En démocratie, ce sont les institutions qui priment sur les hommes

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Ait Benali Boubekeur

Lors de son dernier discours politique, le chef des armées évoque le slogan le plus répandu dans les manifestations : « État civil et non militaire ». Est-ce que l’Algérie est sous une dictature militaire ? C’est toute l’ambigüité de la question. Car, depuis l’indépendance, le haut commandement militaire –à l’exception de Houari Boumediene et de Gaid Salah –n’exerce pas le pouvoir directement. Il est sous traité à des civils qui obéissent sans vergogne aux ordres.
Dans la période actuelle, le détenteur du pouvoir est identifié. Il s’agit de Gaid Salah. Et pour cause ! En politique, celui qui fixe le cap est forcément le détenteur du pouvoir. En tout cas, on sait pertinemment que ce n’est pas le peuple algérien. Bien qu’il rejette le calendrier politique imposé par le chef des armées, le peuple reste marginalisé.
Toutefois, ce qui est répréhensible dans cette histoire, c’est que le chef des armées n’assume pas ses responsabilités politiques. Fidèle à l’hypocrisie du régime –à l’exception de la période Boumediene où le pouvoir militaire assumait tout, à tel point que toutes les institutions (constitution, parlement) sont gelées –, le régime préfère toujours se cacher derrière une façade civile.
N’est-ce pas ce que tente de faire passer subrepticement le général Gaid Salah ? De tous les candidats, existe-t-il un seul qui puisse se rebiffer à l’autorité du chef des armées ? Qu’il se manifeste s’il en existe un. En tout cas, tous les cinq ont servi le régime avec la même pusillanimité politique.
Cependant, depuis le 22 février 2019, les Algériens, qui sortent toutes les semaines dans la rue, ne veulent plus que la machine de destruction du rêve algérien se maintienne. Ni les solutions du régime, ni ses luttes de clan ne l’intéressent. Tout ce que les intéresse, c’est la refondation d’une nouvelle République sur les bases démocratiques, telles que rêvées par nos valeureux chouhadas.
Pour ces raisons, le général politicien a tort d’attribuer le slogan « État civil et non militaire » à ses rivaux emprisonnés à El Harrach. Car, ces anciens amis étaient, comme lui, favorables à un régime militaire se cachant derrière une façade civile. D’ailleurs, est-ce qu’il existe un manifestant épris de démocratie qui pourrait marcher avec le général Toufik en vue de bâtir un État civil ? Confier une telle mission à l’ancien chef du DRS, c’est creuser soi-même sa tombe.
Dans le fond, il n’y a rien qui différencie le général Gaid Salah du général Toufik. Si l’un a privé le peuple algérien, pendant plus d’un quart de siècle, de jouir de sa liberté, le général Gaid Salah poursuit le même schéma. Il n’y a qu’à voir le traitement de l’information par les services publics.
Enfin, même si dans les discours il se dit préoccupé par les revendications populaires, dans les actes le chef des armées fait tout le contraire. Car, sa feuille de route ne vise qu’à introniser un président sous contrôle. C’est tout l’inverse de la démarche du hirak populaire qui revendique de bâtir d’abord les institutions. Après ça, le président ou le premier ministre auront le cadre approprié pour l’accomplissement de leur mission. En d’autres termes, ce sont les institutions qui priment sur les hommes, comme cela se fait dans toutes les Républiques qui se respectent. C’est là que prend tout son sens le slogan « État civil et non militaire ».

1 COMMENTAIRE

  1. c est toute la problematique du transfert du pouvoir qui se retrouve une fois de plus sous les projecteurs de l actualité nationales avec un retentissement et des echos que le systeme tente maladroitement de « formater avec un forcing vers des elections meme avec son seul candidat » il faut aller vite et couper « court aux idees avanturieres » …le systeme reagit en connaissance de causes il sait que sous les auspices d une justice aux ordres et avec des institutions qui ne jouissent d aucune autonomie et surtout avec une presse completement fermés ces elections seront « bien encadrees » et le processus democratique sera sauvé……..mais c est sans compter sans le hirak qui sait bien faire la difference entre ENCADRER ET ENCERCLER! et c est la le probleme …l evolution de l itineraire du sergent garcia montre progressivement ses limites et les projections d un etat de siege eventuel ne figure sur aucun agenda tant les experiences des annees 92 on laissees des plaies et des dossiers qui ne sont pas encores fermes….

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