L’inimaginable Hogra à Sebta !

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Youcef L’Asnami
Sebta ! Ceuta pour les européens ! Enclave autonome espagnole nous précisent-ils ! Autonome des autorités espagnoles comme des autorités marocaines qui ne cessent de revendiquer cette ville de 84 000 habitants comportant autant d’espagnols que de marocains « de souche ».
La route qui mène de Tanger à Sebta présente de magnifiques paysages avec de sublimes vues sur la mer qui ressemblent extraordinairement à la corniche jijelienne. Un peu plus d’une heure pour atteindre la ville en passant par le Port Tanger Med sur le détroit de Gibraltar. On est à une dizaine de km des côtes espagnoles !
Beaucoup de barrages de gendarmerie, mais on ne vous arrête jamais si vous ne faites aucune infraction ! Pour rentrer à Sebta il faut montrer patte blanche ! Seuls les détenteurs d’une carte de résidence ou d’un passeport de l’espace Schengen y ont droit. S’y ajoutent les marocains frontaliers – notamment de Tetouan wa dhawahiha – qui peuvent y accéder avec un passeport mais sans visa!
Un marrakchi ou un Fassi doit présenter un passeport et un visa. Mais ce droit – une faveur considèrent les occupants espagnols- est discrétionnaire. Ce 1er mai par exemple, et dans la matinée, les autorités douanières espagnoles ont refusé l’entrée dans l’enclave à de nombreux marocains frontaliers pourtant munis de leurs passeport !
Pour cause de « fiesta » leur a-t-on dit ! Autrement dit, ces marocains qui vivent de petits commerces entre l’enclave et la ville de Fnidek frontalière, n’ont aucune raison d’y pénétrer puisque presque tous les commerçants de Sebta sont fermés ce jour férié ! Cela ne décourage pas les plus persévérants qui restent accolés au mur du honteux passage grillagé qui canalise les piétons de la frontière marocaine au cœur de Sebta. – Mais pourquoi vous restez là alors que visiblement on vous interdit l’entrée ? – Parce qu’il suffit parfois que la brigade de douaniers change et qu’on nous laisse ! m’a répondu un homme usé par la fatigue et la chaleur.
Cette réponse tue par sa sincérité mais aussi par sa résignation. Fi Bladi Ya bou Galb ! Fi Bladi ou lazam nestana mziate espagnoule bech nedkhoul ghir beche nakhdeem 3la rouhi ! A peine on traverse la frontière marocaine, un bus vous emmène au centre-ville moyennant 80 centimes d’euros ! Et oui ! Vous traversez ce couloir de la honte et vous êtres en territoire « européen » ! Même heure, même monnaie et même réseau téléphonique !
Le meilleur moyen d’accéder à Sebta c’est de la faire à pied après avoir garé sa voiture dans la ville marocaine mitoyenne : la coquette Fnidek avec sa belle mosquée bleue ! Parce qu’en voiture c’est une vraie expédition ! Deux postes frontières marocains et un poste frontière espagnol avec des contrôles aussi folkloriques qu’usant ! Et puis je me suis demandé à quoi bon de rentrer dans cette enclave en voiture ? En deux heures on aura fait le tour du centre-ville et il n y a pas grand-chose à visiter à part quelques vues de la côte !
Beaucoup de logements sociaux, quelques espaces verts, une basilique et une mosquée. Peu de jeunes et beaucoup de retraités espagnols qui – eux- ont le droit de rentrer au Maroc sans visa ! El hogra ya Rab ! El hogra ! Les salaires comme les prix à Sebta sont comparables à ceux que l’on trouve en Espagne !
Il arrive souvent qu’un greffon biologique réussisse !
Mais l’histoire a maintes fois montré qu’un greffon historico-géographique l’est rarement ! Ce n’est qu’une question de temps !




3 Commentaires

  1. Article qui ne doit pas plaire aux marocains qui subissent cette colonisation autant qu’ils colonisent eux memes la sahara occidental. La misere des marocains a Ceuta c’est aussi la politique du Makhzean

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