LES TROIS QUARTS VIDES DU VERRE !

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Amine Kabrane

Après avoir déclaré que la situation était sous-contrôle, et que l’Algérie avait le meilleur système de santé en Afrique, la réalité du terrain rappelle aux responsables algériens les contradictions criardes, notamment, en matière de gestion de crise, et les répercussions directes de décisions jugées controversées :

– En mois de mars, l’Algérie accueille ce qui allait être la plus grave crise sanitaire de l’histoire contemporaine du pays, par une politique d’austérité budgétaire, ce qui, envisageait une  » erreur de prévision budgétaire », face à des temps pandémiques très difficiles (économiquement et financièrement), exigeant plus de présence de l’état, plus d’aides accordées aux entreprises et commerces sérieusement impactés par la crise. Certes, la situation financière était au rouge, bien avant que l’épidémie ne soit déclarée, mais, la raison n’imposait-elle pas le recours à l’endettement extérieur, comme l’a fait le Maroc, d’ailleurs qui a  » profité  » de l’occasion pour recouvrer des prêts extérieurs avantageux, et alléger le poids sur sa finance interne ?

– Au vu du nombre d’habitants, et des coûts des dommages potentiels qu’encourait l’Algérie, l’on s’attendait à voir des sommes conséquentes allouées à la gestion sanitaire de la crise ; au-lieu de cela, il s’avère que les pays voisins (Maroc et Tunisie) auraient déboursé bien plus que ne l’aurait fait l’Algérie – selon des sources – afin de pallier aux répercussions de la crise sanitaire.

– La gestion des ressources humaines du milieu hospitalier n’a pas connu de mesures exceptionnelles, et le personnel soignant continue de subir les aléas de la bureaucratie, au moment où l’administration devait reconnaître l’état d’exception.

– Les moyens logistiques (manque de lits, accès aux tests, à la respiration assistée, aux moyens d’isolement et de mise en quarantaine…) que déplorent les médecins, et autres professionnels de la santé, qui se posent en un sérieux contretemps, empéchant une bonne prise en charge des cas COVID-19 avérés ou potentiels… À ce propos, l’on pouvait constater ces derniers jours, l’engouement du nouveau ministre de l’enseignement supérieur, déclarant être sur le point de finaliser un protocole sanitaire, en concertation avec le ministère de la santé, en prévision de la rentrée universitaire, prévue – avant la recrudescence des cas, officiellement déclarée, et avec tous les risques que cela engagerait, avec la réouverture des résidences, le transport, les regroupements… – pour le 23 août, un protocole qui prévoit, selon les déclarations du même ministre, de  » doter chaque établissement universitaire, selon ses spécificités, de laboratoires d’analyse », et que cela allait mettre à contribution les compétences de l’université, d’où la question embarrassante : pourquoi ne pas mettre tous ces moyens et savoir-faire à la disposition de l’hôpital, au moment où il en a grandement besoin ?!
Pourquoi ne pas mettre les résidences universitaires à la disposition des médecins contaminés, en vue d’y effectuer leur quarantaine, empêchant ainsi, d’autres contaminations ?!

– Autre question fondamentale : pourquoi s’évertuer à accomplir une rentrée  » nationale », alors que la raison voudrait que la reprise se fasse progressivement, suivant le niveau d’alerte, enregistré par ville, sachant qu’il peut y avoir, encore, de fortes disparités au sein d’une même wilaya ?!

– Un protocole sanitaire défaillant, n’ayant pas réussi à créer une adhésion générale, en raison, entre autres, de l’incohérence et la non transparence qui entâchent la prise de décision, l’absence de mesures inclusives, ainsi qu’une communication déroutante.

– Le report des dates de reprise des enseignements, concernant tous les cycles, le maintien des épreuves du BAC, ainsi qu’une rétraction controversée, s’agissant du BEM, interroge sérieusement sur la qualité des évaluations de risque, impliquant un travail de prospective, s’appuyant sur de gros efforts de veille sanitaire. De plus, la reprise des écoles suggère une très forte promiscuité, y-compris entre l’école et tout son environnement social ; pour rappel, la réouverture des écoles en Palestine occupée avait eu, pour conséquence, une recrudescence rapide des contaminations…

– Autre aberration administrative : le ministère de l’éducation, dans un communiqué, déclare garder les mêmes affectations du personnel, aux centres des épreuves du BEM, et ce, malgré que ces dernières ont été remodelées, avec un nombre de candidats nettement plus inférieur…?!

– Autre cas symptomatique de la mauvaise gestion, c’est la contradiction des déclarations à propos de la célébration de la fête de l’Aïd, avec tous les rituels qui s’y accompagnent, et les conséquences qui pourraient en découler : ne pouvait-on pas s’accorder sur un seul et unique communiqué, émanant d’un comité élargi, comprenant scientifiques et religieux, au lieu de feindre l’opinion publique ?!

Décidément les choses ne s’arrêtent malheureusement pas là, et tout s’accorde à reconnaître la responsabilité de l’état dans ce qui pourrait être qualifié d’absurdité !

Amine KABRANE

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