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Tunisie : Présidentielles 2019 : micmacs et intrigues autour du Palais

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« J’adore lire des histoires de rats » notait en 1886 l’écrivain anglais Jerome K. Jerome dans un petit recueil amusant, intitulé « Pensées paresseuses d’un paresseux ». Je ne partage pas son avis. Tous les jours, je parcours nos grands quotidiens nationaux, je feuillette quelques uns de nos principaux hebdomadaires, je jette un coup d’œil sur le net, j’écoute quelques émissions de radio, bref, je me plonge dans l’actualité politique nationale ou plus exactement dans l’actualité de notre « élite » politique nationale, sans y éprouver la moindre satisfaction. Je n’y ressens que du dégoût, le plus profond dégoût. De la honte. Pas pour moi, pour eux.
Comment cela se fait-il qu’on puisse éprouver de la honte à la place des autres ? Eux n’ont honte de rien. Et moi, j’ai honte pour eux, va comprendre ! Ces derniers jours, ils – nos élus, nos chefs de ceci, nos responsables de cela – nous jouent à l’Assemblée le grand spectacle de la loi des finances. Comment relever le pays et préparer l’avenir ? Comment combattre la misère et le chômage, répartir les ressources au bénéfice des plus démunis, rendre l’espoir aux régions discriminées, donner enfin leur chance aux petits paysans, réformer l’urbain ? Quels moyens consacrer à la santé, à la connaissance, à la culture ?
Voilà les vraies questions qui se posent et qu’ils feront semblant de débattre et qu’ils ne savent même pas débattre, non par incompétence mais par insouciance. Je dis « ils » mais certainement je n’y inclus pas tous nos hommes et nos femmes politiques ni tous nos députés. Je pense plutôt à ceux de l’Accord de Carthage. Et ceux-là, même quand ils se disputent sur un quelconque article de la loi des finances, n’ont qu’un souci en tête : renforcer leurs positions dans la perspectives des prochaines échéances électorales ; moins, je crois, les municipales qui viennent que les législatives et, plus encore, les présidentielles qui suivent. Que crève le pays pourvu qu’ils puissent s’emparer de l’Etat. En commençant par la tête, en grignoter tout le corps, voilà leur programme.

Aujourd’hui, il y aurait deux factions parmi les signataires de l’Accord de Carthage qu’ils soient au gouvernement, qu’ils aient été au gouvernement ou qu’ils le boudent désormais. D’un côté, quelques candidats non-déclarés qui soutiennent le candidat non-déclaré Youssef Chahed comme la corde soutient le pendu et, du côté opposé, d’autres candidats non-déclarés qui, sans l’admettre encore, sont pressés de lui serrer les jugulaires. J’ai dit deux factions mais j’aurais pu dire deux et demi ou carrément trois. Car il y a Ennahdha aussi qui joue avec les uns contre les autres et contre les uns avec les autres, bien que le citoyen Rached paraisse pour l’instant avoir un faible pour le souverain en titre et son héritier.
Cette configuration est bien provisoire en vérité. Dans une semaine, elle aura peut-être changé. Dans deux semaines, elle ne sera plus la même. Dans trois, tout sera chamboulé. Les alliances, les contre-alliances, les désalliances, les réalliances, les mésalliances aussi, ne tiennent à rien sinon à d’infâmes marchandages, à d’obscurs chantages, à de grossières intrigues ou à de misérables ruses qui révolteraient le plus indignes des brocanteurs. Il parait que l’ambition est un sentiment honorable. Cela reste à voir. L’ambition qui se nourrit de fumier comme celle de nos « leaders » politiques, ceux-là auxquels je pense, ne l’est certainement pas. Elle ne sait que trahir.
Je ne cherche même pas à décrire ou à analyser les bagarres entre ces gens qui tiennent nos vies – dont ils se contrefichent – entre leurs mains. On n’analyse pas les rivalités entre de telles cliques. Sauf si on est coprologue. S’il me fallait néanmoins en dire quelque chose, je dirais qu’elles sont l’expression dans l’après-révolution de la putréfaction de l’Etat benaliste que n’a pas su (encore ?) liquider la révolution. Qui va gagner ? Le pire. Mais je ne sais pas qui est le pire. On ne le saura que quand il aura gagné.

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