Salim METREF
S’exprimant à propos de la situation des droits de l’homme en Algérie, Monsieur Lakhdar BRAHIMI, éminent diplomate connu pour ses analyses pondérées de situations souvent complexes et inextricables et célèbre artisan des accords de Taif, estime que celle-ci a connu une amélioration constante mais qu’elle reste encore insuffisante. Cela signifie que des progrès notables sont à accomplir pour que notre pays ne soit plus à la traîne dans ce domaine sensible qui trace les frontières têtues entre les pays dits totalitaires et ceux démocratiques et ne soit plus aussi désigné du doigt par la communauté internationale. Il faut bien comprendre que chaque entrave à la liberté d’expression, chaque entorse où obstacle érigé devant l’expression toute simple de droits fondamentaux consacrés par les plus grandes organisations internationales nous sont comptées par des entités spécialisées, souvent non gouvernementales, qui dans une posture de veille permanente compulsent savamment dans des rapports publiés chaque année à la même date et avec force de détails toutes les informations et données recueillies et nous restituent, en fin de compte et en ce qui nous concerne, un classement peu enviable en matière de respect des droits de l’homme.
Cette situation ne sert ni nos intérêts supérieurs, ni notre stratégie d’émergence économique et politique.
Bien sûr que ceux qui notent notre conduite et notre comportement en termes de respect des droits de l’homme ne sont pas exempts de tout reproche et ne sont pas non plus dans l’incarnation de l’objectivité absolue. Ils ont souvent tu certaines violations des droits de l’homme comme celles commises par les pays occidentaux, disqualifié certains crimes et exactions en atténuant leur gravité notamment quant il s’agit de crimes de guerres où de crimes contre l’humanité et oublié cette tragédie qui se déploie chaque jour devant nous sans susciter l’indignation, en Palestine et contre le peuple palestinien.
Mais ces rapports ont souvent sensibilisé une opinion internationale qui après avoir condamné certaines interventions militaires occidentales a fini par les comprendre puis les soutenir.
Aucun argument, aucun prétexte ne peut justifier que la violation des droits de l’homme soit érigée en mode de gouvernance. Les temps évoluent et la diversité des opinions qui induit souvent les rapports de force politique est partout dans le monde perçue comme source de richesse, d’apaisement et de régulation des turbulences sociales.
L’histoire nous enseigne aussi que les pires dictatures dans le monde ont souvent renoncé et fini par comprendre que la démocratie était plus un remède qu’un mal. Et il n’y pas d’autre alternative. Et puis nous qui appartenons au monde musulman sommes souvent inspirés par ce qu’énonça un des compagnons du prophète de l’Islam, Que la paix d’Allah soit sur lui, qui demanda un jour, comment osez-vous soumettre des hommes que leurs mères avaient enfanté libres ?
Des progrès doivent s’accomplir et s’accomplir vite. Il est vrai que la tâche est extrêmement difficile et ardue car tout n’évolue pas de la même manière et à la même vitesse en Algérie. De vieux antagonismes souvent hérités d’une histoire tragique et mouvementée anéantissent, parfois sans le vouloir, les efforts sincères d’émancipation entrepris par d’autres pour améliorer les choses.
L’Algérie mérite un meilleur destin en la matière et notre pays doit faire de l’état de droit une réalité concrète vécue chaque jour par chaque citoyen. Là aussi les progrès peuvent être fulgurants pour peu qu’une certaine conception de la gestion de la vie en société héritée des pires heures de la guerre froide soit oubliée une fois pour toutes et que soit laissée enfin place à l’émergence d’institutions fortes, d’une société libre et responsable et d’une économie riche et prospère.
L’algérien n’a besoin ni de répression, ni de compradors qui lui ôtent le pain de la bouche et lui sucent le sang mais de modèles, patrons citoyens, politiques dévoués, citoyens responsables qui peuvent enclencher l’adhésion de tous à un projet de redressement national plus que jamais nécessaire et d’actualité.
S’il est vrai comme disait Gabin, que le courage, pour un individu, c’est de remonter le Mékong à la nage, un pays comme le nôtre se doit par contre de ne pas évoluer à contre-courant de l’histoire, surtout de la sienne.