Lahouari Addi : « Gaïd Salah n’a ni l’éthique du militaire ni l’âge du soldat »

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Samedi 5 octobre est le 31e anniversaire du soulèvement d’Octobre 1988 qui a mis fin au système du parti unique à travers lequel le commandement militaire exerçait la souveraineté populaire.
Beaucoup de personnes à l’époque avaient pensé que l’Algérie allait enfin avoir un régime pluraliste à travers lequel la population choisirait librement par le vote ses représentants. Mais le commandement militaire n’avait pas adhéré au principe d’une transition démocratique et n’a accepté le pluralisme que pour le manipuler.

En effet, aucun parti ne devait exister s’il remettait en cause la règle non écrite du système politique algérien : la souveraineté populaire appartient au commandement militaire. C’est ainsi que, après Octobre 1988, le régime s’est recomposé en mettant en avant une élite civile exerçant un pouvoir formel supposé issu des urnes.

Si Octobre 1988 a eu un acquis, c’est c’était celui de critiquer les détenteurs civils de l’autorité de l’Etat (ministres, walis et même députés), ce qui était impensable sous le système du parti unique.

La critique publique du pouvoir formel a été une conquête du 5 Octobre 1988 et, dans la même perspective, le 22 Février 2019 cherche à critiquer le pouvoir réel des militaires et à soumettre ces derniers à une autorité civile issue des urnes. Cette dynamique populaire contestataire atteindra son objectif parce qu’elle s’inscrit dans le processus historique de construction de l’Etat commencé en Novembre 1954.

Le mouvement national ne voulait pas seulement l’indépendance, il voulait un Etat moderne fondé sur le suffrage populaire.

La résistance qu’oppose l’état-major à cette dynamique est vaine et futile ; elle est un combat d’arrière-garde qui fait perdre du temps au pays. Gaïd Salah, qui n’a ni l’éthique du militaire ni l’âge du soldat, tente de rafistoler par une élection truquée un régime miné par la corruption et complètement coupé de la population. Le mouvement du 22 Février s’inscrit dans la dynamique inaugurée le 5 Octobre 1988 pour enlever des mains des généraux la souveraineté populaire.

Dans la chanson La Casa del Mouradia, il y a un refrain qui dit : « vous nous avez trompé avec la décennie noire, vous n’aurez pas le 5e mandat ». Ce même 5e mandat auquel tient Gaïd Salah en décidant l’élection du 12 décembre qui changera le nom de Bouteflika par un autre nom. Mais la vigueur du mouvement populaire indique que cette élection n’aura pas lieu.

Lahouari Addi

4 Commentaires

  1. C’est un vrai combat pacifique que mène le peuple pour déboulonner le GANG militaire. Certes, Gaid n’a pas l’éthique du militaire ni l’âge du soldat. Mais avec une poignée de généraux ripoux, il continu d’empoisonner la vie des militaires des soldats et de tous le peuple algérien.

    Le DÉNI et L’OPACITÉ, les deux grandes armes du système s’effritent jour après jour. Le Hirak c’est emparé de cette stratégie pacifiquement, le peuple Déni le scrutin, l’existence de votre pseudo gouvernement , de vos ministres, députés, sénateurs , Walis et compagnie … Les représentants du Hirak sont aussi opaque que ceux qui écrivent les discours a Gaid , ils sont aussi opaque que vos décideurs de l’ombre, des décideurs a la soldes du Quai d’Orsay, de Matignon et soumis aux rois et roitelets du Golfe.

    DÉNI, OPACITÉ et PACIFISME nos armes pour vous chasser a jamais de nos rêves, de nos espoirs de vivre enfin dans un état de droit , toutes ces semaine n’ont pas été vaines et cette semaine sera des plus bénéfiques on fêtera demain l’anniversaire du 05 octobre mobilisons nous pour demander en ce jour anniversaire , la libération de tous les détenus et faisant du Dimanche 06 octobre une journée de GRÈVE GÉNÉRALE ou tous les secteurs doivent s’impliquer en restant chez soit, laissons leur le pays pour qu’ils comprennent que c’est tout le peuple qui exige leur départ …

  2. Les deux questions importantes que je me pose :
    1. Le mouvement du Hirak est-il né de la confirmation d’un infirme à un 5eme Mandat ou d’une prise de conscience, surtout par les jeunes, d’une situation économique qui nous mène vers la catastrophe ?
    2. L’Etat-major représenté par son Chef est-il le véritable pouvoir informel ?
    J’invite les analystes à nous éclairer pour essayer de comprendre ce qui se passe depuis 30 ans.
    Il y a des évidences qu’on oublie de citer :
    – Chadli et par la suite Bouteflika ont été placés au-devant de la scène politique pour exécuter une feuille de route visant deux objectifs : Remettre en cause les acquis du 24 février 1971 et mettre l’Algérie dans le giron de l’OTAN
    – Octobre 88 est la conséquence de la crise financière de 1986 liée à la mauvaise gestion (programmée) de Chadli.
    – La mauvaise gestion de Bouteflika (comme Chadli) a eu pour but de programmer la faillite économique du pays. Les experts nous prédisent un printemps algérien lorsque les réserves de change vont s’épuiser dans 2 ou 3 ans.
    Je suis d’accord avec l’Auteur : nous sommes toujours dans le 5eme mandat (même feuille de route) donc même pouvoir informel et objectifs identiques.

    Y A-t-il UNE ISSUE ? N’est- ce pas trop tard ? On le verra à l’établissement du bilan catastrophique.

  3. Après 8mois le verre est à moitié plein,la situation est toujours intéressante mais aussi inquiétante parce que l’on ignore tout du futur. Une forte polarisation (entre l’institution de l’armée et les populations)dont l’objectif est de vider les questions de fond soulevées par la révolution populaire.

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