Par Saad Ziane
Dans Libre Algérie le 21 juin 2016
Oublions les et mettons leurs actions (ou inactions) sur le compte de la formidable équipe qui gouverne (ou est censée le faire) le pays. Ce gouvernement a échoué au bac et il s’est offert une session de rattrapage. Et pour se donner toutes les chances, il a utilisé une ruse (certains disent une triche) massive qui consiste à priver tout le pays d’Internet et de le couper du monde.
La mesure a choqué les internautes algériens dans un mélange de colère et de honte, elle a été un ingrédient de plus pour ceux qui sont habitués à faire dans l’Algeria Bashing.
C’est que cette histoire a fait le tour du monde et des journaux de pays lointains en ont parlé dans la rubrique «insolite ». Couper Internet pour empêcher les fuites au baccalauréat, c’est tellement spécifique que cela vaut la peine d’en parler même en Chine…
Internet, une menace ?
D’abord, il faut en finir avec les adeptes de l’autodénigrement. Les Algériens n’ont pas à avoir honte de ce que fait le gouvernement pour la plus simple raison qu’il ne les représente pas et qu’ils ne l’ont pas désigné. Seul le gouvernement (et le pouvoir qu’il représente) sont comptables de ce qu’ils font.
La décision de bloquer Internet est ridicule bien sûr, mais ne il faut pas s’arrêter seulement à cet aspect, il faut essayer aussi de comprendre ce qu’elle révèle. La première est qu’Internet – avec les formidables possibilités qu’il offre – est perçu par les tenants du pouvoir comme une menace, une source de nuisance.
Jusqu’à présent, ils pouvaient gérer l’espace médiatique par la fermeture des journaux qui «nuisent à la quiétude publique » ou par l’instrumentalisation de la publicité. Dans ce terrain classique, le gouvernement, n’ayant aucune limite devant lui, pas même celle de la loi, a les moyens de mettre au pas les médias. On le voit dans la partie de bras de fer qu’il a engagée – et déjà à moitié gagné – contre l’achat du groupe El Khabar par l’homme d’affaires Issad Rebrab.
Sur Internet, les nouveaux médias électroniques algériens restent financièrement très faibles, le régime ayant pris la décision non publique de ne pas les reconnaître et encore moins de permettre à la publicité publique d’y être présente.
Ces médias ont peut-être un avenir mais ils ont un présent délicat rendu encore plus aléatoire par les retards, délibérés, de la mise en place des systèmes de paiement électroniques. Résultat, ils n’ont accès ni à la publicité, ni à la possibilité de devenir des médias à accès payant pouvant vivre des abonnements.
Consommation libre, production interdite
La conséquence de ce choix de blocage du développement d’une économie numérique (et l’Algérie est l’un des pays les plus arriérés dans ce domaine) est que les Algériens sont maintenus dans une posture de consommateurs de contenus étrangers.
On est dans la perversion du système rentier : on interdit la production locale pour encourager les importations. La consommation des contenus étrangers est libre (car le gouvernement n’est pas en mesure de la contrôler) mais la production du contenu algérien est interdite.
L’enjeu sur Internet, ce ne sont pas les infrastructures – que nous importons qu’on le veuille ou non – mais le contenu.
C’est un enjeu planétaire qui semble très loin des petites têtes qui nous gouvernent toutes occupées à surveiller ce que peuvent dire ou penser les Algériens alors que le cybermonde est en marche et que Google, Facebook, Twitter…préfigurent déjà ce que sera le «Cyber-Centre » impérial.
Tout est d’arrière-garde dans ce gouvernement spécifique d’un régime spécifique qui dilapide les valeurs et entrave la création de richesses et la créativité des Algériens. La décision de bloquer Internet sans se soucier des dégâts financiers (et d’image) qu’elle provoque l’illustre parfaitement.
Selon un journal, Reporters pour le nommer, le verrouillage général d’Internet a été une erreur commis au niveau de Djawab : ils ne devaient verrouiller que les réseaux sociaux, ils ont tout verrouillé.
En clair, laisse-t-on entendre, il y a un problème de compétence au niveau de la société qui gère l’Internet dans le pays et, donc le gouvernement, avec ses hommes et ses femmes, n’y sont pour rien.
Une gouvernance obsédée par le complot incapable de garder un petit secret
Djawab – quel joli nom ! – pourrait bien être une réponse commode, le bouc-émissaire approprié en cas de nécessité. Mais Djawab est une fausse réponse pour sauver la mise à la gouvernance spécifique (et dangereuse) algérienne. Faut-il expliquer que dans le cas des fuites des sujets du bac, Internet (et les réseaux sociaux) ne sont pas la cause mais juste des véhicules ?
Les fuites proviennent de ceux qui ont accès aux sujets et donc de manière directe à des agents du gouvernement. A défaut de s’assurer qu’un groupe théoriquement restreint de personnes s’astreigne au respect de la légalité et de l’éthique, le gouvernement décide de couper l’Internet à tous.
Et le gouvernement spécifique ne semble même pas mesurer l’énormité de ce qu’il énonce aux Algériens et au monde entier : un échec absolu de ses propres mécanismes de contrôle du secret. Et pourtant, il est censé être le régime du secret.
Ce régime qui n’en finit pas de trouver des complots partout ne sait même pas mettre en œuvre un «complot » qui dissuade ses agents d’exfiltrer des sujets. Or, depuis l’indépendance, et plus précisément depuis le 19 juin 1965 où l’on a décidé de mettre l’Algérie sous tutelle des sécuritaires, le souci de contrôle est obsessionnel.
Du point de vue même de la logique apparente du régime, cette incapacité à gérer les sujets du bac est un signe grave, la preuve qu’on ne contrôle plus rien.
Internet, le révélateur que le roi est nu
Mais que l’on ne s’y trompe pas. Si le régime spécifique a décidé qu’Internet était un problème, ce n’est pas parce qu’il est source de la fraude mais qu’il l’amplifie. Quand on parle avec les agents du secteur de l’éducation, ils vous expliquent tout simplement que les fuites des sujets du bac ont toujours existé et qu’ils s’échangeant entre les gosses de la nomenklatura.
Cela ne gênait pas outre-mesure, ce sont les «nôtres » qui profitent d’un coup de pouce par rapport à la masse. Après tout, ils sont destinés à être les «héritiers ».
Internet vient donc bouleverser cette triche «restreinte », « binatna ». Ceux qui profitent de l’information ont décidé «généreusement » ou pour montrer qu’ils «font partie du groupe restreint qui sait » ou pour toute autre raison, d’utiliser Internet pour «démocratiser la triche ». On ferme donc Internet, on fait mine de ne pas voir que le roi est nu.
A Washington, son excellence l’ambassadeur algérien, Madjid Bougerra a commis sur un site spécialisé américain un article intitulé « Strong U.S. Ally in a Chaotic Region » (Un solide allié des Etats-Unis dans une région chaotique ». Il est question de l’Algérie comme d’un «partenaire et allié fiable » des Etats-Unis, un pays « stable et sur », un pays qui «travaille dur » pour se développer et «consolider sa démocratie ».
http://thecipherbrief.com/article/middle-east/strong-us-ally-chaotic-region-1091
C’est du classique. On n’attend pas à ce qu’un ambassadeur dise autre chose dans un site de lobbyiste. Mais son excellence l’ambassadrice des Etats-Unis d’Amérique si elle se connecte par Djawab sait bien lire dans le net que le gouvernement spécifique n’est même pas en mesure d’organiser correctement le bac. Et que sa solution spécifique consiste à faire entrer un éléphant dans un magasin de porcelaine.
Et pourtant, comme dirait l’autre, nous pourrions bien faire tourner les choses. Nous, les Algériens, ne sommes pas des incapables. C’est cette gouvernance tordue et grossière qui l’est. Elle l’a montré avec cette Tbahdila du bac où les sommets du ridicule ont été atteints.
Strong U.S. Ally in a Chaotic Region
Tout va bien,
http://thecipherbrief.com/article/middle-east/strong-us-ally-chaotic-region-1091
– See more at: http://www.libre-algerie.com/bac-triche-et-tbahdila-de-la-gouvernance-algerienne-specifique-en-cybermonde-par-saad-ziane/21/06/2016/#sthash.fgS6jlZE.MyC5qFDh.dpuf
En toute état de cause depuis l’indépendance nous ne sommes pas sortis des tbahdilates.
De quel bac parle t-on? Celui où les élèves se baladaient avec les nouvelles montres connectées. Ce ne sont pas des zaoualia bien sur.
Les péripéties de ce bac burlesque ne sont que les symptômes multiformes d’une carence systémique du pays .Rien ne va ,il faut repartir de zéro,mettre à bas tout l’édifice brinquebalant qu’ont mis ont en place des « élites » autoproclamées et nous regarder enfin dans les yeux,lucides sur nous mêmes,notre histoire ,nos traditions et le pays.
Bonsoir Djelloul habib, saha ftourek,
Mon ami la mode maintenant est à la fraude, au bakchich, à la corruption…etc. Ne t’avises surtout pas de regarder dans les yeux les autres en toute lucidité, dure dure sera la réalité. Alors là notre histoire. Tu sais comme on dit elle se répète et donc un fraudeur en cache des centaines voire des milliers. Quant aux traditions et au pays Chakib khelil lekhla et son pote farid bedjaoui en parallèle avec saadani et sa derbouka et tliba el bahi ils nous ont bien travesti d’un nouveau mode de vie et de nouvelles traditions et le pays pour le moment ne peut qu’en être fier et cela se voit dans les slogans de tous les jours…tout va bien madame la marquise. Saha shourek mon ami, je lève mon verre à l’amitié quand même.
Bonjour à tous,
On devrait mettre Chakib Khelil Lekhla ministre de l’éducation, et il réglera tous les problèmes du secteur…ben voyons, la fraude c’est bien son domaine non? Saha shourkoum.
Bac à sable, Bac à frite de quoi on parle au juste ??????????