tienne compte du minimum de ‘‘ce nif’’ symbole de la dignité de notre peuple, pour ne point et en aucun cas ne constituer que la rançon du pouvoir.
ELISSA.D

3 Commentaires

  1. Comme à son habitude, le frère Salaheddine Sidhoum ne manque jamais l’occasion de la date du 22 Novembre 1999 pour nous rappeler cette triste date qui marque l’odieux assassinat du Frère et militant des droits de l’homme, du grand homme politique de l’opposition en la personne de feu Abdelkader Hachani Allah yer7mah ou yer7am toutes les victimes de la décennie noire et tous ceux qu’on a lâchement assassiné, et a toutes les victimes qui continuent de souffrir dans l’indifférence.
    Cette fois, c’est sous la plume du frère ELISSA. D que cette triste date nous est rappelée et je ne manquerai pas l’occasion de le remercier pour m’avoir permis de rédiger ce modeste commentaire que je voudrais partager avec mes compatriotes sincères et que je dédie aussi à tous ceux qui, d’une manière ou d’une autre, refusent de regarder la vérité en face en continuant de pérorer sur les toits à qui veut les entendre que l’arrêt du processus électoral de 1992 était salutaire parce que c’était le seul moyen de sauver la République des mains des islamistes qui étaient considérés comme une menace mortelle.
    En décidant de commettre ce crime impardonnable, tout en agissant en pompiers pyromanes, ils vont insidieusement pousser le pays dans un cercle de violence cyclonique dont l’issue n’est toujours pas encore atteinte, à ce jour. Telle est l’amère vérité que d’aucuns tentent toujours d’éclipser le soleil à l’aide d’un tamis comme dit le sage proverbe du terroir. Avec cette politique hérétique et bancale, avec cet entêtement bestial, ceux qui se sont arrogé le droit de décider de notre sort et de notre destin, envers et contre notre volonté, ceux-là ne mesurent toujours pas la portée de leurs erreurs qui risquent de nous être fatales, à Dieu ne plaise ! (Revenons à nos moutons, comme dirait l’autre !)
    22/11/1999 – 22/11/2017 : ça déjà 18 ans que le martyr Abdelkader Hachani tombait sous les balles assassines des ennemis du peuple ! Puisse Dieu l’accueillir en son vaste Paradis auprès des ses meilleurs adorateurs, que la même place soit réservée à tous ceux qui subirent la lâcheté légendaire de ceux qui avaient confisqué le pays et son destin ainsi que son histoire sous le fallacieux prétexte d’être les garants de l’indépendance qu’ils disent avoir été arrachée aux prix de lourds sacrifices qui leur confèrent ce statut particulier de gardiens du « précieux butin de guerre » qu’il ne fallait lâcher sous aucun prétexte et quelles que soient les raisons qui peuvent être invoquées pour justifier ce détournement de l’histoire.
    Il fut malheureusement lâchement liquidé par ceux qui y sentaient en lui une menace pour leur plan machiavélique. Il n’était pas le seul à subir une pareille liquidation; tous ceux qui, comme lui portaient un projet novateur étaient considérés comme des opposants dangereux qu’il fallait impérativement et froidement éliminer. Sans vergogne, ils mettront de leurs odieux crimes sur le compte de leurs adversaires qu’il fallait coute que coute charger et accuser des pires délits pour les discrédite aux yeux de l’opinion nationale qui venait de leur accorder leur confiance en les choisissant pour prendre en mains le destin de leur pays.
    L’histoire retiendra que les élections de 1991 avaient été « PROPRES » et sans fraude ; d’après les déclarations publiques du Ministre de l’Intérieur de l’époque. Pour une fois que les électeurs avaient voté librement et sans contraintes, pour une fois que c’est l’urne qui avait parlé, pour une fois que le pays allait leur filer sous les doigts, ils ne trouvèrent qu’une seule solution pour éviter cette déculottée historique qu’il fallait impérativement éviter quitte à piétiner le choix du peuple qui venait de faire son choix librement et « démocratiquement » !
    Ça fait bien plus d’un quart de siècle que le pays avait été engagé dans une tourmente sans nom et il se trouve encore des « Algériens patriotes » qui justifient ce vil acte de « sauvetage » de la République.
    Un laïus à l’intention de ceux qui ont été à l’origine de cette sanglante et terrible tragédie nationale : « Ne croyez surtout pas que vous pourriez échapper à la Justice divine ! Ceux que vous aviez tués vous ont seulement précédés et ils attendent patiemment pour vous demander des comptes devant l’Eternel Qui ne manquera certainement pas de leur rendre Justice ! »
    Et même, si ces criminels sanguinaires ne croient certainement pas en en la Justice divine, ils finiront par découvrir que Dieu finira par leur réserver un châtiment à la mesure de leurs crimes innommables. Maudits soient les ennemis su peuple qui sont à l’origine de tous nos malheurs ! (Mille excuse et pour la longueur de ma contribution et pour son caractère décousu, mais sincère)- Elbordji.

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