L’ASSASSINAT DE ALI MECILI : UN CRIME DES SERVICES ALGERIENS COUVERT PAR L’ETAT FRANÇAIS

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Abbes Hamadene

  En ce 35ème anniversaire de l’assassinat de Ali Mecili, j’ai une profonde et amicale pensée pour son épouse, Annie, cette femme admirable de courage et de dignité qui n’a jamais cessé de se battre contre l’impunité dont bénéficient les assassins de Ali Mecili.J’ai aussi une affectueuse pensée pour leurs 2 enfants Léa et Yalhane

UN COMBATTANT DE LA GUERRE DE LIBÉRATION

Ali Mecili s’est engagé très tôt dans la lutte pour l’indépendance de l’Algérie. Doué d’une intelligence brillante, d’un esprit vif, d’une extraordinaire capacité d’analyse, il connut une ascension fulgurante, en accédant rapidement au grade de lieutenant dans les services de renseignement de l’Armée de Libération Nationale.

UN OPPOSANT DE LA PREMIÈRE HEURE

Après l’indépendance, il s’oppose au coup d’état mené par le clan d’Oujda (Boumediene et Ben Bella) contre le GPRA et les institutions de la révolution algérienne. Rapidement, il rejoint Ait Ahmed et participe à la création du premier parti politique dans l’histoire de l’opposition algérienne, le FFS (Front des Forces Socialistes) en date du 29 septembre 1963.Le 17 octobre 1964, il est arrêté par l’armée de Boumediene et transféré à la prison militaire d’Oran. Libéré le premier novembre 1965, il prend la route de l’exil dès le début de l’année suivante. Homme d’éthique, de dialogue, Mecili était doté d’une exceptionnelle vision stratégique. Il a formé de nombreux militants à la culture démocratique et a été à l’initiative de plusieurs projets, notamment la création de la première Ligue de Défense des Droits de l’Homme en Algérie.

L’AVOCAT DES PAUVRES ET LE DÉFENSEUR DES CAUSES JUSTES

En 1973, Ali Mecili devient avocat et s’installe à Paris. Il consacre une bonne partie de son temps à défendre les exilés politiques de toutes origines, les sans-papiers, les travailleurs immigrés, les réfugiés politiques…Il crée avec une psychanalyste turque et d’autres militants « La Maison bleue », un lieu d’accueil pour les pauvres et les vieux chibanis. La « Maison bleue» proposait gratuitement divers services assurés par des bénévoles : écrivains publics, assistantes sociales, avocats, médecins…

L’AMI ET LE COMPAGNON LE PLUS PROCHE DE HOCINE AÏT AHMED

Dès 1962, les deux héros de la guerre de libération s’engagent pour la reconquête de l’indépendance confisquée par l’armée des frontières conduite par Boumediene. De ce combat commun, allait naitre l’une des collaborations les plus fécondes qu’il nous ait donné de voir et une amitié fusionnelle destinée à durer au-delà de la mort.

L’ASSASSINAT DE ALI MECILI

Le 7 avril 1987 Ali Mecili est assassiné de 3 balles tirées à bout portant dans l’entrée de son domicile à Paris. Le 12 juin 1987, sur la base de renseignements confidentiels très précis, la police judiciaire française arrête le présumé assassin, un certain Abdelmalek Amelou, un voyou au lourd casier judiciaire. Deux livres ont été consacrés à cet ignoble assassinat, l’un écrit par Ait Ahmed et l’autre par Michel Naudy, un immense journaliste d’investigation. Les deux livres évoquent un ordre de mission de la Sécurité militaire algérienne qui aurait été trouvé dans le domicile de Amelou Abdelmalek lors d’une perquisition menée par la police française. Malgré un important faisceau d’indices graves et concordants, le gouvernement français le réexpédie à Alger au lieu de le remettre à la justice. Depuis, ce petit voyou mène une vie de pacha en Algérie. Tout se passe comme si le pouvoir algérien était assuré de la complicité de l’Etat français et de sa complaisance pour oser commettre un crime barbare au cœur de Paris.

ALI MECILI SAVAIT QU’IL ALLAIT ÊTRE ASSASSINÉ

Ali Mecili faisait partie des rares personnes qui s’opposaient haut et fort contre l’Etat policier algérien à cette époque. Se sachant menacé, il a écrit ces lignes :«J’aurais pu mourir hier sous les balles des soldats de la colonisation, je meurs aujourd’hui sous des balles algériennes dans un pays que l’ironie de l’histoire a voulu que je connaisse après l’avoir combattu les armes à la main. Je meurs sous des balles algériennes pour avoir aimé l’Algérie.»

Repose en paix camarade, ton combat est aujourd’hui repris par des millions d’Algériennes et Algériens.

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