Quand le Conseil de l’ordre des medecins algériens se trompe de diagnostic.

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 Par Nabil Semyane| 27 Janvier 2018 

Un décret exécutif du Gouvernement français datant du mois de novembre entrouvre la porte aux médecins algériens pour travailler en France, probablement dans les déserts médicaux, à la condition de présenter un dossier solide, pour avoir droit à une autorisation d’exercice temporelle.
Ce décret, tout en créant un appel d’air,  risque de provoquer un siphonage des médecins algériens, surtout que les conditions d’exercice de leurs métiers vont de mal en pis, comme en témoigne cette grève des résidents qui dure voilà plus de deux mois.
Face à ce risque de saignée qui aurait dû le faire réagir, le Ministère de la Santé, sans doute pris par la gestion de la grève des résidents, reste aphone.
Et c’est le Conseil de l’Ordre des médecins qui décide d’agir en annonçant la suspension provisoire de l’attestation d’exercice et de bonne conduite, document exigé pour les candidats à l’émigration.    
“Il est porté à la connaissance de nos confrères, que les dépôts de demandes pour l’attestation d’exercice et l’attestation de bonne conduite sont suspendus jusqu’à nouvel ordre”, lit-on dans le communiqué posté sur les pages Facebook de nombreux médecins.
Cette réaction de l’ordre des médecins, dont on peut, par ailleurs comprendre le souci, est révélatrice de cette attitude des autorités algériennes, à apporter des réponses intelligentes, pertinentes aux problèmes que pose la société algérienne.
Pour seule réaction, les différentes administrations ne savent faire qu’une seule chose : la méthode répressive, coercitive, à travers une production industrielle des instructions pour interdire, suspendre, surseoir, bloquer.
Ce décret du Gouvernement français, qui ne concerne pas que les médecins algériens, du reste, devrait être une occasion pour tous les acteurs de la Santé (médecins, syndicats, Conseil de l’ordre, administration) de se mettre au tour d’une table pour poser le schéma diagnostic de la politique de santé en Algérie.
Mohamed Bekkat Berkani, président du Conseil de l’Ordre des médecins algériens, ne pourra, avec cette mesurette empêcher nos médecins d’émigrer pour travailler dans de bonnes conditions et il sera même probablement amené, à l’insu de son plein gré, à délivrer sous le manteau cette fameuse  attestation sous la pression.  A l’image de ce qui se passe  actuellement au niveau des ports  où ,malgré l’interdiction des importations, ils s’en trouve toujours qui arrivent à passer entre deux gouttes.
On ne ne guérit pas la fièvre en cassant le thermomètre, Monsieur Berkani !

1 COMMENTAIRE

  1. Quotidien LIBERTE 28 janvier 2018
    Délivrance d’attestation d’exercice pour médecins suspendue
    À quoi obéit la décision du Conseil de l’Ordre ?
    Le décret exécutif français portant sur les facilitations accordées aux médecins étrangers souhaitant exercer en France n’a pas laissé, semble-t-il, indifférent le Conseil de l’Ordre des médecins algériens. En effet, le conseil que dirige le Dr Bekkat Berkani Mohamed a décidé de suspendre l’attribution de l’attestation d’exercice et celle de bonne conduite pour les médecins. C’est un document qui est exigé aux médecins algériens tentés de s’exiler en France pour se faire délivrer un permis provisoire de pratique de la médecine. Le décret français en question a été promulgué pour faire face au désert médical qui inquiète les autorités sanitaires françaises. Selon le communiqué rendu public jeudi, le président du Conseil de l’Ordre des médecins de la région d’Alger, a indiqué que “le dépôt des dossiers pour l’obtention de l’attestation d’exercice et l’attestation de bonne conduite est suspendu jusqu’à nouvel ordre”. L’on s’interroge, cependant, sur les motivations qui sont à l’origine de la mesure annoncée par le Dr Bekkat, d’autant qu’elle intervient dans un contexte particulier, à savoir la grève illimitée des médecins résidents qui dure depuis 76 jours. Des professionnels de la santé, qui ont requis l’anonymat, nous ont confirmé la suspension du document en question. “Des médecins qui se sont présentés au Conseil de l’Ordre d’Alger pour déposer les demandes, ont été surpris d’apprendre le blocage de la délivrance de l’attestation d’exercice. On leur a tout simplement signifié que le Conseil ne réceptionne pas les dossiers”, regrette un praticien. Celui-ci estime qu’une telle mesure de suspension qui intervient en pleine crise qui persiste dans les hôpitaux, est loin d’être fortuite. “La décision du Dr Bekkat n’est pas innocente. Elle devrait répondre à une instruction prise en haut lieu. Elle a été annoncée dans l’espoir d’empêcher les médecins algériens qui désirent tenter leur chance en France. Et ils sont nombreux à le faire, pour des raisons connues de tous. Ils sont sous-payés et ils travaillent dans des conditions qui dépassent tout entendement. Pas de moyens techniques et encore moins de considération de la tutelle administrative. Toutes les conditions sont réunies pour s’exiler.” Notre source rappellera que pas moins de 1 700 médecins (dont 940 de la faculté d’Alger) devaient passer leur DEMS (diplôme d’études médicales spécialisées) pour la session de janvier 2018. Ces derniers ont décidé, rappelons-le, de boycotter l’examen en question, par solidarité avec les résidents. Selon notre source, ces 1 700 futurs spécialistes sont pratiquement tous des candidats potentiels à l’exil. Il faut rappeler que le Dr Bekkat Berkani Mohamed avait déclaré, l’année dernière, que le nombre de médecins algériens exerçant en France est de l’ordre de 10 000, et ce, en se référant à une étude publiée par le Conseil de l’Ordre des médecins de France. Il y a lieu de se demander enfin si la parade trouvée par le Dr Bekkat répond à une décision politique qui ne dit pas son nom, et ce, pour stopper l’hémorragie des médecins algériens vers la France.
    Hanafi H.

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