Novembre1954-novembre2019 : l’espoir ressuscité.

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Ait Benali Boubekeur

La célébration du 1er novembre 2019 revêt un cachet particulier. En plus de la charge émotionnelle, cette date suscite un grand espoir. Bien qu’il y ait eu par le passé des mouvements de contestation, le mouvement populaire actuel est le digne héritier de la révolution de novembre 1954. Pourquoi une telle comparaison ?

Sans vouloir comparer la période coloniale avec le régime politique imposé au peuple algérien en dehors de sa volonté depuis 1962, il y a une volonté –qu’on le veuille ou non –de reconquérir les droits fondamentaux. En effet, si nos ainés se sont battus pour la restauration de la République –ce qui impliquait l’élection de l’Assemblée nationale constituante –, en 2019, la majorité du peuple algérien revendique la naissance de la deuxième République au terme d’une période de transition.

Il se peut que cette période débouche sur la décision d’élire une nouvelle Assemblée nationale constituante. Toutefois, face aux adversaires coriaces d’hier et d’aujourd’hui, la tâche n’est pas une simple sinécure. D’ailleurs, même la première révolution n’a pas atteint tous ses objectifs. Sinon comment expliquer qu’une révolution portée par des hommes épris de justice et de liberté est tombée dans l’escarcelle des dirigeants qui n’ont aucun respect ni pour la justice ni pour la liberté ? Pour que les choses soient claires, le propos ici consiste à condamner les usurpateurs du pouvoir.

Quant aux meilleurs fils de l’Algérie, leur sacrifice ne doit pas être oublié. Leur mission a été accomplie, pour paraphraser le titre de l’ouvrage de Saad Dahlab. Cependant, malgré l’étouffement de la société –le régime a toujours réussi à maîtriser la colère d’une partie de la population –, depuis le 22 février 2019, on assiste à la renaissance du peuple algérien. Pour lui, le régime qui règne, sans contre-pouvoir ni partage, constitue le principal danger pour l’avenir du pays. En effet, un régime qui a dilapidé plus de 1000 milliards de dollars en deux décennies ne peut plus bénéficier derechef de la confiance du peuple.

Ce n’est pas étonnant que l’on trouve, dans les deux révolutions de 1954 et de 2019, la même détermination à se débarrasser de la domination. Les deux avancent des préalables à la solution de la crise. La première a avancé le préalable de l’indépendance face au joug colonial. La seconde avance le préalable du départ de tous les dirigeants corrompus. Dans les 48 wilayas, on entend le même slogan : yetnehaw ga3. Inversement, sur les moyens de lutte, les deux révolutions empruntent deux stratégies ambivalentes. En effet, après trois décennies de combat politique, les initiateurs de la lutte armée en 1954 ont conclu que le passage à l’action était le seul recours possible en vue de se libérer de la tutelle coloniale. Et c’est le bras armé du mouvement qui a donné naissance au parti historique, le FLN.

Hélas, comme pour l’indépendance, ce grand parti historique est tombé entre les mains des voleurs et des corrompus. Quant à la révolution du sourire, elle propose une démilitarisation pure et simple de la politique. État civil et non un État militaire, scandent les manifestants lors des marches populaires. Bien que le chef de l’état-major se dise désintéressé de la chose politique, chaque semaine, c’est lui qui prononce des discours politiques à la nation. Et c’est sa feuille de route, élaborée unilatéralement, qui est proposée au peuple algérien.

Pire encore, toutes les figures qui ne se plient pas à sa feuille de route sont soit persécutées soit emprisonnées. Enfin, sur le plan diplomatique, c’est la révolution du sourire qui a du mal à bénéficier du soutien international. Cela veut dire que le peuple algérien ne doit compter que sur sa mobilisation pacifique. C’est ce que font admirablement les Algériens jusqu’à présent.

Malgré les intimidations et la répression, le peuple algérien ne veut pas être amené sur le terrain de prédilection du régime, en l’occurrence la violence. En maintenant le pacifisme –le cauchemar de toutes les dictatures –, le peuple algérien parviendra à concrétiser le rêve des chouhadas : l’instauration d’un État de droit.

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