Montesquieu – 1689-1755
Les finances publiques sont considérés par définition comme étant une étude d’exploration de ressources( produits) et de dépenses (charges) représentés en valeur dans des comptes des collectivités publiques, c’est-à-dire principalement de l’État, des collectivités territoriales, des organismes de Sécurité sociale, et même des établissements publics.
Les finances publiques relèvent du droit public et des règles précises encadrent les actions financières et comptables des acteurs publics (établissement des budgets et des comptes, perception des impôts, exécution des dépenses, contrôles…..).
Les finances publiques représentent la cheville ouvrière de la décision politique. Elles constituent l’instrument principal et important de l’action publique et permettent de ce fait d’exprimer les choix sur les projets de société.
Ainsi, par les dépenses qui sont issues de la récolte de l’impôt (ex : subventions, financement de plan de développement,…..), les acteurs publics devront peser surtout sur la croissance économique pour le bien être, la création de richesse, la répartition des ressources et le développement de certains secteurs selon les caractéristiques et types de la région.
Il faudrait des lois qui marquent la volonté politique d’opérer une redistribution des pouvoirs entre l’Etat et les collectivités locales et régionales avec comme objectifs une meilleure efficacité, une bonne économie et une efficience extrême de l’action publique, de la gestion des affaires publiques et le développement d’une démocratie de proximité.
L’analyse des finances des collectivités locales pris dans le contexte socio-économique actuel nous permet de faire ressortir à partir d’un examen minutieux portant sur le mode de son fonctionnement et de sa structure sinon sa contexture basée sur l’exploration et l’exploitation du budget communal.
Les préoccupations les plus importantes se résument sur les problèmes existant touchant principalement aux finances locales, mais aussi aux problèmes du financement destiné pour le développement local.
L’Algérie n’a pas encore les instruments adéquats pour édifier une économie à travers la fiscalité, notamment, la fiscalité locale. Elle ne voit pas aussi l’utilité d’accorder un droit de regard sur le recouvrement fiscal pour ce qu’ il s’agit des élus locaux, étant donné, qu’ils n’ignorent complètement le domaine du fisc.
Notre approche sous la forme de cette modeste contribution, elle est orientée davantage vers la compréhension des finances locales ( la commune est prise comme exemple type), qui par la suite devrait nous permettre de conclure que toutes les ressources locales sont issues de missions diverses se rapportant aux collectivités locales.
Une appréciation sur l’action et la performance du système fiscal local en référence à la conjecture en termes d’attache et de jonction entre les charges de l’administration de la commune et les ressources correspondantes.
Devant la situation actuelle en terme de gestion des finances locales faut il engager une reforme pour une performance donnant un sens pour une gestion plus efficace, plus efficiente et plus économe.
Procédant d’abord par un examen à partir de la situation actuelle des finances locales et leurs destinations en tant que charges des collectivités locales.
Les ressources des collectivités locales se composent principalement et en majorité de recettes fiscales qui représente presque 85%, les recettes patrimoniales et domaniale n’excède pas 15% et les plans de développement local (PCD) et le Fonds commun des collectivités locales (FCCL) qui est un établissement public à caractère administratif placé sous la tutelle du ministère de l’Intérieur et des Collectivités locales. Ce fond qui est régi par le décret n°86-266 du 04/11/1986 et dont les missions et attributions ont été définies par la loi, il a pour mission principale la concrétisation de la solidarité financière inter -collectivités locales. Pour ce qui est des recettes fiscales il ya les impôts directes et les impôts indirects
*les impôts directs : se sont des recettes qui sont notifiés chaque année par les services des impôts dans une fiche financière au profit de la commune servant pour le budget primitif « BP » de prévision.
* les impôts indirectes : ces impôts sont centralisés au fond commun et sont constitués de :(les quottes part revenant au profit de la collectivité locale sont retracés selon ce qui est décrit dans ce présent tableau ci-dessous 😉
Nature de la taxe | Part Etat | Part commune | Part wilaya | Part FCCL | Autres | totaux |
TAP | 100% | 100% | ||||
Taxe d’Assainissement | 100% | 100% | ||||
Taxe d’Habitation | 100% | 100% | ||||
TVA | 85% | 5% | 10% | 100% | ||
TVA Import | 85% | 10% | 5% | 100% | ||
IFU | 50% | 40% | 5% | 5% | 100% | |
Impôt patrimoine | 60% | 20% | 20% | 100% | ||
Vignette Auto | 20% | 80% | 100% | |||
Taxe foncière | 100% | 100% |
Source : Grand Maghreb ; économie &société 2008
La contexture des charges de la collectivité locale
A partir du budget de la commune, tout en prenant comme exemple pour une meilleurs illustration ; le budget primitif de la commune de Benisaf concernant l’exercice 2016 ; une petite introspection superficielle nous fait ressortir la prédominance des postes de dépenses suivants :
*La rémunération et indemnité et charges du personnel représente 57% du B.P et 63% du budget de fonctionnement
*les dépenses de fonctionnement =156.394.466 DA.
*L’autofinancement= 17.377.162,89 DA
* Contribution obligatoire aux fonds de wilaya 7%=12.164.014,02 DA
Par conséquent, devant l’ insignifiance des ressources propres de la commune, la rente pétrolière permet à l’état de prendre en charge au moyen de plans communaux de développement (PCD) et autre ressources via les fonds (FCCL) inopérants et inefficaces en matière d’attribution de péréquation, les communes riches se voient pénaliser du fait de l’ augmentation des efforts de la valorisation de leur patrimoine. La pratique de répartition des ressources des FCCL ne permettent pas de favoriser l’équité, ni avantager la rationalité. Pour assurer le financement du développement local en matière d’infrastructure de base entrant dans le cadre de vie des citoyens.
Il n’en demeure pas moins que la forte incertitude économique de conserver ou récupérer une situation acceptable dans un avenir proche, la situation financière de la commune ne cesse de s’aggraver devant cette conjoncture économique défavorable qui sévit au niveau local même et suite aussi des conséquences de la libéralisation des prix et de l’économie en générale.
Devant l’inadéquation des ressources de la commune par rapport à leurs charges, ces derniers se distinguent nettement à travers :
- *L’augmentation d’années en années des charges obligatoires qui risquent de provoquer des endettements et entrainent aussi la difficulté d’assainissement du passif de la commune au détriment de l’équipement et de l’investissement et par conséquent s’en suit la dégradation du cadre de vie qui se manifeste de plus en plus.
- *L’état se trouve également devant cette mauvaise situation financière, de cesser par manque de ressources, le financement des structures de base à savoir les écoles, les logements, les centres de santé, les autres infrastructures sociaux…
- *Il n’existe pas de statistiques officielles portant sur une évaluation du nombre de budget communaux déficitaires en Algérie, en matière de fonctionnement pour mieux analyser les causes principales et le pourquoi de ces déficits.
Impéritie du système fiscal actuel
Le système fiscal actuel des collectivités locales est issu des aménagements opérés par les différentes lois de finances .Les différents gisements fiscaux fertiles ne sont pas exploités convenablement, la contribution des imposables n’est point légale devant la faiblesse de la loi.
Ces gisements exploités sont surtout les revenus salariaux, la consommation en partie et les contribuables publics par contre les revenus non salariaux et les contribuables privé sont bien loin de leurs capacités contributives sinon l’ampleur grandissante de l’évasion et la fraude fiscale auquel la presse nationale fait souvent allusion ainsi que la cour des comptes , ils ont montré le développement considérable surtout à la cause de la faiblesse des moyens de l’administration fiscale.
La décentralisation permet une grande motivation pour le renforcement du pouvoir fiscal par contre la centralisation surcharge le système fiscale et mène à la non motivation sinon au désintéressement des collectivités locales de leurs propres ressources. Aucune commune ne s’est intéressée à cette ressource fiscale. Il faut ajouter également la mauvaise et inégale répartition de la quotte part entre l’état, la wilaya et la commune et ceci nécessite une reforme intelligente.
La crise multidimensionnelle que traverse l’ Algérie au plan politique, économie, social, culturel et moral a renforcer davantage la faiblesse de ses institutions en l’occurrence l’administration fiscale via la fraude, l’évasion et le laxisme quasi permanent.
La centralisation ne permet pas de faire participer et actionner le jeu démocratique au niveau local en l’absence de mission bien défini et bien précise permettant de traduire dans les faits les principes de la décentralisation.
La compétence pour créer ,supprimer ,modifier l’ impôt et les taxes ainsi que la modification de l’assiette devrait faire l’ objet d’une décentralisation pour une meilleurs efficacité car avec la libéralisation de l’économie qui nécessite une nouvelle adaptation et responsabilisation du processus de financement des communes afin de faire face à l évasion fiscale et la fraude.
Sur le Plan organisationnel :
Une réhabilitation de l’ administration communale est nécessaire, et une mise en place d’une structure homogène apte à exercer des missions précises et bien définies afin de prendre en charge toutes les préoccupations des citoyens :cadre de vie, amélioration des services publiques, plan de développement …
Actuellement les communes algériennes deviennent une charge pour les citoyens et pour l’état car les problèmes relevant du cadre de vie, éclairage-saleté-désordre, environnement malsain, indiscipline-moralité publique.. Et les perspectives de développement sont hypothétiques
*l’Organigramme :
Il est nécessaire et indispensable de restaurer les règles de bonne gouvernance et de bonne gestion, une rationalisation budgétaire par une mise en œuvre d’un organigramme spécifique à chaque commune, des tableaux d’effectifs afin d’assurer une moyenne de la masse salariale ne dépassant pas les 40% du budget de fonctionnement. La gestion comptable de la commune passe souvent au dernier pallier des préoccupations des receveurs, des contributions diverses.
Il est utile et même nécessaire pour la mise en œuvre d’une séparation de ces deux fonctions recouvrement des impôts et comptable assignataire à la commune.
« En matière financière, il faudrait réaffirmer le droit et la responsabilité du gouvernement à prendre le contrôle des établissements qui posent problèmes, établir un état réel des lieux de leurs difficultés, renvoyer les dirigeants fautifs, etc. John Kenneth Galbraith
Les finances publiques concernent aujourd’hui tous les domaines de l’action publique. Par conséquent certains acteurs devront reprendre leur rôle principal
*Le parlement (APN) : organe collégiale, exerce le pouvoir législatif (adopte les lois et contrôle le pouvoir exécutif en principe)
Il consent l’impôt vote les recettes et les dépenses de l’état et des autres organismes sociaux approuve les comptes et contrôle l’utilisation des deniers publics
*Le ministère des finances : élabore les règles des finances publiques, les oriente, les contrôle et recouvre les impôts.
*La cour des comptes : juge les comptes des comptables publics, contrôle la gestion de toutes les administrations et organismes publics.
La cour des comptes contrôle aussi l’emploi des fonds publics alloués pour d’autres destinations.
Ces organismes ou institutions devront reprendre leur place et faire actionner pleinement leurs prérogatives afin que l’état retrouve sa mission « d’état de droit ».
BENALLAL MOHAMED
Par El Watan du 26/05/2016.
Saint Ambroise de Milan. Voilà un saint, le saint patron de la ville de Milan, qui ne risque pas de recevoir de sitôt la visite de Chakib Khelil, fils prodigue sorti de la cuisse de Oujda et de l’ordre cannibale mondial.
Et pour cause ! «A casa dei suonatori non andar per serenate» (chez les musiciens, ne jouez pas la sérénade), dit un proverbe italien. El Watan publie, en exclusivité, le contenu de documents figurant dans le dossier judiciaire italien de l’affaire ENI-Saipem-Sonatrach, dont le procès pour «corruption internationale» et «fraude fiscale» est en cours au tribunal de Milan. Accablant.
Le faisceau de preuves accumulées par les magistrats milanais, exposés dans ce dossier obtenu par le journal, établit l’implication directe de Chakib Khelil, ex-ministre de l’Energie et des Mines (1999-2010) et ancien PDG de Sonatrach, ou indirecte via des membres de sa famille (Nadjat Arafat, son épouse, et ses fils Khaldoun et Sina) ou d’hommes à lui (Farid Bedjaoui, Omar Habour, Réda Hemch…) dans le partage des commissions — 198 millions d’euros —, payées par Saipem et ses filiales pour s’adjuger sept gros contrats avec Sonatrach d’un montant total de 8 milliards d’euros. Une goutte d’eau dans un océan d’incurie.
Irréfutables. Au Palazo di Guistizia di Milano, les sources et éléments de preuve réunis par le trio de magistrats (Fabio de Pascale, Giordano Baggio et Isidoro Palma) remontent tous au parrain, toujours le même, Chakib Khelil, l’«oncle Tom» ou le «Vieux» , le nom de code que lui ont affectueusement attribué ses clients italiens.
Les magistrats de Milan désignent l’ancien ministre algérien du Pétrole comme le personnage central d’un «groupe criminel, organisé et opérant dans plusieurs Etats». Chakib Khelil est cité comme potentiel «bénéficiaire, directement ou par l’intermédiaire de sujets proches, de considérables sommes d’argent résultant de paiements corruptifs ayant déterminé l’adjudication, à des prix supérieurs à ceux du secteur, des contrats en faveur de Saipem».
Les noms des banques et des banquiers traitants et/ou les indispensables tiroirs-caisses où se servent les Khelil — comme cet établissement bancaire au nom sonnant et trébuchant d’Audi Saradar Private Bank SAL de Beyrouth —, les numéros de comptes, les montants, les relevés d’opérations bancaires, les sociétés offshore créées par Farid Bedjaoui avec accès aux comptes comme bénéficiaire économique ou ayant droit ; s’ajoutent à ce cadre indiciaire les feed-back des commissions rogatoires (envoyées à Hong Kong, Paris, Alger, Beyrouth, Berne), les contrats d’adjudication et de consultation, les mails d’entreprise, les factures, les paiements corrélatifs, les écoutes téléphoniques et enfin les déclarations et aveux des complices italiens, les managers d’ENI-Saipem — dont ceux de Pietro Varone et Tullio Orsi, respectivement directeur des opérations de Saipem et chef de la business unit — et autres Franco Tali qui enfoncent Khelil et l’organisation mise à son service par Farid Bedjaoui.
Le dossier italien — un scan méticuleux des sept contrats obtenus entre 2007 et 2010 par Saipem, soit une goutte d’eau dans un océan de 1843 contrats douteux — donne un ordre de grandeur des crimes commis en 11 ans de règne par l’ancien ministre de l’Energie et des Mines, contre l’Algérie et ses ressources, systématiquement pillées et livrées aux appétits voraces de la pègre au pouvoir et de la mafia internationale.
Inuquiesta Saipem ou le portrait d’un prédateur pas comme les autres
«Ces gens ont de très grands appétits.» Extrait d’une écoute téléphonique effectuée par la justice italienne. MLE, bloc 405b. Ce n’est pas le compte en banque d’une société offshore auquel ont accès Khelil & smala comme bénéficiaires ou ayants droit économiques. Le bloc 405b renvoie au fabuleux gisement d’huile et de gaz humide découvert par le prolétariat de Sonatrach en 1993 dans le bassin de Berkine, à 220 km au sud-est de Hassi Messaoud, une des plus importantes découvertes jamais réalisées depuis les nationalisations, en 1971. Menzel Ledjemet-Est et ses périmètres d’extension, 18 puits de gaz humide et/ou de mélange huile et gaz (potentiel évalué à 1,3 trillion de pieds cubes, soit 400 millions de barils équivalent pétrole) a été liquidé pour 41 millions d’euros de bakchichs encaissés par la bande à Khelil.
8 septembre 2008. A San Donato Milanese et à Calgary, dans la province de l’Alberta, aux sièges des sociétés ENI et FCP, c’est l’orgie à 933 millions de dollars. Paolo Scaroni et Shane O’Leary — dans l’ordre patrons du géant italien ENI et de First Calgary Petroleum Ltd (FCP) — jubilent à l’annonce de la finalisation de la transaction au montant vertigineux : ENI Holding Canada, filiale du groupe italien, achète pour 609 millions d’euros (933 millions de dollars) 75% des «actifs» de FCP en Algérie.
Il ne s’agit en réalité que d’un seul et unique actif détenu par FCP, le bloc 405b du gisement Menzel Ledjmet-Est en l’occurrence, en association (75% du capital social détenu par FCP) avec Sonatrach. Sept ans après son introduction en Algérie par Chakib Khelil qui l’a présenté comme un «géant pétrolier», FCP passe du statut de simple start-up, 26 millions de dollars d’investissement, à une «société pétrolière» engagée en joint-venture avec Sonatrach dans un des plus importants projets de développement de gisement gazier de la région.
La monumentale «arnaque FCP» a fait perdre leur latin aux magistrats italiens. Et les preuves compilées (contrats, mails d’entreprises, aveux et confessions des dirigeants de Saipem ainsi que les traces des paiements corruptifs) lèvent d’autres pans du voile sur la politique de pillage à grande échelle, de terre brûlée pratiquée par Khelil dès les premières années de son long ministère.
L’affaire FCP : Quand Khelil liquidait 18 puits de pétrole pour 41 millions de dollars de bakchich
Des actes de l’enquête émergent le fait que First Calgary Petroleum, le «géant pétrolier» de Khelil, n’était rien d’autre qu’une société canadienne dont le capital social était détenu à 80% par CDS & Co, une autre société canadienne qui offre des services de gestion de titres, c’est-à-dire une société fiduciaire dont le seul et unique actif était constitué par les droits d’exploitation du champ pétrolifère MLE.
Les documents obtenus auprès d’ENI précisent que FCP, cotée à la Bourse de Toronto et à l’AIM de Londres, a été acquise par ENI Canada Holding en novembre 2008, à travers une offre publique d’achat (OPA) opérée sous le contrôle du tribunal de Calgary. Dans les documents obtenus par les juges figurent les autorisations données par le ministre canadien de l’Industrie signées le 23 octobre 2008 et par le ministre algérien de l’Energie le 15 novembre.
Khelil a validé, deux mois après sa conclusion, la transaction alors que six mois auparavant, il menaçait (dans sa lettre adressée au conseil d’administration de FCP) de reprendre le bloc 405b si Richard Anderson, le PDG de FCP, était destitué par les actionnaires. Pétard mouillé, la lettre du ministre n’empêchera pas la destitution d’Anderson (remplacé par Shane O’Leary) et «un mystérieux groupe d’actionnaires d’empocher un demi-milliard d’euros sans laisser de trace».
Les notes (des organismes de contrôle interne) d’ENI réservent d’autres pépites, notamment sur la composition de l’actionnariat de la société FCP. «De la structure des actionnaires arrêtée à septembre 2008 résulte que 20% sont représentés par un actionnariat diffus dans lequel figurent des personnes physiques reconductibles à Sonatrach, et 80% sont détenus par CDS & Co, une entité canadienne qui offre des services de gestion de titres.»
Au chapitre des aveux, c’est Pietro Varone (sous mandat de dépôt), directeur des opérations Saipem et chef de la business unit onshore — identifié dans le dossier italien comme le «principal responsable des événements corruptifs à l’intérieur de Saipem» — qui s’y colle et crache le plus gros morceau, celui qui éclaboussera ses chefs hiérarchiques, presque tout le top management d’ENI, dont Paolo Scaroni (PDG d’ENI) et le responsable Eni pour l’Afrique du Nord, Antonio Vella.
Pietro Varone, dans sa déclaration spontanée aux juges de Milan, affirme que les 41 millions d’euros de commissions ont été payées à Pearl Partners pour obtenir «le OK des autorités algériennes dans l’acquisition de First Calgary Petroleum par ENI ainsi que pour baliser les conditions économiques de l’exploitation du gisement MLE». «Les contacts avec Khelil, déclare-t-il, avaient été engagés au plus haut niveau d’ENI, directement avec Paolo Scaroni.
Les trois personnages-clés (Khelil, Scaroni et Bedjaoui) s’étaient plusieurs fois rencontrés à Paris, Vienne et Milan.» Catégorique, Pietro Varone identifie le bénéficiaire majeur des paiements corruptifs : «Je déclare que la seule personne dont Bedjaoui m’a expressément parlé était Khelil. Bedjaoui m’a dit que Khelil recevait de l’argent de sa part. Il ne m’a pas expliqué les modalités du transfert de l’argent et/ou comment il est viré à Khelil. Bedjaoui m’a dit seulement qu’il donnait de l’argent au ministre.»
Insondable tonneau de Danaïdes, l’affaire FCP réserve d’autres surprises de taille. Le 21 mars 2009, six mois après la transaction, la joint-venture FCP-Sonatrach (dont le projet de développement du champ MLE avait obtenu en février 2007 le permis d’Alnaft pour un investissement de 1,3 milliard de dollars), désormais contrôlée par les Italiens d’ENI, opère le second casse. Saipem, sa filiale, arrache le mirobolant contrat MLE.
Un contrat en EPC (Engineering Procurement Construction) signé par Boumediene Belkacem en sa qualité de vice-président de Sonatrach et Innocenzo Titone en qualité de Country Manager d’ENI en Algérie pour 1,1 milliard d’euros et 30,4 milliards pour la partie libellée en dinars. Le 23 juin suivant, un contrat d’exécution des activités de forage d’une valeur totale de 75,2 millions de dollars est signé avec le même contractant Saipem. FCP, la machine à cash du duo Khelil-Bedjaoui voit son carnet de commandes exploser et son plan de développement du champ MLE presque entièrement financé avec l’argent du Trésor.
14 juillet 2009. Feux d’artifice et défilé de pétrodollars à Dubaï, la première grande ville des Emirats où se déversent les pots-de-vin de la mafia algéro-italienne. Saipem et ENI entament, en ce jour, le paiement des commissions négociées avec Khelil et son «homme de confiance», Farid Bedjaoui. Le compte de sa société offshore, la Pearl Partners Limited, à la Barclays Bank de Dubaï, vient d’être crédité de 13,7 millions d’euros représentant la première livraison des paiements convenus, répartis en trois tranches d’un même montant.
Le 27 novembre arrive la deuxième tranche et, le 22 février 2010, la Barclays Bank de Dubaï reçoit l’ultime virement de pots-de-vin effectué à partir d’un compte ouvert auprès de la banque ENI de Bruxelles, agence Montigny Le Bretonneux. «La dernière tranche, relèvent les magistrats, a été payée alors que l’affaire Sonatrach 1 avait déjà éclaté avec ample diffusion de nouvelles sur les médias algériens et français.» Le produit de la corruption est ventilé aux quatre points cardinaux (Suisse, Liban, en Grande Bretagne… Hong Kong) et ses traces compromises dans une constellation de sociétés-écrans, trusts, domiciliés dans des paradis fiscaux, au Panama et aux îles Vierges britanniques.
Tullio Orsi, le country manager, directeur général de Saipem Contracting Algérie, enfonce le clou dans le clan Khelil dont le fils, Khaldoun, se trouve aussi protagoniste, impliqué dans le contrat MLE. Dans ses déclarations spontanées, les 12 et 28 décembre 2012, faites devant les juges, Orsi est revenu sur cette rencontre entre Khelil, Scaroni, Bedjaoui, Varone et Viela dans un grand hôtel, à Paris fin 2008, soit entre l’achat de FCP par ENI et l’affectation du contrat MLE à Saipem. «Selon ce que m’a dit Varone, une réunion à Paris avec Khelil et Bedjaoui a été convoquée pour régler le problème First Calgary Petroleum, c’est-à-dire les travaux de Menzel Ledjemet-Est qui, à ma connaissance, présentait des soucis de rentabilité.
Varone dit que les travaux étaient encore dans une phase préliminaire (…), mais il y avait un fort intérêt à obtenir l’approbation de Sonatrach au lancement du projet qui aurait complété l’exploitation de MLE en augmentant sa rentabilité (référence à CAFC-huile et ZER-area, les extensions au périmètre bloc405 accordés par Khelil, ndlr). First Calgary Petroleum avait conduit des tests, des forages d’exploration pour savoir s’il était possible de lancer le projet. Je ne suis pas au courant des résultats des réunions tenues à ce propos entre Sahnoun (Saïd) et le représentant local d’ENI. Je sais que quelques mois avant, je crois fin 2008, il y avait eu cette réunion à Paris dont j’ai parlé dans mon dernier procès-verbal.
Une réunion, selon ce qui me fut rapporté par Varone, rendue nécessaire parce que des conflits étaient nés. Varone dit que cette réunion était nécessaire parce que ‘‘le fils du Vieux a créé des problèmes’’. Varone faisait allusion au fils de Khelil, une personne dont j’entendais parler pour la première fois et qui semble avoir vécu au Canada. Il y avait Scaroni, Vella, Varone, Khelil et Bedjaoui à la réunion. Lorsque j’ai demandé à Varone l’objet des discussions, il m’a dit seulement que c’était pour résoudre le problème MLE sans s’expliquer davantage.»
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Ces « révélations » et cette « exclusivité » ne sont que la réponse du berger à la bergère dans le cadre de la lutte de gangs que se livre l’oligarchie militaro-financière via sa presse « indépendante » (de sa volonté). Nous ne sommes pas nés de la dernière pluie pour avaler ces grosses couleuvres. Cela rappelle le fameux rapport des « généraux » contre Beloucif, tout comme les « révélations » sur Adami et Betchine en 97 et 98. Ils sont trop polis pour être honnêtes !
Amicalement.
Salah-Eddine
Bonjour Mr Sidhoum,
Peu importe du moment que tout le monde sait qu’il y a une véritable guerre pour la prise de pouvoir. En attendant, dans les révélations des un et des autres il y a forcément un peu de vrai…et les 198 millions de dollars de bakchich ont bel et bien été transférés vers les comptes de ces messieurs, et encore en attendant le petit peuple que nous sommes constatons sans aucun arrêt les successions d’évasions de nos richesses. Qu’il s’appelle, Bedjaoui, khelil lekhla, betchine, adami, habour ou autre peu importe…ils volent les richesses du peuple Algérien et ce dernier ne réagit point et ne réagira point pendant bien longtemps…du moins c’est le minima du constat que l’on puisse faire. Bonne journée l’ami.
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Il est clair, mon cher Ami qu’il y a du vrai dans tout cela. Dans ce cas précis je dénonce le rôle d’une certaine presse qui loin d’informer l’opinion, joue le sale rôle que lui ordonne ses officiers traitants dans le cadre de cette ignoble lutte de gangs.
Par le passé, les « révélations » sur Beloucif, Adami, Betchine et autres n’étaient pas là pour informer le « ghachi » que nous sommes, mais pour briser le gang adverse. (je parle bien de gangs et non de clans).
كلمة حق يراد به باطل
Amicalement.
Salah-Eddine
Re bonjour l’ami Sidhoum,
Ce qui dénote bien que le régime de bananes que l’on a a usé et usera de tous les coups possibles et imaginables pour rester au pouvoir dans le seul et unique but de monopoliser la rente et les richesses du pays. C’est ce que j’ai toujours prôné ici même sur LQA (Merci) et même ailleurs. Auquel cas la politique de la terre brûlée sera de mise lorsque effectivement il y aura le soulèvement tant attendu. J’en déduis que même si aucune violence n’est visible à l’heure actuelle, hormis au travers des fulgurances des attaques verbales des un et des autres, il n’en demeure pas moins que lorsque l’heure de cette pourriture sonnera cela se passera dans une fulgurance inouïe (c’est mon avis) à cause justement de ce jeu polémique qui aura tétanisé le peuple jusqu’à le rendre amorphe (peu importe les méthodes). Bonne journée cher ami.
Entièrement d’accord avec vous sur ce point. Cette voyoucratie, aveuglée par les multiples privilèges et pensant que la force des armes la sauvera encore une fois, ne voit pas le tsunami populaire pointer à l’horizon et qui, à Dieu ne Plaise, risque de balayer non seulement ce régime gangrené en fin de cycle, mais tout le pays.