Le Discours Religieux et l’Ordre Social.

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« On ne fera plus jamais croire à personne qu’il suffise en tout temps, pour s’adapter au monde de le regarder et de l’interpréter comme il faut. » Paul Nizan (Philosophe Français 1905-1940)

Le croyant habite un monde où chaque événement se déchiffre comme une conséquence de la toute-puissante volonté divine. Comment justifier dans ce cas que les malheurs s’abattent indifféremment sur les hommes, bons et mauvais ?
Par quel mystère Dieu pourrait-il permettre de telles injustices ?

Les dévots répondent en invoquant l’impénétrabilité des intentions divines: la créature ne saurait discerner les desseins de son Créateur. Mais la raison récuse cette thèse qu’elle assimile à de la superstition, car rien dans le monde n’échappe à une explication rationnelle et tout phénomène peut se comprendre par la genèse de ses causes.

C’est face à des phénomènes angoissants, comme les épidémies et autres calamités, que la peur, avide d’explication rassurante, accepte toutes les réponses et convertit la foi en crédulité.
Elle se porte alors à interpréter la maladie, non comme un processus de contamination biologique, mais comme le signe d’un châtiment céleste.

Pourtant, en se réfugiant dans l’énigmatique volonté divine, les humains ne fonts que dissimuler leur ignorance. Plus grave, en justifiant ces divagations par la « volonté de Dieu », ils font de lui un être capricieux et contradictoire, ce qui le dessert au lieu de le glorifier.

C’est donc au nom du savoir et de la religion véritables que la raison dénonce les égarements de l’imagination superstitieuse. Mais cela le conduit à s’attirer les foudres des dignitaires religieux qui savent bien que détruire l’ignorance, c’est détruire l’étonnement imbécile, c’est-à-dire leur unique moyen de sauvegarder leur autorité.

Si l’on considère que la conscience humaine est entièrement diluée dans la trame des conditions sociologiques. Historique de part en part l’esprit humain est en grande partie une émanation de constructions instituées de nature politiques, économiques, produits plus ou moins continus dans le temps de l’activité humaine.

Ceci n’est nullement une manière de dissoudre le niveau proprement moral de l’esprit dans le plan proprement épistémique des formations sociales.

En plus si l’esprit humain en tant que réalité spécifique possède son propre système spontané de formation interne, de développement, et sa propre logique d’autoproduction consciente, c’est en grande partie grâce aux structures formelles qu’il produit historiquement qu’il se donne toute sa substance.

C’est dans cette perspective que l’esprit dans sa nécessité interne et créatrice appréhende le message divin en élaborant le véritable discours religieux, celui qui prend assise sur le déterminisme historique dans sa nature politique, économique et social, résultat continu dans le temps de sa condition humaine.

Ce discours puise sa véritable essence dans le message divin en donnant à l’homme le courage d’accepter une responsabilité que même les montagnes ont refusé.

Mais dans la réalité telle qu’observée, le discours religieux en vogue sert à voiler les misères de l’époque, le vide spirituel des hommes, la division fondamentale de leur conscience, et cette séparation chaque jour plus angoissante entre leurs pouvoirs et la limite réelle de leur accomplissement.

De même qu’il dissimule le vrai visage de l’injustice de ce monde. Il ne sert plus l’homme dans sa quête de la justice sociale et dans la lutte des indignés et des révoltés de la misère humaine.

Il est là à détourner les damnés de cette terre de la contemplation périlleuse pour les géniteurs de leur degradation et de leur abaissement.

Il a pour mission de faire accepter un ordre établi, en le rendant aimable, en lui conférant la noblesse, en lui apportant des justifications.

Il mystifie les victimes de cet ordre social et de toutes les bonnes volontés qui pourraient s’élever contre lui en les dirigeants sur des voies de garage où la révolte s’éteindra.

Il sert enfin une classe sociale qui est la cause de toutes les dégradations présentes, la classe même dont certains intellectuels font partie.

Il a finalement pour fonction de rendre claires, d’affermir et de propager les vérités partielles engendrées par cette caste et utiles à son pouvoir.

Dans cet agencement des idées, Il faut repenser le véritable discours religieux en affirmant la convergence explicite des valeurs engendrées sur le plan ontologique et les intérêts que l’Etat temporel défend qui ne sauraient être que ceux de la dignité humaine et de la justice sociale.

Khaled Boulaziz

2 Commentaires

  1. Salam,
    Vous semblez parler de religieux imaginaire dont vous inventez le discours a raison.
    je n’ai jamais croise ce discours, ou pourrait on le trouver ?
    quand je subit quelque chose de mauvais, cela ne me traverse meme pas l’esprit de penser que Dieu serait injuste du fait du malheur qui me tombe dessus. je ne ressens pas ce sentiment d’injustice venant de Dieu. comment vous pouvez pretendre une reponse a une question que l’on se pose meme pas.

  2. Les islamistes justifient la cause du malheur des uns non pas par une injustice humaine mais par cette fatalite qui veut que tout malheur est ecris pour ceux a qui
    il arrive, comme tout bonheur l`est aussi pour ceux a qui il arrive ! tout se resume par cette destination finale. exemple: vous marchez sur la rue michelet, soudain un pot de fleur vous tombe sur la tete, votre mort n`est pas de la responsabilite de la personne qui a mis le pot de fleur sur le mur du balcon, mais du simple fait que votre jour est arrive, et que vous deviez mourir !. voila tout, je vous jure que des millions de personnes pensent de la sorte dans notre communaute musulmane, c`est pour ca que nous ne pourrons jamais nous conduire comme des personnes responsables! certains theologiens iront meme dire que Dieu veut nous tester pour voir notre degres de patience !! plus besoin de juger personne, la fatalite a deja ris la place de la causalite. Vous savez parfois je ne plains pas les occidentaux qui disent que islam et modernite sont incompatible, c est parcequ ils voient l islam a travers nous les musulmans, nous leur donnons l exemple par nos actes et reflexions !!
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    Juste une précision, cher compatriote. La « rue Michelet » s’appelle depuis 1962 la rue Didouche Mourad.
    Amicalement.
    Salah-Eddine SIDHOUM

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