Tahar Gaid
Dans le présent article, nous mettrons en relief la pauvreté de la pensée islamique due à l’absence herméneutique du Coran. Cette réflexion sera suivie de la raison coranique et de la raison humaine que les Occidentaux n’arrivent pas à saisir correctement la différence. De la pauvreté de la pensée, nous irons relever rapidement les éléments positifs pour accéder à une modernité islamique. Pour ce faire, il y a lieu d’entreprendre un effort intellectuel (Ijtihâd). Nous rappellerons que les anciens depuis l’avènement de la révélation avaient su rénover la pensée, sans toucher aux fondements coraniques. Et pour terminer, nous parlerons assez de l’homme autour duquel gravite la réflexion productrice d’idées neuves.
Ainsi le monde musulman est en pleine déconfiture depuis des siècles puisque ses élites sont incapables de définir un projet civilisationnel authentiquement islamique, tandis que d’autres obscurcissent et dénaturent le message coranique. Le système institutionnel, culturel, scientifique et politico-social de tous les Etats musulmans, sans exception, est devenu un mélange de quelques valeurs islamiques introduites dans le produit de la pensée occidental en matière de développement. Les causes de ce blocage, qui ont donné naissance à l’imitation servile de l’Autre, ne peuvent, en aucun cas, être attribuées aux deux fondements de la pensée islamique, à savoir le Coran et la sunnah. Le philosophe Ibn Siîna (Averroès) a bien démontré la convergence de la foi et la raison.
La raison coranique n’a donc rien à avoir avec le déclin de la civilisation arabo-musulmane. Il faut rechercher, les causes du blocage, au sein de la raison humaine dont un ensemble de facteurs historiques a encrassé le mécanisme et la dynamique de ses forces intellectuelles, culturelles et politiques. Il y a bien quelques tentatives aujourd’hui de revigorer la pensée islamique, mais celle-ci est ballottée par les tenants de l’islam orthodoxe et les partisans d’un islam occidentalisé, désaffecté de sa spiritualité et de sa moralité
L’Occident, en particulier la France depuis plus d’un siècle, a institutionnalisé la relation de la politique et de la religion. Ce rapport est différent dans les sociétés musulmanes. L’Islam n’est pas uniquement une spiritualité car les données politiques ne sont pas indépendantes du religieux. Celui qui consulte un dictionnaire, il apprendra que l’islamisme (dans sa conception intégriste, jihadiste … ) est assimilé à l’Islam.
En réalité, les Occidentaux voient l’Islam non pas comme il est mais ils voudraient qu’il soit conforme à leurs désirs. Cet Islam, qui ne porte pas son habit politique, n’existe que dans l’imagination des puissances impérialistes. Un des grands torts des créateurs d’opinions populaires, à savoir les masses-média et les politiciens véreux consiste à confondre consciemment ou inconsciemment la Doctrine coranique, qui est immuable et éternelle, avec les efforts d’investigations spéculatives et entre les produits de ces efforts et avec les pratiques quotidiennes des musulmans. Il ne faut pas en vouloir à l’Occident d’ignorer les valeurs islamiques, inscrites dans plus de quinze siècles de l’histoire humaine, lorsque nous savons que les structures et les infrastructures intellectuelles de la connaissance des valeurs islamiques n’existent pas suffisamment et que les filières universitaires sur l’exégèse coranique, le droit musulman, la théologie, la philosophie, la morale et la spiritualité islamiques n’occupent pas toute la place culturelle et intellectuelle qui leur revient dans les Etats islamiques.
Il va de soi que toutes ces disciplines devront être confrontées évidemment et intelligemment avec les nouvelles techniques des sciences contemporaines. Il convient d’ajouter qu’aucun encouragement n’est orienté vers les étudiants pour que leurs mémoires et leurs thèses aient comme objet notre histoire, avec toutes ses composantes, liée à nos préoccupations universelles et nationales, avec cette volonté d’investigation, de recherche des enseignements du passé qui doivent servir à la construction de l’avenir confrontation avec tous les défis la science et de la technologie de notre temps. Enfin, aucun Etat musulman ne se préoccupe d’installer un large conseil de sages, composé de spécialistes de toutes les disciplines littéraires et scientifiques ; il sera chargé de discuter de tous les problèmes et de proposer, à chacun d‘eux, des solutions islamiques évolutives et appropriées.
En d’autres termes, il s’agit de réfléchir à un ijtihâd collectif plutôt qu’individuel qui ne fait que susciter l’éclosion de centaines d’opinions. Au lieu d’unir dans la diversité, cet effort intellectuel creuse le fossé de la division, d’autant plus que, d’une part, ces opinions ne possèdent pas l’autorité islamique voulue et qu’aucune d’elles ne peut revendiquer le droit d’imposer sa conception du présent et de l’avenir et que, d’autre par, elle se limite à des critiques, certes scientifiques, mais qui ne sont pas accompagnées de propositions judicieuses. Il ne s’agit point de susciter une pensée unique, –ce qui impossible – mais de provoquer l’émergence d’idées florissantes et convergentes, concourantes avec les principes, les orientations et les finalités du coran (al-maqâsid ash-shr’iyya).
A cet effet, il convient de rappeler que l’Islam n’est pas favorable à l’étouffement de la pluralité des idées. Il n’est qu’à rappeler la vitalité intellectuelle des anciens penseurs de l’islam, leur rupture avec les traditions ancestrales sur plusieurs plans et de la diversité de leurs écoles aussi bien juridiques que philosophiques. Cette diversité n’exclut pas, pour autant, ces accusations de kâfîr et d’apostasie quand les opinions sont contradictoires mais fondées sur le Coran. Je ne parle pas de ceux qui émettent des idées contraires à la doctrine islamique, une fois confrontées aux principes et aux orientations de l’islam car ils suggèrent de fonder une nouvelle religion, plutôt que de réformer la pratique de l’islam.
Si nous partons de la conception de la première communauté musulmane, formée du vivant du Prophète (s) et regroupée au sein du premier Etat islamique, nous observons que les croyants menaient une vie quotidienne où la politique s’imbriquait si intimement dans le religieux qu’il n’était pas possible de parler d’une quelconque forme de laïcité. Il convient de rappeler que les gouvernants et les chefs militaires des premiers temps de l’islam, étaient à la fois, par la force des choses, du contexte sociologique et par la nouveauté de la révélation, des militaires et des autorités religieuses. Pour eux, le politique était inséparable de la religion. C’est dire qu’ils étaient imbriqués l’un dans l’autre.
Pendant toute la durée de la révélation, l’autorité politico-religieuse était détenue, sans aucune contestation, par le Messager de Dieu (p.p). Ce n’est qu’après sa mort, en 632, que les divergences autour de l’exercice du pouvoir s’était manifestée, d’abord, entre les personnalités mecquoises (la Muhâjirîn) et les Médinois (les Ansars) réunis à la Saqîfa .
Le Prophète (p. p) de son vivant et au seuil de sa mort n’avait désigné aucune autorité qui, à la tête de la communauté, continuerait à diriger l’Etat. Et, contrairement à la version chi’ite, il n’avait laissé aucune trace verbale ou écrite ou même une allusion fondée qui légitimerait quelqu’un à la direction de la société musulmane en voie d’expansion. Par ce silence, le Prophète (s) voulait probablement susciter l’émergence des prémisses d’une représentation politico-religieuse en conformité avec l’assentiment populaire.
C’est pourquoi, l’idée de la concertation (ash-shûra) avait prévalu et de laquelle devait émerger le premier homme (calife) qui allait maintenir l’unité de la Oumma et la conduire vers son destin, avec la volonté et la miséricorde de Dieu. Seulement, Abû Bakr a été « élu » selon un clivage clanique. Aussi prétendre institutionnellement que l’autorité califale devait revenir spécifiquement au Qoraïsh au détriment des Médinois n’est pas tout à fait démocratique.
Cette première direction allait donner naissance à un pouvoir étatique successoral qui allait s’étendre sur plusieurs siècles au cours desquels la notion de concertation (shûra) était malheureusement totalement absente dans les cercles dirigeants.
Pour connaître la vision islamique de l’homme et du monde, il faut comprendre ce qu’est le Coran puisque c’est le Livre de Dieu qui en expose les principes, les valeurs et les orientations. Il convient de savoir que, comme toute les religion monothéistes, l’Islâm s’oppose au matérialisme et met en garde contre sa tentation. Aussi, il est plus sage et plus correct de regarder la place du Coran, – œuvre majeure et essentielle de l’Islâm – , dans l’ensemble de l’univers dans lequel nous évoluons quotidiennement, avec toutes ses caractéristiques. Il est question de comprendre ce qu’est ce Livre sacré et de mesurer l’importance que tout musulman, croyant, lui porte dans ses pratiques de tous les jours, à tous les moments en tout lieu. Il sait et il en est convaincu que c’est une révélation céleste, dont la relation avec les sciences contemporaines n’est pas fortuite. La révélation n’a rien à avoir avec le droit musulman qui est une œuvre humaine et donc évolutif.
Il faut reconnaître que le Coran revêt une valeur, une attirance, un ascendant et surtout un caractère sacré pour tous les musulmans qui, d’ailleurs, ne soulèvent aucun doute et n’élèvent aucune suspicion à son sujet. Cet attachement unanime au Livre de Dieu n’interdit pas la pluralité et la diversité internes des sociétés musulmanes. Il est la source de toutes les interprétations et cautionne toutes les opinions conformes à ses principes, ses valeurs et ses orientations. C’est une évidence que nous retrouvons dans toues les religions, les idéologies et les philosophies que l’humanité a connu depuis sa création. Ce dernier aspect nous conduira à présenter la réalité de ce Livre ouvert de l’Univers en l’assortissant à la conception qu’il se donne de lui-même et non point selon les idées émises extérieurement à son sujet.
Cette forme particulière d’étudier le Coran est primordiale car il arrive souvent que des intellectuels ou des hommes politiques, voire même des théologiens, sincères ou intéressés, énoncent diverses thèses, sans fondements et surtout contraires à sa réelle conception. C’est dire que toute construction intellectuelle non conforme à la réalité définie par le Coran doit être rejetée. C’est pourquoi, cet article exposera les réponses que le Coran se donne de lui-même et non pas selon ce que les gens, si cultivés soient-ils, pensent à son sujet, combien même seraient-ils dans le vrai. Il faut insister sur le fait que le sens des versets du Coran s’explique et se commente par le sens d’autres versets. C’est un Livre qui, du moment qu’il explique toute chose, il est, de ce fait, en mesure de se faire comprendre et se justifier clairement lui-même, sans l’intervention d’un corps étranger. C’est alors que la perspective de l’homme et l’univers sera clarifiée.
C’est une heureuse occasion de faire un tri objectif entre les multiples doctrines et les nombreuses pensées émises par les courants islamiques à travers les époques. Dans cette perspective, nous nous référerons plus particulièrement au livre, combien intéressant, de Mohammad Hussein Tabâbâî’ qui a pour titre « Qu’est-ce que le Coran ? », traduction de son oeuvre en langue arabe al-Qurâne fî-l-islâm : le Coran en Islam. Il faut, dans une perspective novatrice surmonter les difficultés présentées par des événements, particulièrement celles en relation avec le développement des croyances humaines lesquelles s’unissent à des facteurs complexes. Cette délicate approche ne sera pas malheureusement intégrale et ne sera pas, par voie de conséquence, irréprochable, d’autant plus que certains aspects du sujet ont été revêtus d’un relief particulier tandis que d’autres se caractérisent par leur brièveté. Il n’en reste pas mois que dans les deux cas, leur extensibilité ouvrira la voie à d’autres recherches.
L’essentiel est de poser des jalons pour une meilleure compréhension du Livre de Dieu. C’est l’espoir de Mortada Motahari, auteur du livre « la tentation du matérialisme », écrit entre 1068 et 1969, et celui intitulé « conception du monde ». Son étude se compose de plusieurs conférences. Elle traite du premier témoignage de l’islam, à sa savoir le Tawhîd : Unicité de Dieu qui se traduit par : Lâ ilâha illâ Allah. Rappelons le travail effectué par les anciens spécialistes musulmans qui ont abordé les différentes manières de comprendre notre monde en mouvement et, à cet effet, ils ont eu recours à diverses disciplines telles que la philosophie, la science du kalâm et autres branches spéculatives et scientifiques telles que la jurisprudence (al-fiqh), les exégèses du Coran et les sciences du hadîts. Ils avaient comme idée : l’homme au centre de la réflexion.
L’homme, titre de l’article, est l’un éléments, à partir duquel, émerge la civilisation humaine. Il en est l’élément influant et agissant. Tout en étant l’axe du peuplement dans cette vie, il est aussi son objectif. Tout ce qui est en dehors de lui n’est qu’un ensemble de causes, dissimilées ici et là, et actionnées pour l’assister dans son activité. Il s’en sert pour réaliser ses espoirs et finaliser sa mission. C’est pourquoi, le Coran lui prête une attention particulière, plus qu’à une autre créature. Le premier verset descendu est orienté vers l’homme et commence par définir son être et expliquer sa provenance. « Lis au nom de ton Seigneur qui a tout créé, * qui a créé l’homme d’une adhérence ! » (S.96, 1 et 2)
Observons aussi, selon la disposition des sourates, les premiers versets du Coran. Ces derniers commencent également à parler de l’homme. Ils sont divisés en trois catégories : le croyant, le mécréant et l’hypocrite. Ils s’adressent à chacun d’eux et les décrivent selon leur identité. Ils exposent l’état de chacun sur cette terre, les informe comment leur père Adam a été créé, les instruit sur leur position privilégiée par rapport aux autres créatures et sur la faveur qu’Il leur a accordée y compris par rapport aux anges.
C’est ainsi que le Coran débute avant toute chose. Il accorde à l’homme la priorité aussi bien dans la disposition des sourates du Livre que dans sa descente dans le temps. Il lui fait connaître la source de sa création, ses particularités, la portée de sa mission et met en évidence les dangers qui l’attendent dans cet univers où il vit. C’est parce qu’il est l’élément le plus important de la civilisation et le plus dangereux. C’est aussi parce qu’il est le pivot autour duquel évolue et vague le mouvement de la plupart des existants. C’est enfin parce qu’il est désigné pour exploiter et gérer les richesses de la terre afin d’atteindre un but aussi grandiose que périlleux. A la suite de ces quelques données, posons-nous la question : Quel est cet homme dans le Coran ? Quelles sont ses particularités et ses caractéristiques ? Quelle est sa grande responsabilité dans la vie ?
Nous constatons que le Coran clarifie tous les aspects des diverses réalités de l’homme et de ses préoccupations dans le monde. Il le conçoit à travers la clarification de deux réalités à l’intérieur de sa stature et de sa composition humaine. Dans cette perspective, il met en évidence ce qui se rapporte à des contradictions.
La première réalité nous apprend que l’homme est une création insignifiante. Il tire son origine initiale de la terre mélangée à une eau fétide. Quelle que soit sa longévité, il retournera à la terre. Entre temps, il s’enorgueillit en dépit de son humiliation. Il entre en conflit avec ses semblables, s’entête et se mutine, débat des affaires et rivalise avec les gens. Voici quelques versets qui éclairent les aspects extérieurs de cette réalité de son être.
« Que l’homme considère ce dont il a été créée ! * N’a-t-il pas été créé d’un liquide éjaculé, * jaillissant d’entre les lombes et les iliaques ? » (S.87, 1 à 3)
« Périsse l’homme ! Comme il est ingrat ! * Oublie-t-il d’où son Seigneur l’a tiré ? * C’est d’une goutte de sperme qu’Il le crée et fixe sa destinée ; * après quoi, Il lui trace la voie à suivre. » (S.80, 17 à 20)
« En vérité, Nous avons créé l’homme d’une goutte de sperme aux éléments de vie très combinés. Pour l’éprouver, Nous l’avons doté de l’ouïe et de la vue. » (S.76, 2)
« L’homme oublie-t-il que Nous l’avons créé d’une goutte de sperme au point de s’ériger en véritable adversaire ? » (S.36, 77)
« C’est Nous qui vous avons tiré de terre, puis d’une goutte de sperme, puis d’une adhérence, puis d’un embryon dont une partie est déjà formée et une autre pas encore. C’est ainsi que Nous vous donnons une idée de Notre puissance. Nous maintenons dans les matrices ce que Nous voulons jusqu’au terme fixé, pour vous en faire sortir ensuite à l’état de bébé, et vous atteindrez plus tard votre maturité. Il en est parmi vous qui meurent encore jeunes, tandis que d’autres arrivent jusqu’à l’âge de la décrépitude au point de ne plus se souvenir de ce qu’ils savaient. » (S.22, 5)
La seconde réalité qui compose l’identité humaine dans le Coran est celle qui fait de l’homme la création honorée et placée au-dessus des autres créatures. Dans ce contexte, il a été préparé de sorte que les anges se prosternent devenant lui. Dieu l’a établi comme khalife sur la terre et en a fait l’unique animal doté d’une raison, d’une capacité de réflexion et d’une puissance de volonté dans l’exercice de ses affaires. Et voici quelques versets qui nous éclairent sur les manifestations de cette deuxième réalité.
« Certes, Nous avons honoré les fils d’Adam. Nous les avons portés sur terre et sur mer. Nous leur avons procuré d’agréables nourritures. Nous leur avons donné la préférence sur beaucoup d’autres créatures. » (S.17, 70)
« Lorsque ton Seigneur dit aux anges : Je vais installer un représentant (khalifa) sur terre. » (S.2, 30)
« Lorsque Nous dîmes aux anges : « Prosternez-vous devant Adam ! » Ils s’exécutèrent sauf Iblîs. » (S.2, 34)
« Il apprit à Adam tous les noms, puis les présenta aux anges en disant : « Faites-Moi connaître les noms de tous ces êtres, pour prouver que vous êtes plus méritant que Adam ! » * Et les anges de dire : Gloire à Toi ! Nous ne savons rien d’autre que ce que Tu nous as enseigné. Tu es l’Omniscient, le Sage. » (S.2, 31 et 32)
« Il a enseigné à l’homme ce qu’il ignorait. » (S.16, 5)
« En vérité, Nous avons proposé le dépôt de la foi aux cieux, à la terre et aux montagnes, mais tous refusèrent d’en assumer la responsabilité et en furent effrayés, alors que l’homme, par comble d’ignorance et d’iniquité, s’en est chargé. » (S.33, 72)
En désignant l’homme comme son « kalifat » (son représentant) sur terre, Dieu a fixé son champ d’action qui se résume en ces deux points fondamentaux, à savoir peupler la terre, d’une part, et mettre en valeur ses nombreuses richesses, d’autre part. Dans cette perspective, Dieu a mis à sa disposition les connaissances appropriées à cette lieutenance, lui a confié la responsabilité de ses actes et l’entière liberté de ses choix. Cette noble fonction l’élève à un rang élevé pour remplir sa mission terrestre. Elle occupe une ligne médiane qui se situe au-dessous de son Créateur et au-dessus des autres créatures.
Cette lieutenance de Dieu définit la place de l’homme dans l’univers dans le but de réaliser le pourquoi il a été créé et établi sur terre : il est tout à fait libre de ce qu’il fait mais il doit assumer la responsabilité de ses actes bons ou mauvais. Cependant, cette liberté n’est pas absolue. C’est le cas de toutes les nations contemporaines dont les citoyens sont astreints à respecter leurs constitutions, leurs lois et leurs valeurs. Il en est ainsi de l’Islâm, la responsabilité de l’homme ne le libère pas du respect des prescriptions édictées par la Loi divine. Il doit s’y conformer dans l’exerce de ses fonctions profanes et religieuses.
Cette conception islamique assigne à l’homme une place privilégiée qui, diamétralement, s‘oppose aux philosophies matérialistes de l’antiquité à nos jours. Ces pensées ont divinisé l’homme et humanisé Dieu. En effet, dans l’ancien temps, les grecs ont déifié leur héros. Plus tard, les Romains, en embrassant le christianisme, ont proclamé l’union intime entre Dieu et l’homme, plus précisément entre la nature divine de Jésus Christ et sa nature humaine. Ces idées de divinisation de la créature humaine et de l’humanisation de son Créateur se situent aux antipodes de la représentation coranique selon laquelle l’homme est bien le lieutenant de Dieu sur la terre mais non point le maître de l’univers. Cette déviation renverse de nombreux « garde-fous » et ouvre les portes à une liberté qui échappe au contrôle moral. Elle ne respecte pas non plus les normes édictées par la Loi divine et fait fi des interdits religieux qui fixent des bornes au champ d’action de la personne humaine.
Ces tendances qui aspirent à asservir l’homme, alors que Dieu l’a fait naître libre, – à le priver de sa liberté, alors que l’Islam lui confère une responsabilité dans le monde,- et à le marginaliser de la société, alors que la religion du Seigneur lui commande d’améliorer constamment son bien-être -, tournent le dos à la vision islamiques du « juste milieux ».En Islam, l’homme n’est ni un dieu sur terre, ni un être asservi. Il est considéré comme une noble créature mais, en même temps, il est un humble serviteur de Dieu. S’il est le lieutenant de Dieu sur terre, il n’en est pas moins tenu de se conformer à des obligations divines, d’ailleurs liées à sa lieutenance. Le chaykh ‘Abdou (1849)1905) donne une définition précise, concise et explicite de l’homme dans le monde : « Il est le serviteur de Dieu, mais maître de tout ce qui est en dehors de Dieu. ». C’est la philosophie de l’équilibre entre les extrêmes.
Chargé d’exploité les richesses de la terre, l’homme reste conditionné dans sa gestion des biens terrestres parce qu’il n’en est que le dépositaire. Dieu, qui en est le Seul propriétaire, l’a désigné comme le gérant. C’est une responsabilité inhérente à son pacte du vicariat qui lui accorde la gestion mais, au Jour du Jugement, il doit rendre compte de son activité au Créateur et au Maître effectif de toutes les richesses de l’univers. Ainsi, Dieu a-t-Il mis tous les dons de la nature au service de l’homme en vue de les faire prospérer. Et comme tout intendant, il dispose relativement à sa guise de tous ces biens mais il est tenu de rendre des comptes au véritable propriétaire qui lui définit la politique commerciale à suivre. Comme tout mandataire, il jouit des biens placés sous sa responsabilité mais il applique les directives de son propriétaire, à savoir Dieu, dans le cas des richesses de ce monde.
En conclusion, mentionnons le fait que cet article n’aborde pas, par exemple, tous les aspects de la rénovation de la pratique religieuse. Il faut dire que nul n’est parfait et que l’homme est faible selon le Coran. Cependant, il avance l’idée qui pourrait produire d’autres idées.
Tahar Gaïd
Cher maitre, c’est un article est tres benefique est interessant. Emanant d’un Musulman qui donnent un diagnostique sur la condition des musulmans avec les references religieuse et historique, tout en essayant de trouvez la(les) source(s) du blocage de nos nations et societes. Le Prophete Mohamed (S.A.A.W.S) comme vous avez bien concluer, il n’a pas choisi et/ou laisser un Khalif specifique apres lui. Le concept Echoura (la concertation « democratique »), dont il y a meme une Sourate dans le Quran qui a comme titre Echoura (Ash-Suraa), nous a ete’ designer par Dieu, comme par son prophete Mohamed (S.A.A.W.S) a suivre mais qu’ont arrivent pas a instaurer.
Comme vous avez bien specifier l’une des conclusion du scientifique et savant le Cheikh Mohamed Abdou (1849-1905) qui a donner une définition precise de l’homme dans le monde : « Il est le serviteur de Dieu, mais maitre de tout ce qui est en dehors de Dieu. ».
Certains hommes ont rendu cette notion d’homme serviteur de Dieu et maitre en dehors de Dieu, une continuite’ dans de la servitude dans le temps et l’espace. L’homme chez nous, meme durant la colonisation, il se retrouve ou se distingue en deux categories: entre le serviteur de Dieu et le maitre sur les autres Hommes. Ou le serviteur de Dieu et l’esclave de l’homme.
Ont est toujours dans la derniere categorie. Il est temps de changer et de laisser l’homme devenir maitre de tout ce qui est en dehors de Dieu.
La democratie est la ou une solution pour libere’ l’homme esclave de l’homme maitre (Generaux chez nous ou Al Saoud, maktoum ou autres noms insinifiant).