LE MIRAGE MORTEL.

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Hacene Loucif

🔴🔴 L’héroïsme juridique est à l’honneur au sein de la justice algérienne. En effet, en ce dimanche 9 février, le procureur de la République près le tribunal de Sidi M’hamed, à Alger, a plaidé la relaxe de 16 manifestants arrêtés lors du Vendredi 48 de La Silmiya, le 17 janvier dernier.

Dans sa plaidoirie, il a poussé l’héroïsme jusqu’à rappeler que « les Algériens réclament une justice libre et indépendante ». Ce faisant, il a été jusqu’à crier haut et fort : « Je prends mes responsabilités en ma qualité de représentant du parquet et refuse les directives et notes qui viennent d’en haut. »

Ces faits, il fallait, quand-même, les relever. N’est-ce pas ?

Ainsi, se décline la dernière trouvaille du régime : ériger un procureur de la République en héros qui plaide la cause des détenus d’opinion.

Que l’on ne se meprenne pas sur le sujet de notre propos. Il ne s’agit pas de remettre en question la sincérité du représentant du parquet en question. Ce dernier est, peut-être, sincère.

Il a, peut-être, senti le besoin de respirer un peu sous sa robe ettoufante d »‘el gherraq », un qualificatif populaire qui réserve au procureur la triste réputation de celui qui fait couler l’accusé, qu’ il soit coupable ou innocent. Nous n’en savons rien.

S’est-il mis en danger avec sa plaidoirie ? Peut-être que oui.

Enfin, dans l’absolu, une telle plaidoirie sert plus le régime qu’elle ne lui porte préjudice.

Du moins, elle peut faire avaler à ceux qui croient aux chimères la pilule d’une justice libérée « de toutes les formes de contraintes, de diktats et de pression » pour exercer  » ses missions en toute liberté ».

Ces mots sont ceux lus par l’ancien chef d’État-major de l’armée, le général Ahmed Gaïd Salah, en mai dernier, à Ouargla, au quatrième jour de sa visite à la quatrième région militaire.

Auraient-il été inspirants pour le procureur de la République près le tribunal de Sidi M’hamed dans la préparation de sa plaidoirie ?

En ces temps où de pseudos universitaires invitent la communauté estudiantine à s’intéresser à « l’œuvre » de Gaïd Salah, la superstition n’est que le caprice d’enfants trop gâtés par un système politiquement non identifié.

Comble de l’ignominie, dans toute cette affaire, la condition des détenus d’opinion est instrumrntalisée contre le sens de leur révolution pacifique. Alors, on les prive de leur liberté et on utilise leur emprisonnement pour mettre fin à leur combat, celui de tout un peuple qui aspire à offrir à l’Algérie une nouveau projet historique.

En l’absence d’une justice indépendante, la théâtralisation du rôle du procureur de la République sur la scène du tribunal de Sidi M’hamed, rappelle la double mission assignée aux magistrats :

– Servir d’instrument d’oppression pour casser la Silmiya.
– Semer la confusion et desorienter les Algériens pour faciliter leur préparation psychologique à la régénération du régime via une « révision profonde de la constitution » et un calendrier électoral clientéliste.

En clair, le mirage de l’héroïsme juridique peut s’avérer mortel. Passons…

Le procédé de régénération du régime semble ne pas pouvoir se permettre le « luxe » de laisser dormantes les cellules résiduelles du DRS.

D’ailleurs, certains « honorables correspondants » médiatiques de la police politique sont déjà à l’œuvre pour réhabiliter certaines « têtes » de « la machine de morts » des années de guerre contre les civils.

C’est que la junte militaire a ses raison que le sens du devoir patriotique ne connaît pas.
Hacène LOUCIF.

3 Commentaires

    • Sa mutation reflète sa sincérité, peut être. Donc, mieux vaut avoir à l’esprit la présomption d’innocence avant d’émettre un jugement. Ce pouvoir nous a toujours menti et utilisé qu’on n’arrive plus a croire une action digne d’un procureur,juge ou autre haut responsable. Enfin tellement qu’on est habituer a voir de la servitude de l’aplaventrisme à outrance, qu’on oublie qu’il ya des exceptions à la règle aussi rare soit-elles …Ceci dit si ce procureur est sincère. Il vient de montrer le chemin a tous les magistrats de n’obéir qu’à leur conscience et à la loi. Redonnons, ainsi , l’espoir a tout le peuple qui rêve d’une justice indépendante…
      Si c’est le cas,le pouvoir fera tout pour étouffer et récupérer cette épisode, seul l’avenir nous le dira …La mutation au sud de quel droit et sur quel base? Une manoeuvre de plus? elle enfonce le pouvoir encore plus ..Si rien ne se passe au niveau des magistrats, deux lectures sont possibles
      – les magistrats flairent la manipulation et n’osent pas allez de l’avant, car ils ont toujours été manipulé cet aux ordres.
      – la majorité des magistrats sont des peureux qui adorent être au service et aux ordres du gang. Il faut attendre une prise de conscience plus importante au sein de la corporation pour agir comme ce procureur

      En dehors de la sincérité de ce dernier. Les magistrats doivent se solidairiser avec leur collègue suite a une mutation abusive en dehors des procédures légales, Si la justice n’est pas appliqué avec ceux qui la professe que dire des simples citoyens qui sont broyer par cette machine au main du pouvoir. Le visage hideux de Zeghmati est apparu au grand jour, c’est l’un des ministres les plus importants du gang. Il est plus important que Tebboune .

      Le Hirak doit libérer la justice, l’armée et le peuple, c’est entrain de se réaliser …à moins d’une semaine de la célébration de la première année du Hirak, le chemin sera long, le Hirak avec sa jeunesse vaincra, les despotes séniles sont appeller à disparaître physiologiquement , politiquement ils se sont déjà évaporer.

      les préparatifs vont bon train…à l’instar des mobilisations du 1 novembre et du 5 juillet , celle du 22 février sera plus grandiose et avec d’autres effets surprise comme ce fut pour un certain 22 …tout arrive a point a qui sait s’y attendre.

      Sincères pensées aux K.TABOU, F.BOUMALA, B.LAALAMI Y.N.ELHOUDDA…et tous ces braves hommes et femmes incarcérés arbitrairement, a tous ces otages qui seront inch’Allah bientôt parmi eux .. On les considère comme NELSON MANDELA contrairement à tous ZUMA qui gravite autour du dialogue et se projette dans l’avenir. Le Hirak et le peuple veillerons a ne laisser personne vous dédoubler, il n’ y aura plus de Abdelkader Al Mali, ni de groupes d’Oujda, ni de faux moudjahidines pour récupérer vos sacrifices. Les vrais combattants sont en prisons ou harceler, AUCUNE NÉGOCIATIONS ni DIALOGUES avant la libérations de toutes et de tous.

  1. N’OUBLIONS PAS L’ESSENTIEL !

    Le devoir de vérité n’aime pas les détours. Alors, allons droit au but. Le 09 février dernier, 16 ou 17 manifestants (certaines informations en évoque une vingtaine), arrêtés lors du Vendredi 48 de La Silmiya étaient sur le banc des accusés au tribunal de Sidi M’hamed.

    Dans un plaidoyer qui marquera, certainement, l’histoire de notre pays et, spécialement, celle de la justice, le jeune vice-procureur, Sid Ahmed Belhadi, a plaidé la relaxe pour ces manifestants.

    Mieux encore, il a mis le doigt sur le fait que l’indépendance de la justice est indissociable de l’achèvement du processus de l’indépendance du pays par la libération des institutions de l’Etat du joug de la junte militaire et le transfert de la souveraineté vers le peuple.

    « Les Algériens marchent d’un pied ferme vers l’Algérie nouvelle, une Algérie où la justice sera libre et indépendante. Les Algériens scandent des slogans réclamant une justice libre et indépendante. Pour cela, j’assume mes responsabilités en tant que représentant du parquet. En concrétisation du principe de l’indépendance de la justice, et pour qu’on ne dise pas qu’on fonctionne avec les injonctions d’en haut, le parquet demande la relaxe. » a-t-il, en effet, déclaré.

    Prenant connaissance de ces faits, j’ai publié, sur ma page Facebook un billet intitulé  » Le Mirage mortel ». Par la suite, mon frère de combat, le Dr Salah-Eddine Sidhoum, a eu l’amabilité de le reprendre sur Le Quotidien d’Algérie. Je lui en suis reconnaissant, d’autant plus qu’il a attiré mon attention sur les mesures punitives prises à l’encontre du vice-procureur en question.

    Dans mon billet, il est vrai, j’avais interprété les faits sous l’angle d’une nouvelle trouvaille du régime. Pour moi, il s’agissait d' »ériger un procureur de la République en héros qui plaide la cause des détenus d’opinion. » Cela dit, tout de suite après, j’avais précisé que mon propos ne visait pas à « remettre en question la sincérité du représentant du parquet ».

    Aussi, j’y ai émis l’hypothèse qu’à travers sa plaidoirie, le procureur se soit mis en danger.

    Après sa mutation au Tribunal de Guemar à Oued Souf, dans le sud du pays, il paraît clair que le vice-procureur Sid Ahmed Belhadi a, d’une part, pris ses responsabilités en son âme et conscience et, surtout, en parfaite connaissance de la triste réalité de la justice algérienne qui demeure au service de la junte militaire. D’autre part, cette dernière lui a rendu la pareille en montrant qu’elle ne tolère aucune voie discordante émanant de ses rangs.

    En ces conditions, tout être conscient et épris de justice a le devoir d’être solidaire avec le vice-procureur Sid Ahmed Belhadi et sa famille.

    Ne cherchant pas à me justifier, je présente mes excuses à cet honorable représentant du parquet, à sa famille, à toutes celles et à tous ceux qui ont pris de leur temps pour lire mon billet, pour toute approximation de ma part, dans la lecture de la séquence évoquée plus haut.

    LE SYNDROME DU COLONISE ET LA HAINE DU PAYS.

    Abordons, maintenant, le fond du problème que pose la sanction infligée au vice-procureur concerné.

    Pour avoir plaidé la relaxe de manifestants injustement arrêtés et l’indépendance de la justice telle que revendiquée par le peuple algérien, il a été muté dans un tribunal du sud.

    Dans cette histoire, comme l’a pertinemment relevé le militant démocrate et l’analyste politique Djamel Zenati via un poste sur son Facebook, « le scandale dans la mutation du magistrat de Sidi Mhamed c’est moins la sanction que l’idée que se fait le régime en place du Sud algérien. »

    Poussons l’analyse un peu plus loin : le régime considère le sud du pays comme une sous-région. Pire encore, il voit en ce territoire immense une sorte de cadre carcéral à ciel ouvert. Au sein de l’armée ou dans l’administration, il est de mauvaise coutume de muter les fautifs dans le sud.

    Pire encore, des camps de concentration, hérités de l’ère coloniale, implantés dans le désert algérien ont déjà abrité des détenus politiques.

    Des régions entières, à l’exemple de celle où se dresse majestueusement la montagne d’In Ekker, sont, à ce jour, radioactives à cause des essais nucléaires français.

    Pour rappel, certains de ces essais ont été effectués dans le secret des raisons d’Etat durant l’ère dictatoriale de Houari Boumediène.

    Nos sœurs et nos frères du sud souffrent de la condition de sous-indigènes dans laquelle ils sont confinés.

    Par contre, les richesses du sous-sol, intéressent au plus haut point les prédateurs du régime, ceux des multinationales et de la géopolitique néocolonialiste.

    L’extraction du gaz de schiste par fracturation hydraulique peut-être interdite en Grande-Bretagne, en Allemagne, en France et dans beaucoup d’autres « Démocraties ». Elle peut même être un instrument de crimes écologiques, comme c’est le cas aux Etats-Unis. Il y aura toujours un Abdelmadjid Tebboune ou un autre pour nous vanter ses mérites. Que la plus grande réserve d’eau douce au monde en soit irréversiblement polluée, ce problème n’est pas celui de la junte militaire.

    Pourtant, l’eau est désormais au centre des visées géopolitiques de domination. Ce problème, non plus, n’est celui du régime.

    L’avenir de nos enfants ? Il n’en a cure !

    Ces portes-galons de la junte militaires souffrent-ils du syndrome du colonisé au point de vouer une haine viscérale à leur propre pays ? Tout porte à le croire !

    Mais, de grâce, ce pays, quel mal leur a-t-il fait pour qu’il mérite toute cette haine de leur part ? Pourquoi veulent-ils lui faire mal jusqu’au plus profond de ses profondeurs ?

    RÉPRIMER ET DÉSORIENTER…

    Alors qu’à Ain Temouchent, 30 détenus d’opinion ont été relaxés, d’autres détenus politiques et d’opinion croupissent encore en prison.

    Hier encore (12 février), le photographe Senous Youcef a été arrêté par la police à Tlemcen.

    Au tribunal militaire où elle ne devait absolument pas s’y trouver,, Louisa Hanoune a été libérée, tant dis que Said Bouteflika, le général Tewfik et le Général Athmane Tartag ont écopé de 15 ans de prison.

    Dans ce tourbillon, Anis Rahmani, le directeur du groupe médiatique « Ennahar » a été arrêté par la gendarmerie nationale. A la brigade de Bab Jdid, il est interrogé pour les chefs d’inculpation de « trafic d’influence, obtentions d’indus avantages, non-respect de la loi sur le mouvement des capitaux de et vers l’étranger. »

    Pourtant, l’agent Anis Rahmani n’est plus à présenter. Ces accointances avec les services américains et émiratis sont un secret de polichinelle.

    Le journalisme de la danse du ventre qu’il exerce lui a déjà claqué à la figure. En décembre 2019,lui et l’un de ses employés, Ahmed Hafsi, ont été condamnés à six mois de prison ferme par le tribunal de Bir Mourad Raïs pour  » offense et diffamation  » à l’encontre du général Hocine Benhadid.

    Pourquoi toute cette chouchouka ? L’exacerbation de lutte des clans à la tête de l’Etat-major militaire est un fait avéré.

    Au centre de ces luttes, la chefferie de l’E-M. L’après Gaïd Salah est loin d’être un long fleuve tranquille.

    Suite à sa mort mystérieuse, le général Said Chengriha a été nommé à son poste à titre intérimaire.

    En d’autres termes, le poste de chef de l’E-M est toujours convoité !

    En proie à sa crise propre crise de renouvellement, alors que La Silmiya est sur le point de célébrer son premier anniversaire, le régime cherche à désorienter le peuple.

    Il veut, à tout prix, l’éloigner de l’essentiel de de son combat pacifique :

    –  » Yetnehaw ga3 ! » (Qu’ils dégagent tous !).
    –  » Dawla Madanniyya. Machi âskariyya ! ( Oui à l’Etat civil. Non au régime militaire !)
    – « Istiqlal !Istiqlal ! » (Libération du peuple après l’indépendance territoriale !)
    –  » Charîyya Chaâbiyya ! » (Seul le peuple est détenteur de la légitimité !)

    La révolution pacifique du peuple algérien nous offre les possibilités d’ouvrir un débat serein autour d’un nouveau projet historique à offrir à notre pays. Menés par des spécialistes de chaque domaine de la vie publique et des acteurs de différents horizons de la société, il peut servir de document référentiel à un Pôle Politique National de Médiation.

    Aussi, il peut faire l’objet de débats dans la rue pour qu’il soit porté par un consensus populaire.

    Ainsi, il réhabilitera la puissance de la pensée politique, sa force agissante et sa capacité à permettre au pays de se donner les moyens de sortir de son impasse historique.

    Restons mobilisés, nous sommes sur la bonne voie !

    JOYEUX ANNIVERSAIRE A NOTRE SYLMIYA !

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