Harkis, pieds noirs, Hier et aujourd’hui

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Dr Rachid ZIANI-CHERIF
Forces locales (Harki, mokhazni, GPMR, Groupes d’auto défense), pieds noirs, marsiens, dafistes, bachagha, goumi, autant d’appellations de triste et sinistre mémoire, d’entités outcast, qui semblaient faire partie d’un passé douloureux en voie d’extinction et de cicatrisation, surtout concernant  les générations post indépendance. Ceux qui appartenaient à ces entités semblaient, eux également, plus que désireux de tout oublier de ce passé, ou de celui des leurs, et de tourner la page, sous le ciel d’une Algérie pour tous, sans haine ni vengeance, du moins c’est ce qui semblaient se profiler au commun des algériens, jusqu’à ce qu’on assiste à une ‘renaissance’ théâtrale, crescendo, assumée et revendicatrice, plus encore, dans un élan provocateur d’hyper fierté, de cette appartenance, de ses ‘acquis’ et autres bienfaits. On assiste ‘beats’ devant une page de l’histoire, qui semble se réécrire, avec encore plus de dédain, de mépris envers ceux qui ont, et qui sont encore, victimes de « l’apport » et des réalisations de ces appendices de la mission civilisatrice et de ses bienfaits.
 Nombreux sont ceux qui aujourd’hui se demandent, doit on regretter d’avoir (ou nos parents) combattu pour arracher notre indépendance, doit-on avoir honte d’avoir mis fin au joug du colonialisme français, doit-on présenter des excuses aux harkis, aux pieds-noirs, aux colons et autres adeptes de l’Algérie française? Pareilles questions pouvaient paraitre provocatrices, insolentes voir blasphématoires  jusqu’à  il y a peu, mais plus depuis quelques temps, où pareilles questions ne relèvent point de l’équivoque et encore moins de la gène, je ne parle pas des questions que se posent les citoyens usés et abusés par les faux patriotes, les faux moudjahidine, les faux nationalistes, et déçu de leur indépendance confisquée après avoir vu et vécu aux mains des leur compatriotes pire sévices et injustice que ce qu’ils ont vécu, et leurs parents,  entre les mains de leurs bourreaux français, je parle par contre d’une autre catégorie, de ces néo harki, des néo pieds noirs, des rejetons des bachagha, nostalgiques de l’Algérie française, c’est d’eux qu’il s’agit, ceux qui après s’être effacé, sortent maintenant toute leur arrogance, bombent le torse et affichent cette effronterie comme marque d’émancipation et de notoriété. Apres la langue française comme butin de guerre, beaucoup de chemin a été fait, à l’image de ce que les algériens on suivi sur leur poste de TV, ne semblant pas croire leurs yeux, en ce matin du 22 février lorsque la chaîne francomane Canal Algérie avait invité l’arrière-petite-fille du sinistre Bachagha Bengana pour présenter son livre glorifiant « l’œuvre civilisatrice » de son arrière-grand-père, il était même prévu une vente dédicace dans une librairie d’Alger et à Constantine semble t-il !
Il y a 5 ans, en octobre 2012 dans une interview à Nicolas Beau, l’un des anciens cadres supérieurs du DRS, le colonel Ali Benguedda, dit « Petit Smaïn » en référence aux crimes qu’il a exécuté en tant qu’assistant dévoué du général Smaïl Lamari, chef de la Direction du contre-espionnage du DRS de 1990 jusqu’à sa mort en 2007, l’un des principaux organisateurs de la « sale guerre » des années 1990 contre le peuple algérien. En ces termes le petit smain (Ali Benguedda) s’était confessé/offusqué à son intervieweur: « Nous, républicains et progressistes, sommes un peu les derniers pieds-noirs, dans la mesure où nous défendons des valeurs de société qui sont désormais minoritaires. Nos amis français doivent nous laisser agir, car nous connaissons le mode de fonctionnement des groupes islamistes ». !
Et en apothéose, est venu la Jeannette Bougrab, le 25 février 2017 dans sa « Lettre d’une fille de harki à Emmanuel Macron ».  Photo © AFP
Dans cette lettre la Jeannette s’insurge contre le peu d’enthousiasme, et se dit même ‘ tombée de sa chaise’ lorsque vous ( s’adressant à Macron) avez déclamé qu’il n’y avait pas de culture française, et de se demander si « seuls les étrangers savent apprécier à sa juste valeur la richesse de « notre » patrimoine culturel français ? », la jeannette ne s’arrête pas en si bon chemin, en digne ‘Marinette’ pour fustiger Macron, qui selon elle a tenu « des propos ahurissants qui assimilent la colonisation française à un crime contre l’humanité », faisant ainsi de la surenchère à faire blêmir la Bretonne Marine, dans sa défense et promotion de la mission civilisatrice de la France, comment, peut il en être autrement, en digne fille de Harki, qu’elle revendique assume et s’enorgueillit.
La Marinette Bougrab considère que ces déclarations (celles de Macron concernant les crimes de la colonisation) sont incompréhensibles de la part de quelqu’un qui veut être le chef de l’État français et qui doit avoir une vision de la France et de sa politique étrangère. Selon elle ‘le crime contre l’humanité ne doit pas être utilisée en dehors des crimes nazi contre les juifs, et accuse Macron de ‘dépréciation de la notion de crime contre l’humanité qui avait été introduite à Nuremberg pour juger les criminels du IIIe Reich dont le dessein macabre était d’exterminer les juifs d’Europe ou encore les Tsiganes. », pour notre Jeannette, les autres crimes, selon qu’il s’agit du colonialisme français qui a laminé des millions d’algériens tout au long des 132 ans de colonisation et non pas seulement des sept années et demi de lutte de libération, ni ceux commit contre le peuple palestinien depuis 48, ou récemment, en Iraq, Syrie, Afghanistan, ce ne sont pas des crimes contre l’humanité aux yeux de Jeannette, car le crime contre l’humanité doit être un brevet exclusif, réservé à la Shoah, par contre la ‘mort’ de ces millions d’indigènes d’ici et d’ailleurs, sont un prix à payer pour émanciper ces peuples barbares.
La Jeannette sans réserve ni complexe va jusqu’à donner un cours d’histoire à Macron, pour lui apprendre que « Le crime contre l’humanité n’est pas un accident de l’histoire, c’est un crime intentionnel, des atrocités délibérées’ et de lui rappeler que « l’un des chantres de la colonisation était Jules Ferry. Oui, Jules Ferry, lui, le père de l’école républicaine’ », il est fort révélateur le « notre » qu’elle utilise pour parler de la France « Convaincu de la supériorité de notre modèle de civilisation, il  (J. Ferry) jugeait que la France avait un devoir moral de répandre ses lumières à des peuples encore plongés dans l’obscurité ». Et de s’insurger, toujours concernant la dénomination de crimes contre l’humanité utilisée par Macron, en l’accusant de comparer  les SS à Jules Ferry, ou aussi Albert Camus, Prix Nobel de littérature, qui avait eu un cri du cœur pour son Algérie natale?
Et de conclure sa lettre pour lui rappeler « Je suis une fille de harki, vous ne le savez peut-être pas, de ces soldats musulmans torturés et tués par milliers après l’indépendance de l’Algérie, pour avoir été fidèles à la France. J’entends que vous vouliez faire plaisir à quelques idéologues, mais en cela vous venez de trahir notre héritage républicain ».  La messe est dite au temple des new-born, l’histoire ne fait plus partie du passé.

3 Commentaires

  1. Mon cher compatriote, vous avez bien résumé le tout dans la phrase du petit smain. Je ne sais pas si vous le savez et il suffit de faire un tour du côté du 18° (paris) et demander qui a assuré la campagne de jeannette lors des législatives de 2007. Le DRS s’est impliqué corps et âme au côté de la fille de Harki. Des éléments du DRS où attribué tel étaient chargé de la propagande et de distribution de tract en sa faveur. Concernant la petite fille de Bengana, du moment ou ceux qui nous gouvernent ont réinstauré les deux collège, alors pourquoi s’indigner de la voir à la TV. Depuis notre indépendance, on nous raconte que des salades. La grande question comment quelqu’un qui a été décoré de la GRAND LEGION puisse être le père fondateur de l’état algérien moderne. Un homme qui dans son testament a demandé à ce qu’il soit enterré auprès de ses siens et dans le petit fils (nationaliste algérien selon la version française de l’histoire algérienne contemporaine) était capitaine de l’armée française. Nezzar n’a pas mis ses photos d’élèves officier dans son livre mémoire. Le mal est plus profond mon cher compatriote. D’après une rumeur, le système cherche actuellement un sosie du président qui pourra se lever lors d’une visite à Sidi Boumedienne. Dans l’Algérie des généraux tout est possible et même l’impossible est possible. L’Algérie n’a jamais été indépendante et elle ne le sera pas.
    Cordialement.

  2. Eh oui,la messe est dite au Temple des New-born ou les « derniers pieds-noirs » se confessent et se confondent avec les Reliquats de l’Histoire Coloniale en Algérie: »Nous,Républicains et Progressistes »,quelle Blague du 21ème Siècle,de ces Criminels,Sanguinaires et Manipulateurs Tous autant que leurs supporter,leurs soutiens dans les arcanes du pouvoir comme dans « l’opposition »et les associations de pacotilles.Ils ne sont ni »républicains,ni progressistes »(surtout ce Cartel d’officiers supérieurs),au contraire ils ne sont que des Traîtres et Lâches Criminels rodés aux basses manœuvres et les manipulations en tous genres,pour Accaparer les Richesses du Pays(Pétrole et Gaz)en allant jusqu’à commettre des Crimes de Guerre contre l’humanité dans les années 1990 contre la population trahie.
    Ces « républicains et progressistes » ou derniers Pieds-Noirs comme ils avouent et aiment bien se présenter,sont prêts à diriger,encore et encore,le pays d’une main de fer comme ils le veulent et l’entendent ou bien le mettre à Feu et à Sang plus grave encore,une « Somalisation de l’Algérie ».Ce qu’on considère(sur plusieurs sites anti-français proches du DRS)comme une Alerte ou Alarme adressée à Fafa et ses réseaux:à Savoir Eux(les »républicains et progressistes »)ou le Déluge le Tsunami,entendez par là:le Déferlement de 10 millions d’algériens(sur la rive nord de la méditerranée)qui vont fuir la guerre civile et que Fafa ne pourrait jamais les Accueillir à Bras Ouvert,bien au contraire!!

  3. Un fils de chahid répond à Jeannette Bougrab
    Madame,
    Moi aussi, je vous dis que nous ne nous connaissons pas. Nous ne nous sommes même jamais croisés. Mais j’ai appris par votre lettre adressée à Mr Macron, en date du samedi 25 février 2017-que j’ai lu attentivement- que nous avons les mêmes origines, bien que nos parents respectifs aient choisi des camps différents, contradictoires, ennemis. Je suis fils de chahid et vous êtes fille de harki. Je me permets pour autant de vous écrire, non pas pour défendre Mr Macron, mais seulement pour exposer mon humble point vue à l’égard de la culture et de l’histoire, et par la même vous inviter à répondre à certaines questions. J’ignore quand, où et dans quel contexte, Mr Macron a affirmé qu’il n’existe pas de culture française. A mon tour, je persiste et signe qu’effectivement, il ne peut exister de culture française, anglaise, chinoise, arabe ou tout autre race ou nationalité, car ce que vous désignez maladroitement par « culture française », n’est pas le produit exclusif des français. L’immense Saint Augustin, Apulée, Gélase 1er et tant d’autres sommités avaient écrit en latin. Ils n’étaient pas romains, mais Numides. De même, Averroès, Avicenne, Ibn Khaldoun avaient produit leurs œuvres en arabe, sans être arabe. Plus proches de nous, J.J.Rousseau, kateb yacine, Mouloud Mammeri, Mohammed Dib, et tant et tant d’autres ont contribué à cette « culture française », mais ils ne sont pas français! En revanche, il existe bel et bien une culture d’EXPRESSION française, qu’aucune personne, aucune race, aucun État et aucune nation n’ont le droit de se l’approprier. Dois-je vous préciser, que la langue française avec laquelle je m’exprime présentement, n’est pas un cadeau de la France. Je l’ai conquise au prix de mille et un efforts. Sans aucun doute, Madame la Directrice, il y a abus de langage dans vos propos, une fierté désobligeante, un chauvinisme outrancier, une sorte d’autosuffisance culturelle. Et, malheureusement, vous n’êtes pas la seule à entretenir cet amalgame ! Sachez, une bonne fois pour toute, que ce sont les langues qui véhiculent les cultures et non les États ou les races. Les patrimoines culturels appartiennent à ceux qui les connaissent et contribuent à leur développement et à leur épanouissement.
    Vous avez également critiqué dans votre lettre, la colonisation version Macron. Les conquistadors avaient exterminé les aztèques, les Yankees avait exterminés les amérindiens ! Ce n’était pas le cas en Algérie, bien que les méthodes employées, étaient les mêmes : (massacres de civils, déplacements de populations, enfumades, politique de la terre brûlée, tortures). Et ce n’est pas parce que la colonisation française était moins violente que nous avions échappé au génocide, mais grâce à la géographie. Mon pays a connu de nombreux envahisseurs, mais n’ont jamais pu accéder aux montagnes protectrices. Les phéniciens, les Wisigoths, les ostrogoths, les vandales, les romains, les arabes, les turcs et enfin les français n’étaient pas venus en Afrique du nord pour nous civiliser comme vous le prétendez avec Jules Ferry, mais pour tuer, piller, saccager et pomper des richesses sans scrupule aucun. L’Algérie fut le grenier de Rome. Et on ne peut ni justifier, ni effacer d’un trait les méfaits de l’impérialisme. L’écrasante majorité des harkis, (je parle en connaissance de cause, puisque j’ai vécu pleinement la guerre d’Algérie), y compris peut être votre père, n’avaient pas choisi le parti de la France par idéal, ou par fidélité, mais parce que justement, ils étaient poussés par la misère engendrée par la colonisation française à endosser l’uniforme de l’armée française afin d’assurer leur subsistance. Que possédaient vos parents avant l’indépendance de l’Algérie ? Rien ! Absolument rien. Indigènes, ils étaient tout aussi démunis que les autres indigènes ! Dommage madame, que l’imaginaire colonial soit aussi tenace dans votre esprit, alors que les harkis, à ce jour, ne sont pas vraiment apprivoisés par la majorité des Français et ne jouissent pas véritablement de leurs droits de citoyens ! On ne les met à l’avant scène que pour glaner quelques voix lors des élections. Auriez – vous la mémoire assez courte pour oublier soudainement les camps de concentration des harkis après l’indépendance de l’Algérie ? Posez-vous la question en toute humilité et lucidité. Combien d’enfants de harkis ont réussi comme vous ?? Vous faites votre, le modèle impérialiste, et vous affirmez péremptoirement qu’il est supérieur. Qu’en savez-vous sur le passé de l’Algérie avant la colonisation française? Lisez Marx et vous conviendrez que le communisme a existé en Kabylie bien avant le Marxisme, et que Marx lui-même s’était inspiré du mode de production précolonial en Kabylie.
    Vous voulez insister sur la fidélité des harkis. J’ose vous dire que tous les algériens ont été d’abord fidèles à la France. Mais, que d’occasions manquées pour instaurer la paix et réconcilier la France et l’Algérie !! Ferhat Abbas avait demandé avec insistance la citoyenneté française pour les algériens depuis 1925 ; malheureusement il n’a pas été écouté, et la France a systématiquement appliqué le code de l’indigénat ! Durant les deux grandes guerres, les algériens avaient héroïquement combattu aux côtés des français pour les libérer du joug nazi. Beaucoup y avaient laissé leur peau. Mes deux oncles paternels étaient revenus vivants, avec une jambe et un bras en moins ! Et, en guise de reconnaissance et de récompense, il a suffit d’une simple manifestation pacifique demandant des droits élémentaires, pour que la France réponde par les massacres inhumains dans la région de Sétif en 1945 ! Ce fut la goutte qui avait fait déborder le vase, qui avait rendu la guerre inévitable et qui avait motivé les algériens à faire recours à la révolte armée, parce qu’il n’y avait rien d’autre à faire!! Lisez Ferhat Abbas, et vous admettrez très vite, que tout, absolument tout avait été essayé par les autochtones pour éviter la guerre, mais en vain ! Les politiques français ont toujours été de mauvais élèves, car ils sont restés sourds aux souffrances et aux revendications des indigènes, malgré la sonnette d’alarme tirée par A. Camus dés 1930 (Misères de Kabylie.)
    Du reste, je suis tout à fait d’accord avec vous « qu’en Algérie, la situation politique est illisible, le président est invisible, les droits de l’homme et les principes démocratiques sont bafoués, et c’est aussi un des pays les plus corrompus au monde », mais que ce n’est nullement la faute de ceux comme mon père, horrifiés par les massacres de 1945, avaient pris les armes pour se libérer du colonialisme français, parce qu’il n y avait aucune autre alternative.
    Voila Madame, ce que je voulais vous dire sans haine, sans rancune d’aucune sorte mais seulement avec un souci de vérité et d’objectivité.
    En attendant de vous lire, recevez, Madame la directrice, mes salutations administratives.
    ADRAR Amar
    Ingénieur d’Etat en agronomie
    herbomed@yahoo.fr
    Tel : (213) 774 88 47 06

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