
Les références intellectuelles et la culture dans notre propre contexte, sont une nécessité sociale plus que l’exigence du pain. Si par hasard, on se remettait à lire conformément aux percepts de ce que nous dicte notre religion, et aussi à penser normalement selon une rationalité économique, à pouvoir donner plus de sens aux valeurs universelles, aux valeurs morales et religieuses et aux concepts scientifiques. Par contre, les Algériens vivent dans un autre contexte ou ces notions nobles su-citées sont balayés comme s’ils étaient de faits insignifiants, c’est un nouveau terrain contextuel ou le politique trouve son champ pour mieux mener sinon ensemencer par la rente son idéologie oligarchique.
Alors, l’algérien se demande comment se situer avant de définir ce que s’est la médiocrité qui nous hante dans notre quotidien, les uns nous disent que c’est le milieu social, tandis que d’autres nous récitent que c’est le pouvoir qui nous administre, le régime qui nous dirige, le système qui nous manœuvre. Cependant, Il ya aussi des intellects qui nous jaspinent autrement pour nous dire que c’est le moyen, le médian, le dérisoire, le minable, le passable, le piètre, le piteux…. Se sont ces significations qui dominent la pensée de ceux qui nous gère, régente pour leur propre intérêts, ils sont des politiciens, des gestionnaires, des administrateurs, des directeurs et autres responsables……
C’est dans ce contexte pollué ou est issue la médiocrité qui fait que la combine et les manigances font rage avec effet dévastateur. La plèbe, les partisans ou les pseudos- citoyens se font élire pour un programme de promesses mais ils en appliquent un autre vide de sens une fois élus en parlant des locales. Les vrais électeurs profitent par leurs absences lors des municipales pour protester contre le dégout et leur colère de la mauvaise politique nationale, La majorité ne vote pas pour soit disant exprimer leur refus, laissant la manigance, le truquage et bourrage des voix, le détournement des voix pour assoir la véritable « médiocrité » c’est-à-dire laisser faire ce dont elle veut sans aucune vision, ni stratégie ni autre conception d’avenir, tout le jeu de cette médiocre politique est à courte vue au milieu d’un bricolage persistant et permanent de la nouvelle oligarchie.
C’est une nouvelle culture à l’algérienne arrosée par du pétrole, il s’agit au fait, d’une transformation de l’esprit créatif vers un esprit sédatif, calmant pour enfin devenir un esprit narcotique. Cet état de fait nous invite à ne pas trop penser comme disait J.Brel « on ne pense pas Monsieur ! », quand il s’agit de ne pas se situer un peu trop aux extrémités, il faut choisir le juste milieu , sinon le centre pour que rien ne soit mis à l’épreuve en faisant attention à nos convictions, penser mou avec trop de « dodo » peu de « boulot » et beaucoup de « rien faire ».pas d’invention, ni de transformation , tout doux comme un petit « bon…. Bon ». Ne pas déranger et pas être déranger sinon la révolution risque de s’éclater pour une remise en cause de l’ordre social et l’ordre économique et de « rag- da oua- tmangie ».
IL ya eu prise de pouvoir par les rentiers, la paix sociale veut que manger et consommer puis consommer et manger sans autres convictions socialo-économiques pour écarter toute pensée critique , étincelle de la révolution prolétaire ou bourgeoise sinon sociale.
L’incompétence est la nouvelle valeur des rentiers, et les piètres, insignifiants, rates et passables se sont emparés du pouvoir via l’unique force organisé avec des colts et des cellules pour que la gueule se ferme et l’esprit se cristallise.
Le résultat en fin de compte, au lieu d’aboutir à une démocratie, les rentiers ont choisie à mettre en place une « médiocratie ». Au fait c’est quoi une « médiocratie », c’est une forme de gouvernance , un modèle de pouvoir ou un style de régime ou les standards de gouvernance sinon les normes requises soient impérieuses et devraient être la moyenne, ni bien, ni mal, ni supérieure, ni inferieur ,c’est l’ordre médiocre qu’il s’agit d’incarner .
Au fait quelle est cette différence entre « moyen » et « médiocre » , regardant de plus prés quand c’est « supérieur » ; c est déjà la supériorité, pour quelqu’un d’ « inferieur » c’est de l’ infériorité et quand c’est « moyen » se n’est plus la « moyenneté » mais bien la « médiocrité ».Le terme « moyen » en général se dit lorsque quelque chose est mesurable , comme par exemple un résultat moyen, un salaire moyen ,un homme de taille moyenne, une capacité moyenne qui veut insinuer un juste milieu ou une place détenu en son milieu c’est en somme une échelle de valeurs tandis que la médiocrité est la moyenne dans les agissement dans les actes et dans les démarches et événements. Les agissements sociaux de personnes, des « ghachi »s et de la population sont médiocres ceci est un nouvel ordre érigé en modèle par les rentiers. C’est bien ces derniers qui ont transformé les métiers créateurs de valeurs, une force de créations de bien en emplois créateurs de salaires devenu un cout.
Les rentiers ont détruit les métiers et la conception de la profession et le travail devenu boulot s’est transformé en prestation.Les travailleurs devenus demandeurs d’emplois qui de manière indifférente passent d’un travail ou plutôt d’un emploi à un autre pour un salaire donné pour enfin, subvenir à une subsistance.l’œuvre de la « médiocratie » se cristallise dans le domaine politique et a permis d’effacer la saine gestion des institutions publiques, si au moins la conception du libéralisme pouvait mettre en œuvre l’application (gestion des entreprise privé) aux structures et mécanismes de l’Etat, les méthodes de gestion des entreprises privées supposées plus efficaces, efficientes et économiques. Cette nouvelle gouvernance émettant des chants de la démocratie de proximité ou le profit n’est qu’une rente pétrolière détournée vers d’autres classes via les marchés publics
Dans ce régime de gouvernance, l’action politique est réduite à la gestion du petit spéculateur, ne possédant point les concepts de management, c’est-à-dire la recherche d’une solution immédiate à un problème immédiat par le biais je te donne de la matière pesée, tu me donnes un autre prix de sa valeur, ce qui exclut toute réflexion fondée sur des principes fondée sur la règle de l’art. Devant ce régime rentier qui mène une drôle façon de gouvernance, le peuple est invité à devenir de petits simples consommateurs au milieu d’un marché de biens de services, de travail, de finances…. .
Etre médiocre, ce n’est donc pas être incompétent ?
Ce système, ce régime, ce pouvoir encourage l’ascension des acteurs du même clan, de la même famille maladroit, ne fait pas l’affaire au détriment des connaisseurs pour ne pas dire compétents qui risque de remettre en cause le système, le régime et le pouvoir.
Par conséquent :
Le médiocre : doit avoir une attitude soumise qui ne provoque pas d’effet à remettre en cause les fondements de ce régime. L’esprit critique ne fait pas l’affaire et il est ainsi redouté car il s’exerce envers toute chose, dans tout contexte et à tout moment.
Le médiocre : est un très bon joueur, soumis car il ne fait que « jouer le jeu »moyennant une gratification.
Le médiocre : veut pourtant dire accepter des pratiques officieuses hors normes et hors standards qui servent les intérêts de ses maitres , se soumettre à des règles malsaines en détournant les oreilles du non-dit et les yeux du non vue, de l’impensé., c’est aussi accepter de ne pas divulguer tel événement ,tel fait, tel noms…. dans tel rapport, faire abstraction de ceci, ne pas mentionner cela, permettre à l’arbitraire de prendre le dessus. Au bout du compte, jouer le jeu consiste, à force de tricher, à générer des institutions corrompues.
La corruption arrive ainsi à son terme lorsque les acteurs ne savent même plus qu’ils sont corrompus. Certains disaient que lorsque la corruption est en force, le talent devient rare. Ainsi, la corruption devient l’arme de la médiocrité qui abonde.Quand le centre de la lumière, c’est-à-dire l’université forme des étudiants pour en faire non pas des esprits autonomes mais des aguerris prêts à être instrumentalisés. Les cerveaux préparés d’aujourd’hui en forme de « pack » doivent correspondre aux besoins des oligarques
Jouer le jeu, c’est aussi, où que l’on soit, adopter le langage, la couleur, la vision, le son et le plaisir du libéralisme en petit bourgeois tout court.
C’est avec cette nouvelle gouvernance que l’on s’aperçoit que , le service public disparaît volontairement pour faire place à la concession, à l’affermage au marché publics pour que tout soit payant et tous deviennent des « clients » rois . On nous appelle ainsi « Cher client ». Cette nouvelle terminologie est révélatrice. Ils en disent long sur la révolution anesthésiante que nous vivons aujourd’hui.
Vous mettez un compétent soumis au centre de la médiocratie. Pourquoi ?
Le docteur, le responsable, le licencié, le professeur, le directeur,….. sont tous des médiocres,. Ils ne sont pas incompétents, mais les oligarchies, rentiers qui détiennent le pouvoir ont formaté et configuré leurs pensées, leurs comportements et leurs carrières en fonction des intérêts de ceux qui l’emploient. Ils alimentent les données d’exercices pratique ou théoriques dont ont besoin pour leur satisfaction de ceux qui le rétribuent pour se légitimer dans leur fonction pour que carrière soit tres bonne, le fait d accepter cet ordre il devient systématiquement « médiocre » ou « petit simple agent » même s’il est directeur.
Résister d’abord au « méchoui » auquel on vous invite, aux petites tentations par lesquelles vous allez entrer dans le jeu et au petit cercle d’affaires. Dire non, Non,…. je n’occuperai pas cette fonction, non, je n’accepterai pas cette promotion, je renonce à cet avantage ou à cette reconnaissance, parce qu’elle est empoisonnée. Résister, en ce sens, est un érémitisme qui est dure à supporter. C’est un discours politique de rentier qui pousse tout un chacun à l’affadissement des gens compétents. Enfin La médiocrité refuse toujours d’admirer et souvent d’approuver.
BENALLAL MOHAMED
Un texte admirable incisif et pertinent, merci à l’auteur