Le régime se radicalise de jour en jour

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Ait Benali Boubekeur
La radicalisation du régime à l’approche du référendum constitutionnel révèle sa vraie nature et démontre son manque de confiance. Bien entendu, pour mener la répression, il accuse les animateurs du hirak de dévier le mouvement du 22 février 2019 de sa trajectoire initiale. Or, dès le départ, la grande majorité du peuple algérien a réclamé la mise en œuvre des articles 7 et 8 de la constitution.

Pour concrétiser le projet de la nouvelle Algérie, le hirak a ajouté une condition : le départ de toutes les têtes d’affiche du régime. C’est cela l’esprit du hirak originel. Et à la veille du référendum, cette revendication phare demeure toujours d’actualité.Cependant, bien que le régime ait fait semblant de comprendre, dans le premier temps, les revendications du hirak, il n’en reste pas moins que ses réponses ne correspondaient pas aux doléances.

Ainsi, le 2 avril 2019, le haut commandement militaire a appliqué l’article 102 de la constitution au lieu des articles 7 et 8. Même si les Algériens ont applaudi le départ de Bouteflika, dans le fond, cette approche s’apparentait à un coup d’État déguisé. Car, cet article devait s’appliquer en 2013 quand le chef de l’État a été victime d’un AVC.

En tout cas, sans vouloir assumer la politique répressive, le haut commandement militaire n’avait pas non plus l’intention d’accompagner le peuple algérien dans sa quête de reprendre les rênes du pouvoir. Et s’il y avait un accompagnement, c’était juste dans les discours. Dans la réalité, comme l’écrit Ali Bensaad, dans sa dernière contribution, « cette radicalisation sécuritaire a été la seule option de l’armée aux premiers jours du hirak. Il n’y a jamais eu la moindre velléité de dialogue de la part de l’armée pas même dans l’affichage. » Et si le régime ne voulait pas se lancer dans le bras de fer, c’est parce qu’il peaufinait le plan de la désignation de la nouvelle direction du pays.

Du coup, sans risque de se tromper, on peut dire que le régime n’a reculé que pour mieux sauter. Après le 12 décembre 2019, le régime a pensé avoir résolu la crise politique. Bien qu’aux yeux des Algériens les mêmes problématiques se posent, pour le régime, il faudrait vite tourner la page du hirak. Aidé par la pandémie mondiale, le régime a repris et reprend peu à peu le contrôle total de la rue.Pour discréditer les animateurs du hirak qui veulent entretenir la flamme, Tebboune leur apporte une double réponse.

Sur le plan médiatique, il considère que le hirak originel est terminé après son élection. Du coup, tous ceux qui sortent après sa désignation veulent juste déstabiliser l’Algérie. Sur le plan sécuritaire, le régime renoue avec sa politique de prédilection qui consiste à quadriller toutes les villes. Et à un degré plus la capitale. Hélas, cette mainmise totale sur le pays est présentée comme un nouveau projet généreux pour l’Algérie.

Dans les faits, il n’y a aucun indice qui permet d’étayer cette thèse. D’ailleurs, est-ce raisonnable qu’un homme qui se présente comme le sauveur ne fasse aucun mea-culpa d’une carrière de 55 ans au sein du même régime ? En tout cas, les grands pays n’ont pas besoin de messie, mais ils bâtissent leurs pays en s’appuyant sur toutes les compétences. En Algérie, tous les choix, depuis 1962, sont faits par le régime : la rédaction de la constitution, l’accès aux médias, les choix économiques, la liberté sélective, etc. En un mot : rien n’a changé depuis 1962.

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