Ait ahmed revient à l’université de Paris

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Aït3« Il y a ceux qui sont morts, mais ils sont vivants, et il y a ceux qui sont vivants, mais ils sont mort ».
 

Kamel Lakhdar-Chaouche

La trajectoire politique de Ait Ahmed aura été aussi sure et constante que celle d’une étoile dans un ciel obscur. Ses qualités et son engagement d’opposant étaient aussi clairs que l’eau de roche. Les trames politiques ne troubleront jamais la limpidité et la clarté de son sincère engagement. Or dans le tumulte révolutionnaire et dans la période post coloniale, ou de grands enjeux attisaient toutes les convoitises,  rares sont ceux dont les principes restaient comparables à ceux  solidement ancres dans l’essence même du personnage de Hocine Ait Ahmed. Par ses funérailles qui ont glorifiées  l’engagement de l’opposant politique qu’Ait Ahmed avait été avec une verve inépuisable, sa mort pourtant a presque remis en question les règles de la métaphysique, puisque Si L’Hocine aura même  oppose son nom à l’oubli résultant du trepas. Mouloud Mammeri disait vrai en évoquant ces âmes qui transcende le départ funeste lorsqu’il disait qu’il  « y a ceux qui sont morts, mais ils sont vivants, et il y a ceux qui sont vivants, mais ils sont mort ». « Ait Ahmed sera le pourfendeur des droits élémentaire de son peuple.  Mais son combat ne cessera pas avec la naissance de la nation algérienne, bien au contraire, c’est à ce moment-là que Hocine ait Ahmed le combattant politique se révèlera avec magnitude. Il fondera le FFS (front des forces socialistes) après l’indépendance », ont soutenu Samedi soir François Gèse, Gosé Garçon, Annie Micili et Ghazi Hidouci à l’Université Paris 6, lors d’une conférence consacré à la mémoire et le combat de Hocine Aït Ahmed, organisée par l’Union des Etudiants Algériens de France.

La salle était comble, les conférenciers qui se sont succédés au micro parlaient avec admiration de Hocine Ait Ahmed, le militant infatigable qui avait lutté contre le colonialisme français, mais aussi contre le pouvoir d’Alger, né après le coup de Force de l’été 62.  « Hocine Ait Ahmed a été enfanté par le refus de l’injustice et de l’oppression sur une terre meurtrie dont les enfants contemplaient leurs destins spolié au grand jour. Il est devenu graduellement une conscience en éveil et très tôt il désirait engager son peuple dans la lutte qui mettrait le destin de la nation algérienne entre les mains de ses propres enfants », a tenu à précisé Mr François Gèse, qui a connu et publié Hocine Ait Ahmed dans les éditions « La découverte ».  Catégorique, il fera savoir que  Hocine Ait Ahmed s’engagea très jeune dans le combat nationaliste, il adhéra des 1943 au PPA (parti du peuple algérien). Cet engagement d’Aît Ahmed, poursuit-il, deviendra un combat perpétuel pour l’émergence d’une nation « libre » sous toutes ses formes. Un monde nouveau se profilait ou l’indigène réclamait ce qui lui revenait de droit.  Il deviendra ensuite un des chefs historiques du FLN, (les pères fondateurs de la nation algérienne). Abondant dans le même sens, l’ex-ministre de l’économie sous le gouvernement de Mouloud Hamrouche, Mr Ghazi Hidouci en témoignant que Ait Ahmed avait été un combattant de terrain mais ses qualités se révélèrent très tôt dans le combat politique, puisque bien avant l’indépendance, il fit partie de la délégation du FLN algérien à la fameuse conférence de Bandung (Indonésie) en avril 1955, qui marqua la naissance du mouvement des non-alignés et l’émergence du « tiers monde » sur la scène internationale. « Le combat politique devint l’artère névralgique  de l’âme militante propre a Ait Ahmed. Il n’aura de cesse de défendre et promouvoir un gouvernement Algérien  a l’écoute et  respectueux des aspirations de son peuple. Il était toujours constant dans ses positions depuis les années 40 jusqu’à sa mort ».

Quant à Annie Micili, alors que  l’émotion lui brise les mots, soulignera qu’Aït Ahmed,l’enfant de Kabylie qui arpentait les chemins détournés de ces montagnes si majestueuses dont seuls les gens du terroir ont les secrets, lui cet enfant-là,  ne se détournera jamais du chemin si sinueux et si complexe mais pourtant le plus noble, celui d’une Algérie forte,  unie, et indivisible, ou toutes les composantes de la société seraient représentées. Pour elle, Ait Ahmed s’est quotidiennement combattu pour une Algérie ou le citoyen connaitrait un épanouissement sans aucun égal, ou tous ses rêves seraient a porté de ses mains.  » Condamne à l’exil par son engagement dans l’opposition politique juste après l’indépendance Ait Ahmed ne ménagera pas d’effort pour mettre le pouvoir face à ses responsabilités. Son désir le plus cher, la stimulation et ultimement la création d’une voie d’ouverture démocratique en Algérie », témoigne-t-elle, ajoutant que Da Lehou  n’avait jamais relâché sa pugnacité  dans son activisme, même aux heures les plus graves. Il s’opposera toujours à la violence, l’oppression et la tyrannie d’où qu’elles proviennent. Il préfèrera toujours le dialogue et la négociation face au dictat de la junte militaire et à la violence aveugle de l’islamisme et ses dogmes moyenâgeux.

Même son du côté de Gosé Garçon, qui quant à elle, Hocine Aït ahmed représente un livre d’histoire de l’Algérie combattante contre le colonialisme français puis pour l’avènement de la démocratie en Algérie. « Si c’est le mal qui révèle le bien alors l’oppression révèle le courage et la témérité. Car ces qualités sont essentielles pour renverser toute domination.  Dans ce syllogisme, la tyrannie révèle la vertu. Car seuls les êtres vertueux peuvent rêver de justice, d’égalité et élever un peuple entier à tendre vers les valeurs humanistes », a fait noter la Journaliste du Figaro, l’une des spécialiste de l’Algérie. Et d’enchaîner : « Hocine Ait Ahmed étaient une de ces rares âmes vertueuses qui œuvraient pour le bien commun d’un pays qui n’avait connu que l’asservissement et les sombres jours d’une colonisation archaïque et primitive et d’une dictature qui a confisqué l’indépendance du peuple algérien ».

Abordant la décennie noire et le combat de Hocine Aît ahmed, François Gèse révèlera  que  Hocine Ait Ahmed travaillait à trouver une solution pacifiste pour mettre terme à ce qui aura été la période la plus sanglante de l’Algérie post coloniale. « L’islamisme armé et le fondamentalisme religieux avaient inexorablement attires le pays au bord du précipice. Les promoteurs de la haine et du néant restaient intransigeants sur leurs exigences de voir les structures du pays s’effondrer et l’émergence d’une « doula Islamiya », la violence éructait aux quatre coins du pays.  L’armée maintenait un travail de  Sisyphe, car la gangrène était présente depuis bien longtemps dans la société civile. Hocine Ait Ahmed, lui gardera l’axe central des fondements de la nation et il ne dérogera pas aux principes de l’appel du 1er novembre.  Ait Ahmed apparait dès lors comme cette troisième voie, celle pavée  par la raison et le souci de justice. Pourtant il restera attaquer de toutes parts ».

François Geze qui a suivi de très près le parcourt militant et activiste pour une véritable ouverture démocratique en Algérie de Hocine Ait Ahmed nous évoque sa vision de l’ancien chef historique.  Lors de son témoignage en juillet 2002 devant la 17e chambre du tribunal de grande instance de Paris, lors du procès en diffamation intenté par le général Khaled Nezzar  à l’ex-sous-lieutenant Habib Souaïdia,  pour la publication en 2001 du témoignage dévastateur sur » La Sale Guerre ». François Geze en admiration reporte ces mots incroyables lances en plein tribunal :  « Comme beaucoup de celles et ceux qui ont assisté à ce procès historique  -, je reste à jamais marqué par cet extraordinaire échange entre Nezzar et Aït-Ahmed : « M. Nezzar.- M. Aït-Ahmed, je suis un peu dans votre logique d’une certaine manière, sauf qu’entre nous il y a un écart extraordinaire. C’est vrai, il y a un écart extraordinaire…« M. Aït-Ahmed.- Il y a un fleuve de sang ! ».

 

Hocine Ait Ahmed, au final ne se sera jamais éloigné du personnage de  « Madjid » son nom de guerre durant la clandestinité de la guerre de Libération. Glorieux il fut,  pour libérer son pays, et glorieux,  il se maintiendra pour marteler et rappeler à un peuple frappe d’amnésie les plus beaux fondements qu’une nation ait pu hériter de ses pères. Ses funérailles provoqueront un deuil et un émoi national. Pourtant en écartant  Hocine Ait Ahmed, le pays a été privé d’une grande source de mémoire historique nécessaire pour élaborer une structure a la conscience historique du peuple. Car un peuple qui n’a pas de conscience historique reste influençable et enclin à toutes les dérives. Il sera publiquement pleure et couvert d’éloges par ses anciens ennemis.   La supériorité de son courage et la noblesse de ses valeurs transcenderont sa mort. Sa dépouille git sous terre, mais son âme reste palpable. Enseveli dans cette terre pour laquelle il aura dédié sa vie avec abnégation. Apres un long exil, il retrouve sa génitrice spirituelle pour le sommeil éternel qui ne peut être qu’un plaisir des plus divins.

 

K.L.C

3 Commentaires

  1. Ce n’était pas l’homme des compromissions douteuses auxquelles ont cédé bien de personnages »historiques » mais il était prêt au compromis à la condition que cela fasse du bien au pays. Il fut ignoré par les médias français au profit des éradicateurs bien de chez nous. Il restera toujours le diamant pur de la révolution algérienne.

  2. J’avoue que je suis assez sidéré de lire ce papier dans Le Quotidien d’Algérie, dont une version raccourcie est publiée ce même 22 mai dans le quotidien L’Expression :
    http://www.lexpressiondz.com/actualite/242080-ait-ahmed-raconte-a-l-universite-de-paris-vi.html

    Car LQA m’avait habitué à des papiers en général moins délirants. En effet, ce « journaliste » n’était sans doute pas dans un état normal quand il a assisté à la conférence d’hommage à Hocine Aït-Ahmed organisée à Jussieu le 20 mai 2016 par l’Union des étudiants algériens en France, à laquelle Annie Mécili, José Garçon, Ghazi Hidouci et moi-même avons participé. Outre qu’il estropie à plusieurs reprises l’orthographe de nos noms et qu’il qualifie José Garçon de « journaliste du Figaro » (alors qu’elle a fait toute sa carrière à Libération), à peu près aucune des paroles qu’il nous attribue entre guillemets n’ont été prononcées ce soir-là.

    Pire, me concernant, il me prête des propos totalement contraires avec ceux que j’ai tenus, comme par exemple : « L’islamisme armé et le fondamentalisme religieux avaient inexorablement attiré le pays au bord du précipice. Les promoteurs de la haine et du néant restaient intransigeants sur leurs exigences de voir les structures du pays s’effondrer et l’émergence d’une «Daoula islamiya», la violence éructait aux quatre coins du pays. » Je n’ai jamais dit cela, simple copier/coller de la vieille propagande éradicatrice made in DRS. Ce que j’ai dit, simplement, en substance, c’est que Hocine Aït-Ahmed avait mené un juste combat politique contre le fondamentalisme religieux du FIS, mais dans le strict respect du jeu démocratique et en appelant constamment à la paix civile et au refus des méthodes de terreur utilisées par les généraux janviéristes contre le peuple algérien, méthodes héritées de celles utilisées par les militaires français contre l’ALN pendant la guerre de libération.
    Quant au seul passage de ce papier de LQA qui est à peu près fidèle à ce que j’ai dit ce soir-là, il a été très logiquement censuré dans la version abrégée publiée par L’Expression. Il s’agit de celui-là, que je recopie en respectant les fautes d’orthographe et les approximations de l’auteur :

    « François Geze qui a suivi de très près le parcourt militant et activiste pour une véritable ouverture démocratique en Algérie de Hocine Ait Ahmed nous évoque sa vision de l’ancien chef historique. Lors de son témoignage en juillet 2002 devant la 17e chambre du tribunal de grande instance de Paris, lors du procès en diffamation intenté par le général Khaled Nezzar à l’ex-sous-lieutenant Habib Souaïdia, pour la publication en 2001 du témoignage dévastateur sur » La Sale Guerre ». François Geze en admiration reporte ces mots incroyables lances en plein tribunal : « Comme beaucoup de celles et ceux qui ont assisté à ce procès historique -, je reste à jamais marqué par cet extraordinaire échange entre Nezzar et Aït-Ahmed : « M. Nezzar.- M. Aït-Ahmed, je suis un peu dans votre logique d’une certaine manière, sauf qu’entre nous il y a un écart extraordinaire. C’est vrai, il y a un écart extraordinaire…« M. Aït-Ahmed.- Il y a un fleuve de sang ! ». »

    Bref, il me semble que LQA gagnerait beaucoup en évitant de répercuter les écrits désolants d’un certain « journalisme à l’algérienne », fruit d’un mélange improbable d’inculture et de désinformation (pour être gentil). Et en privilégiant plutôt un choix sélectionné d’écrits d’auteurs algériens fidèles aux principes de rigueur et d’honnêteté : ils sont bien plus nombreux qu’on pourrait le penser et, en tant que citoyen français, je regrette qu’on ne les entende pas plus, en Algérie comme en France.

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