La science et ses mauvais usages contre le peuple

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Kitouni Hosni


Une pseudo étude scientifique est actuellement visible sur le face book, elle veut nous démontrer schémas et chiffres à l’appui que le Hirak d’aujourd’hui ne mobilise pas le peuple, mais son infime minorité, soit 1% de la population.
Ce n’est pas la méthode de comptage des populations qui est ici en cause. On connait les controverses qui ont sans cesse opposé l’administration aux leaders d’opinion sur l’estimation des manifestants. Pour y parer on a récemment développé en Occident une méthode de comptage par traitement d’images, Eurecam mise en œuvre par Occurrence. « Les capteurs vidéo, reliés à un ordinateur, sont placés en hauteur sur la voie où le cortège passe. L’algorithme utilisé trace une ligne sur l’écran, toutes les personnes qui franchissent cette ligne en se déplaçant dans le sens de la marche sont comptabilisées, même sur les trottoirs ». C’est cette méthode que notre propagandiste algérien utilise pour nous démontrer chiffres à l’appui que le Hirak ne représente que 1% de la population algérienne. Conclusion implicite : ce n’est pas le peuple qui manifeste, mais une minorité agissante. But de l’entreprise démobiliser et disqualifier les revendications refusant les élections et le changement de système. Après avoir utilisé tous les moyens possibles pour briser l’élan populaire, des plus cyniques aux plus vulgaires, voilà que l’on veut ébranler les convictions, mettre en doute les certitudes en usant de pseudoscience. Vos impressions sont émotionnelles et trompeuses, croyez en les savants, ils sont plus rationnels et donc plus vrais.
Ce que ces chiffres ne disent pas , c’est que cette mobilisation dure depuis 33 semaines, c’est-à-dire depuis 8 mois , qu’elle entraine des centaines de milliers d’Algériens qui manifestent des heures durant les jours de ramadhan et de grandes canicules compris, pour dire nous voulons être souverains dans notre pays. Nous ne voulons pas la lune, mais simplement jouir équitablement de sa lumière. Faisons un petit calcul. 33 semaines auxquels il faut ajouter les mardis des Étudiants, combien cela fait -il de manifestants. Comment apprécier en chiffres cette volonté, cet engagement, quel algorithme pour rendre compte de la présence des femmes, des vieux, des enfants, ? Quel algorithme pour rendre compte de la joie extraordinaire qui illumine ces visages, s’empare des manifestants dès lors que la promiscuité se saisit d’eux, étreinte d’amour, les emportant dans la danse et les chants d’une fraternité retrouvée ? Quel algorithme pour rendre compte de l’espoir de ces jeunes, et de leurs rêves tels des emblèmes ? Quel algorithme pour mesurer la haine inexpugnable que chaque manifestant porte à la Issaba qui a trahi nos martyrs, dévitalisé le pays, ruiné ses espérances ?
Les statisticiens ont une définition chiffrées du peuple : l’ensemble des habitants du pays et cela se calcule, autrement dit les 44 millions d’âmes. Mais il y a autant de définitions de la notion de peuple que d’angles d’analyse. Les politiques ont aussi la leur. Puisque pour l’instant c’est de cela qu’il s’agit. On peut la résumer ainsi : C’est l’expression de la volonté collective telle qu’elle se manifeste à un moment donné et à laquelle aucune autre force équivalente ou supérieure ne vient s’opposer. Si cette expression se manifeste durablement par quelque moyen que ce soit, cela veut dire qu’elle emporte le consentement général. Quand on sait que ces manifestations ne sont ni organisées par la puissance publique, ni financées, ni manœuvrées par les forces de l’argent et leurs média, alors on peut en déduire que c’est là une sincère volonté collective. Quand on sait encore que l’État et ses appareils de propagande et de répression, ses partis, ses médias, ses finances emploient tous les moyens pour détourner, briser cette mobilisation, alors cela ne fait plus de doute que nous sommes en face d’une vrai et authentique volonté populaire. Comment mesurer ce phénomène structurel dont forcement les racines plongent dans l’histoire et l’Être de la société. Quelle statistique pour en rendre compte ?
Question à notre savantissime statisticien : Puisque le Hirak n’est pas l’expression du Peuple, quelle est la force estimée du contre Hirak ? À combien évalue-t-il les manifestations dont les TV cacheristes nous rendent compte à chaque nouvelle édition de leurs news propagandistes. C’est cela qui est important , si le Hirak n’est pas l’expression de la volonté populaire , par qui celle-ci s’exprime-t-elle ? Les 120 candidats à la candidatures présidentielles ou ces pauvres étourdis payés pour venir devant les caméras déblatérer un discours appris par avance.
Terrible déchéance d’un pouvoir politique prétendant être l’incarnation du peuple quand il ne trouve plus âme charitable pour le défendre ne serait-ce l’instant d’une fugace image de TV.

2 Commentaires

  1. Des chiffres et des algorithmes que dressent des imbéciles et autres falsificateurs. Un moyen de domination politique d’assurer la docilité et l’asservissement.

  2. Mr Kitouni Hocine

    Les cachiristes disent que c’est a peine 1% des algeriens qui participent a la revolution !
    OK ; des 99% restants supposes anti-hirak , qu’ils fassent sortir dans une marche ne serait-ce que 1% !
    Comme on a le geste large ; on leur attribuera les 98% restants gratuitement !

    Plus serieusement ; il faut nous concenter uniquement sur notre propre feuille de route et rendre impossible la farce electorale que nous concocte la junte militaire .
    Mes propositions :
    1) Chaque algerien digne , femme et homme , jeune et vieux doit sortir et soutenir la revolution .
    Quant aux indignes , j’espere que leur conscience le remettera sur le bon chemin et a cote du peuple .
    2) GREVE GENERALE de deux jours :
    * A partir du 28 Oct.2019 pour faire barrage aux depots de dossiers de candidature .
    * A parir du 10 Dec.2019 dans le cas ou la junte militaire s’obstine a aller vers des elections virtuelles .

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