Alger: Manifestations géantes à un jour de l’expiration du délai de dépôt de candidatures

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25/10/2019 17h:59 CET 
https://www.huffpostmaghreb.com/

Des dizaines de milliers de personnes ont marché dans la capitale contre la présidentielle du 12 décembre et pour exiger le départ des figures du système Bouteflika.

Demonstrators carry national flags during a protest against the country's ruling elite and rejecting...
Demonstrators carry national flags during a protest against the country’s ruling elite and rejecting December presidential election in Algiers, Algeria October 25, 2019. REUTERS/Ramzi Boudina

Des dizaines de milliers d’Algériens ont manifesté pour le 36e vendredi consécutif ce 25 octobre, un jour avant l’expiration du délai de dépôt des candidatures pour la présidentielle contestée du 12 décembre. 

Sous des nuages dispersés après une averse le matin, des centaines de personnes ont entamé une marche dès midi le long de la rue Didouche Mourad, répétant des slogans hostiles au pouvoir et à la présidentielle qu’il veut tenir alors que des centaines de policiers et leurs véhicules quadrillaient l’artère principale de la capitale. 

Lire aussi: Les manifestations du 36e vendredi à travers l’Algérie

“Dégage Gaïd Salah, had el aâm makach el vote” (il n’y aura pas d’élection cette année), “les généraux à la poubelle” et “makach el vote wallah ma ndirou, Bedoui w Bensalah lazem ytirou” (Il n’y aura pas d’élections, Bedoui et Bensalah doivent partir), ont longtemps scandé les manifestants, fustigeant le Premier ministre et le président par intérim ainsi que le chef d’état-major de l’armée qui soutient avec virulence l’option d’une présidentielle rejetée par la rue tant que les figures du régime du président déchu Abdelaziz Bouteflika sont toujours en poste. 

Alors que ces manifestations se poursuivent, des candidats dont les anciens chefs des gouvernements Bouteflika, Abdelmadjid Tebboune et Ali Benflis, sont attendus pour déposer leurs dossiers de candidature avant l’expiration du délai réglementaire samedi 26 octobre à minuit. 

Vers 13h30 et après la prière du vendredi, les trois principaux cortèges de manifestants (Bab El Oued et La Casbah, Belcourt et 1er mai ainsi que Meissonnier) ont commencé à affluer depuis les quartiers d’Alger vers la Grande Poste, rendant les places et les rues autour du monument noires de monde aux alentours de 15h. 

Hamdi@HamdiBaalaEn réponse à @HamdiBaala

Les trois cortèges ont convergé. Les rues et places autour de la Grande Poste sont noires de monde.

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1615:27 – 25 oct. 2019Informations sur les Publicités Twitter et confidentialitéVoir les autres Tweets de Hamdi

“12 décembre: fausse solution à un vrai problème” et ”12 décembre: l’urne du gang au pouvoir, pas des élections”, pouvait-on lire sur des pancartes. 

“Qu’ils votent tous seuls, eux et leurs policiers, puisqu’ils tiennent tellement à organiser une élection selon les mêmes méthodes”, a indiqué Hakim, un commerçant âgé de 37 ans. 

L’élection présidentielle que veut tenir le pouvoir le 12 décembre est le 3e rendez-vous du genre après ceux du 18 avril et du 4 juillet que la contestation populaire a obligé les autorités à les annuler. Elle fait suite à un dialogue que  Ahmed Gaïd Salah a “exigé” qu’il aboutisse à la tenue d’une élection ainsi que la mise en place d’une nouvelle autorité des élections dont le pouvoir défend “l’indépendance” mais dont les membres ont été nommés par M. Bensalah. 

Lire aussi: Dans les coulisses de l’Autorité nationale indépendante des élections à Club des Pins

L’effet Bensalah

Ce dernier avait provoqué beaucoup de colère la veille sur les réseaux sociaux après sa rencontre avec le président russe Vladimir Poutine à Sotchi, en marge du sommet Russie-Afrique. Il avait détaillé le plan du pouvoir qui doit aboutir à la tenue de la présidentielle du 12 décembre. Il a aussi qualifié de “quelques éléments” les Algériens qui prennent part aux manifestations dont les médias exagéreraient l’ampleur, selon lui.

La prestation de M. Bensalah a été vue comme “un compte-rendu” humiliant et une invitation à l’ingérence étrangère par de nombreux commentateurs en colère. 

Hamdi@HamdiBaalaEn réponse à @HamdiBaala

Les propos de Bensalah devant Poutine qui ont scandalisé les RS la veille font déjà des vagues dans les manifs

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4812:14 – 25 oct. 2019Informations sur les Publicités Twitter et confidentialité22 personnes parlent à ce sujet

“Bensalah ya el atrouss, chka bina lerouss” (Bensalah, espèce de bouc, tu t’es plaints de nous auprès des Russes) et “ya Bensalah ya djabane, hada chaâb la youhane” (Bensalah, espèce de lâche, ce peuple ne peut pas être humilié), ont longtemps chanté les manifestants vendredi à l’encontre du président par intérim dont ils réclament le départ depuis des mois. 

“Mayahchemch (il n’a pas honte)! C’est une honte de parler de cette manière de son pays et de son peuple à un président étranger”, s’est indignée Nadjat, une enseignante âgée de 46 ans. 

Solidarité avec les détenus

Après la deuxième opération “Mehrass” (pilon et mortier traditionnels) la veille dans plusieurs villes, consistant à faire du bruit avec cet ustensile en cuivre ainsi qu’avec des klaxons et des youyous en solidarité avec les détenus d’opinion, les manifestants ce vendredi ont une nouvelle fois revendiqué avec insistance leur libération. 

Selon un décompte du comité national pour la libération des détenus d’opinion, plus d’une centaine de personnes ont été emprisonnées depuis le début du mouvement. De nombreux détenus parmi eux ont été arrêtés lors des manifestations pour avoir brandi l’emblème berbère. 

“Imazighen zkara fel Gaïd” (Imazighen, n’en déplaise à Gaïd Salah), ont chanté des manifestants sur la rue Hassiba Ben Bouali, en brandissant ce même emblème, en défiance au chef d’état-major dont des propos hostiles ce symbole de la culture berbère a précédé la vague d’arrestations. 

“Attalgou wladna w eddiou wlad el Gaïd” (libérez nos enfants et arrêtez les enfants de Gaïd Salah), ont aussi répété les manifestants, en référence aux fils du général de corps d’armée autour desquels planent des soupçons de corruption présumée. 

Hamdi@HamdiBaalaEn réponse à @HamdiBaala

« Libérez les détenus, ils n’ont pas vendu de la cocaïne ». Solidarité avec les détenus d’opinion et référence à l’affaire des 701kg de cocaïne dans laquelle de nombreux responsables et leurs proches sont cités.5212:19 – 25 oct. 2019Informations sur les Publicités Twitter et confidentialité31 personnes parlent à ce sujet

 “Ya Ali”

“Ya Ali”, ont crié souvent des manifestants, invoquant le héros de la bataille d’Alger Ali Lapointe pour lui dire, symboliquement, que “baâouha el khawana” (les traîtres ont vendu le pays). 

Si les symboles historiques ont été présents tout au long du mouvement, les manifestants ont évoqué avec insistance l’approche de l’anniversaire du déclenchement de la guerre de libération qui tombe vendredi prochain, jour de manifestations, comme l’a été le 5 juillet dernier, 57e anniversaire de l’indépendance et 20e rendez-vous hebdomadaire de manifestations cette année.

“Allahou Akbar, premier novembre”, a-t-on entendu ce vendredi de la part des manifestants qui promettent un “tsunami” humain dans les rues la semaine prochaine. 

Les manifestants ont commencé à se disperser vers 17h dans le calme.

Lire aussi: Lors de ce 5 juillet, les Algériens ont marché pour “une seconde” indépendanceEnvoyer une correction

1 COMMENTAIRE

  1. C’est bien beau ,mais j’aimerais que cette élite et a leur tête les petits dictateurs en herbes de tous les partis existants, qu’ils un geste noble au moins une fois dans leur vie ,ils font partie du décor et ce depuis 1989 a ce jour
    Un conseil a leur donner ,qu’ils se sacrifient, au lieu d’attendre le sacrifice du peuple pour monter sur son dos ,a savoir qu’ils entament une grève de la faim collective et croyez moi ça sera un tonnerre et un séisme qui ebranlera le système qui les a toujours nourri
    Mais je ne pense pas que ces profiteurs zélés iront à l’encontre de leur intérêt.
    Ils sont devenus riches et ne veulent pas risquer leur confort. Un cas pamis des milliers ce said samedi et la liste est longue
    Merci

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